Chapitre
L’étude de la perversion du désir nécessite tout d’abord de revenir à ce qui fait la structure paradoxale du désir. Jacques Lacan insista beaucoup sur ces paradoxes du désir tels que constatés depuis toujours, notamment par les moralistes. Il se référa à de multiples reprises à ces derniers, n’hésitant pas à inscrire Freud dans leur « lignée » (Lacan, 1966a), et leur rendant hommage pour avoir su montrer le caractère déviant, scandaleux, pervers, du désir. La Fontaine, La Bruyère, La Rochefoucauld, Gracian, jusqu’à Nietzche, parmi ceux que Lacan jugeait dignes du nom de moralistes (Lacan, 1966b), chacun d’eux aura su donner à entendre la folie (Lacan 1966c), petite ou grande, que constitue toujours le désir.
Le reproche fait à celui-ci est connu : le désir viserait justement ce dont le sujet n’aurait pas besoin. Au point que, face à ce que l’Autre lui servira pour son plus grand bien, le névrosé désirera toujours Autre chose. « Ces névrosés, quels délicats », notait Lacan, ajoutant : « Ils sont incompréhensibles ces gens-là, parole de père de famille » (Lacan, 1966d). Soit, parole d’un qui, de sa position de parent, rencontrera nécessairement son impuissance à satisfaire le désir de ses enfants. Et en effet, qu’est-ce qu’un enfant sinon un qui, pour ne pas disparaître dans cette satisfaction, devra incarner ces paradoxes du désir, et dévoiler par ses demandes impossibles leur unique et vrai objet, la lune ?
Des paradoxes du désir, nous passons donc au paradoxe du désir, jamais satisfait ni « raisonnable »…
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Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 18/01/2017
- https://doi.org/10.3917/eres.marti.2016.01.0053
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