On utilise le papier pour transmettre les partitions musicales et les paroles des chansons mais qu’en est-il de la danse ? Les compétences en danse se transmettent par la tradition orale : on peut craindre qu’un transfert graphique ou scriptural, qui nécessite la segmentation du mouvement et le « découpage » du corps, trahisse l’essentiel de la danse. Cette réticence envers une notation est particulièrement vive pour une danse comme le tango, qui vise la spontanéité de l’improvisation et la fusion du mouvement des danseurs avec la musique et l’ensemble des couples du bal.
Quelques tangueros* amateurs ont pourtant recours aux notes et aux dessins afin de mémoriser plus facilement des figures ou de les utiliser en vue d’objectifs didactiques. Mais comment représenter les mouvements de deux danseurs évoluant dans l’espace et le temps, dans les dimensions réduites de la feuille de papier ?
Des chorégraphes de la danse savante ont élaboré des notations pour préserver leur art éphémère et certaines de ces techniques pourraient être réutilisées pour noter le tango. Depuis le système Feuillet pour la danse baroque, il y a trois cents ans, seules deux notations sont arrivées à s’imposer au xxe siècle : celle de Rudolf von Laban (1928) et le système de Rudolf Benesh (Benesh Movement Notation, 1955). Elles permettent de coder les mouvements de la plupart des segments du corps et ont prouvé qu’elles pouvaient s’appliquer à d’autres formes de mouvements que celles de la danse moderne et du ballet…