Chapitre
À quelques encablures de la côte italienne, les Corses regimbaient de plus en plus contre le gouvernement du vice-roi Elliot qui, Pozzo di Borgo excepté, ne leur laissait guère de place dans les hautes fonctions. Malgré les promesses du « parlement » de Bastia sur l’avènement d’institutions libérales, la réconciliation religieuse, le développement des activités agricoles, une juste répartition de l’impôt et la réouverture de l’université en prélude à une grande réforme du système éducatif, le malaise ne faisait qu’enfler. Les Britanniques ne s’intéressaient vraiment qu’aux aspects stratégiques de l’île qui donnait de bons ports à la Royal Navy au cœur de la Méditerranée. Pour le reste, ils se moquaient bien de la vie quotidienne ou des questions agraires, laissées à Pozzo et à des insulaires sans moyens. Entouré d’un semblant de considération des nouveaux maîtres qui entendaient surtout le neutraliser, Paoli, malade et découragé, soufflait parfois sur les braises et maniait la surenchère démocratique, jusqu’à se rapprocher de ses anciens adversaires jacobins. Il se brouilla avec Pozzo, dont les Britanniques s’étaient « entiché », si bien qu’Elliot lui demanda de quitter l’île, ce qu’il fit le 14 octobre 1795. Il retourna en Angleterre pour un nouvel exil qui ne s’achèvera qu’avec sa mort, le 5 février 1807. Ce départ n’arrangea rien. Petit à petit, la mainmise du vice-roi s’étiolait, la résistance fiscale se durcissait, l’assemblée de Bastia se dépeuplait tandis que montait en puissance un contre-parlement siégeant, comme de bien entendu, à Orezza…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/09/2019
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