CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 De la Bourse aux journaux, de la politique à la finance, de l’affairisme impérial aux scandales républicains : L’Argent de Zola, roman planifié, selon son auteur, dès « les premiers volumes de la série », se charge d’un programme particulièrement lourd, à l’approche de la fin du cycle des Rougon-Macquart. Écrire L’Argent, pour Zola, c’était d’abord ménager l’espace narratif nécessaire à un second roman politique, faisant pendant à Son Excellence Eugène Rougon : à l’Empire autoritaire, devait répondre l’Empire libéral ; aux années 1850, la décennie 1860 ; à Eugène Rougon, son frère Aristide, resté, à la fin de La Curée, gros d’un avenir romanesque encore inépuisé.

2 Chemin faisant, le projet se condense et se métamorphose : le roman politique se double d’une « étude sur les journaux à la fin de l’Empire [1] », puis, au tournant des années 1880, pour la première fois, la Bourse s’agrège à ce scénario déjà hybride. Une liste autographe, qui peut être datée de 1883 ou 1884, répertorie les « romans à écrire », et distingue d’un côté, « La Magistrature et la Noblesse, Eug. Rougon, Sidonie, etc., Empire libéral », et de l’autre « La Bourse et les Journaux, Saccard, Maxime, Sidonie, Oct. Mouret [2] ». Après la parution de La Bête humaine, en 1889, la magistrature est éliminée du programme, qui se fixe, dans une interview donnée par Zola au Figaro, autour de ces trois termes : « La Bourse et le journalisme fonctionnant dans le cadre de l’empire libéral [3] ».

3 La Bourse, le journal, la politique : ces trois pans de la réalité sociale embrassée par L’Argent, roman paru en 1891, n’ont jamais été aussi solidaires qu’à l’âge de la République consolidée. Pour ces trois secteurs d’activité, le gain de liberté conjugué au processus de démocratisation constituent les facteurs d’un développement indéniable : en ce sens, l’observation par Zola du krach de l’Union générale, en 1882, éclaire rétrospectivement d’un jour nouveau les données économiques de « l’Empire libéral ». Un glissement s’est donc opéré, sous l’influence des années opportunistes : à l’observation des jeux de pouvoir parlementaires et gouvernementaux, se substitue, au moins partiellement, l’analyse de l’univers boursier. Un élément demeure, inchangé depuis les seconds plans du cycle : la place de la presse dans le bal des puissants.

4 Entre pouvoir politique et pouvoir économique, les journaux imposent leur médiation, avec une force de frappe démultipliée par la loi de 1881. Politique, finance, médias : telle est bien la triade qui, dans L’Argent, dicte sa loi au public. Dans chacun de ces domaines, l’idée de crédit trouve une pertinence variée : transaction reportée dans le temps, articulant la formulation d’une promesse et la manipulation des signes qui en assurent la manifestation sensible et actuelle, la question du crédit a fondamentalement à voir avec la mise en publicité périodique du politique et de l’économique. Aussi commencerons-nous par analyser certains traits qui caractérisent le consortium politique, financier et médiatique au XIXe siècle, avant de proposer une lecture du journal comme économie du crédit. L’ensemble de ce parcours pivotera autour du roman zolien : comme document mêlant deux chronologies (l’époque républicaine et la fin du Second Empire), et comme fiction elle-même engagée dans une circulation médiatique, L’Argent constitue de fait un observatoire idéal des modes d’incarnation du crédit, à travers ces récits qui monnaient les croyances collectives.

LA PRESSE, ENTRE FINANCE ET POLITIQUE

La presse, une monnaie aux mains des politiques

5 En régime autoritaire comme en régime libéral, le contrôle exercé par le pouvoir politique sur la presse passe inévitablement par l’argent : sous l’Empire, la censure est d’abord financière (cautions, amendes, impôts), tout comme est financière aussi la manne accordée aux journaux favorables au pouvoir. Les « fonds secrets » assurent au gouvernement la fidélité des titres les plus puissants, y compris parmi ceux qui, aux yeux du public, semblent appartenir à l’opposition. Le régime républicain supprime la censure, mais maintient, voire développe, l’emprise économique exercée sur la presse : emprunt russe ou ottoman, construction du canal de Panama – autant d’affaires qui révèlent l’adéquation forcée, et fort rentable, des lignes éditoriales aux choix stratégiques engagés par les cabinets ministériels.

6 L’action gouvernementale se mène donc, au jour le jour, avec le double appui des banques et des journaux. Pas d’emprunt d’État sans le soutien des banques : pas non plus d’entreprise à grande échelle, internationale, sans le soutien de la diplomatie ; dans un cas comme dans l’autre, la presse assure le relais auprès des souscripteurs et des électeurs, masse aux contours flous que l’on désigne comme « le public ». D’où l’inextricable réseau d’interdépendances : dans L’Argent, le ministre Rougon ne peut en aucun cas s’autoriser à suivre son frère Saccard dans ses attaques contre Gundermann-Rothschild, le plus puissant des financiers en place : « ils ont tous besoin de Gundermann », note lucidement le député Huret, « ils ne pourraient pas faire un emprunt sans lui » ; à l’inverse, le même Huret fait remarquer, « timidement », que « là-bas, en Orient, l’appui du ministre avait singulièrement aidé l’ingénieur Hamelin, en lui ouvrant toutes les portes, en exerçant une pression sur certains personnages [4] ».

7 Cette consanguinité du médiatique, du politique et du financier explique que les pratiques de corruption ordinaire forment le quotidien de nombreux titres de presse, faisant peser le risque, pour tout directeur de journal, de se voir accuser un jour ou l’autre d’avoir joué les « chéquards » : un journal bonapartiste tel que Le Mot d’Ordre reçoit ainsi 60 000 francs [5] de Jules Ferry et Waldeck-Rousseau [6], en août 1883, moment où la Chambre négocie les conventions avec les compagnies de chemin de fer. Quant à ce qui est considéré comme « l’organe officieux » de la République, le journal La Paix, de Gaston Carle, il perçoit plus de 125 000 francs de subventions pour les seuls mois de mai à novembre 1879…

Le journal sous l’emprise de la banque

8 Le roman zolien met en fiction une famille périodique bien identifiée : celle des « feuilles financières ». Vendus très bon marché, parfois même gratuits, ces périodiques ne font pas mystère de leur affiliation à telle ou telle société de crédit, dont ils ne sont parfois que l’organe d’expression, ou la « circulaire », pour reprendre la formule de Pierre Albert [7].

9 Là ne se limite pas, toutefois, l’emprise exercée par la banque sur le journal : au-delà de la presse spécialisée, la plupart des titres périodiques ont à voir avec l’actualité financière, comme le souligne du reste, dans L’Argent, l’habile Jantrou, homme lige de Saccard, ancien instituteur converti en entrepreneur de presse. En matière financière, l’information doit circuler aussi largement que possible : son efficacité s’entend moins en termes de fiabilité (crédit) que de capacité de diffusion. Les « volées de cloche » qui, chaque matin, doivent retentir en faveur de l’Universelle [8], ces « coups de trompette » déterminant « les sonneries assourdissantes du triomphe [9] » supposent la mise au pas d’une multitude de titres, spécialisés ou non. « L’efficacité d’une campagne dépendait étroitement de l’unanimité des journaux », explique Pierre Albert, « puisqu’une seule fausse note dans leur concert pouvait compromettre gravement le succès d’une émission [10] ». À cette symphonie concertante, Jantrou emploie toute son énergie : après avoir acquis « une dizaine de petites feuilles financières », constituant ainsi « un bataillon docile de ces feuilles spéciales », il traite à forfait avec « les grands journaux politiques et littéraires », achetant « la quatrième page d’une ancienne feuille, très respectée », ainsi que « le silence d’un terrible bulletinier d’une maison adverse », avant d’obtenir enfin le titre le plus convoité par son ancienneté, La Cote financière, « ce vieux journal solide qui avait derrière lui une honnêteté impeccable de douze ans [11] ».

10 Le lien entre banque et presse s’institutionnalise, au cours du second XIXe siècle, par la mise en place d’intermédiaires professionnels. Ce sont les courtiers en publicité financière, qui s’organisent en agences, selon un processus encore très précisément décrit dans le roman zolien : sur le modèle des agences de presse, Jantrou « projetait de créer une agence qui rédigerait et ferait autographier un bulletin de la Bourse, pour l’envoyer à une centaine des meilleurs journaux des départements [12] ». Dans les années 1880, à Paris, deux agences dominent ce marché de l’intermédiation, entre presse et univers financier : dépendant, pour l’une, du Crédit foncier, et pour l’autre, du groupe Rothschild, ces officines transposent dans l’univers des journaux les rivalités opposant les titans de la banque. En l’occurrence, l’initiative imaginée par Jantrou anticipe, Zola en a bien conscience, sur la réalité de la Troisième République : « ce qui n’existait pas en 69 », lit-on dans le dossier préparatoire, « c’était les agents de publicité financière [13] ». Du krach de l’Union générale, en 1882, à la révélation, après 1923, de L’Abominable vénalité de la presse française[14], largement achetée à la cause tsariste, le poids de la banque dans le financement du journal n’a cessé de s’alourdir : selon L’Histoire générale de la presse française, la moyenne des subventions versées par les banquiers à la presse augmente de 25 % dans les années 1887-1889. Croissance quantitative mais aussi, serait-on tenté d’ajouter, qualitative : l’apparition d’intermédiaires compétents s’accompagne en effet d’une rationalisation et d’une systématisation des versements. Le Crédit foncier accorde ainsi des mensualités régulières à certains titres, ou à leurs journalistes, qui se trouvent de ce fait en situation de double rémunération – logique répondant finalement à celle du « double marché », mis en place dès la monarchie de Juillet par Girardin. « Dans certains journaux », déplore un parlementaire républicain en 1881, « le rédacteur du bulletin financier, au lieu d’être payé de son travail par le propriétaire du journal où il écrit, est payé par un entrepreneur particulier qui achète le droit d’en disposer à sa guise [15] ».

11 L’ambivalence de ce système ne saurait être dissimulée plus longtemps : si, en un sens, les journaux se « vendent » aux banques – la révélation, en 1874, de l’affermage du bulletin financier du Figaro en apportera l’éclatante illustration – c’est qu’ils constituent, pour les milieux d’argent, un enjeu de premier ordre, voire un danger contre lequel il importe de se garantir. La confiance accordée aux politiques, et l’écho acquis par les affaires, dépendent du journal, premier support de communication accédant à une diffusion massifiée. Et c’est précisément cette capacité de circulation démultipliée qui garantit la vitalité financière du journal.

Politiques et financiers, aux mains de la presse

12 De fait, le développement de la presse au cours du siècle ne se joue pas à l’écart du monde des affaires. Le journal devient très tôt, en France, un investissement à haute rentabilité : à en croire les documents analysés par Patrick Eveno, les bénéfices dégagés par les abonnements assurent aux principaux titres de presse, dès la Restauration parfois, une confortable prospérité. La rentabilité du Constitutionnel atteint 27 % en 1826 ; elle est de 55 % pour Le Glaneur d’Eure-et-Loir dans les années 1830 [16] ! Les comptes du Figaro, du Petit Journal, comme du Petit Parisien révèlent des marges importantes sur les chiffres d’affaires ; qu’il soit populaire au non, le quotidien tire des profits réguliers d’une capitalisation fort précoce. L’action du Petit Journaldégage selon Patrick Eveno « des bénéfices énormes, dignes de fonds de pension ». Pour l’investisseur averti, qui aurait acquis une action du Figaro en 1854, la rentabilité du titre est estimée à 36 % en 1872 [17]. La part des « ressources occultes », et même des annonceurs, dans les budgets des journaux doit donc être nuancée par l’observation des bénéfices liés à l’exercice même du travail journalistique.

13 D’énormes fortunes se constituent dans la presse ; Millaud, Girardin, Villemessant, Hébrard – et l’on pourrait ajouter à la liste le nom d’Arthur Meyer, directeur du Gaulois – laissent à leurs héritiers des patrimoines compris entre 5 et 10 millions de francs, montants considérables quand on sait que seules dix successions parisiennes dépassent, en 1911, la somme de 10 millions de francs [18].

14 Parce qu’il fait les preuves de sa rentabilité, le journal attire les investisseurs – petits ou grands : en 1833, déjà, sur 66 sociétés en commandites lancées à Paris, 33 sont des commandites de presse [19]. Dans la transformation de Paris en place financière de première importance, la presse joue donc un rôle polymorphe, que l’on pourrait décrire comme un processus à double détente. D’une part, le journal s’impose comme « corps d’industrie » en expansion, pour reprendre les termes de Christian Pradié : la mécanisation de l’impression, de la fabrication du papier, la croissance des investissements publicitaires, transforment la nature du journal, qui désormais « s’offre au placement d’une épargne abondante [20] ». D’autre part, la presse orchestre le jeu des rumeurs qui assure la bonne réussite des entreprises reposant sur l’actionnariat. Le « troupeau » crédule des actionnaires, pour parler comme Saccard ou Jantrou, n’a guère d’autre recours, pour s’informer des cours et juger au mieux des investissements les plus rentables, que de lire la presse.

15 Le journal tient donc captifs à la fois les entrepreneurs, et les épargnants, dans un double jeu logistique et sémiotique : logistique, puisque la presse organise la circulation des capitaux, tenant lieu d’intermédiaire entre les sociétés et leur clientèle ; sémiotique, puisque le périodique se charge de la mise en signes et de la mise en texte des entreprises suscitant la mobilisation des capitaux.

16 Double jeu, qui est aussi un jeu trouble : dans ce marché de la confiance, le journal ne saurait abattre toutes ses cartes, et du reste les lecteurs ne sont pas dupes. Dans L’Argent, les Maugendre, petits actionnaires crédules, comparent leurs sources, et confrontent plusieurs titres : c’est qu’en matière de mensonges, la vérité naît de la multiplicité des fausses nouvelles. Aucun bulletin financier, à en croire Jaurès, « ne disait la vérité, mais comme ils la faussaient tous d’une manière différente, cela faisait une sorte de vérité [21] ». Herméneutique savante, qui tient au fonctionnement conjoint de la presse et du crédit : ce travail commun de la presse et de la spéculation nous retiendra pour le second temps de cette analyse.

LE CRÉDIT, UNE AFFAIRE PÉRIODIQUE

17 Clients du journal, lecteurs des affaires bancaires : le « public » dont se compose la société des épargnants au XIXe siècle présente une hybridité fonctionnelle qui répond à la double nature du journal, à la fois entreprise capitalistique et lieu de textualisation du monde des affaires. Ainsi le Journal des chemins de fer, l’une de ces feuilles financières dont Zola s’inspire pour inventer L’Espérance de Saccard, déploie-t-il avec constance un discours à double destinataire : l’abonné est aussi conçu comme actionnaire réel ou potentiel des sociétés finançant la publication du journal. Aussi, pour le récompenser de sa fidélité, lui offre-t-on parfois en prime des actions gratuites [22] : le geste de la lecture, qui suppose l’achat du journal, se voit en quelque sorte converti en acte de souscription.

18 Le récit périodique du crédit se charge, de ce fait, de caractéristiques spécifiques, vis-à-vis de ces autres mises en texte de la Bourse que sont les « fictions boursières », dont Christophe Reffait a proposé l’analyse [23]. Le roman zolien accorde une place étendue à la représentation des modes d’action du périodique dans l’univers de la Bourse. Pas plus qu’il ne caricature le rôle de l’argent dans la société, le romancier ne cède à la tentation, pourtant courante chez ses contemporains, de ne retenir du journal que ses travers, et de la presse, que ses « maladies [24] ». L’Argent propose un tableau réellement conjoint du journal et de la Bourse, ou bien du journal comme économie du crédit, que l’on pourrait articuler autour de trois aspects principaux : la question de la publicité, celle de la matérialité – toutes deux subordonnées à cette détermination majeure que constitue la périodicité.

Publicité, presse et crédit

19 Pas de crédit sans publicité, entendue ici comme la mise en public des actes et des messages. Comment croire en une entreprise lancée par souscription si l’on ne dispose pas d’un texte en illustrant les programmes et les enjeux ? En ce sens, le journal et la Bourse font cause commune, dans une dialectique du secret et du caché, qui engage les contemporains non seulement sur le plan de leurs actes, mais aussi dans leur identité, ou plus précisément leur identification. Le XIXe siècle, Philippe Hamon l’a bien montré, vit sous le régime d’une « expositionnite » aiguë, et rêve de transparence, en matière architecturale comme en matière littéraire [25]. Le journal expose à sa façon les individus, rapportant leurs faits et gestes, identifiant les « hommes du jour », tenant la rubrique des « contemporains célèbres » : les « traces » des individus se disséminent dans un espace spectaculairement élargi. Or les opérations boursières sont par essence, elles aussi, des actes d’écriture, qui engagent une signature, et donc participent de l’identification des contemporains. De même que le journal met en récit le quotidien, et travestit autant qu’il dévoile les traits de l’homme de la rue, ou de l’auteur, de même le jeu de la spéculation organise-t-il toute une série de tours de passe-passe, qui manipulent l’exigence de publicité des affaires. La virtuosité de Saccard en la matière n’a pas de limites : faux en écriture, désignation de prête-noms jalonnent le lancement de sa société, l’Universelle. On ne saurait du reste en attendre moins d’un héros qui déguise son identité de Rougon sous celle, inventée, de Saccard [26].

20 Les jeux d’écritures sont une activité commune aux deux univers consanguins de la Bourse et du journal ; au-delà de la coïncidence, se joue ici une coopération, dans la mise en publicité de la vie sociale, qui a fortement à voir avec le développement d’une nouvelle forme de surveillance collective. Revenons à l’action malfaisante de Busch et de la Méchain : du début à la fin du roman, ces associés de mauvais aloi font subir à leurs victimes un jeu de chantage qui repose sur l’identification d’une signature. Jordan est par exemple reconnu comme le signataire de billets souscrits à un tailleur, et non payés : la Méchain le localise et l’identifie parce qu’il a signé de son nom des articles parus dans le journal. Pour cet arrière-monde de la Bourse qu’incarnent Busch et la Méchain, les journaux constituent une ressource irremplaçable, puisqu’un jour ou l’autre, tous les puissants s’y trouvent exposés. Busch « quête les adresses comme un chien quête le gibier », « l’œil sur les enseignes et sur les noms que les journaux imprimaient [27] ». On comprend l’irritation de la Méchain, qui se plaint d’être mal reçue « dans les journaux » : « on refuse de vous donner les adresses [28] ».

21 Bien naturellement, tous les personnages de L’Argent lisent donc la presse avec avidité : de Nathalie, la jeune fille de Dejoie, garçon de bureau de L’Espérance, qui se couche « la tête pleine », « tant c’est beau tout ce qu’ils promettent [29] », à Saccard lui-même, qui vérifie fébrilement l’exclusivité des informations dont il dispose, en lisant « les journaux, tremblant d’y trouver la nouvelle [30] ». La comtesse de Beauvilliers cède au chantage de Busch sous la menace de trouver rapporté par les journaux « le récit détaillé » de l’inconduite de son époux [31]. Caisse de résonance, la presse donne toute leur signification, sociale et collective, à ces gestes individuels que sont les écritures boursières : c’est d’ailleurs par le journal que certains petits actionnaires sont gagnés à la spéculation. Les Maugendre se méfiaient de la Bourse, jusqu’au moment où le mari prend l’habitude de lire « avec soin, dans son journal, la cote de la Bourse, pour suivre les cours » : « le mal était parti de là, la fièvre l’avait brûlé peu à peu ». « Imagine-toi », raconte leur fille, Marcelle Jordan, à son mari, « c’est plein de journaux, chez eux, ils sont fourrés là-dedans du matin au soir [32] ». Monde de la Bourse et monde de la presse sont indissolublement liés, géographiquement – les quartiers de la presse se déplacent au milieu du siècle de la rive gauche à la rive droite, pour suivre le cœur battant des affaires financières – mais aussi, pourrait-on avancer, sémiotiquement : dans un cas comme dans l’autre, un régime matériel domine, qui tend à homologuer les deux secteurs d’activités – il s’agit du support papier.

Matérialité de l’économie virtuelle : le règne du papier

22 Lire, écrire, signer, classer ; manipuler carnets, fiches vertes, jaunes, rouges ou bleues, lettres, coupons, affiches – user même du corps des femmes, et de leurs « coins les plus secrets et les plus délicats [33] » pour tatouer les annonces de l’Universelle : l’empire de la mise en publicité n’a d’égal, dans L’Argent, que la puissance de circulation du papier. Une menace plane sur l’ensemble des personnages de la fiction : celle de voir ses titres boursiers engloutis dans le grand sac de la Méchain, « charnier des valeurs dépréciées [34] » – le nom même de Saccard, entre sacs et saccages, présage une issue de cet ordre. Parce que le développement de la Bourse implique toute une économie du papier, le jeu du spéculateur suppose la maîtrise d’une série de « technologies intellectuelles », pour reprendre l’expression de Jack Goody [35], fort voisines de celles du journal. En somme, pour savoir jouer en Bourse, il faut savoir lire, mais aussi écrire – pour devenir puissant dans le monde de la finance, il faut aussi dominer l’empire du papier à bon marché, soit l’univers en propre du journal. Symbole de ce caractère stratégique du support papier, un personnage focalise dans L’Argent les désirs secrets des spéculateurs : la petite Mme Conin, « vrai petit mouton frisé », « aux cheveux de soie pâle », qui se trouve exercer la profession de papetière…

23 L’économie dite « dématérialisée » associée au développement de la Bourse suppose en réalité la mise à disposition d’un matériau essentiel, qui assure la continuité entre le monde du journal et celui de la finance : le papier, qui donne corps aux transactions, et accueille toutes les formes de spéculation, qu’elles soient médiatiques ou financières. Les protagonistes de L’Argent sont tous des chiffonniers en puissance, de façon plus ou moins rationnelle et planifiée, organisant l’accumulation de documents de toutes sortes : Hamelin, l’ingénieur rêveur à qui s’associe Saccard, amasse « tout un portefeuille débordant d’idées et de plans [36] » ; chez la princesse d’Orviedo, qui s’emploie tout au long du roman à dilapider une fortune dont elle a honte, s’entasse « un encombrement de paperasses plus inextricable encore » que dans un « bureau d’huissier de province », « tout le papier gâché d’un gaspillage de trois cents millions [37] ».

24 Rien de plus envahissant, dans L’Argent, que ce support matériel d’une économie dématérialisée ; l’argent s’engloutit dans des opérations spéculatives qui s’apparentent à des escamotages – mais le papier, lui, reste. Saccard a beau être ruiné, ses titres demeurent, au fond du sac de la Méchain. La solidarité profonde qui lie presse et finance réside encore dans ce jeu sur la valeur d’inscription des messages, articulée à celle, bien inférieure mais plus durable, de leur support. Or ce support organise massivement la vie collective, en réglant sur un rythme partagé l’ensemble des échanges, financiers ou intellectuels.

Le temps (périodique), c’est de l’argent

25 Vivre à l’heure des médias, comme l’établissent les auteurs de 1836, L’An I de l’ère médiatique, c’est expérimenter l’entrée dans un temps périodique, ou dans « une perception rythmique du temps [38] ». Le développement de la presse, forme pionnière de la culture de masse, accompagne et tout à la fois suscite cette mutation du temps collectif : la notion même d’actualité suppose le partage d’une culture commune, et donc des supports à grande diffusion. Le journal textualise ces repères temporels, en ordonnant le récit des événements selon un aujourd’hui et un demain qui sont ceux de la communauté de ses lecteurs.

26 Cette prise du journal sur le temps présent constitue bien la première valeur ajoutée du média périodique au regard du marché financier. « Le temps, c’est de l’argent » – l’adage n’a pas attendu le développement de la Bourse, ni celui du journal quotidien, pour être vérifié dans le cours des affaires humaines. Toutefois, l’activité boursière impose elle aussi, à sa façon, de nouveaux rythmes collectifs, qui sont périodiques : désastres et fortunes n’ont qu’un temps, à l’heure de la Bourse – système économique caractérisé par ses horaires et ses rythmes régularisés.

27 Les affaires de Saccard et de ses concurrents se nouent et se défont sur un rythme discontinu et accéléré, qui entre en contraste violent avec les représentants d’un « monde d’hier » : aristocrates ruinés, telle la comtesse de Beauvilliers, « toujours lente avec sa tristesse de reine déchue [39] », qui incarne ce temps obsolète de la France prérévolutionnaire, où l’on n’avait pas encore expérimenté la « crainte durable envers les engagements à long terme » et le « raccourcissement des échéances » décrits par Pierre-Cyrille Hautcœur [40]. Tout, dans la vie des spéculateurs, prend sens vis-à-vis de ce repère majeur qu’est l’actualité : Jantrou, sur le mode de la plaisanterie, se compare lui-même à « un horloger, qui vit au milieu de centaines de pendules, et qui ne sait jamais l’heure exacte [41] ». Comment, de fait, arrêter le temps, quand finalement l’existence collective se vit toujours sur le mode du « à terme » ? Le journal offre le repère essentiellement provisoire et périssable d’un système de valeurs qui est chaque jour remis en jeu : on comprend donc le caractère stratégique de la publication périodique, qui justifie les investissements abordés plus haut. Si Saccard double « les dons destinés à la publicité », c’est pour s’assurer « tous les jours, dans la presse, des volées de cloche en faveur de l’Universelle » : « chaque matin amenait son coup de cymbales, pour faire retourner le monde [42] ».

28 Rien n’échappe à cette loi du périodique : les amours se vivent sur abonnement, elles aussi, dans le milieu de la spéculation. Ainsi de Germaine Cœur, entretenue « au mois », « ce qui est commode pour des hommes très occupés, la tête embarrassée de chiffres, payant l’amour comme le reste, sans trouver le temps d’une vraie passion [43] ». Saccard, qui comme ses rivaux « paye l’amour au mois [44] », fait un choix de raison en se liant avec la baronne Sandorff, dont l’une des qualités est d’être « très exacte », en « femme d’affaires qui sait le prix du temps [45] ». La vie sociale dans son ensemble est scandée par le rythme des affaires ; les itinéraires individuels se dessinent entre l’espace du passé – celui des dettes ou des patrimoines – et celui d’un avenir qui se résout dans le crédit, promesse de gain ou menace de perte. D’où le jeu des bilans anticipés, où Saccard excelle, et l’arme du chantage, dont Busch et son bras droit, la Méchain, sont passés maîtres : Jordan, jeune écrivain plein d’avenir, négocie tout au long du roman le report de sa dette, gagnant « quinze jours » de tranquillité, durant lesquels toutefois « les frais montaient davantage [46] ».

29 Ainsi le monde de la Bourse partage-t-il avec la « civilisation du journal » cette manipulation du temps collectif, qui fait du présent une promesse d’avenir : tel est bien le sens du crédit, ainsi que des « actualités », ces exercices d’écriture journalistique où la « hâte d’escompter l’avenir », pour reprendre une expression de Zola dans le dossier préparatoire de L’Argent, se transforme en récits du quotidien. Le journal orchestre cette accélération, en la rendant sensible aux lecteurs, chaque jour, sur tous les tons autorisés par la publication périodique : il rapporte « un fait divers extraordinaire, l’histoire d’une dame qui avait oublié cent actions dans un fiacre, un extrait d’un voyage en Asie mineure où il était expliqué que Napoléon avait prédit la maison de la rue de Londres [47] ».

30 Dans l’espace temporel qui sépare le présent de l’engagement financier, et le futur de la transaction réalisée, se loge le territoire de l’imaginaire périodique – d’où le titre choisi par Jantrou pour son journal, L’Espérance. Zola, on le sait, décrit Saccard en « poète du million » : « dans ces questions de crédit », explique-t-il à son amie et amante Mme Caroline, « il faut toujours frapper l’imagination [48] ».

31 En publiant L’Argent dans le Gil Blas, quotidien littéraire et mondain où Don Caprice assure la chronique de la Bourse, Zola s’engage lui-même dans une économie de l’écrit périodique, qui travaille à l’appropriation sociale d’une réalité boursière fondamentalement obscure. Et la littérature n’en sort pas nécessairement perdante, comme le suggère, dans la fiction, l’exemple de Jordan. Au moment où il fonde sa banque, Saccard pense d’emblée à ce jeune homme, qui est comme Zola journaliste et écrivain : « si je monte ma grande affaire », lui dit-il lors de leur première rencontre, « j’aurai peut-être besoin de vous [49] ». Quand le directeur de l’Universelle finit ruiné, Jordan, lui, connaît la réussite. Son premier roman, d’abord paru dans le journal, est publié en volume, et « prend l’allure d’un grand succès [50] ».

32 Écho autobiographique, à n’en pas douter : en expert de toutes les formes de publicité, Zola sait faire jouer en sa faveur les cymbales de la presse. L’Argent n’échappe pas à la règle ; dans le Gil Blas, la parution du feuilleton zolien est préparée à grands renforts d’annonces et de résumés, qui occupent des espaces de plus en plus visibles dans la page du quotidien. La veille du premier épisode, le reporter Hugues Le Roux se rend chez l’écrivain, le trouvant « dans la fièvre des dernières pages [51] » : ainsi le quotidien détient-il le privilège de rapporter au présent le travail de la littérature. Transaction à crédit, encore, que ces promesses de fiction : l’écrivain rémunéré pour son feuilleton garantit au journal des lecteurs nombreux, qui seront les proies des financiers détenant les pages boursières – ces banquiers et leurs intermédiaires que L’Argent figure selon des types parfaitement identifiables. Rien n’échappe au règne du crédit, pas même le plus lucide des romans de la Bourse : telle est bien, imparable et implacable, la loi du régime périodique.

Notes

  • [1]
    Toutes ces informations sont rappelées par Henri Mitterand dans l’Étude de L’Argent, voir Les Rougon Macquart, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, t. V, 1967, p. 1233 et sq ; voir aussi, du même auteur, Zola. T. II, « L’homme de Germinal » (1871-1893), Fayard, 2001, p. 985 et sq.
  • [2]
    Voir Henri Mitterand, Zola, t. II, édition citée, p. 987.
  • [3]
    Interview de Chincholle dans Le Figaro, 4 janvier 1887, citée dans l’Étude de L’Argent, édition citée, p. 1235.
  • [4]
    L’Argent, édition citée, p. 182.
  • [5]
    Selon les calculs proposés par François-Marie Mourad, un franc de 1880 correspond à 3,80 euros (voir son édition du Roman expérimental GF-Flammarion, 2006, note p. 182).
  • [6]
    Le fait est rapporté dans L’Histoire générale de la presse française, Claude Bellanger, Jacques Godechot, Pierre Guirral et Fernand Terrou (dir.), t. III, 1871-1940, PUF, 1972, p. 256. Le chapitre consacré à « La presse financière sous la République » est dû à Pierre Albert.
  • [7]
    Ibid.
  • [8]
    L’Argent, ouvr. cité, p. 300.
  • [9]
    Ibid., p. 174.
  • [10]
    Histoire générale de la presse française, ouvr. cité, p. 264.
  • [11]
    L’Argent., ouvr. cité, respectivement p. 176 et 252.
  • [12]
    Ibid., p. 175.
  • [13]
    « Notes Gautherin », citées dans l’Étude de L’Argent, édition citée, p. 1320.
  • [14]
    Tel est le titre donné à la correspondance d’Arthur Germanovitch Raffalovitch, intermédiaire diligenté par le tsar pour acheter le soutien de la presse française ; ces lettres, échangées entre 1897 et 1917, sont d’abord parues dans L’Humanité, en 1923 et 1924, selon une stratégie orchestrée par le PCF, avant d’être reprises en volume à la Librairie du travail, en 1931. Voir sur ce point Julien Duval, Critique de la raison journalistique. Les transformations de la presse économique en France, Seuil, « Liber », 2004, p. 41.
  • [15]
    Ce sont les propos du député Sourrigues, cités par Michel Mathien dans Les Journalistes, PUF, « Que sais-je ? », 1995, p. 59, et repris par Julien Duval dans Critique de la raison économique, ouvr. cité, p. 35.
  • [16]
    Patrick Eveno, L’Argent de la presse française, des années 1820 à nos jours, Éditions du CTHS, 2003, p. 22.
  • [17]
    Ibid., p. 30-31.
  • [18]
    Ibid., p. 55. Les informations sur les successions sont empruntées par P. Eveno à A. Daumard (dir.), Les Fortunes françaises au XIXe siècle. Enquête sur la répartition et la composition des capitaux privés à Paris, Lyon, Lille, Bordeaux et Toulouse d’après l’enregistrement des déclarations de succession, Mouton, 1973.
  • [19]
    Christian Pradié, La Presse, le capitalisme et le lecteur : contribution à l’histoire économique d’une industrie culturelle, Thèse pour le doctorat en Sciences de l’information et de la communication, Grenoble 3, 1994 ; chapitre 5, « La presse et la spéculation ».
  • [20]
    Ibid., p. 106.
  • [21]
    Jean Jaurès, déclaration de 1911 rapportée par Julien Duval dans Critique de la raison économique, ouvr. cité, p. 41.
  • [22]
    Le numéro du 4 janvier 1862 offre à « toute personne qui s’abonnera ou renouvellera un abonnement pour une année au Journal des chemins de fer » le choix entre deux primes gratuites : « une obligation foncière de 100 francs du Crédit foncier pour l’un des quatre tirages de l’année », ou bien l’Atlas des chemins de fer français et étrangers. Détenu pendant quelque temps par Mirès, l’un des modèles du personnage de Saccard, ce journal présente une étonnante longévité (il est publié de 1842 à 1940)
  • [23]
    Christophe Reffait, La Bourse dans le roman du second XIXe siècle. Discours romanesque et imaginaire social de la spéculation, Honoré Champion, 2007.
  • [24]
    « Les maladies du journalisme » est une expression employée par Henry Bérenger pour présenter une série d’articles parus à partir de décembre 1897 dans La Revue bleue, sous le titre « Les responsabilités de la presse contemporaine ».
  • [25]
    Voir Philippe Hamon, Expositions. Littérature et architecture au XIXe siècle, José Corti, 1989.
  • [26]
    Voir l’article de Corinne Saminadayar-Perrin, « Fictions de la Bourse », Cahiers naturalistes, n? 78, 2004, p. 41-62.
  • [27]
    Ibid., p. 34.
  • [28]
    Ibid., p. 36.
  • [29]
    Ibid., p. 270.
  • [30]
    Ibid., p. 194.
  • [31]
    Ibid., p. 370.
  • [32]
    Ibid., p. 185 et 187.
  • [33]
    Ibid., p. 252.
  • [34]
    Ibid., p. 25.
  • [35]
    Jack Goody, La Raison graphique. La domestication de la pensée sauvage, Éditions de Minuit, [1977], 1979.
  • [36]
    Ibid., p. 59.
  • [37]
    Ibid., p. 363.
  • [38]
    Marie-Ève Thérenty, Alain Vaillant (dir.), 1836. L’An I de l’ère médiatique, Nouveau Monde Éditions, 2001, p. 9.
  • [39]
    Ibid., p. 235.
  • [40]
    Pierre-Cyrille Hautcœur (dir.), Le Marché financier au XIXe siècle, Publications de la Sorbonne, vol. I, 2007, p. 28.
  • [41]
    Ibid., p. 264.
  • [42]
    Ibid., p. 231.
  • [43]
    Ibid., p. 85.
  • [44]
    Ibid., p. 256.
  • [45]
    Ibid., p. 209.
  • [46]
    Ibid., p. 176.
  • [47]
    Ibid., p. 231.
  • [48]
    Ibid., p. 242.
  • [49]
    Ibid., p. 27.
  • [50]
    Ibid., p. 349.
  • [51]
    Hugues Le Roux, « Le roman de Zola », dans Le Gil Blas, 26 novembre 1890.
Français

Cet article analyse les formes de convergence liant, au XIXe siècle, la presse et le monde de la Bourse. En s’attachant particulièrement au roman de Zola, L’Argent, il montre comment le régime périodique s’impose au monde du crédit, en même temps que la banque opère une mainmise complète sur la direction des principaux titres de presse. La réflexion propose dans un second temps de voir dans le roman zolien une représentation à double détente de cette consanguinité du texte périodique et du crédit – deux univers qui ont en commun leur matérialité (le papier), leur publicité (qui donne sens aux transactions), et leur périodicité (la bourse est en soi périodique). Publié en feuilleton dans un journal fameux pour ses chroniques boursières, L’Argent joue à double titre de la confusion des rôles existant entre le financier, « poète du million », et le romancier, qui fidélise les lecteurs pour le compte des banques.

English

This article describes the mutual dependence between the press and the world of the stock exchange in the 19th century. Through an analysis of Zola’s novel Money, it shows how the newspaper imposes its law upon the world of credit, and how, at the same time, the bank operates a complete seizure of the management of the main press titles. The analysis proposes to see in the Zolian novel a complex representation of this consanguinity of the serialized text and of credit – two universes which share three main characteristics : materiality (use of paper), publicity (which makes deals efficient), and periodicity (as the stock exchange’s activity is periodic too). Published in serial form in a newspaper famous for its reports on the stock exchange, Money develops on two accounts the confusion of the roles which link the financier, “poet of the million”, and the novelist, whose contribution is to make the readers loyal to the banks owning the title.

Adeline WRONA
(Celsa – Université Paris-Sorbonne)
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 19/04/2011
https://doi.org/10.3917/rom.151.0067
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Armand Colin © Armand Colin. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...