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La notion d’évolué et d’évolution, retenue par la littérature courante qui traite des problèmes actuels de l’Afrique noire, est singulièrement équivoque et imprécise. Elle implique, notamment dans les territoires de langue française, l’idée d’un progrès qui tend à réaliser d’une manière plus ou moins harmonique l’assimilation du Noir. Elle classe tout individu qui, par certains comportements, se sépare de son contexte coutumier ; le planteur de cacaoyers qui a transformé son genre de vie comme le fonctionnaire en service dans les grandes villes. En raison de cette imprécision même, elle ne satisfait guère les Africains qui préfèrent recourir à des critères mettant en cause la nature de l’éducation reçue (distinguant des « lettrés », une « élite éduquée », etc.) ou la qualification professionnelle de type moderne (planteur, transporteur, commis, etc.). Elle ne les satisfait pas parce qu’elle sous-entend une certaine relation du Noir et du Blanc, celle de maître à élève, qui est étroitement liée au rapport de dominant à dominé tel qu’il s’exprime sur le plan politique. L’éveil des nationalismes explique cette intolérance à l’égard de la notion d’évolution ; cette dernière semble définir un but qui reste toujours aussi éloigné quelle que soit l’avance prise — le terme même d’évoluant, qui est d’usage fréquent au Congo belge, ne laisse guère de doutes. Les réactions de la société européenne, tout au moins de certains éléments, vis-à-vis de la catégorie des évolués, montrent bien qu’il ne s’agit pas simplement d’une transformation à conséquences limitées mais d’un changement dans les rapports sociaux…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2012
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