1Ce nouveau numéro de Sécurité globale a été rattrapé par l’actualité. Il a été conçu et réalisé avant le tsunami du Japon et la catastrophe nucléaire de Fukushima. Nous avons décidé de ne pas modifier les papiers composant ce dossier sur la sécurité énergétique au XXIe siècle. Comme le dit Christophe-Alexandre Paillard qui a dirigé ce dossier, « ce numéro [...] essaie de clarifier ce que sont les principaux enjeux énergétiques de demain et d’après demain de notre monde contemporain. » Ce dossier a deux vertus : la première est de donner une bonne vision de ce qu’était la perception de la sécurité énergétique avant Fukushima et la deuxième de constater que la réflexion prospective globale qui en découlait n’est que partiellement modifiée par le choc émotionnel et les premières analyses de l’après-Fukushima, même si le nucléaire devra trouver une issue de sécurité, quelle qu’elle soit. Enfin, le gaz va s’imposer comme la ressource majeure du XXIe siècle qui conduit à une véritable réflexion géostratégique globale qui va jusqu’à embrasser la perspective de la fin inéluctable des ressources non renouvelables. Nous laissons au directeur de ce dossier le soin d’en présenter le contenu.
2Cette dernière livraison s’accompagne de varias de grande qualité. Pierre Berthelot analyse la face cachée des problèmes libanais ; quand les questions du commerce de diamants rejoignent celles du blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. L’enjeu de l’eau est également évoqué comme un élément majeur mais souvent ignoré du conflit avec Israël.
3Depuis 2008, la politique étrangère allemande fait l’objet de beaucoup de critiques. Tant dans la gestion de la crise économique que dans la guerre civile en Libye, la France fut obligée de bousculer l’Allemagne voire de se passer d’elle pour mobiliser la communauté internationale. Bastien Lapalud analyse l’émergence de la politique étrangère allemande depuis la réunification. Il fait apparaître combien ce pays a du mal à reconstruire un modèle indépendant tant vis-à-vis de ses anciens alliés qui furent d’abord ses « contrôleurs » que des démons du passé.
4La coordination du renseignement est depuis longtemps un serpent de mer qui fait les choux gras des gazettes, le rêve des amateurs et la tentation des dirigeants. La réalité est qu’il s’agit de la chose la plus difficile à réaliser. Après le 11 septembre, les États-Unis ont créé, pour d’évidentes raisons concrètes, un poste de coordinateur, le « tsar » de la lutte antiterroriste. Ses résultats ne semblent pas à la hauteur des espérances. La France qui a, sous Nicolas Sarkozy, engagé la plus grande réforme des services de renseignement depuis des années a également créé un poste similaire auprès de l’Élysée. Enfin, un tel poste de coordination existe aussi au niveau de l’Union européenne. En raison de l’opposition tacite de la plupart des grands services de renseignement des États membres, ses fonctions sont peu opérationnelles. Nathalie Cettina tente d’éclairer cette logique de la coordination du renseignement surtout perceptible depuis le 11 septembre et d’en analyser les enjeux et les limites.
5L’article de Bruno Muxagato et Bruna Le Prioux met le projecteur sur les conséquences diplomatique et stratégique de la découverte par le Brésil de gisements pétroliers et gaziers au large de ses côtes.
6Enfin, nous avons la chance dans ce numéro d’accueillir un entretien de Soumeylou Boubèye Maïga, ministre des Affaires étrangères du Mali, qui brosse un panorama très clair de la situation d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) au Sahel et d’en tirer les conséquences géostratégiques à la fois globales, et pour les pays du Sahel en particulier.
7Bonne lecture.
