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LA « RéVOLUTION DANS LES AFFAIRES MILITAIRES » : UN PHéNOMèNE COMPLEXE QUI DIVISE

1Le concept de la « révolution dans les affaires militaires » ou RAM n’est pas nouveau, mais est évoqué chaque fois qu’un changement majeur est observé dans l’art de la guerre. Les théoriciens militaires ou les historiens ont pu constater certaines discontinuités dans la façon de faire la guerre. On les qualifiait de « révolutions », car, après elles, la façon d’envisager la défense et la sécurité des pays, ainsi que la façon de faire la guerre étaient radicalement différentes.

2La base conceptuelle de la RAM est la suivante : dans l’histoire, l’art de la guerre évolue de façon continue. Mais, parfois, on assiste à des changements plus profonds qui provoquent une réelle coupure dans la façon de penser et de conduire la guerre. Ces « révolutions » n’affectent pas uniquement le domaine militaire, mais souvent conduisent à un changement géopolitique profond en faveur du pays qui a initié cette nouvelle forme de guerre [1]. Depuis la guerre du Golfe, il est admis qu’une nouvelle RAM est en cours. En effet, ce conflit a amené des stratèges – surtout américains – à penser que la nature et la conduite de la guerre avaient changé. Pour certains, dont le couple de futurologues Alvin et Heidi Toffler, il y aurait eu trois révolutions liées à la nature de la société : agraire, industrielle ou encore société de l’information. Pour d’autres chercheurs, il y aurait entre 10 et 14 RAM [2].

3La RAM est un sujet qui suscite la polémique. Les applications pratiques, le temps nécessaire pour l’aboutissement d’une révolution, les conséquences, la façon de mener à terme et à bon escient ou même l’existence d’une RAM divisent les chercheurs. Comme le fait remarquer Theodor Galdi, suite à la victoire écrasante des forces de la Coalition durant l’opération Tempête du Désert, beaucoup de discussions ont eu lieu pour savoir si le monde était témoin d’une révolution dans les affaires militaires (RAM). Cependant le concept de RAM lui-même, ses éléments constitutifs, le temps qu’il doit prendre pour s’accomplir sont les sujets de débats incessants [3]. Malgré ces incertitudes, tout le monde, aussi bien dans le monde militaire que politique, est conscient du fait qu’un changement dans la façon de faire la guerre est en train de se produire, et que la nation qui parviendra à saisir et exploiter les potentiels technologiques actuels et dans une plus large mesure à créer une RAM, disposera d’une supériorité indéniable sur le plan militaire et par conséquent sur le plan politique. La RAM est donc un phénomène complexe qui ne fait pas l’unanimité au sein des différents acteurs, politiques, académiques, économiques ou de la défense qui l’étudient.

4La définition qui reflète l’opinion de la majorité des analystes de la RAM est certainement celle d’Andrew Marshall, directeur de l’Office des évaluations au département américain de la Défense et qui est souvent considéré comme un des « pères » de l’actuelle RAM : « Une révolution dans les affaires militaires (RAM) est un changement de fond dans la nature de la guerre, causé par l’application innovatrice de nouvelles technologies qui, combinée à des changements en profondeur de la doctrine militaire et des concepts opérationnels et organisationnels, altère radicalement le caractère et la conduite des opérations militaires. » [4] Selon cette définition, la RAM comporte donc trois aspects indissociables : des changements technologiques, des innovations en matière de doctrine et une adaptation organisationnelle. Il s’agit de la triade essentielle de la RAM : technologie – doctrine et concepts opérationnels – organisationnel. Passons en revue ces trois éléments :

5— Le technologique : il se manifeste par l’intégration des nouvelles technologies de l’information dans les systèmes d’armes existants et création d’un « système de systèmes » dans le domaine du C41SR (commandement, contrôle, communications, computer et renseignement, surveillance, reconnaissance). Dans l’actuelle RAM, les technologies de l’information ont une place prépondérante. Le terme de « Information Revolution » est aussi populaire que le terme de RAM et, bien souvent, ces deux termes sont associés. Cette révolution de l’information est née notamment à la convergence de l’informatique, des télécommunications et de l’audiovisuel. Dans cette révolution de l’information, Internet occupe une place de choix. Si la révolution de l’information est une révolution civile, très tôt, les milieux de la défense vont l’intégrer dans le domaine militaire. Aux États-Unis, les technologies de l’information doivent aboutir sur le champ de bataille à la dominance informationnelle, c’est-à-dire que ces technologies doivent accroître la capacité à détecter, identifier et suivre un nombre beaucoup plus grand de cibles, dans un espace beaucoup plus vaste et en un laps de temps beaucoup plus court que par le passé, donc par conséquent augmenter la capacité de neutralisation presque instantanée des cibles, une fois l’information transmise, grâce aux munitions guidées de précision.

6— Le doctrinal et l’opérationnel : l’apport technologique doit être conceptualisé pour donner lieu à de nouvelles formes de combat ; les principes clés sont la déployabilité, la mobilité, la modularité. De même, il n’y a pas de RAM possible sans changement institutionnel profond (intégration interarmes, Revolution in Business Affairs (RBA), qui est l’intégration civilo-militaire).

7— D’un point de vue organisationnel, les unités doivent être plus petites, plus souples et faciles à combiner de façon à pouvoir intervenir rapidement sur n’importe quel champ de bataille et zone de conflit. Au sein même de l’armée, le pouvoir de décision doit être décentralisé et les militaires formés pour intégrer cette nouvelle révolution.

8Le but ultime de ces trois caractéristiques correctement intégrées est la full spectrum dominance [5] qui est la capacité pour l’armée américaine de mener des opérations rapides, soutenues, adaptées à différents types de conflits, et par tous les moyens disponibles : terrestres, aériens, maritimes, intégrés par et dans un atout indispensable : l’information.

9La full spectrum dominance trouve sa raison d’être dans une des interrogations majeures de l’après-guerre : celui de la planification militaire dans un monde incertain. Comment définir une stratégie sans un ennemi précis ? Quels sont les moyens militaires requis à court, à moyen ou long terme ? Comment préparer les forces armées aussi bien à des conflits de grande envergure qu’aux menaces nouvelles que représentent le crime organisé et le terrorisme ? La full spectrum dominance propose une toute-puissance assurée aux États-Unis, la maîtrise d’un monde devenu imprévisible. Il ne s’agissait plus de baser la planification militaire sur les menaces, celles-ci étant devenues imprésibles et diffuses, mais sur les capacités. On passe de la threat-based strategy à la capabilities-based strategy. Et seule la RAM semblait pouvoir assurer un tel changement.

10Mais très vite, le terme de « révolution dans les affaires militaires » est controversé, il semble pompeux et prétentieux et beaucoup trouve qu’il sonne faux. Non ! Il n’y a pas de révolution, il y a une évolution. Une évolution entamée il y a près de trente ans, depuis la fin de la guerre du Vietnam. De leur côté, les partisans de la révolution préfèrent jouer sur les mots. Une révolution n’est pas question de temps ou de rapidité, c’est une question d’impact. Ainsi Andrew Marshal précise que le terme de révolution ne signifie pas que le changement sera rapide, mais uniquement qu’il sera profond, et que les nouvelles méthodes de guerre seront plus efficaces que les anciennes [6].

11Le débat sur la RAM fait rage aux États-Unis, preuve en est le nombre d’ouvrages, d’articles, de colloques et d’instituts qui en font leur sujet de recherche. Pendant longtemps, ce débat est resté confiné aux États-Unis. La guerre du Kosovo va réellement ouvrir le débat de la RAM et de la modernisation en général en Europe. Face à la sophistication des systèmes d’armement américains, même si ces systèmes montrent leurs limites, il a fallu entamer une réflexion sur l’avenir des armées européennes. Les insuffisances, les équipements obsolètes et l’impréparation des armées à certaines opérations étaient devenus patents : il fallait y remédier.

12En Europe, on peut distinguer plusieurs attitudes face à la RAM. Nous avons tout d’abord les États qui suivent attentivement le débat sur la RAM et qui, conscients des différents enjeux, apportent des réformes à leurs systèmes militaires : on peut prendre comme exemple la Grande-Bretagne ou encore la France. Nous avons ensuite les États qui suivent le débat mais qui, pour des raisons internes, n’adhèrent pas à la RAM : on peut citer l’Allemagne ; puis des États réfractaires à la RAM : on peut citer la Russie, mais il s’agit d’un cas particulier qui ne sera pas abordé ici. Il faut cependant prendre garde à ne pas créer des catégories rigides. Chaque État selon ses moyens, sa situation géopolitique ou même son histoire réagit différemment à la RAM.

LA MODERNISATION DES ARMÉES EN EUROPE

13Actuellement, la plupart des pays européens sont occupés à la modernisation de leurs armées. La nécessité d’adapter les armées aux nouveaux défis de la sécurité internationale est évidente. Cette modernisation entamée pour la plupart des pays à partir des années 1990 coïncide avec la naissance de la RAM aux États-Unis. A-t-elle été influencée par les débats sur la révolution dans les affaires militaires ? En regardant les efforts de transformation des pays européens, on ne peut que constater que certaines idées clés de la RAM sont présentes, même si on est très loin d’une reproduction de la RAM.

14Attardons-nous sur les processus de modernisation de la France, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne. Le choix de ces trois pays se justifie aisément. La première raison est que la France et la Grande-Bretagne sont des pays nucléaires, ils ont donc eu accès à la précédente « révolution militaire ». Ils sont également tous deux membres du Conseil de sécurité. Le choix de l’Allemagne se justifie par sa position de puissance économique et également pour les voix de plus en plus nombreuses qui l’appellent à assumer un rôle de leader politique européen. Ces trois pays sont par ailleurs des moteurs importants dans la construction européenne.

15Le Royaume-Uni est sans conteste le pays qui cherche le plus à se rapprocher du modèle RAM dicté par les Américains. C’est dans le cadre de l’examen de défense stratégique Strategic Defence Review (SDR) de juillet 1998, que la Grande-Bretagne manifeste un intérêt pour la RAM [7]. La nécessité d’une armée flexible, mobile et souple pouvant être déployée dans toute une gamme d’opérations, est mise en avant. Les nouvelles technologies de l’information sont intégrées dans tous les échelons et niveaux de l’armée. Le Royaume-Uni va créer un programme le NEC (Network Enabled Capability) dont le but est d’aider à accroître l’efficacité militaire par l’utilisation des nouvelles technologies. Un aspect essentiel du programme de modernisation est l’intervention conjointe de plusieurs armées (deux ou plus) dans de nombreuses opérations, par une étroite collaboration entre la Royal Navy, l’armée de terre et la Royal Air Force. Dans le jargon de la RAM aux États-Unis, on parle de jointness.

16De même dans un document officiel publié par le ministère de la Défense, publié en octobre 2000 et intitulé Defence Information Strategy, l’importance de la révolution de l’information est affirmée : « L’ère de l’information représente une période de changement rapide pour le Royaume-Uni dans son ensemble. Il en résulte la nécessité pour la défense britannique de s’adapter à ces changements externes, mais également le besoin de procéder à des changements internes pour faire le meilleur usage des possibilités offertes par l’information. » [8] Par ailleurs, suite aux attentats du 11 septembre et à la participation britannique à la guerre d’Afghanistan, un nouveau Livre blanc de la défense sera publié en décembre 2003 [9]. Ce « nouveau chapitre » met l’accent sur la technologie et la mobilité afin de les adapter aux nouvelles menaces que sont le terrorisme et les armes de destruction massive.

17Dans la hiérarchie de la RAM, la Grande-Bretagne occupe la place de « premier second », comme le fait remarquer Alain Joxe : « Leur rang particulier dans la hiérarchie de la RAM est reconnu par les places accordées dans les organigrammes opérationnels, en Bosnie comme au Kosovo et également dans les opérations de divers types menés sous leadership américain contre l’Irak. » [10]

18La France, soucieuse de marquer son indépendance militaire, mais également de ne pas être en reste dans la voie de la modernisation militaire, a commencé une réforme pour permettre à son armée de répondre aux nouveaux défis de la sécurité internationale. Dès le début des années 1990, elle s’est engagée dans un processus de réforme militaire. Le premier acte de cette réforme est la publication d’un Livre blanc de la défense en 1994 [11], puis différentes lois de programmation militaire (LPM) ont suivi. Dans le processus de modernisation de la France, quelques principes chers à la RAM sont présents. On peut citer la synergie entre les armées, l’importance de la technologie, la mobilité et la souplesse des armées.

19Le Livre blanc de la défense de 1994 lance le processus de professionnalisation de l’armée. La loi de programmation militaire 1997-2002 [12] engage une réforme ambitieuse de l’outil de défense. Les principaux objectifs poursuivis sont : a) Réussir le passage à l’armée professionnelle et la restructuration en profondeur de l’outil de défense ; b) Engager la modernisation des équipements, tout en consolidant la base industrielle et technologique de défense ; c) Faciliter la construction d’une politique de défense européenne. Elle introduit le modèle d’armée 2015. La loi de programmation militaire 2003-2008, adoptée en 2003, va permettre d’accélérer la modernisation des forces, en mettant l’accent sur l’importance de la recherche et développement.

20Désireuse d’avoir un rôle actif sur la scène internationale, la France a enclenché un phénomène de modernisation de son armée. De plus, à notre avis, la volonté de la France de mettre l’accent sur la recherche et le développement montre son ambition de ne pas rester à la traîne dans le processus de modernisation, mais de créer un dynamique à moyen et long terme pour répondre à certains défis, dont celui de la révolution dans les affaires militaires. Mais elle est consciente qu’une réelle modernisation et la possibilité de pouvoir, un jour, rivaliser ou, au moins, se rapprocher des standards américains doit passer par la coopération avec l’Union européenne : « L’existence d’une industrie performante est un enjeu majeur pour la mise en œuvre de toute politique de défense. Cet enjeu est national, dans la mesure où la France doit pouvoir disposer d’un appareil industriel capable de concevoir, réaliser et maintenir les équipements de nos armées [...] Cet enjeu est également européen. En effet, face à l’effort engagé par les États-Unis et à la taille des groupes industriels américains, seule une industrie de défense compétitive de dimension européenne laissera aux États européens la liberté de leurs choix d’équipements. » [13]

21En ce qui concerne l’Allemagne, trois éléments ont poussé à une réflexion sur la réforme de l’armée : la réunification du pays (1990), la crise des Balkans (1999) et un rapport accablant sur l’état de l’armée (1999). Succédant aux Richtlinien [14] de 1992, le Livre blanc de la défense allemande [15] (2003) définit la politique de défense du pays. Ce texte confirme le passage d’une armée de type guerre froide vers une armée plus petite, mobile et calibrée pour la lutte contre le terrorisme. L’accent est mis sur la prévention des conflits et la gestion des crises toujours dans un cadre international ou multilatéral.

22À présent, que pouvons-nous dire concrètement sur l’Allemagne et la RAM ? Même si un processus de réforme est engagé, le pays reste très divisé sur les questions militaires. Comme élément emblématique de la difficulté de l’armée allemande à se moderniser, nous pouvons citer la conscription. À l’heure où la France, la Grande-Bretagne et d’autres pays européens passent à la professionnalisation de leurs armées, l’Allemagne a décidé de maintenir son système de service obligatoire, en invoquant l’idée que le service national est une partie importante de la culture allemande en matière de défense et crée des liens solides entre les communautés militaire et civile. Les divisions en Allemagne et la difficulté à mettre en place une réelle politique de modernisation militaire doivent être analysées au prisme de trois facteurs : l’histoire du pays, et le rôle de l’Allemagne au sein de l’Union européenne et de l’Alliance atlantique. L’histoire de l’Allemagne, particulièrement depuis la Seconde Guerre mondiale, joue aujourd’hui encore un rôle non négligeable sur les questions de sécurité et de défense. L’Allemagne n’a pas la même attitude envers les questions militaires que les autres pays européens. Ainsi son attitude n’est pas tant un refus de la RAM, ou, dans un sens plus général, de la modernisation de son armée, mais le véritable enjeu est une méfiance générale envers les affaires militaires. C’est cette raison qui fait que l’Allemagne refuse de concevoir sa politique militaire autrement que dans le cadre d’un partenariat multinational. Ce cadre multilatéral va se concrétiser au sein de l’Union européenne d’une part, et de l’Alliance atlantique, d’autre part. Mais, en réalité, jusqu’à ce qu’une idée plus claire des intérêts stratégiques de l’Allemagne ne se soit établie dans le discours politique, il sera très difficile de connaître la place qu’occupera la RAM.

LES OBSTACLES AU DÉVELOPPEMENT DE LA RAM EN EUROPE

La question financière : un obstacle à la RAM en Europe

23Les Européens ne disposent pas des ressources budgétaires nécessaires pour mener les recherches et s’équiper dans le cadre d’une RAM. En effet, sa réalisation est extrêmement coûteuse, même pour les États-Unis. C’est donc un obstacle considérable, car peu de pays, pour ne pas dire aucun pays, n’ont actuellement les moyens d’investir les sommes nécessaires pour atteindre les objectifs tels que le renouvellement et la modernisation des équipements, une formation plus poussée du corps militaire et la réorganisation des unités, etc. Cet élément est une nouvelle entrave à une « démocratisation » de la RAM [16].

24La RAM exige beaucoup de ressources financières que les États, même les plus riches, ne sont pas prêts à engager. En comparaison, le budget alloué à la modernisation de l’armée américaine est bien plus important que ceux de plusieurs pays européens réunis. Ainsi en moyenne en 2003, les pays membres de l’Union européenne ont alloué 13 % de leurs budgets de la défense à la mise en œuvre de la modernisation, alors qu’en comparaison, les États-Unis ont dépensé un quart de leur budget militaire pour le même domaine [17]. Un exemple crucial de l’écart en matière budgétaire entre Européens et Américains concerne les dépenses spatiales, auxquelles les États-Unis consacrent 13,5 milliards de dollars (domaine civil) et 12,5 milliards de dollars (domaine militaire) par opposition à l’Europe : 4,4 milliards de dollars (domaine civil) et 0,8 milliard de dollars (domaine militaire) [18]. Il faut ajouter qu’aux États-Unis même, la question budgétaire a été un frein considérable à l’accomplissement de la RAM. La coopération militaire reste une solution valable à ce problème, mais nous y reviendrons.

Le scepticisme européen face à la RAM

25Les Européens sont sceptiques sur la RAM et ne s’accordent pas nécessairement sur cette révolution dans les affaires militaires. En effet, ce serait une erreur de réduire la question de la RAM à celui de l’écart technologique qui sépare les États-Unis de l’Europe. Il existe aussi un certain scepticisme quant à la faisabilité et l’utilité de la RAM. La réforme vers la RAM aux États-Unis, programmée pour 2025, est laborieuse et peu convaincante. Par ailleurs, les événements du 11 septembre ont relancé les débats, dans la mesure où ils ont montré l’impuissance des États-Unis à se prémunir contre les attaques terroristes, et surtout ils posent la question de l’utilité de développer tout un arsenal de haute technologie, incapable de protéger les citoyens du pays. Les stratèges européens considèrent avec beaucoup de méfiance la RAM qu’ils considèrent comme un « produit américain ». Pour Ludovic Monnerat, cette méfiance est omniprésente et s’est manifestée encore récemment par des critiques de l’opération Enduring Freedom en Afghanistan. Cette méfiance traduit avant tout un conservatisme et une pensée unique européenne : « Les experts en stratégie annonçaient l’enlisement d’un outil militaire inadapté en Afghanistan. Aujourd’hui, ils invoquent la chance pour expliquer leurs errements, mais annoncent déjà les échecs futurs des USA [...] La plus grande faillite des élites européennes que prisent nos médias, et la meilleure preuve de leur conservatisme intellectuel, résident dans leur incapacité à cerner les tenants et aboutissants des conflits armés contemporains – et donc la possibilité d’y mettre fin. » [19] De même, François Heisbourg met l’accent sur cette perception de la RAM en Europe. Selon lui, la communauté politique, militaire et académique est réticente à reconnaître le R dans RAM –, donc l’aspect révolutionnaire de ce phénomène. Il y a eu une résistance à l’idée qu’un saut qualitatif et radical a lieu. La perception qui prime est celle d’une évolution. Ceci explique donc l’attitude réservée des Européens par rapport à la RAM [20].

26Si la RAM soulève des interrogations légitimes, l’enjeu de la modernisation par contre est bien réel et tous les pays s’accordent sur ce point. Cependant, il devient de plus en plus évident pour ces trois pays et pour les autres, qu’une réelle modernisation militaire pouvant rivaliser avec les États-Unis doit passer par la coopération. La question à présent est de savoir si la coopération doit se faire dans le cadre de l’Union européenne ou de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

L’OTAN : un cadre valable pour le développement RAM en Europe ?

27Dès sa création l’OTAN a reconnu le lien entre sécurité et technologie. Dès lors au sein de l’Alliance, des programmes sont mis au point pour faire bénéficier l’industrie militaire des découvertes issues de la science et de la technologie. L’influence de la RAM sur l’OTAN, et la façon dont l’organisation assimile ce concept, est visible en étudiant le concept stratégique de 1999. Ainsi, dans le chapitre consacré à l’organisation des forces militaires de l’Alliance, l’accent est mis sur le fait que les forces « doivent être interopérables et disposer des doctrines et des technologies appropriées » [21]. Il est également reconnu que « l’Alliance devra, à la fois à court terme et à long terme, et pour la gamme complète de ses missions, posséder des capacités opérationnelles essentielles telles qu’un potentiel efficace de prise à partie, la faculté de déploiement et la mobilité ; la surviabilité des forces et de l’infrastructure ; et la soutenabilité, ce qui inclut la logistique et la rotation des forces. Pour développer ces capacités au maximum en vue d’opérations multinationales, il sera important d’assurer l’interopérabilité, y compris sur le plan humain, d’utiliser une technologie avancée appropriée, de maintenir la supériorité en matière d’information dans des opérations militaires, et de disposer d’un personnel polyvalent hautement qualifié » [22]. Ainsi, dès 1999, de façon indéniable, l’Alliance a inclus dans ses objectifs la RAM, même si, dans aucun des documents officiels, il n’en est explicitement fait mention.

28L’opération Allied Force, menée au Kosovo en 1999 sous l’égide de l’OTAN, a révélé l’écart existant entre les États-Unis et l’Europe (ou dans une plus grande optique, les États-Unis et les autres membres de l’OTAN) du point de vue militaire, et plus particulièrement dans les domaines liés à la RAM. Il apparaît clairement que les forces européennes sont incapables de mener des opérations de la nature et de l’ampleur de celles des forces américaines. Depuis le Kosovo, la question de l’écart des capacités est donc centrale. Pour remédier à l’écart technologique et harmoniser les charges au niveau de l’OTAN, différents programmes ont été mis en place.

29La décision a été prise lors du Sommet de Washington, en avril 1999, de mettre au point une « Initiative sur les capacités de défense » (DCI). Mais de façon plus spécifique, la DCI met l’accent sur un certain nombre de domaines : « L’Initiative est centrée sur l’amélioration de l’interopérabilité entre les forces des États membres et vise à accroître les capacités militaires de l’OTAN dans les domaines de la déployabilité et de la mobilité des forces alliées, de leur soutenabilité et de leur logistique, de leur surviviabilité, de leur capacité de prise à partie efficace et de leurs systèmes de commandement, de contrôle et d’information. » [23]

30Le choix de la DCI de se pencher sur ces cinq éléments n’est pas fortuit. En effet, la déployabilité, la soutenabilité, la prise à partie efficace, la surviabilité et le commandement et le contrôle correspondent à des éléments clés de la RAM. En ce sens, la DCI est la marche à suivre qui pourrait mener à la RAM. Constatant le peu de progrès réalisés par la DCI depuis son lancement en 1999, et tenant compte des conséquences des attentats du 11 septembre, une nouvelle DC va être adoptée. Cette nouvelle DCI n’est autre que l’Engagement capacitaire de Prague (ECAP) décidé au Sommet de Prague en novembre 2002 : il se concentre sur les capacités essentielles pour l’éventail complet des missions de l’Alliance, y compris la lutte contre le terrorisme.

31Mais on peut se demander si le rôle des différentes mesures : DCI ou ECAP n’est pas plus de permettre aux Européens de participer à certaines opérations militaires, et de soulager les États-Unis dans leurs responsabilités, plutôt que de les préparer à une RAM. Les États-Unis sont-ils réellement désireux de voir les autres États développer une RAM ? En toute logique : non. La RAM est un outil de puissance qui leur donne une autorité indéniable. Les Alliés sont souvent mentionnés, quand il s’agit d’approuver et de les soutenir dans les actions qu’ils initient. Ainsi, malgré les promesses de coopération et les déclarations d’intention, il reste peu probable que les États-Unis, même au sein de l’OTAN, partagent leurs acquis dans certains domaines touchant la RAM. Mais ce qu’on pourrait craindre, si cette modernisation a lieu dans le cadre atlantique, c’est qu’elle ne soit que partielle, et que seuls quelques domaines spécifiques, choisis par les États-Unis selon leurs besoins, soient traités. Ainsi, si ces pays européens veulent vraiment arriver au niveau américain ou du moins s’en approcher il est évident que ce n’est pas au sein de l’Alliance atlantique qu’une telle avancée se fera.

L’Union fait la force ?

32Au sein de l’Union européenne, la question de l’écart des capacités et les constats douloureux de l’opération Allied Forces ont ranimé la question épineuse de l’Identité européenne de sécurité et de défense (IESD). Il s’agit d’une question très complexe que nous ne pouvons malheureusement pas aborder en détail ici. De plus, connaissant les difficultés de l’Europe à mettre au point une politique européenne de sécurité et de défense, peut-on envisager une RAM par le biais de l’Union européenne ? À l’heure actuelle, on ne peut que répondre non. Mais, par contre, l’Union est un cadre possible, indispensable et capable de permettre une collaboration dans des domaines spécifiques et relatifs à la RAM. En permettant une synergie des forces dans des secteurs précis, l’UE pourrait permettre à certains pays de maximiser leurs processus de modernisation.

33Prenons un exemple, celui de l’armement. Les gouvernements européens ont lancé de nombreuses initiatives pour renforcer leur coopération dans le domaine de l’armement. Un processus politico-industriel va prendre forme avec la création de l’Organisation de coopération conjointe en matière d’armement (OCCAR) [24] en 1996, puis la Letter of Intent en 1998 [25], et, pour terminer, la mise en place d’une Agence européenne de l’armement en 2004 [26].

34L’OCCAR a été créé le 12 novembre 1996 par la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie. Il a pour mission de coordonner, conduire et faire exécuter les programmes d’armement qui lui sont confiés, ainsi que de consolider et promouvoir des activités communes de préparation à l’avenir. La « lettre d’intention », signée le 6 juillet 1998 par les ministres de la Défense des six pays principaux producteurs d’armement en Europe (Allemagne, France, Espagne, Italie, Royaume-Uni, Suède), offre un cadre commun pour mettre en place un environnement favorable à une industrie de défense intégrée.

35L’Agence européenne de l’armement a quatre missions, correspondant chacune à une branche : la branche capacités, qui vise à développer les capacités militaires européennes ; la branche recherche et technologie, qui agira comme « catalyseur » pour renforcer l’efficacité de la recherche et technologie et gérera directement les contrats de recherche de défense en coopération ; la branche armement, qui a pour vocation de promouvoir les acquisitions d’équipements de défense en coopération ; et pour terminer la branche marchés/BITD, qui a vocation à favoriser la création d’un marché européen des équipements de défense compétitif et de mettre en œuvre des politiques visant à renforcer la base industrielle et technologique de défense (BITD).

36La coopération en matière d’armement apparaît en tout premier lieu comme un moyen de trouver un compromis entre les coûts de plus en plus élevés des matériels et la réduction des budgets militaires des pays européens. Or, comme nous l’avons évoqué, la question financière est un des freins essentiels à la modernisation des armées européennes. De même, on peut constater que ces accords ne concernent pas tous les membres de l’Union, mais ceux qui souhaitent coopérer dans un domaine précis. C’est dans ce sens que l’UE est un cadre très intéressant pour le processus de transformation déjà initié dans certains pays en Europe.

37L’OCCAR gère par exemple un certain nombre de programmes : les programmes franco-allemands de missiles Hot, Milan et Roland, puis l’hélicoptère Tigre ou encore le programme de radar Cobra (franco-germano-britannique). De même, le programme de conception et de construction de l’A400M est placé sous la direction de Airbus Military et la gestion du programme sera assurée par l’OCCAR. Le projet de l’A400M est très important car il est destiné à équiper la flotte européenne de transport tactique. Il permettra non seulement le transport mais également la projection des troupes sur un théâtre extérieur.

38Nous avons évoqué le retard de l’Europe dans le domaine spatial. Plusieurs programmes de coopération militaire entre des pays européens ont déjà abouti. On peut citer, par exemple, le satellite Galileo qui permet aux pays européens de ne plus dépendre du GPS américain. Cette initiative lancée par l’Union européenne et l’Agence spatiale européenne (ESA) regroupe les 15 pays membres de l’Union (avant l’élargissement), ainsi que la Suisse et la Norvège. La phase opérationnelle devra débuter en 2008. Toujours dans le domaine spatial, la coopération entre la France, la Belgique et l’Espagne a abouti à la mise en œuvre du satellite d’observation Hélios II A lancé en 2004. Cette coopération s’est poursuivie et Hélios II B sera disponible au lancement à la mi-2006. Un autre exemple de coopération réussie est le Syracuse III A. Il s’agit du premier satellite du système français de troisième génération, dédié aux télécommunications militaires protégées et sécurisées. Il a été conçu en coopération avec les systèmes anglais SKYNET et italien SICRAL. Ce projet permet de mettre en commun les ressources satellites pour les partager ensuite avec les alliés membres de l’OTAN.

39Tous ces projets illustrent la volonté d’indépendance et d’autonomie de l’Europe sur le plan stratégique malgré les difficultés évidentes – le cas de l’A400M par exemple - et prouvent que l’Union européenne est un cadre valable pour le développement de la RAM en Europe ou au moins pour un processus de modernisation réussie.

40Plus que n’importe quel système d’armes ou que n’importe quelle technologie, ce dont l’Europe a besoin avant tout c’est d’un objectif stratégique clair et consensuel. Ce pas a été franchi avec la mise au point d’un concept stratégique commun, ce qui est une première dans l’histoire européenne. Le document qui présente la stratégie commune de l’Union s’intitule : « Une Europe sûre dans un monde meilleur. » [27] Il a été élaboré par M. Javier Solana, Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne, et adopté par le Conseil européen en décembre 2003. Les critiques sont nombreuses. Pour certains [28], la stratégie commune de l’Union est révélatrice de l’incapacité de l’Europe à déterminer une défense autonome, car ce modèle stratégique européen serait calqué sur le modèle américain. Il s’agit pourtant d’une première étape dont il ne faut pas négliger l’impact. Il est évident que l’Europe doit adopter une décision politique claire de mettre au point une politique de défense cohérente, axée sur les nouvelles technologies d’abord, puis sur la RAM. Cependant, l’écueil à éviter serait de copier la RAM américaine. Il conviendrait alors de définir les objectifs stratégiques de l’Europe en tant qu’entité politique, de cibler les menaces auxquelles elle aurait à faire face, et d’élaborer les stratégies qui peuvent y répondre.

Notes

  • [1]
    William T. Johnsen, Douglas V. Johnson II, James O. Kievit, Douglas C. Lovelace Jr and Steven Metz, The Principles of War in the 21st Century : Strategic Considerations, US Army War College Strategic Studies Institute, Carlisle Barracks, Pennsylvania, August 1995.
  • [2]
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  • [6]
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  • [10]
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  • [17]
    Michèle Flournoy, Julianne Smith, European Defence Integration : Bridging the Gap between Strategy and Capabilities, op. cit., p. 22.
  • [18]
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  • [21]
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  • [22]
    Le concept stratégique de l’Alliance, 1999, op. cit.
  • [23]
    Sloan Elinor, « La DCI I : une réponse à la révolution dans les affaires militaires menée par les États-Unis », Revue de l’OTAN, Édition web, vol. 48, no 1, printemps-été 2000, p. 4-8.
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  • [25]
    Lettre d’intention sur l’accompagnement des restructurations industrielles dans le domaine de la défense, signée en 1998 à Londres entre l’Allemagne, la France, l’Italie, la Suède, le Royaume-Uni et l’Espagne. Disponible à l’adresse internet suivante : hhttp:// www. grip. org/ bdg/g1015.html.
  • [26]
    Conseil européen de Thessalonique des 20 et 21 juin 2003. Conclusions disponibles à l’adresse internet suivante : wwww. europa. eu. int/ constitution/ futurum/ documents/ other/ oth200603_fr.pdf.
  • [27]
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  • [28]
    Caroline Pailhe, « Une Europe sûre dans un monde meilleur : un concept stratégique utile mais dangereux », note d’analyse, Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité, 6 janvier 2004. Article disponible à l’adresse internet suivante : hhttp:// www. grip. org/ bdg/ g2077.html.
Français

Y a-t-il une « révolution dans les affaires militaires » (RAM) en Europe ?

Depuis le début des années 1990, le débat sur la « révolution dans les affaires militaires » a pris de l’ampleur aux États-Unis. Définie simplement, une RAM est un changement majeur dans l’art de la guerre, introduit par l’application de nouvelles technologies qui, combinées à des changements profonds dans la doctrine militaire et les concepts organisationnels et opérationnels, changent la nature de la guerre et la conduite des opérations militaires. La campagne militaire de 1999 au Kosovo a montré les capacités limitées des États européens membres de l’OTAN, et de la plupart des pays européens, dans plusieurs domaines liés à la RAM. La question centrale de cet article est donc de savoir s’il y a une révolution dans les affaires militaires en Europe.

Liliane Zossou
Doctorante, Institut universitaire de hautes études internationales, Genève.
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/12/2008
https://doi.org/10.3917/ri.125.0031
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