La cospatialité est un concept de la géographie humaine et signifie, dans la formulation de son inventeur Jacques Levy, la mise en relation des territoires qui se superposent sur la même étendue. Je suis convaincu que la marche est particulièrement propice à la révélation de ces cospatialités et je tenterai dans ma communication de le démontrer. Elle se déroule en trois étapes : une brève description de ma pratique de promeneur, un survol des concepts scientifiques qui résonnent avec l’idée de cospatialité, puis le récit d’expérience d’une marche de 200 mètres dans le bois de Vincennes.
[…] faire des voyages me semble un exercice profitable. L’esprit y a une activité continuelle pour remarquer les choses inconnues et nouvelles, et je ne connais pas de meilleure école, comme je l’ai dit souvent, pour former la vie que de mettre sans cesse devant nos yeux la diversité de tant d’autres vies, opinions et usages et de lui faire goûter une si perpétuelle variété de formes de notre nature. Le corps n’y est ni oisif ni fatigué et ce mouvement modéré le met en haleine.
À la fin du xvie siècle, Michel de Montaigne fait ainsi un plaidoyer pour le voyage comme recherche d’altérité. Lorsque je marche, je m’inscris dans un voyage de ce type-là. Ce voyage peut démarrer devant ma porte, là où j’habite mais peut être aussi ailleurs, cela n’a aucune importance. Une marche se prépare en contact avec les territoires cospatiaux et après lecture de documents. Elle se réalise, au cours de promenade à plusieurs, dans un partage d’expériences in situ, en ville, à la campagne, dans le périurbain…