Chapitre
Palerme, dans la Sicile du roi François II, au fond d’une chambre écrasée de chaleur. Le prince de Salina se meurt. Au même moment, on jette par la fenêtre de sa villa ses chiens de chasse empaillés mangés par les mites. Nous sommes à la fin du Guépard, peinture ténébreuse de l’engloutissement d’un monde – celui d’une aristocratie, de ses palais d’hiver ou d’été, de ses bals, de ses fêtes votives – qui se croyait immuable, mais se trouve, tout à coup, balayé par le vent de l’histoire, trahi par les forces vives de la jeunesse incarnée par une nouvelle bourgeoisie arriviste tout autant que par des paysans trop longtemps humiliés par la violence sociale. Dans Le Guépard de Lampedusa comme dans, d’ailleurs, À la recherche du temps perdu de Proust, quand on aime, quand on ment, quand on trompe ou quand on trahit, c’est depuis la certitude, même impensée, de la décadence d’une époque comme de la conviction de l’émergence prochaine d’un monde nouveau. Trahir, ses idéaux, une cause ou un amour, tromper, un ami, un homme, une femme, ou un parent, on le fait donc paradoxalement souvent pour une raison, résumée par Tancrède, le neveu de Salina, dans une formulation restée célèbre : « Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change. »
L’amour est une remise de soi à l’autre. Quand on aime quelqu’un, on a envie de lui faire confiance. L’enfant suppose qu’il peut avoir confiance en ses parents. Adulte, je me sens responsable de la personne que j’aime et qui m’aime…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/02/2022
- https://doi.org/10.3917/puf.flis.2020.01.0061
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