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Après les attentats de 2015 et 2016, la France, endeuillée et sidérée, se réveille dans un contexte radicalement nouveau. Certes, elle a déjà subi, par le passé, une violence terroriste épisodique à laquelle elle a payé le prix fort. Mais désormais, elle va devoir faire face durablement à une menace d’une ampleur inconnue et très difficile à éradiquer.
La question légitime que tout le monde se pose aujourd’hui, reste évidemment de savoir combien de temps va durer la nouvelle vague de terrorisme, amorcée en France par Khaled Kelkal (septembre 1995) et Mohammed Merah (mars 2012), dans laquelle s’inscrivent les attentats de ces derniers mois.
Les périodes d’attentats terroristes coïncident historiquement avec le « cycle de vie » des groupes qui les commettent. Elles débutent avec la première attaque du groupe et s’arrêtent lorsque celui-ci est vaincu ou abandonne la lutte armée. Certains cycles sont relativement courts : six ans pour les premiers anarchistes russes (1875-1881), huit ans pour les Brigades rouges (1970-1978), tout comme pour Action Directe (1979-1987) ; mais d’autres durent une trentaine d’années (Fraction Armée Rouge (1968-1998)), voire une cinquantaine (ETA (1959-2011)), ou près d’une centaine d’années (IRA (1913-2005)).
On pourrait donc penser, en première analyse, que le terrorisme inspiré par Daech s’éteindra avec lui. Il n’en est rien car les attentats islamistes de ces dernières années ne sont pas simplement liés à l’existence de ce groupe.
Certes, l’inéluctabl…
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Eric Danon est Directeur Général adjoint des Affaires Politiques et de Sécurité au Quai d’Orsay. Normalien, agrégé de physique, diplômé de Sciences Po et ancien élève de l’ÉNA, il a effectué l’essentiel de sa carrière diplomatique autour des questions de sécurité internationale et de développement.
Ancien Directeur Général du Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégiques de 2013 à 2016, ancien Ambassadeur pour le désarmement de 2008 à 2012, il a mené de nombreuses négociations sur les questions nucléaires, le commerce des armes et la criminalité organisée. Il a été, par ailleurs, Conseiller diplomatique d’Interpol après avoir exercé, au Quai d’Orsay, la responsabilité des aspects diplomatiques de la lutte contre le terrorisme, les grands trafics et le blanchiment d’argent.
- Mis en ligne sur Cairn.info le 14/10/2016
- https://doi.org/10.3917/secug.163.0087
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