CAIRN.INFO : Matières à réflexion

« Il n’y a pas de mafia en France... » entend-on couramment. La ritournelle est devenue un grand classique. Certes, nos Corses, Manouches et autres caïds parisiens, marseillais et lyonnais sont épris d’individualisme et les prétendants au titre de parrain croisent souvent les balles de leurs collègues avant d’avoir pu s’asseoir durablement sur leur trône. Bref, la grande criminalité française n’est pas organisée en « mafia », mais le crime organisé international ne s’arrête pas aux frontières de notre pays. Depuis quelques années, de nouveaux acteurs ont fait leur apparition sur la scène criminelle mondiale. Aux côtés des mafias traditionnelles – turque, japonaise, chinoise, italienne, italo-américaine – a émergé un nouveau crime organisé.
Des organisations et des groupes, notamment nés des bouleversements géopolitiques, se sont rapidement développés et structurés. Jusqu’à, pour certains, jouer dans la même cour professionnelle que leurs cousines plus anciennes. Ceux-là parlent russe, géorgien, nigérian, « colombien », lituanien, albanais, bulgare etc.
Pour prospérer, ces acteurs, nouveaux et anciens, ont su profiter – entre autres – de la mondialisation de l’économie, noyant leurs trafics dans l’augmentation des flux financiers et des échanges commerciaux. Le crime organisé, entrepreneur d’un capitalisme clandestin, prospecte en permanence de nouveaux marchés. Pour se déplacer, il doit y trouver un intérêt : avoir quelque chose à vendre, à prendre, des fonds à blanchir ou/et investir ou un relais « logistique » à utiliser ou à installer…

Français

Organisations baltes, gangs balkaniques, tamouls, chinois et nigérians, mafias d’ex-URSS... ces dernières années, le crime organisé international s’est signalé en France. Ces nouvelles menaces criminelles lancent de nouveaux défis aux forces de l’ordre. Leurs organisations sont méconnues, tout comme leurs profils criminels, sans parler des difficultés posées par la langue et le recrutement d’indicateurs dans ces milieux le plus souvent fermés. Face à des ennemis inconnus, policiers, gendarmes et douaniers doivent se renseigner et apprendre à les connaître pour les combattre. Cela n’est pas forcément dans leur culture, ni dans leurs moyens.

English

All kind of foreign criminal organizations have been noticed in France for a few years. They come from the Balkan and Baltic States, they also are Tamul, Chinese, Nigerian, Russian, etc. These new threats are a real challenge for law enforcement services. Their structures, habits and languages are not well known while the recruitment of insiders is proven to be challenging. Facing these unknown enemies, Polices and Customs services have to run investigations and gather intelligence. But collecting such intelligence does not suit them well considering their cultures, tools and capabilities.

Jérôme Pierrat
Journaliste et auteur de Mafias, gangs et cartels, la criminalité internationale en France (éd. Denoël, mai 2008).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 01/10/2016
https://doi.org/10.3917/secug.005.0069
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