CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1On assiste, ces dernières années, à un retour impressionnant de l’industrie au centre de toute politique de compétitivité. Le mot industrie renvoie à toute activité de production de biens manufacturés ou de services. L’industrie est un maillon important de l’économie nationale. Sa compétitivité influence sa capacité à absorber des nouvelles technologies issues des laboratoires mais aussi sa capacité à répondre aux besoins des consommateurs de plus en plus exigeants en matière de qualité technique des produits et de rapidité de mise sur le marché des nouveaux produits. L’industrie regroupe l’ensemble des activités qui permettent la transformation des résultats de la recherche en nouveaux produits, biens de consommation et services jouant ainsi un rôle clé entre la science et la consommation (Cohen et al, 2005).

2De nombreux économistes reconnaissent aujourd’hui que le rejet de toute politique industrielle en Europe a été excessif. Le renouveau des théories économiques du développement conduit à donner une nouvelle légitimité aux politiques industrielles mais aussi à entrevoir les conditions de réussite de telles politiques dans le contexte actuel d’une crise économique profonde. Une politique industrielle ciblée peut en effet contribuer à remettre les économies européennes sur une trajectoire soutenable de croissance (Aghion et al, 2011).

3La Commission européenne a également remis la politique industrielle au cœur du débat. Selon la Commission européenne (2011), une industrie compétitive peut abaisser les coûts et les prix, créer des produits nouveaux et améliorer la qualité apportant une contribution déterminante à la création de richesse et à l’accroissement de la productivité dans l’ensemble de l’économie. L’industrie est également la source clé des innovations requises pour relever les défis sociétaux auxquels est confrontée l’Union européenne. Dans le cadre de la stratégie « Europe 2020 », la Commission a lancé une nouvelle politique industrielle ambitieuse qui a mis en lumière les mesures nécessaires pour renforcer l’attractivité de l’Europe en tant que lieu d’investissement et de production. Les régions sont appelées à jouer un rôle actif dans cette stratégie dont les maillons essentiels portent sur l’émergence de clusters de classe mondiale et la mise en place d’une plate-forme de la spécialisation intelligente.

4Le renouveau des politiques industrielles résulte de la prise de conscience progressive que l’on était confronté à un phénomène de mutation industrielle plutôt qu’à une désindustrialisation stricte et que le maintien d’une base industrielle forte constituait toujours un facteur essentiel de croissance de par les effets d’entraînement et les externalités qui y sont liés. Par ailleurs, l’émergence de l’économie de la connaissance conduit à concevoir des politiques industrielles de nature plus systémique intégrant les diverses catégories d’acteurs, la composante territoriale et les facteurs de compétitivité et raisonnant non plus en termes de secteurs mais de domaines techno-économiques.

5Si ces politiques peuvent prendre diverses formes (clusters, grappes, districts industriels, systèmes productifs locaux, milieux innovateurs, pôles de compétitivité, spécialisation intelligente…), elles partagent toutes un principe commun : une coopération étroite et active entre les diverses catégories d’acteurs. L’accent y est placé sur la mise en réseau (clustering) de manière à favoriser les synergies et, par là, la compétitivité, l’émergence de nouvelles compétences industrielles et la croissance des entreprises. Si dans ces nouvelles formes d’organisation territoriale des structures productives, la coopération entre entreprises complémentaires ne devrait pas poser de problème, le rapprochement d’entreprises spécialisées dans des niches d’activités similaires est une démarche délicate puisqu’elles sont directement en concurrence sur les marchés nationaux et internationaux. Il existe cependant des points d’ancrage pour le développement de partenariats entre ces entreprises car elles sont confrontées à des besoins génériques, notamment en matière d’intelligence économique, de recherche et d’innovation et de formation, qui pourraient être mieux rencontrés au travers d’une collaboration plus étroite entre elles mais aussi avec les acteurs concernés (établissements d’enseignement supérieur, centres de recherche, organismes de formation, institutions relais, etc.). Cette alliance entre coopération et concurrence a conduit à parler de coopétition.

6L’approche des « clusters » est novatrice car elle met au cœur de son analyse un ensemble de relations d’interdépendance entre les institutions d’un sous-système, celui des grappes industrielles. « L’efficacité de la politique industrielle se mesure alors dans sa capacité à favoriser la mise en place des systèmes institutionnels spécifiques à chaque grappe et éviter les programmes nationaux de type horizontal qui n’aboutiraient probablement qu’à une efficacité moindre. Une politique industrielle active de type “bottom-up” sectoriellement orientée et attentive à la demande des industriels a plus de chances d’aboutir à des résultats espérés en matière d’amélioration de la compétitive industrielle des entreprises » (Cohen et al., 2000).

7La mise en œuvre d’une telle politique nécessite une modification du rôle de l’action publique. Dans une analyse de l’efficience des systèmes productifs, Cohen et al. (2000) ont mis en évidence que l’approche des clusters montre, d’une part, que les avantages compétitifs se construisaient et, d’autre part, que la spécificité était avant tout liée aux secteurs industriels et à des régions de compétences. Ils insistent sur l’inefficacité des systèmes institutionnels centralisés du fait même que les compétences se construisent dans des espaces plus restreints que la nation et nécessitent des institutions spécifiques à des besoins singuliers. L’État doit intervenir en tant que partenaire et non en tant que dispositif réglementaire car pour que les mesures atteignent leurs objectifs visant à accroître la compétitivité des entreprises, il faut que les entreprises y voient leur intérêt sans quoi elles n’iront pas dans la direction espérée par les autorités publiques. Enfin, la richesse des clusters provient de la complémentarité technologique, concurrentielle et organisationnelle des entreprises toujours conjuguée aux institutions spécifiques assorties.

8Ces dernières années, cette politique de « clusters » s’est concrétisée dans la mise en œuvre de pôles de compétitivité pour stimuler la compétitivité industrielle et l’attraction des territoires. Comme d’autres régions et pays, la Wallonie a mis en œuvre sa propre politique de pôles de compétitivité. Elle constitue l’un des axes majeurs des Actions prioritaires pour l’Avenir wallon, plus connues sous le nom de plan Marshall, visant à accélérer le redéploiement de la région (Accaputo et al., 2006 ; Bayenet et al., 2006). D’importants moyens financiers y sont alloués et une procédure de sélection stricte a été mise en place.

9Dans le cadre de cette contribution, les trois grands aspects suivants sont abordés [1] :

  • Qu’apporte l’approche des pôles de compétitivité à la dynamique industrielle et au développement territorial ? Quelles en sont les spécificités ? Quelles sont les expériences internationales qui viennent appuyer l’émergence de cette nouvelle vision de la politique industrielle ?
  • Comment les pôles de compétitivité retenus en Wallonie ont-ils été sélectionnés ? Quelles sont les règles de gouvernance mises en œuvre tant en matière de gestion de la politique des pôles que des pôles eux-mêmes ? Comment cette politique a-t-elle évolué depuis sa mise en œuvre ?
  • Quelles sont les premières évaluations et les perspectives de réussite de la politique mise en place compte tenu des spécificités du tissu socio-économique wallon ?

1 – Les pôles de compétitivité et les clusters : nouveau paradigme de politique industrielle

10L’approche des pôles de compétitivité répond à une dynamique économique mondiale, celle des réseaux d’excellence et d’innovation, des partenariats et des clusters. En Wallonie et dans la plupart des régions européennes, la mise en place de pôles de compétitivité vise à renforcer l’attractivité d’une région et à développer l’emploi via un dynamisme économique accru et un renforcement des synergies entre les acteurs.

11Pour Blanc (2004), dont le rapport est à l’origine de la nouvelle politique industrielle mise en œuvre en France, un pôle de compétitivité « est l’addition d’un cluster industriel et d’une base scientifique ou la synergie d’un pôle d’excellence et d’un tissu d’industries. Il se caractérise par la dynamique d’une agglomération entière qui met à contribution tout un tissu qui suit et soutient l’industrie innovante : services de proximité, transports, secteur financier… Le moteur de la croissance est endogène au pôle : c’est la richesse des synergies et des capacités critiques accumulées dans les domaines scientifiques et industriels. Ce moteur s’alimente de flux migratoires d’hommes et d’entreprises attirés par le dynamisme du pôle ».

12Autrement dit, un pôle de compétitivité peut être défini comme la combinaison, sur un espace géographique donné, d’entreprises, de centres de formation et d’unités de recherche publiques ou privées engagés dans une démarche partenariale destinée à dégager des synergies autour de projets communs au caractère innovant. Ce partenariat s’organise autour d’un marché et d’un domaine technologique et scientifique qui lui est attaché et doit rechercher la masse critique pour atteindre une compétitivité mais aussi une visibilité internationale. Ces trois ingrédients principaux (entreprises, formation, recherche & innovation), unis par les trois priorités que sont le partenariat, les projets communs concrets et la visibilité internationale, constituent les éléments clés des pôles de compétitivité (DATAR, 2004). La masse critique atteinte par cette concentration doit lui permettre de développer un cercle vertueux de croissance.

13C’est donc sur la base de cette définition que le gouvernement wallon a construit sa propre politique des pôles de compétitivité. Le rayonnement de ces pôles de compétitivité doit dépasser les frontières de la région wallonne pour viser une taille critique à l’échelle européenne voire mondiale et constituer un moteur pour les exportations. Ils doivent permettre d’améliorer la visibilité de la Wallonie et ainsi faire connaître aux donneurs d’ordre et aux investisseurs étrangers la localisation des entreprises et des compétences. De plus, les investisseurs étrangers sont particulièrement attirés par les lieux riches en externalités, notamment en recherche et formation, mais aussi sociales. C’est aussi une chance d’attirer les compétences et les cerveaux particulièrement recherchés dans une économie de la connaissance et du savoir.

14La mise en place d’une politique de pôles de compétitivité s’intègre dans une politique industrielle globale qui précise le cadre dans lequel les entreprises qui ne pourront s’intégrer directement ou indirectement aux pôles sélectionnés ne seront pas pour autant exclues du processus de développement économique. Par conséquent, outre le soutien classique à la création et au développement des entreprises mis en œuvre par les pouvoirs publics, le mode de gouvernance des pôles doit impérativement reposer sur un critère d’inclusivité et non d’exclusivité. Autrement dit, il doit rester un espace ouvert à tout acteur désirant s’intégrer dans une démarche partenariale basée sur le développement d’un nouveau marché ou d’un projet innovant.

15Si on intègre cette approche dans une perspective beaucoup plus large au niveau international, cette politique des pôles de compétitivité s’inscrit dans la philosophie des politiques de clusters initiées au cours des quinze dernières années. Les plus emblématiques au niveau mondial sont incontestablement les clusters financiers de Londres et de New York, les clusters en télécommunication à Stockholm et Helsinki, le cluster du textile et de la mode dans le nord de l’Italie, le cluster automobile dans le sud de l’Allemagne et à Detroit ou encore le cluster des technologies de l’information dans la Silicon Valley.

16La notion de clusters ne peut être résumée dans une définition unique car ils peuvent concerner tant le niveau régional que national, se limiter aux seuls liens interindustriels ou encore porter sur la dynamique d’innovation quelle soit technologique ou non. Ceci se traduit par une interaction entre trois catégories de politique : la politique régionale, la politique industrielle et la politique de science, de technologie & innovation, auxquelles on peut ajouter aujourd’hui la politique de formation. Une majorité de pays ont mis en place ce type de politique à différents niveaux. En général, ces politiques s’interpénètrent ou sont complémentaires, comme c’est le cas en France avec la politique des systèmes productifs locaux et des pôles de compétitivité, en Allemagne avec les initiatives BioRegio et InnoRegion, en Italie avec les politiques de districts industriels et de district technologiques ou encore en Finlande avec sa politique de clusters nationaux complétées par des actions en faveur de centres d’expertise (OECD, 2007).

2 – La politique des pôles de compétitivité en Wallonie

17Dès 1999, sur la base d’une étude réalisée dans le cadre des politiques structurelles (Capron et al., 1999) et d’un rapport du Merit (2000), la Wallonie a initié une politique de clustering afin de soutenir l’émergence de réseaux d’entreprises [2].

18Même si la Wallonie s’était déjà inscrite depuis 2000 dans une démarche de mise en réseau des acteurs économiques [3], la mise en œuvre de nouvelles politiques industrielles en Europe et notamment celle des pôles de compétitivité en France n’a pas été sans influence sur la détermination de la politique wallonne.

19La politique des pôles de compétitivité en France est le résultat d’une réflexion initiée dès 2002 [4]. Initialement, la France envisageait la sélection de dix à quinze pôles pour l’ensemble du territoire. En 2005, dans le cadre de l’appel à projets pour la constitution des pôles, il a été finalement décidé de retenir 67 pôles suite au succès de cet appel à projets. Parmi les pôles sélectionnés, quinze d’entre eux sont mondiaux ou à vocation mondiale. Seuls ceux-ci constituent réellement des pôles de compétitivité conformément à la définition du concept. Tous les autres pôles sont des pôles nationaux, voire régionaux pour nombre d’entre eux.

20Un second appel à projets a été réalisé en 2007 ce qui porta le nombre à 77 pôles. Notons que, par la suite, certains pôles ont été fusionnés voire « délabellisés ». En 2010, six nouveaux pôles du secteur des écotechnologies ont été reconnus ce qui porte le nombre de pôles à 71 en France dont sept pôles mondiaux et onze pôles à vocation mondiale.

21Cette multiplication des pôles par rapport à l’objectif initial se traduit par une dilution du concept conduisant à sélectionner une multitude de projets, certes intéressants, mais aux enjeux stratégiques sensiblement différents en termes de positionnement international.

22Face à ce constat, le gouvernement wallon a voulu éviter de vider le concept de sa substance en multipliant les pôles de compétitivité et en sélectionnant des domaines techno-économiques qui, en réalité, ne possèdent aucune assise européenne ou internationale et ne dégageaient aucune crédibilité économique au plan européen ou international en termes de masse critique. Pour ce faire, une analyse a été effectuée (Capron, 2005) afin d’identifier les domaines techno-économiques wallons potentiels à la création de pôles de compétitivité.

23Les différences avec les autres modèles étrangers ne s’arrêtent cependant pas aux mécanismes de sélection des pôles. L’évaluation des politiques menées dans d’autres pays a également poussé le gouvernement wallon à élaborer sa propre vision des pôles de compétitivité dans le respect du concept initial.

24Même si la politique des pôles de compétitivité a été mise en œuvre dans le cadre du Plan Marshall (législature 2004-2009), elle est restée un axe majeur du Plan Marshall 2.vert. En effet, le gouvernement wallon issu des élections de juin 2009 a désiré poursuivre et renforcer les politiques mises en œuvre précédemment notamment les pôles de compétitivité. Ils s’intègrent désormais dans une vision plus large d’une politique industrielle durable en Wallonie. En effet, la volonté du gouvernement était de renforcer la dimension « développement durable » de deux manières : d’une part, en élargissant les pôles aux domaines économiques spécifiques aux technologies environnementales et pour lesquels la Wallonie dispose d’un potentiel et d’autre part, en renforçant dans chaque pôle existant le développement de projets répondant aux enjeux climatiques et environnementaux.

a – La sélection des pôles

25Contrairement à l’approche ascendante utilisée en France pour la sélection des pôles de compétitivité, la Wallonie a, en 2005, préféré une approche de type mixte. Dans un premier temps, des pôles ont été sélectionnés sur une base descendante. Le gouvernement wallon a effectivement procédé à une identification des domaines techno-économiques potentiels dans lesquels des pôles pouvaient émerger en ne retenant que ceux pour lesquels les risques ex ante d’échec étaient les plus faibles. Afin d’opérer cette sélection sur des bases objectives, une batterie d’indicateurs a été construite de manière à apprécier la masse critique dont bénéficient les principaux domaines techno-économiques sur lesquels reposent la base économique wallonne ainsi que leur capacité à se positionner favorablement au niveau international. Cette démarche n’excluait pas que d’autres pôles puissent être sélectionnés à l’avenir mais elle possédait l’avantage que, si d’autres pôles devaient être sélectionnés ultérieurement, ils pourraient bénéficier des effets d’apprentissage de la première expérience.

26Trente-six indicateurs ont été collectés et répartis en quatre grandes familles de variables : bases et évolutions économique, scientifique et technologique et perspectives de développement ont servi à apprécier les potentialités d’un pôle à se positionner favorablement dans la concurrence internationale. Les pôles potentiels repris dans l’analyse résultent eux-mêmes d’une recomposition par domaine de quelque 120 branches d’activité basées sur la proximité des liens entre les entreprises actives dans les différentes branches [5].

27Les indicateurs sélectionnés étant à la fois de nature quantitative et qualitative, ceux-ci ont été, dans un second temps, gradués selon une échelle ordinale. Un score étalonné de 0 à 3 a été attribué à chacun des indicateurs selon le niveau de performance observé.

28À partir des scores obtenus, un indice de performance des différents domaines techno-économiques a été constitué de manière à établir un classement des pôles potentiels. Dans cet indice, un même poids a été accordé à chaque catégorie d’indicateurs de manière à éviter une surpondération des catégories bénéficiant d’un grand nombre d’indicateurs. Dans le calcul de cet indice, la base économique et l’évolution du portefeuille stratégique constituent l’élément central dont la valeur s’accroît en fonction du score obtenu pour les autres indicateurs [6]. Ainsi calculé, l’indice de performance peut varier de 0 à 100.

29Le domaine de la pharmacie-santé est celui qui obtient de loin le meilleur score. Ceci n’est pas étonnant étant donné la forte spécialisation de la région dans ce type d’activités et les très bonnes performances enregistrées dans ce domaine au plan de la recherche scientifique et technologique. Ce domaine de spécialisation correspond également à un choix stratégique fort que la région privilégie depuis de nombreuses années [7]. À l’autre extrême, on trouve l’énergie qui reste une activité trop centrée localement. Si de nouvelles filières, notamment dans les énergies renouvelables, ont émergé au cours des dernières années, la base économique reste très faible et les activités développées sont très loin d’atteindre une dimension d’envergure européenne. Il s’agit actuellement plus d’un domaine techno-économique émergent qui doit dans un premier temps s’affirmer au niveau régional avant d’espérer gagner des parts de marché au niveau européen (ou mondial).

30La figure 1 visualise quel pourrait être le positionnement le long de leur courbe d’apprentissage des 23 pôles analysés [8]. Si effectivement un lien peut être établi entre les scores obtenus par les pôles étudiés et le niveau potentiel d’apprentissage, le chemin à parcourir pour qu’un pôle donné puisse efficacement se structurer sera d’autant moins long qu’il bénéficie d’une assise techno-économique solide.

Figure 1

Domaines potentiels de création des pôles et processus d’apprentissage

Figure 1

Domaines potentiels de création des pôles et processus d’apprentissage

31Pour les pôles étudiés souffrant des scores les plus faibles, ils sont confrontés globalement au double handicap d’une base techno-économique plus faible et d’une moindre capacité polarisatrice. Pour ceux-ci, en dépit de leurs potentialités, non seulement le temps de maturation nécessaire pour s’affirmer en tant que pôle de compétitivité sera relativement long mais également la probabilité d’atteindre une dimension internationale est moindre que pour les pôles disposant déjà d’une certaine masse critique. Dans ce cas, une politique de clusters ou de grappes, plus centrée sur les compétences dans des filières spécifiques s’avère plus indiquée.

32Les indices globaux les plus élevés ont été obtenus, dans l’ordre, par les pôles : pharmacie-santé, agro-industrie, ingénierie mécanique, transport-logistique et aéronautique-spatial, dont seuls les deux premiers ont obtenu des scores sensiblement supérieurs à 50 %.

33Sur la base de cette étude, le gouvernement a identifié cinq domaines économiques potentiels de constitution de pôles de compétitivité : les sciences du vivant, l’agro-industrie, le génie mécanique, le transport-logistique, l’aéronautique-spatial. La volonté du gouvernement est que ces pôles transcendent les références sectorielles des acteurs économiques pour se concentrer sur des projets dont les retombées économiques sont liées aux domaines retenus par le gouvernement. Il s’agit de promouvoir le développement des domaines sélectionnés sans exclure a priori l’émergence de projets issus d’acteurs n’appartenant pas aux domaines techno-économiques. Ainsi, par exemple, des projets TIC pourraient se développer dans chacun des pôles à condition de démontrer leur valeur ajoutée dans le développement des domaines des pôles.

34Dans un second temps, la Région wallonne a adopté une approche ascendante en procédant à un appel à projets pour les domaines ainsi sélectionnés.

b – La labellisation des pôles de compétitivité wallons

35Sur la base de la philosophie développée dans le cadre de l’élaboration des Actions prioritaires pour l’Avenir wallon, le gouvernement wallon a lancé, en décembre 2005, un appel à constitution de pôles. Pour être labellisées, les propositions de pôles devaient répondre à certaines conditions dont notamment :

  • reposer sur un partenariat étroit entre entreprises, organismes de formation, unités de recherche et d’autres organismes ad hoc (si leur implication se justifie) élaborant un projet de pôle commun. Ce partenariat ne doit pas être figé, mais pourra être complété au fur et à mesure ; les pôles ne doivent pas constituer des ensembles fermés, ceux-ci doivent pouvoir croître et évoluer ;
  • veiller à ce que le secteur industriel soit le moteur du pôle, les pouvoirs publics jouant un rôle d’impulsion et de soutien à l’émergence et au développement des pôles en fédérant l’ensemble des acteurs concernés autour d’une stratégie commune de développement. Le financement des pôles se basera donc sur une démarche de partenariat public-privé ;
  • cibler un ou des axes de développement présentant des potentialités à moyen/long terme par référence à un/des marchés et à un/des domaines technologiques et scientifiques clairement identifiés et définir les objectifs et finalités du pôle ainsi que le rôle joué par les différentes catégories d’acteurs. Celui-ci devra permettre le développement d’activités économiques et assurer la compétitivité de la région dans chaque domaine retenu ;
  • concrétiser le partenariat au niveau de l’ensemble du territoire wallon et rechercher les complémentarités entre acteurs en présence au travers de la mise en œuvre de projets innovants communs visant à concrétiser des applications industrielles sur un horizon de 5 à 10 ans ou à construire une vision prospective d’une thématique donnée de façon à assurer la compétitivité des entreprises du pôle ;
  • présenter une masse critique suffisante au niveau wallon et des potentialités suffisantes pour atteindre une taille critique, une renommée et une visibilité au plan international, et développer une capacité polarisatrice en termes d’activités et d’attractivité vis-à-vis des investisseurs étrangers. Les acteurs devront s’organiser en réseau en assurant la représentativité du tissu économique (PME, grandes entreprises) et des unités de recherche wallons ;
  • intégrer la dimension internationale en termes d’organisation, de fonctionnement et de développement du pôle (collaboration et réseaux internationaux, programmes européens, accueil d’investisseurs étrangers, promotion à l’étranger, politique à l’exportation).
En conclusion, il s’agit bien de mettre en réseau l’ensemble des compétences économiques, scientifiques, technologiques et humaines sur l’ensemble du territoire wallon sans privilégier une sous-région particulière. Les partenariats entre ces acteurs doivent se concrétiser sur la base de l’élaboration de projets communs à caractère innovants et/ou de développement de nouveaux marchés.

36Le 31 mars 2006, cinq propositions de pôles avaient été déposées. Conformément à sa volonté de mettre en œuvre une nouvelle gouvernance en matière de politique économique, le gouvernement wallon a chargé un jury indépendant d’experts nationaux et internationaux d’analyser ces propositions de pôles de compétitivité. Après évaluation, le jury a proposé au gouvernement de labelliser les cinq pôles suivants :

  • le pôle des« sciences du vivant » (pharmacie-santé), baptisé BioWin, qui a circonscrit son périmètre aux sciences de la vie qui touchent à la santé humaine. Les axes stratégiques du pôle sont : le cancer, l’inflammation et les maladies du cerveau ;
  • l’agro-industrie qui, sous l’appellation Wagralim, entend couvrir l’ensemble des activités qui concourent à l’élaboration et à la distribution de denrées alimentaires répondant aux besoins et aux attentes des clients. Les axes stratégiques du pôle sont : les aliments santé, les procédés innovants de production ou de conservation, le bio-emballage et le développement de filières d’industrie alimentaire durable ;
  • le génie mécanique qui, sous le vocable MecaTech, entend structurer les activités des entreprises liées aux produits métalliques, aux technologies de l’information et de la communication, à la mécanique, la mécatronique, l’électrotechnique et l’électronique. Les axes stratégiques du pôle sont les nouveaux matériaux, la technologie globale, la mécatronique et la micro-technologie, la maintenance intelligente, la nanotechnologie, la maintenance et la fiabilité des outils ;
  • le transport-logistique qui, sous l’appellation Logistics in Wallonia, couvre non seulement les activités de services en transport-logistique mais vise également à assurer l’intégration de technologies externes liées à ce type d’activité. Les axes stratégiques du pôle sont : la sécurité, la sûreté, la prévention et l’environnement, le transport, la distribution et l’entreposage, le conditionnement et l’emballage ;
  • l’aéronautique et l’aérospatial, dénommé SkyWin, dont la stratégie est de pérenniser le positionnement des acteurs dans le domaine et de conforter leur place en qualité de « single source » et « risk sharing partner ». Les axes stratégiques du pôle sont : l’avion plus composite, l’avion plus intelligent et le développement de nouvelles applications et de services.
L’organisation et la gestion des pôles ont été confiées aux industriels. Le conseil de gouvernance des pôles est présidé par un industriel avec un représentant d’une unité de recherche comme vice-président. La composition du conseil de gouvernance doit également veiller à respecter une présence équilibrée du monde industriel et des acteurs de la recherche impliqués dans les projets du pôle et un équilibre entre les grandes et les petites entreprises. Le gouvernement n’est présent dans les pôles que par l’intermédiaire d’observateurs chargés de vérifier le respect de la philosophie des pôles telle que définie par le gouvernement. La responsabilité et la gestion des projets sont laissées aux industriels et aux scientifiques. Pour soutenir la dynamique du pôle, le gouvernement participe au financement de la cellule opérationnelle de chaque pôle sur la base d’une participation privée équivalente [9].

37Dès la labellisation des pôles, un suivi et une évaluation ont été mis en œuvre pour permettre de mesurer l’impact de cette nouvelle politique et prendre les mesures nécessaires à son optimalisation.

38Dans le cadre du Plan Marshall 2.vert, le gouvernement wallon a voulu renforcer l’aspect développement durable de sa politique industrielle par la création d’un sixième pôle de compétitivité consacré aux technologiques environnementales. La volonté du gouvernement était de répondre aux enjeux liés au réchauffement climatique tout en bénéficiant des retombées potentielles en termes de création d’activités et d’emplois mais sans porter préjudice aux stratégies mises en œuvre dans chaque pôle existant en matière de développement durable. Sur la base de la même méthodologie développée pour déterminer les cinq premiers domaines économiques, une nouvelle étude a été réalisée pour identifier clairement les domaines technico-économiques et les filières que ce pôle pourrait recouvrir ainsi que la stratégie à mettre en œuvre en matière de technologies environnementales en Wallonie [10].

39Dans le domaine des technologies environnementales [11], la Belgique occupe sur le plan scientifique une position relativement appréciable. Par contre, la Wallonie souffre d’un retard technologique dans le domaine des énergies renouvelables, de l’efficience énergétique et des véhicules à énergie alternative. Cependant, elle possède une base technologique solide dans le domaine du traitement de la pollution, de la gestion de l’eau et des déchets (Capron et al., 2010).

40Compte tenu de sa dimension et de sa base économique, la Wallonie ne peut prétendre multiplier le nombre de clusters et de pôles. La multiplication des structures ne peut qu’être source d’inefficacité pour des raisons d’absence de masse critique d’une part, et de morcellement des compétences d’autre part. Or, depuis une dizaine d’années, de nombreuses initiatives ont été prises en matière de clusters environnementaux. Il était donc nécessaire de clarifier la politique industrielle régionale en fonction du potentiel de pérennité des structures existantes dans la mesure où il apparaît judicieux de préférer l’absorption de certaines structures existantes plutôt que de risquer à terme leur disparition.

41Pour Capron et al. (2010), le nouveau pôle de compétitivité devrait reposer sur des domaines techno-économiques ciblés plutôt que de prétendre couvrir un champ trop vaste de compétences environnementales et pour lesquelles la Wallonie ne dispose pas d’une base économique suffisamment solide. Cela ne signifie pas pour autant que certains champs stratégiques ne soient pas couverts mais bien que le nouveau pôle soit une composante d’une architecture plus large qui couvrirait, au travers des clusters et pôles existants, une palette relativement diversifiée des enjeux environnementaux auxquels la Région est confrontée. Cela permettrait aux acteurs impliqués d’articuler leur stratégie en fonction des spécificités de leur domaine de spécialisation plutôt que de risquer de devoir s’insérer dans une logique peu en adéquation avec leurs besoins réels. La création d’un pôle est à elle seule insuffisante pour répondre aux enjeux environnementaux dans la mesure où la compétitivité et le développement des pôles et clusters existants dépendent en grande partie de leur capacité à s’adapter à la nouvelle donne technologique que représente l’émergence des technologies environnementales.

42Capron et al. (2010) suggèrent que le sixième pôle soit orienté vers une valorisation des compétences existantes en Wallonie en génie chimique et génie des matériaux, ceux-ci pouvant conjointement disposer d’une masse critique suffisante pour constituer un pôle de compétitivité performant. Leurs activités étant basées sur la transformation de la matière, ils sont appelés, parallèlement au génie mécanique, à jouer un rôle déterminant dans le développement des éco-technologies. Ils sont de plus directement concernés par les aspirations en faveur d’un développement plus respectueux de l’environnement. Lors de l’étude initiale qui avait été réalisée en 2005 lors du lancement des cinq premiers pôles, ces deux domaines se situaient juste derrière les cinq pôles retenus dans le classement qui avait été opéré. Or ces deux domaines sont relativement contigus en termes de compétences scientifiques et technologiques dans la mesure où leurs activités reposent sur le génie des procédés.

43Sur la base de cette étude, le gouvernement wallon a lancé un appel à constitution d’un sixième pôle le 4 juin 2010. Les deux domaines d’activités concernés étaient la chimie durable et les matériaux durables en ce compris les matériaux de construction durable. Une seule candidature a été déposée le 21 décembre 2010 par GREENWIN. Sur la base de l’avis du jury international, le gouvernement a labellisé ce pôle en février 2011 ainsi que huit projets concrets de partenariats.

c – L’émergence, la sélection et le financement des projets des pôles de compétitivité

44La première raison d’être des pôles est le développement de projets communs à caractère innovant, porteurs de valeur ajoutée et d’emplois. Ces pôles doivent permettre de reconstruire une véritable politique industrielle en Wallonie. Pour soutenir leur développement, des moyens budgétaires spécifiques sont mis à leur disposition, 280 millions d’euros sur la période 2006-2009. Ils concernent, d’une part, des investissements publics en actifs et en participations et, d’autre part, des politiques et actions spécifiques récurrentes (exportation, accueil des investisseurs étrangers, formation, aides à l’investissement et aides à la recherche). Une enveloppe supplémentaire de 42 millions d’euros a été ajoutée pour favoriser l’émergence de projets liés au développement durable dans les pôles de compétitivité. Dans le cadre du Plan Marshall 2.Vert, c’est une nouvelle enveloppe de 388 millions d’euros qui est réservée sur la période 2009-2014 pour financer les projets de partenariat dans les pôles.

45La volonté du gouvernement est donc de mettre en œuvre une politique qui transcende les compétences de plusieurs ministres (économie, commerce extérieur, recherche, formation…) mais aussi une nouvelle gouvernance en matière de politique économique (critères de sélection des pôles, des projets, mécanismes d’évaluation, etc.).

46En matière d’attractivité et d’accueil de nouveaux investisseurs étrangers, l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (AWEX-OFI) a recruté des experts spécialisés dans chacun des domaines des pôles. Les pôles bénéficient également d’un support particulier en matière d’exportation. L’AWEX a mis en place des relais chargés de conseiller les membres de chaque pôle sur les possibilités en matière d’exportation : marchés cibles, incitants et aides… Parallèlement, chaque pôle transmet à l’AWEX un plan d’action global concernant des événements internationaux pour lequel il peut bénéficier d’incitants financiers. Par ailleurs, chaque pôle peut recevoir de l’AWEX un soutien destiné à financer l’engagement d’un responsable des exportations. Celui-ci est chargé de définir, en collaboration avec l’Agence, la stratégie à l’exportation et s’occuper des démarches opérationnelles pour les exportations de l’ensemble du pôle.

47En principe, chaque année, le gouvernement lance un appel à projets au sein des pôles. Les propositions de projets concrets sont examinées par le jury international qui remet un avis au gouvernement. Sur la base de l’avis des différentes administrations compétentes, le jury examine, outre la faisabilité réelle du projet déposé, le caractère innovant et la rupture technologique, le potentiel économique du projet pour la région, les réelles possibilités de création d’emplois, l’existence d’un partenariat concret entre petites et grandes entreprises et entre entreprises et centres de recherche.

48Depuis la constitution des pôles, sept appels à projets ont été lancés par le gouvernement dont un spécifique au développement durable. Les six premiers appels à projets se sont traduits par la labellisation par le gouvernement wallon de 176 projets pour un soutien public de 356 millions d’euros avec un potentiel de création d’emplois directs de 10.638 personnes. L’essentiel des projets sont aujourd’hui des partenariats en recherche (104 projets pour un montant de 302 millions d’euros).

49Dans un souci de bonne gouvernance, le gouvernement wallon a dès la mise en œuvre des pôles mis en place un processus de suivi et d’évaluation externe. Cela a notamment permis dès le premier appel à projets de simplifier les procédures administratives en élaborant un formulaire unique permettant de présenter le projet sous ses différentes facettes (recherche, investissement, formation, exportation, etc.). Le gouvernement avait également suggéré au jury de lui faire des recommandations en matière d’évaluation et de gestion des pôles. Celles-ci ont été introduites dans la gouvernance des pôles. Désormais, par exemple, les projets soumis par les pôles doivent avoir été labellisés par le conseil de gouvernance des pôles sur la base de l’avis d’un jury indépendant propre à chaque pôle.

50De même, la politique des pôles est coordonnée par un seul ministre, le ministre de l’Économie, alors que les domaines couverts par les projets des pôles associent différents ministres et administrations. Cela permet aux pôles de bénéficier d’un interlocuteur unique et au gouvernement de communiquer de manière cohérente et de coordonner les différentes actions.

51Pour renforcer la cohérence de la politique des pôles de l’amont à l’aval du processus, le gouvernement a prévu des mesures complémentaires.

52Les projets développés dans les pôles ont permis l’émergence de projets-socle en R&D de durée limitée dans le temps. Ces projets favorisent une mise en réseau des acteurs et sont bien adaptés à la R&D précompétitive. Cependant, certains pôles voient émerger certains projets ouverts sans limitation dans le temps fondés sur le partage de ressources. Ce nouveau type de mise en réseau, plus en aval, s’inscrit souvent dans le cadre compétitif de la mise sur le marché d’une innovation. Ainsi, sur la base des recommandations du jury, un mécanisme spécifique de financement a été mis en œuvre en 2011 pour le financement de plates-formes d’innovation. Elle est définie comme une infrastructure matérielle ou virtuelle partagée ou ouverte qui offre des compétences et services. Elle est impulsée par les entreprises, validée par les pôles et labellisée par le jury dans le cadre des appels à projets. Ces plates-formes n’ont pas vocation à faire de la recherche fondamentale mais à prendre en charge les technologies émergentes et les technologies clés susceptibles d’être valorisées sous la forme d’innovations de rupture ou incrémentales. L’objectif est d’accélérer la mise sur le marché des nouveaux produits, procédés ou services innovants issus des entreprises des pôles. En effet, la mise en réseau des projets provoque des synergies notamment de compétences qui favorisent l’émergence des innovations. Deux plates-formes ont déjà été labellisées par le gouvernement pour 10,7 millions d’euros. Encore plus en amont, le gouvernement a décidé de financer des projets favorisant le développement des pôles, et en particulier le Pôle Biowin, en renforçant les moyens de financement de l’incubateur WalloniaBiotech Coaching pour qu’il puisse accueillir des projets de pôles et en prenant une participation de 10 millions d’euros au capital du Fonds Vesalius (Fonds d’investissements spécialisés en capital à risque) dans le but de renforcer les financements privés potentiels nécessaires à l’aboutissement des projets de recherche.

53En aval des pôles par contre, le gouvernement a créé un Institut wallon virtuel de recherche d’excellence dans les domaines des sciences de la vie « WELBIO ». Cet institut doté d’un budget de 30 millions d’euros finance, sur la base d’appel à projets, des recherches d’excellence dans le domaine des biotechnologies. Son objectif est le développement et la valorisation d’une recherche d’excellence, non orientée, dans des domaines pouvant conduire à des applications dans tous les champs de la biotechnologie médicale, pharmaceutique et vétérinaire. Les résultats susceptibles de générer de la propriété intellectuelle seront protégés par des brevets et valorisés par la création d’entreprises « spin off » et/ou de partenariats privilégiés avec les industries wallonnes, dont celles des pôles de compétitivité, à savoir BIOWIN et WAGRALIM. Depuis le 1er février 2011, 15 projets innovants en recherche fondamentale sont financés.

3 – Les premières évaluations [12]

54Dès la mise en œuvre du plan Marshall, le gouvernement a mis en place une politique de reporting et d’évaluation des actions prioritaires. Le délégué spécial du gouvernement wallon est chargé par le gouvernement du suivi des différentes mesures qui composent le plan Marshall. Ce reporting permet au gouvernement de vérifier de manière trimestrielle l’état d’avancement du plan. Par ailleurs, l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) a été chargé par le gouvernement wallon d’évaluer les mesures adoptées dans le cadre du plan Marshall [13]. Les premières évaluations ne portent que sur les premiers résultats et les impacts macroéconomiques ne sont pas encore observables. De manière générale, l’IWEPS conclut à la cohérence des mesures dopant la recherche en lien avec l’entreprise. Ces mesures vont du soutien à la recherche fondamentale, mais intégrant les applications industrielles jusqu’à la politique des pôles où les entreprises ont l’initiative des synergies avec le monde de la recherche. Elles intègrent aussi un volet formation. L’ensemble peut se lire comme « un passage de témoin progressif du monde universitaire vers le monde des entreprises ». Par rapport à la majorité des volets du plan Marshall, les pôles sont une initiative entièrement nouvelle, qui n’amplifie pas des dispositifs préexistants. L’IWEPS avait mis en évidence trois freins importants au développement des pôles : la lenteur du conventionnement, le mode de partage des résultats, obstacle à une commercialisation bien comprise des résultats et le problème des volets autres que celui de la recherche des pôles, moins avancés. Ce problème est en partie intrinsèque : la recherche prime dans le processus industriel, les autres aspects ne peuvent venir qu’en un deuxième temps, alors que les outils d’accompagnement ont déjà été mis en place (formation, exportations). Le volet formation a cependant mis en lumière la difficulté d’identifier clairement les demandes de formation et la manière d’y répondre.

4 – Les perspectives d’avenir

55Les pôles de compétitivité wallons ne pourront jouer un rôle moteur dans le redéploiement économique de la région que s’ils parviennent à s’imposer comme des pôles stratégiques au niveau européen et à dégager une visibilité au niveau mondial. La question est dès lors de savoir quelle est leur position actuelle au sein de la hiérarchie spatiale européenne dans leur domaine spécifique. À cet égard, les informations collectées par l’European Cluster Observatory offre un point de départ utile pour une analyse du positionnement européen des pôles wallons [14].

56Le positionnement des grands pôles européens et des pôles wallons présenté au Tableau 1 est basé sur une analyse des informations relatives à l’emploi, l’innovation et les exportations des régions et domaines d’activité économique. Sur cette base un benchmarking des régions européennes a été effectué [15]. Le tableau 1 présente la position des pôles wallons ainsi que les régions constituant le top dix européen dans ces domaines. Par définition, la région européenne la mieux positionnée est considérée comme étant le benchmark auquel est attribuée une valeur de un. Les valeurs obtenues par les autres régions représentent les scores obtenus par rapport au benchmark. Ainsi, dans le domaine de l’aéronautique et spatial la Wallonie obtient un score de 0,54, soit à mi-chemin du benchmark et se situe en 26e position sur un total de 168 régions (ex-Europe des 15).

57En comparaison européenne, le positionnement moyen obtenu en Wallonie dans les domaines de l’aérospatiale, la biopharmacie, l’ingénierie mécanique et la chimie et matériaux témoigne des efforts qui devront être consentis par les acteurs économiques pour se hisser dans le top dix européen. Inversement, parmi les six pôles soutenus, ces quatre domaines sont également les mieux positionnés. Ainsi, si les acteurs de ces pôles parviennent à initier une démarche collective, les performances de ceux-ci pourraient s’améliorer sensiblement. La politique mise en œuvre par les pouvoirs publics wallons s’est notamment donné l’objectif de stimuler et soutenir cette démarche collective. Un objectif crédible pourrait être de se positionner dans le top dix dans un délai de dix ans.

58Le transport-logistique et l’agro-alimentaire en Wallonie sont deux domaines où les efforts devront être plus importants puisqu’ils se situent très loin dans le classement européen. Dans le cas du transport-logistique, des potentialités existent indéniablement. Le bureau d’étude Cushman et al. (2004) place la Belgique en première position comme choix de localisation pour tout investisseur potentiel en matière de distribution. L’un des défis non seulement en matière d’activités du pôle mais également de la Région sera de valoriser pleinement cet avantage.

59Le domaine de l’agro-alimentaire, essentiellement constitué de PME, est territorialement dispersé, économiquement diversifié et structurellement vulnérable. Les activités sont en effet peu concentrées géographiquement, spécialisées dans une large gamme de produits et peu intensives en recherche et développement technologique. Les deux premiers points ne facilitent pas l’élaboration d’une stratégie commune ainsi que les interactions entre les différentes catégories d’acteurs. Le troisième point démontre que d’importants efforts devront être consentis pour que le pôle puisse se distinguer au niveau européen par sa capacité d’innovation. Ces éléments n’impliquent pas pour autant que ce pôle ait moins de chance de réussite que les autres pôles sélectionnés. Si le score obtenu pour ce pôle est meilleur que celui obtenu pour l’aérospatiale, le classement de la région (65e position pour l’agro-alimentaire contre 26e pour l’aéronautique) témoigne de l’ampleur de la dispersion des activités au sein de l’espace européen contrairement à l’industrie aéronautique et spatiale nettement plus concentrée. Dans ce pôle, la région peut opter pour une spécialisation des niches susceptibles de valoriser le savoir-faire régional tandis que le pôle agro-alimentaire est soumis à une forte concurrence au sein de l’espace européen. On observe un score également plutôt favorable pour le pôle transport-logistique mais le classement de la région dans ce domaine au sein de l’espace européen conduit à constater qu’elle est confrontée à une vive concurrence inter-régionale pour s’assurer une place de choix au niveau européen.

Tableau 1

Grands pôles européens et position des pôles wallons

Tableau 1
Aéronautique et spatiale Biopharma Agro-alimentaire Rang Région Benchmark Dimension Région Benchmark Dimension Région Benchmark Dimension 1 Hamburg 1,00 mondiale Île de France 1,00 mondiale Bretagne 1,00 mondiale 2 Midi- Pyrénées 1,00 mondiale Lombardia 0,95 mondiale Pays de la Loire 1,00 mondiale 3 Lancashire 0,97 mondiale Lazio 0,94 mondiale Cataluña 0,99 mondiale 4 Derbs and Notts 0,92 mondiale Centre 0,93 mondiale Danmark 0,99 mondiale 5 Île de France 0,91 mondiale Darmstadt 0,92 mondiale Lombardia 0,98 mondiale 6 Oberbayern 0,90 vocation mondiale Karlsruhe 0,91 mondiale Vlaams Gewest 0,97 mondiale 7 Schwaben 0,88 vocation mondiale Cataluña 0,90 mondiale Castilla y León 0,96 mondiale 8 E Wales 0,87 vocation mondiale Tübingen 0,88 vocation mondiale Emilia-Romagna 0,96 mondiale 9 Aquitaine 0,86 vocation mondiale Madrid 0,86 vocation mondiale Weser-Ems 0,95 mondiale 10 Gloucs, Wilts, Som 0,86 vocation mondiale Danmark 0,86 vocation mondiale Rhône-Alpes 0,94 mondiale 16 Wallonie 0,82 vocation mondiale 26 Wallonie 0,54 européenne 65 Wallonie 0,68 régionale Génie mécanique Transport-logistique Chimie et matériaux Rang Région Benchmark Dimension Région Benchmark Dimension Région Benchmark Dimension 1 Stuttgart 1,00 mondiale Île de France 1,00 mondiale Rheinhessen-Pfalz 1,00 mondiale 2 Lombardia 1,00 mondiale Outer London 0,98 mondiale Valencia 0,99 mondiale 3 Emilia- Romagna 1,00 mondiale Wien 0,97 mondiale Emilia-Romagna 0,98 mondiale 4 Oberfranken 0,99 mondiale Darmstadt 0,97 mondiale Düsseldorf 0,93 mondiale 5 Schwaben 0,97 mondiale West-Nederland 0,95 mondiale Cataluña 0,92 mondiale 6 Veneto 0,97 mondiale Hamburg 0,94 mondiale Lombardia 0,91 mondiale 7 Karlsruhe 0,95 mondiale PACA 0,89 vocation mondiale Vlaams Gewest 0,90 mondiale 8 Piemonte 0,94 mondiale Vlaams Gewest 0,89 vocation mondiale Rhône-Alpes 0,89 vocation mondiale 9 Arnsberg 0,92 mondiale Lazio 0,88 vocation mondiale Köln 0,89 vocation mondiale 10 Braunschweig 0,92 mondiale Danmark 0,87 vocation mondiale Darmstadt 0,87 vocation mondiale 14 Wallonie 0,85 vocation mondiale 24 Wallonie 0,71 européenne 56 Wallonie 0,60 régionale

Grands pôles européens et position des pôles wallons

De manière générale, l’analyse des domaines techno-économiques à partir desquels les pôles se sont formés met en évidence la difficulté d’une évaluation comparative entre les pôles wallons. Les conditions initiales de développement sont, pour chacun d’entre eux, sensiblement différentes. L’évaluation devra donc davantage se baser sur les performances du pôle comparativement aux objectifs qu’il s’est fixés et les conditions initiales de sa formation ainsi que de son évolution au sein de l’espace européen.

Conclusions

60Le recentrage des politiques industrielles s’avérait indispensable face au processus de globalisation de l’économie et aux mutations technologiques des dernières décennies. Si, selon Ketels (2003), l’existence de clusters est largement reconnue par la communauté internationale, il n’y a pas encore de réel consensus sur la capacité des pouvoirs publics à stimuler le développement de clusters ou à accroître l’efficacité des clusters existants. Si la politique économique basée sur les clusters possède un potentiel, elle ne constitue pas une panacée. Pour améliorer la compétitivité d’une région, une politique axée sur les clusters est en soi insuffisante et risque d’être inopérante s’il n’est pas remédié aux faiblesses de l’environnement économique général [16] et si les spécificités qui rendent la région unique par rapport aux autres ne sont pas clairement identifiées et assimilées.

61En promouvant la mise en place de stratégies de spécialisation intelligente, l’Europe vise à aider les régions à opérer des choix stratégiques compte tenu de leurs atouts et de leurs faiblesses en valorisant leurs complémentarités et en évitant ainsi une concurrence stérile dans des domaines de spécialisation similaires. Cette politique allie les dimensions régionale, industrielle, d’innovation et de formation et incite les universités, les centres de recherche, les autorités régionales et les entreprises à réfléchir ensemble sur les choix stratégiques à opérer pour renforcer la compétitivité de leur région.

62Au travers de sa politique des pôles de compétitivité, la Wallonie s’est déjà inscrite dans une telle démarche. La démarche mise en œuvre en Région wallonne était différente en ce que les domaines dans lesquels les pôles de compétitivité allaient se développer avaient été initialement identifiés. La participation de la Wallonie à la plate-forme d’échange sur les stratégies de spécialisation intelligente devrait l’aider à affiner ses choix stratégiques et à renforcer ses liens de coopération avec les autres régions européennes au cours des prochaines années.

63Les moyens limités dont la Wallonie dispose et la fragilité de sa base industrielle et servicielle lui imposent d’opérer des choix stratégiques pour éviter de disperser ses efforts. De fait, peu de régions peuvent prétendre être performantes dans une multitude d’activités économiques. Des questions de masse critique, de panier de compétences, de potentiel de recherche, de spécialisation, de ressources publiques, de crédibilité et de visibilité permettent aisément de comprendre la nécessité d’opérer des choix stratégiques.

64Quant aux perspectives d’avenir des six pôles wallons, elles sont essentiellement entre les mains des acteurs et des entreprises en particulier. La route pour s’affirmer au niveau européen et international est encore longue et parsemée d’embûches car la concurrence sera rude au niveau international pour entrer dans le club très fermé des grands pôles de référence. La Wallonie doit cependant se fixer des ambitions pour que certains de ses pôles deviennent réellement des pôles européens de dimension mondiale. À cet égard, l’analyse a mis en évidence que les pôles biotechnologies et génie mécanique disposent du potentiel le plus affirmé pour se hisser parmi les grands pôles européens. Cela nécessite de leur part de développer une stratégie réfléchie, cohérente et ciblée et de nouer des partenariats et des alliances solides avec les autres grands pôles européens dans ces domaines pour stimuler les complémentarités.

65Les premières évaluations confirment que la stratégie mise en œuvre par les pouvoirs publics wallons correspond bien aux attentes des acteurs économiques. Cinq ans après la labellisation des pôles, la mise en œuvre de cette politique industrielle a suscité l’enthousiasme de tous les acteurs comme en témoigne le nombre de dossiers déposés lors des sept premiers appels à projets. Même s’il est toujours trop tôt pour évaluer les retombées économiques et en termes d’emplois des premiers projets, ils auront déjà permis la mise en réseau d’un grand nombre d’acteurs. Cette mise en réseau est essentielle et surtout multidimensionnelle : mise en réseau des acteurs économiques et de la recherche, mise en réseau des entreprises actives dans un même domaine, mise en réseau des grandes et des petites entreprises, mise en réseau des acteurs à l’échelle wallonne, mise en réseau des acteurs économiques et de la formation, mise en réseau des acteurs économiques et des outils wallons, mise en réseau d’acteurs wallons et d’acteurs internationaux. Ces mises en réseaux et ces rencontres entre les acteurs devraient permettre demain de générer de nombreux projets créateurs d’emplois et d’activités. Une des forces de cette nouvelle politique économique, de nature dynamique et proactive, est de se baser sur les synergies et les complémentarités d’acteurs qui permettent ainsi d’additionner leurs compétences et de générer davantage de projets.

Notes

  • [*]
    Université Libre de Bruxelles, Solvay Brussels School of Economics and Management. Email: Benoit.Bayenet@ulb.ac.be, hcapron@ulb.ac.be.
  • [1]
    Pour une première analyse, voir notamment Bayenet et al., 2007, 2009 et 2010.
  • [2]
    Douze clusters avaient ainsi été identifiés pour l’expérience pilote : aéronautique, auto-mobilité, bois, biotechnologies de l’agroalimentaire, recherche clinique, céramique, espace, déchets solides, transport et logistique, nutrition et éco-construction. Sur la base de ces expériences et d’une évaluation réalisée par le Merit (2004), le gouvernement wallon a adopté en 2007 un décret relatif au soutien et au développement des clusters.
  • [3]
    Certains clusters ont été un moteur de la constitution de pôles de compétitivité (clusters aéronautique, spatial, transport et logistique). Le soutien des pouvoirs publics aux clusters et aux pôles est différent. Pour les clusters, le gouvernement soutient financièrement la politique de réseautage des acteurs. Pour les pôles, le gouvernement intervient dans le financement de projets innovants témoignant de la mise en réseau des acteurs économiques, de recherche et de formation.
  • [4]
    Voir notamment Jacquet et Darmon (2005).
  • [5]
    Cette manière de procéder ne se base pas exclusivement sur la dénomination des branches d’activité mais tient compte des domaines de spécialisation économique et technologique des entreprises qui y sont actives. L’approche micro-économique ainsi utilisée s’est basée sur les informations disponibles dans la banque de données MIDAS de la Région wallonne. A également été pris en compte le nombre d’emplois et d’entreprises. Un domaine techno-économique a été considéré comme susceptible de former un pôle potentiel s’il concernait au minimum 1.000 emplois et 10 entreprises.
  • [6]
    Pour une analyse, voir Capron (2006).
  • [7]
    Deux tiers des activités belges en matière de biotechnologie sont concentrées en Wallonie où le secteur de la pharmacie concentre 43 % des activités belges.
  • [8]
    Voir Capron (2006).
  • [9]
    Pour une analyse plus détaillée, voir Bayenet et al. (2009).
  • [10]
    Capron, Depelchin, Maghe et Schoon (2010).
  • [11]
    Les grands domaines génériques concernés par les technologies environnementales sont respectivement : les énergies renouvelables, l’efficience énergétique, la pollution et la gestion des déchets, les véhicules à énergie alternative, la gestion de l’eau, la chimie durable et les technologies de contrôle.
  • [12]
    Pour une analyse plus approfondie, voir Bayenet et al. (2009).
  • [13]
    IWEPS, Évaluation du plan d’actions prioritaires pour l’avenir wallon, Rapport de synthèse, période 2006-2008, mars 2009.
  • [14]
    Pour une analyse, voir Bayenet et Capron (2007).
  • [15]
    Pour plus de détail sur la démarche et les résultats, cf. Capron (2011a, 2011b) et Capron et Baillot (2011).
  • [16]
    Tels que, par exemple, la stimulation de l’entrepreneuriat, le soutien à la recherche, la mise en place d’un système d’éducation et de formation performant, la stabilité économique et politique…
Français

Résumé

Au cours de ces dix dernières années, nous avons assisté dans le monde entier à l’émergence de politiques de « clustering ». Les clusters étant des agglomérations spatiales d’industries et de services colocalisés, la dimension régionale joue un rôle déterminant dans l’élaboration des nouvelles politiques industrielles mises en œuvre par les pays européens et la Commission européenne. En 2005, la Wallonie a lancé une nouvelle politique industrielle axée sur la création de pôles de compétitivité. L’objectif consistait à mettre en réseau des entreprises, centres de recherche et établissements d’enseignement afin de stimuler la création de nouvelles richesses et de nouveaux emplois par le financement de projets innovants. À ce jour, les autorités wallonnes ont soutenu le développement de six pôles dans le cadre de la mise en œuvre des Plans Marshall et Marshall 2.vert. Le choix des pôles a été opéré sur la base d’un processus mixte combinant les approches ascendante et descendante. Le présent article a pour but de décrire la procédure mise en œuvre par les autorités wallonnes et d’examiner le positionnement européen des pôles wallons.
Codes JEL : R58, R38, R11

Mots-clés

  • pôles de compétitivité
  • compétitivité régionale
  • réseaux
  • structures industrielles

Références

  • En ligneAccaputo A., Bayenet B. et Pagano G., 2006, « Le plan Marshall pour la Wallonie », Courrier hebdomadaire du Crisp, n°1919-1920, Bruxelles.
  • Aghion Ph., G. Cette, E. Cohen et M. Lemoine, 2011, « Crise et croissance » Rapport du Conseil d’Analyse économique, 9 septembre.
  • Bayenet B. et Capron H., 2007, « Les pôles de compétitivité : effet de mode ou nouveau paradigme de politique industrielle ? », Nos Régions en Europe : voies d’impasse, voies d’avenir. Quel développement pour la Wallonie et Bruxelles ?, 17e Congrès des Économistes belges de langue française, CIFoP.
  • Bayenet B. et Capron H., 2010, « Les pôles de compétitivité : un nouvel outil de politique industrielle en Région wallonne », in P.-A. Lapointe, J. Pelletier et Fr. Vaudreuil (Éds), Regards croisés sur les mutations du travail, Université de Laval, Québec.
  • Bayenet B. et De Bruycker P., 2006a, « Belgium: an unique evolving federalism », R. M. Bird et R. D. Ebel, Fiscal Fragmentation in Decentralized Countries: Subsidiarity, Solidarity and Asymmetry, Edward Elgar Press, UK.
  • En ligneBayenet B. et M. Wunderle, 2009, « Les pôles de compétitivité », Courrier hebdomadaire du Crisp, n° 2030, Bruxelles.
  • Bayenet B. et Vandendorpe L., 2006b, Un plan de développement économique pour la Wallonie : « le plan Marshall », in B. Hanin et J.-P. Lemaitre, Le plan d’actions prioritaires de la Région wallonne. Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain.
  • Bayenet B., Capron H. et Liégeois P. (Éds), 2007, L’Espace Wallonie-Bruxelles, Voyage au bout de la Belgique, Bruxelles, De Boeck, coll. Économie, Société, Région.
  • Bayenet B., Feron M., Gilbert V. et Thys-Clément F., 2000, Le fédéralisme budgétaire : mode d’emploi, Bruxelles, Éditions de Bruxelles.
  • Blanc C., 2004, Pour un écosystème de la croissance, Rapport au Premier Ministre, Assemblée Nationale.
  • En ligneCapron H. et P.-J. Baillot, 2011, « Regional competitiveness clusters in Rhône-Alpes and Wallonia », in Leclerc Y., T. Yoshimoto et T. Fujimoto (Eds.), The Dynamics of Regional Innovation Policy Challenges in Europe and Japan, World Scientific Publishing, New Jersey.
  • Capron H., 2005, Les pôles de compétitivité wallons, du concept à son activation, Présentation à CréalWal, Oser entreprendre, 15-16 novembre.
  • Capron H., 2006, Les pôles de compétitivité wallons, Rapport à la Région wallonne.
  • Capron H., 2011a, « The European Innovation Policy and Competitiveness Clusters », in Leclerc Y., T. Yoshimoto et T. Fujimoto (Eds.), op. cit..
  • En ligneCapron H., 2011b, « Esquisse du positionnement européen des pôles de compétitivité belges », Reflets et perspectives de la vie économique, n° 3.
  • Capron H., Depelchin M., Maghe V. et Schoon A., 2010, Conditions de faisabilité du 6e pôle de compétitivité su les technologies environnementales », DULBEA-CERT, Rapport à la Région wallonne, mai.
  • Capron H., Hennart F. et Greunz L., 1999, Programmation de la période de phasing-out de l’Objectif 1, Rapport à la Région wallonne.
  • Cohen E. et J.-H. Lorenzi, 2000, Politiques industrielles pour l’Europe, Paris, La Documentation française.
  • Commission européenne, 2011, Politique industrielle : renforcer la compétitivité, Communication de la Commission au Parlement européen, au conseil et au comité économique et social européen et au comité des régions, COM (2011), 642, 14 octobre.
  • Cushman & Wakefield Healey & Bake, 2004, European Distribution Report, London.
  • Datar, 2004, La France, puissance industrielle : une nouvelle politique industrielle par les territoires, Paris, La Documentation française.
  • Jacquet N. et Darmon D., 2005, Les pôles de compétitivité, Paris, La Documentation française.
  • Ketels C., 2003, The Development of the cluster concept – present experience and further developments, NRW Conference on clusters, Duisburg, Germany, 5 December.
  • Ketels C., 2004, European clusters, in Structural Change in Europe 3 -Innovative City and Business Regions, Hagbarth Publications, Bollschweil.
  • Merit, 2000, Cadre conceptuel et opérationnel pour une politique de Clusters en Wallonie, Rapport à la Région wallonne.
  • Merit, 2004, Evaluation des expériences de clustering en Wallonie, Rapport à la Région wallonne.
  • Oecd, 2007, Competitive Regional Clusters, National Policy Approaches, OECD Review of Regional Innovation, Paris.
  • Porter M., 1990, The Competitive Advantage of Nations, London, Macmillan.
  • Rapport Beffa au Président de la République, 2005, Pour une nouvelle politique industrielle, Paris, La Documentation française.
Benoît Bayenet
Henri Capron [*]
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 11/04/2012
https://doi.org/10.3917/rpve.511.0077
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour De Boeck Supérieur © De Boeck Supérieur. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...