CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Avec la crise des subprimes, la réflexion sur la dimension criminelle des crises financières commence, timidement, à émerger. Le questionnement est simple dans sa formulation mais délicat dans sa démonstration : des escroqueries et des fraudes géantes pourraient-elles parfois entraîner des conséquences macroéconomiques ? La criminologie ne pourrait-elle pas éclairer la science économique ? Aucune crise, financière ou économique, ne peut en effet se résumer à une seule et unique dimension. Pourtant, il est étonnant de constater que certaines hypothèses – ici, en l’occurrence, celle d’une « dynamique criminelle » – sont a priori écartées. La science économique s’intéresse peu à la « chose criminelle » – discipline vulgaire et de basse condition intellectuelle. Les économistes se réfugient souvent dans un positivisme étroit – donc de mauvais aloi – qui les autorise à rejeter d’emblée d’autres clefs de lecture des événements. Ce positivisme excessif explique ainsi l’utilisation abusive des mathématiques, une pratique ayant montré ses limites lors de la crise des subprimes. Afin d’approcher la réalité de certains faits économico-financiers majeurs, il est essentiel d’envisager de nouvelles perspectives, comme la possibilité de recourir à l’analyse des comportements criminels pour déchiffrer des crises majeures. Cependant, l’adjonction d’une réflexion par le crime dérange. Le positivisme étroit ne voit dans l’immixtion du crime qu’un brouillage non « scientifique ». La catégorie du « crime » relève certes de la sociologie mais aussi du droit (criminel) et de la morale (le bien, le mal), donc de modes de compréhension du réel comportant une part de relativité (perceptions et représentations…

Français

Parfois, les crises financières recèlent une forte dimension criminelle. Même les plus sceptiques commencent à s’en rendre compte avec les subprimes (subcrimes ?). Cependant, afin de se convaincre du rôle du crime dans certaines des crises majeures du capitalisme dérégulé, un retour en arrière s’avère nécessaire. Ainsi, l’exemple oublié de l’Albanie postcommuniste en 1997 illustre-t-il parfaitement les effets potentiellement macroéconomiques de fraudes de grande ampleur. De vastes pyramides financières avaient alors fait sombrer le pays le plus pauvre d’Europe dans le chaos.

English

Financial crises sometimes conceal a strong criminal component. Even the most sceptic begin to realize it with the subprime crisis (subcrimes ?). However, to ascertain the role of crime in some of the major crises in deregulated capitalism, a review turns out necessary.
So, the forgotten example of post communist Albany in 1997, perfectly illustrates the potentially macro economical effects of large scale frauds. Vast financial Ponzi schemes had then made the poorest country in Europe sink into chaos.

Jean-François Gayraud
Commissaire divisionnaire de la police nationale. Dernier ouvrage paru : Showbiz, people et corruption (Odile Jacob, 2009).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 18/10/2013
https://doi.org/10.3917/secug.012.0123
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