On l’oublie parfois, mais toutes les grandes crises financières ont leur « escroc du siècle », un voyou en col blanc emblématique, auteur d’une vaste pyramide financière que chaque génération, oublieuse, croit unique. Pendant la crise de 1929, ce fut Ivar Kreuger. Un demi-siècle plus tard, pendant la faillite des caisses d’épargne, il y eut Michael Milken. Pour les subprimes, ce fut Bernard « Bernie » L. Madoff. Cependant, si les mégafraudeurs sont de tout temps, le capitalisme dérégulé a offert à cette espèce criminologique des opportunités uniques d’éclosion.
Les affaires de Bernie Madoff n’ont pas de liens directs avec les subprimes. Cependant, on ne peut aborder cette crise financière sans évoquer son cas, et ce pour trois raisons.Tout d’abord, c’est une « victime collatérale » de la crise du marché des prêts hypothécaires. En effet, comme souvent en période de crise financière, les épargnants paniqués ont tenté de retirer les fonds placés, ce qu’ils ont fait chez Bernie comme ailleurs. C’est alors seulement que la supercherie de grande ampleur est apparue. Les fonds n’ayant jamais été investis mais en fait dilapidés, les épargnants ont compris qu’ils avaient été spoliés. Sans la panique provoquée par les subprimes, l’escroquerie aurait probablement pu continuer longtemps encore. Les subprimes ont agi comme un révélateur. Comme l’a si bien dit le financier Warren Buffet, « c’est quand la mer se retire que vous découvrez qui nage tout nu ».
Ensuite, l’escroquerie imaginée par Bernard Madoff n’a pu se développer que grâce au contexte de dérégulation et d’argent roi qui a engendré le…