1L’eau est le grand dossier de cette livraison de Sécurité globale. Sous la coordination d’Alexandre Taithe, des auteurs, parmi les meilleurs spécialistes français de cette question stratégique tentent d’éclairer les différentes facettes de cette matière liquide essentielle à la vie.
2Les inquiétudes ne manquent pas. De la raréfaction de la ressource due au changement climatique à la pression humaine (démographie, pollution) en passant par les risques conflictuels qui lui sont de plus en plus attachée, l’eau est devenue un objet stratégique majeur. Elle est une politique en devenir au niveau mondial.
3Le général de brigade (2S) Alain Lamballe propose une cartographie mondiale de la géopolitique de l’eau et liste tous les points de frictions actuels ou potentiels. Pierre Berthelot analyse la question de l’eau sous l’angle du changement climatique. Michel Alhéritière s’attache plus particulièrement à la question de l’eau en Méditerranée et la simple focalisation sur cette zone éclaire de façon inquiétante la problématique globale. Enfin, Franck Galland, au delà d’un constat lucide et donc pessimiste, va plus loin en proposant une action internationale pro-active. Il défend l’idée de « Forces régionales d’intervention » ou « Casques bleus de l’eau » animés par les grandes puissances responsables et susceptibles d’agir sur la protection de la ressource ou en interposition en cas de conflit lié à l’eau. Chimère ou vision prospective ? L’avenir le dira ; mais la communauté internationale, par delà les déclarations et vœux pieux ne pourra, à un moment ou à un autre, rester neutre dans ce qui peut à terme remplacer les conflits pour l’énergie.
4En varias, la moisson est également riche. Frédéric Encel revisite la politique étrangère israélienne en mettant en perspective la politique de Benjamin Netanyahu avec celle de ces prédécesseurs. Où cet auteur montre que le Premier ministre israélien est en rupture avec les fondamentaux traditionnels de la politique de l’État Hébreu.
5Mickaël Roudaut fait un état détaillé et très argumenté de la situation du narcotrafic au Mexique. Il revient sur les années de lutte contre la drogue dans ce pays qui ont conduit à un niveau de violence jamais atteint depuis des dizaines d’années et à la corruption systématique d’un appareil politico-administratif déboussolé – conduisant au final à l’échec de la lutte anti-drogue des États-Unis.
6Enfin, Leila Latreche nous propose une analyse très originale de la crise des missiles de Cuba, dont nous fêtons le cinquantième anniversaire (octobre 1962) et qui plaça le monde au bord de la guerre nucléaire. Cette auteure apporte un éclairage inédit sur l’acteur oublié : Cuba. La crise des missiles fit couler beaucoup d’encre en ouvrages de théories des relations internationales. Le débat sur la notion d’« acteurs rationnels » fit rage. Or si les découvertes de Mme Latreche confirment bien l’existence des deux acteurs rationnels, elles n’en font pas moins émerger un acteur pour le moins atypique : le gouvernement cubain, Castro et son équipe rapprochée qui se caractérisent par une idéologie exaltée quasi suicidaire. Cette crise, comporta « une crise dans la crise » ; celle de la relation soviéto-cubaine qui sortit considérablement affectée par cet événement bien que l’attelage improbable formé tant par le besoin que l’idéologie en rendisse la rupture impossible jusqu’à la chute de l’URSS.
7Bonne lecture.
