Chapitre
Critères diagnostiques nébuleux susceptibles d’entraîner une surmédication, troubles identifiés puis retirés sous la pression des associations de patients, études épidémiologiques d’une qualité médiocre par rapport aux versions précédentes… Tout juste lancée fin mai 2013 au congrès annuel de l’American Psychiatric Association (APA), la cinquième édition de la bible de la psychiatrie américaine (DSM-5) continue d’être la cible de critiques virulentes. L’estoc est porté par plusieurs opposants : d’abord par les détracteurs habituels du DSM – les professionnels de la santé mentale (principalement des psychanalystes) ainsi que des patients et leur famille qui voient dans cette classification, évacuant complètement l’étiologie (les causes) des troubles psychiques, une objectivation honteuse de la singularité et de l’expérience de vie de chacun ; mais aussi, cette fois, par des membres de la communauté scientifique internationale qui craignent que le DSM-5 et ses nouvelles catégories aboutissent à « diagnostiquer par erreur des millions de personnes “normales” ». L’auteur de ces propos ? Allen Frances, ancien professeur de psychiatrie à la Duke University, également connu pour avoir supervisé l’équipe de rédaction de… la précédente édition du DSM (DSM-IV). Il se confiait en ces termes à nos confrères de Medscape : « Le DSM-V transforme le deuil en trouble dépressif majeur, les colères en trouble de dérégulation dit d’humeur explosive, les pertes de mémoire du grand âge en trouble neurocognitif léger, l’inquiétude de la maladie en troubles de symptômes somatiques, la gourmandise en hyperphagie boulimique, et n’importe qui souhaitant obtenir un stimulant pour un usage récréatif ou pour améliorer se…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 08/08/2019
- https://doi.org/10.3917/sh.marmi.2016.01.0038
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