CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Le XXIe siècle semble devenu celui des crises globales. La nature nous rappelle ainsi la réalité de notre interdépendance humaine. Trois « crises » majeures hantent cette première décennie du siècle : une crise des systèmes de gouvernement ; une crise de l’écosystème climatique et naturel ; une crise de l’analyse et de l’anticipation.
Aucune de ces crises n’a manqué de signes avant-coureurs. Certains étaient presque imperceptibles. Beaucoup furent ignorés, ou minimisés par cette volonté collective de ne pas voir, ou de ne plus voir. Lorsque des voix s’élèvent pour avertir du mal-être global, certains ne voient que l’agitation d’un petit nombre, personne n’anticipe le soulèvement réel du pourtour méditerranéen.
Quand Olivier Roy écrit sa note à l’intention du ministre des Affaires étrangères le 24 février 2005, il ne se doute pas que le futur sera « écrit » comme il l’a déroulé : faillite des régimes autoritaires de type « baas », popularité du principe de démocratie, transformation ou habillage nationalistes des mouvements radicaux, et un « message de la démocratisation qui est en train de passer ». Seul le temps de réalisation de la prédiction nuira à sa précision technique.
Dans ces crises du XXIe siècle, local et global s’entremêlent. Aucune situation politique n’est équivalente : chaque côte, chaque région, chaque vallée du pourtour méditerranéen, a sa propre culture, mais il existerait aussi un « nouvel ordre » supérieur, une organisation mondiale du commerce, de la vie sociale, du consumérisme, véloces, prompts à organiser et à désorganiser, dont les flux se transmettent par les réseaux sociaux, où chaque réalité locale peut être plus ou moins amèrement comparée, dans l’instant, à tout autre…

Français

Les crises et autres catastrophes ne surviennent jamais de manière inattendue. Il n’y a jamais de coup de tonnerre dans un ciel bleu. Depuis le début du XXIe siècle, nous assistons ainsi à une faillite des modèles et à une faiblesse des alertes. Des modèles froids rendent inaudibles des alertes moins rares qu’il n’y paraît au premier abord. Nous devons donc apprendre à sortir de l’aveuglement afin d’éviter les prochaines « surprises stratégiques ».

English

Crises and disasters never arise in a unexpected way. There is never a thunderclap in a blue sky. Since the beginning of the 21th century, we attend a bankruptcy of the models and a weakness of the alerts. Cold models make inaudible less unusual alerts than it seems at first sight. Thus, we have to learn to get out of blindness to avoid the next “strategic surprises”.

Alain Bauer
Président du CSFRS.
Philippe Baumard
Président du conseil scientifique du CSFRS.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 21/10/2013
https://doi.org/10.3917/secug.016.0029
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