1Pour terminer l’année 2018, nous avons l’honneur de publier une Lettre de Rio de Tania Rivera, en pleine actualité des élections présidentielles au Brésil après le choc du résultat.
2Nous démarrons ce numéro avec la présentation d’une recherche originale menée par Jean-Michel Thurin et son équipe. Leur article présente l’étude d’un cas complexe traité par psychothérapie. Elle a été réalisée dans un premier temps à partir de la méthodologie du Réseau de Recherches Fondées sur les Pratiques Psychothérapiques, dans un second temps au cours d’un séminaire composé de cliniciens expérimentés. L’étude se concentre sur le processus de changement, en mettant en lumière les actions et l'attitude du thérapeute pour aborder avec son patient ses problèmes et sa souffrance. Plusieurs outils d’évaluation (qualitatif et quantitatif) sont utilisés. D’abord la « Formulation de cas » qui apporte une expertise clinique fondamentale, puis deux instruments centrés sur le patient : l’« Échelle Santé maladie » et les « Échelles psychodynamiques de fonctionnement », enfin un instrument de processus interne à la psychothérapie, le « Psychotherapy process-Q-set ». La méthodologie mise en place permet d’avoir des indications sur ce qui se passe dans la psychothérapie et l’impact de cette dernière sur l’évolution positive du patient. La discussion autour des résultats à un an de la thérapie permet déjà de faire des liens entre la théorie et la pratique sur certains aspects, notamment le cadre ou la difficile place du thérapeute dans ce contexte psychothérapique. C’est une recherche approfondie et un témoignage sur l’étude de cas qui apparaît importante dans le cadre de l’évaluation des psychothérapies, dont l’auteur principal est un éminent spécialiste. La méthodologie déployée dans cet article constitue donc une contribution originale qui, nous l’espérons, saura inspirer des recherches.
3Les articles suivants sont regroupés dans une rubrique Varia. La psychanalyste new-yorkaise, Jamieson Webster, l’inaugure et nous propose de penser la pulsion de mort depuis le point de vue du psychanalyste. Face à la pulsion de mort, l'analyste tente-t-il de construire une hypothèse, d’expliquer, d’enquêter ou plutôt de la comprendre ? Ou bien doit-il offrir une réponse, une garantie contre tout échec, un cadre pour toute exploration clinique, pour toute situation ou personne lorsqu’il s'agit des pulsions de mort ? Le présent article apporte quelques éléments de réponse à partir de diverses situations cliniques.
4Dans son article, Keren Mock nous propose une réflexion sur la notion de double comme ombre de l’objet, ainsi que sur ses liens avec la mélancolie et le processus de deuil. La fonction de la figure du double et ses vicissitudes dans le travail de deuil apparaissent dans la théorisation métapsychologique freudienne, les enseignements de la clinique et la relation transférentielle, selon l’autrice.
5Manon Bourguignon et Murielle Katz visent à mettre en lumière un certain flou inhérent à la terminologie développée dans le champ de la psychanalyse groupale concernant en particulier le concept d’espace psychique. Pendant des années, la psychanalyse semble s’être limitée à l’intrapsychique. Aujourd’hui, il semble incontournable de décliner la réalité psychique en trois espaces : intrapsychique, intersubjectif et transsubjectif. Toutefois, les concepts définissant ces trois espaces psychiques varient tant dans leur emploi théorique que dans leur valeur explicative. Leur revue critique de la littérature consiste à identifier les différentes définitions en vigueur selon les écoles – française et argentine – d’une part, et à dégager leurs limites respectives, d’autre part.
6Pour clôturer ce numéro, nous ouvrons un dossier « Psychanalyse, génétique et neurobiologie », dont nous souhaitons qu’il se poursuive dans des numéros ultérieurs.
7Dans leur article, Annik Beaulieu et Chantal Lheureux-Davidse partent de l’observation que des taux modérément élevés de bilirubine peuvent avoir des conséquences sur le système nerveux du nourrisson (syndrome BIND : dysfonction neurologique induite par la bilirubine) qui passent trop souvent inaperçues. Elles s’appuient sur des études américaines qui remettent en question la norme actuelle des taux de bilirubine et proposent d’affiner l’évaluation clinique de ces bébés. Le signe PREAUT permet de repérer les bébés en souffrance qui ne relancent pas le lien. Les autrices souhaitent souligner ces enjeux pour une meilleure prise en charge clinique, afin d’ouvrir la voie à un développement harmonieux du nourrisson et prévenir une évolution vers une pente autistique chez les bébés à risque.
8Dans l’article suivant, Jessica Tran The revisite le travail de Georges Canguilhem, dans son essai sur Le normal et le pathologique. Sa théorisation d’une approche qualitative de l’être-malade, bien que dépourvue de référence explicite à la psychanalyse, est néanmoins riche de liens possibles avec la psychopathologie freudienne selon l’autrice. Elle propose d’étudier quels remaniements les découvertes récentes des neurosciences ont induits au sujet de la problématique du qualitatif et du quantitatif en psychopathologie.
