Chapitre
Lorsque, le 31 août 1797, Joseph Bonaparte arriva à Rome, la Ville éternelle n’avait pas vu d’ambassadeur de France depuis six ans. Le dernier titulaire du poste avait été le cardinal de Bernis, nommé par Louis XV en 1768. Lorsque la Révolution avait éclaté, il avait rejeté la Constitution civile du clergé puis refusé de rentrer en France après la rupture des relations diplomatiques. Considéré à Paris comme émigré, il était resté à Rome – où il avait rendu quelques services au Saint-Siège – et y était mort, le 2 novembre 1794.
Comme il n’y avait pas de locaux pour l’ambassade, Joseph prit ses quartiers à l’auberge la Locanda, non loin de la place d’Espagne, en attendant de pouvoir louer un logement digne de son rang. Il jeta son dévolu sur le palais Corsini, dans le quartier du Trastevere. Le vaste édifice était situé loin du centre, à la limite des quartiers les plus populeux, façon pour le représentant d’une nation réputée proche de la plèbe de montrer qu’elle ne l’effrayait pas. Remarquons tout de même que le prestige historique du lieu, le décor, l’ameublement, les parquets et les marbres le distinguaient des immeubles alentour. Datant du xve siècle, acheté en 1730 par un Corsini, neveu du pape Clément XII, le palais avait été profondément transformé et agrandi par l’architecte Fernandino Fuga. Sa façade à colonnes était monumentale et on accédait aux parties nobles par un double escalier du meilleur effet. L’ambassadeur de la République put s’y installer vingt jours aprè…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/09/2019
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