CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Hollywood (cinéma et musique), l’usine à films et à rêves, ne se comprend pas dans son essence profonde et dans sa réalité présente, si on ignore le crime organisé et la Mafia. La Mafia fut et est toujours présente à Hollywood, comme l’explique Tim Adler :
« En creusant profond, on réalise que la pègre n’a pas seulement traversé l’histoire des films, mais, souvent, la Mafia était en réalité Hollywood. L’usine à rêves a toujours été batie sur une réalité criminelle. La Mafia a intimidé les acteurs et les producteurs avec des menaces et de la violence des années 1930 – quand la Mafia extorquait aux studios 1,5 million de dollars par an (l’équivalent de 14 millions de dollars actuels) – jusqu’à nos jours, avec des membres de la Famille Gambino en prison pour avoir menacé l’acteur Steven Seagal. »
Encore faut-il vouloir « creuser profond »…
Comment expliquer cette étrangeté ? Afin de comprendre cette situation de symbiose entre le crime organisé et Hollywood, il convient de revenir aux circonstances mêmes de la fondation de Hollywood, au début du xxe siècle. Les pères fondateurs des studios sont pour la plupart des industriels peu scrupuleux, des « barons voleurs » (robber barons), issus d’une immigration relativement récente, principalement juive, et à ce titre vivant en marge des élites traditionnelles WASP (White Anglo-Saxon Protestant), tout comme les Italo-Américains de la Mafia. En raison de leur extraction modeste, de leur concentration dans les mêmes ghettos et de leur soif légitime de réussite, juifs et Italiens ne peuvent que se rapprocher…

  1. À Hollywood, la Mafia a toujours « joué à domicile »
  2. Aujourd’hui encore, les vedettes du show-business américain fréquentent la pègre
    1. Acteurs : durs à l’écran, mous en ville
    2. Chanteurs : qui fait chanter qui ? La routine mafieuse
    3. La musique, les fausses notes d’une corruption permanente
    4. Une présence mafieuse ancienne et permanente (I) : Roulette Records et Morris Levy
    5. Une présence mafieuse ancienne et permanente (II) : MCA Records et Salvatore Pisello
    6. Le maillon faible : les programmateurs radio
  3. Joseph Isgro, un « soldat » de la Mafia au cœur de la musique et du cinéma
  4. Culture populaire, culture criminelle ?
    1. L’industrie du jeu vidéo est-elle une autre « école du crime » ?
    2. Hollywood invente un nouveau genre, le « film de gangsters »
      1. • Ressorts primaires
      2. • Métaphore du capitalisme urbain
      3. • Mythologie
      4. • Prétexte
      5. • Défoulement (cathartique ?)
      6. • Le « film de Mafia » : un concentré d’Amérique communautaire, gardienne des valeurs traditionnelles ?
      7. • Visions erronées et mensongères
      8. • Romantisme glorificateur
      9. • Acclimatation
      10. • Passage à l’acte ?
    3. Les musiques d’inspiration criminelle : narcocorrido, gangsta-rap et reggae
      1. • Le narcocorrido
      2. • Le gangsta-rap
      3. • Le reggae
  5. Irving « Gotti » Lorenzo : rap, cinéma et drogue
  6. Culture populaire et représentation du crime : vérité, fiction et mythes
  7. Une fréquentation jusqu’au mélange des genres ? Des dangers du « réalisme cinématographique »
    1. Les voies dangereuses du mélange. Comment s’opère ce mélange funeste ?
      1. • Le gangster conseiller technique (le film bien conseillé)
      2. • Le gangster acteur (le film bien joué)
      3. • Le gangster financier-producteur (le film bien né)
      4. • Le gangster surveillant (le film politiquement correct)
      5. • Le gangster racketteur (le film bien sécurisé)
    2. Un exemple de proximité compromettante : le film Bandidas
    3. Les conséquences inéluctables du mélange. Les formes de la contamination
  8. Un mélange criminogène ?
    1. L’affaire Caracappa/Eppolito
    2. Danny Provenzano
    3. Le gang urbain fait son cinéma
  9. Quand le détective du Tout-Hollywood est un vrai mafieux : un hasard ?
  10. Hier déjà, les « pères fondateurs » du show-business fréquentaient la pègre
    1. Comment ? Mode opératoire d’une influence criminelle
      1. • La fourniture de services illicites
      2. • Le contrôle des syndicats professionnels
      3. • Le racket
      4. • Le financement des films
    2. Qui ? Les « victimes consentantes »
      1. • Producteurs (musique-cinéma) :
      2. • Acteurs :
      3. • Agents d’acteurs :
      4. • Chanteurs : Frank Sinatra et les autres…
  11. Le tabou ultime : évoquer la présence du crime organisé à Hollywood
Jean-François Gayraud
docteur en droit, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et de l’Institut de criminologie de Paris. Commissaire divisionnaire de la police nationale, il a notamment publié Le Monde des mafias. Géopolitique du crime organisé.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 29/10/2021
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