Chapitre
En devenant citadin, le Noir rompt d’une manière définitive avec la traditionnelle économie de subsistance. Il est obligé, à moins de bénéficier d’une hospitalité qui ne saurait durer longtemps, de se procurer les signes monétaires indispensables à ses besoins de consommation ; il doit travailler pour obtenir un salaire ou un profit. Par là même, sa dépendance s’accroît à l’égard des Européens qui restent les seuls distributeurs de travail et de « marchandises » ; et ce n’est pas un fait de médiocre importance — le Noir se saisit à cette occasion en tant qu’individu politiquement contrôlé et économiquement dépendant. Si l’on s’en tient à des estimations qui ne peuvent être qu’approximatives, les Brazzavilles noires comptent environ 30.000 « travailleurs », ce qui représente 40 % de la population totale. Mais, l’Inspection du Travail ne fixe qu’à 12.000 le nombre des ouvriers « réguliers » auxquels s’ajoutent 4.500 « commerçants et artisans divers », plus un millier de domestiques et cuisiniers employés de manière stable. De son côté, la Chambre de Commerce estime à « plusieurs milliers » — au début de 1952 — le nombre des chômeurs parmi les ouvriers réguliers. Ces indications nuancées suggèrent à quel point le marché du travail doit être rudimentaire et instable.
Il faut, d’entrée, signaler le cas bien particulier de Brazzaville qui n’est devenue une grande cité qu’en raison de sa qualité administrative : elle est capitale fédérale, et de sa situation à un point de rupture de charge : au moment où le trafic fluvial devient impossigle, les marchandises sont acheminées par le chemin de fer C…
Plan
Auteur
html et feuilletage (par chapitre) Ajouter au panier
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012
![Chargement](./static/images/loading.gif)
Veuillez patienter...