CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 De nombreux travaux historiques et sociologiques attestent de la relation durable entre l’univers sportif et la « masculinité » [1]. Présenté comme un « fief de la virilité »[2], le monde sportif apparaît en effet comme un lieu privilégié de construction d’une « masculinité hégémonique », fondée sur l’exaltation de la puissance physique et de la compétition, et sur le dénigrement du féminin et des homosexuels [3]. Les enquêtes récentes sur les pratiques sportives soulignent le rôle toujours prégnant des pratiques sportives dans la construction du genre (entendue ici comme la formation de dispositions sociales sexuées), et ce, dès le plus jeune âge. Malgré la féminisation d’un certain nombre de disciplines sportives, les garçons restent les plus sportivement impliqués [4] et si les filles sont incitées à s’investir dans les sports dits masculins, la participation des garçons à des pratiques assimilées au féminin reste toujours peu valorisée, voire stigmatisée [5]. Nous nous proposons d’analyser le cas de garçons, minoritaires [6], qui ne sont pas engagés dans une activité sportive compétitive. Ce parti-pris permet d’explorer des comportements qui, à quelques exceptions près [7], ont peu suscité l’attention des sociologues. On interroge en particulier la contribution de la socialisation familiale à cette production, le rôle de la famille comme « berceau conservateur des identités de genre » étant attesté par de nombreux travaux [8].

2 Le matériau mobilisé est issu d’une enquête réalisée entre 2010 et 2012 [9] par entretiens auprès de vingt-six enfants (treize garçons et treize filles) et de leurs parents [10], dont le but était d’objectiver les rapports au corps des enfants et leur dimension sexuée. Le protocole associe un entretien avec l’enfant au cours de son année de CM2, si possible répété un an après, et deux entretiens avec les parents au cours de la même année, complétés par un autre pendant l’année de 6e, quand cela a été possible. Ici, on s’intéresse à une partie des garçons rencontrés au cours de cette enquête (cinq d’entre eux), ceux qui manifestent de la façon la plus nette une absence de dispositions à la compétition sportive. Cette orientation a pour conséquence d’appuyer principalement les analyses sur un nombre réduit de cas. Toutefois, sans prétendre à la représentativité, l’analyse est consolidée par la richesse des données se rapportant à chacun des cas (grâce à la multiplication des entretiens au sein des familles) que nous avons pu articuler avec l’étude des logiques sociales qui sont sans cesse en œuvre.

3 Dans un premier temps, nous décrirons les rapports à la compétition sportive de ces enfants, en les situant dans l’ensemble de leurs pratiques de loisirs et dans leurs réseaux relationnels. Apparaîtront ainsi, derrière une distance commune à ce type d’investissement, des rapports socialement différenciés à la compétition, présentés dans une deuxième partie. Si les études statistiques montrent que la non-sportivité et la non-compétitivité tendent à croître à mesure que l’on descend dans la hiérarchie sociale [11], il importe en effet de saisir les logiques différentes qui fondent un comportement que la mesure quantitative tend à homogénéiser. L’article analyse dans un dernier temps la genèse de cette distance, en interrogeant le rôle de l’héritage sportif familial et des conditions de sa transmission.

? Distance à la compétition, investissements artistiques et groupes de pairs

4 Les récits enfantins et parentaux révèlent que la faible appétence pour la compétition sportive de ces garçons est solidaire d’autres traits distinctifs. Ce faible goût pour les usages compétitifs du corps va de pair avec des investissements qui tendent à les singulariser en matière de loisir et de sociabilité.

? Distance à la pratique sportive compétitive et à l’usage de la violence physique

5 Chez tous les enquêtés étudiés ici, l’engagement dans les activités sportives encadrées est faible ou très faible. Ils ont un parcours sportif marqué par des abandons à répétition, et trois sur cinq ne pratiquent plus aucun sport en CM2. Mathurin, par exemple, a abandonné le football après quelques semaines, puis il s’est essayé au judo et à la natation durant deux ans avant d’arrêter par manque d’intérêt et de goût. De même, Arnaud a essayé le basket, les rollers, et la gymnastique, mais il a abandonné successivement toutes ces activités pour finalement débuter la natation en CM2. Les entretiens avec ces garçons font apparaître un désajustement récurrent de leurs dispositions par rapport aux exigences de la pratique institutionnalisée et compétitive. Tous rejettent l’évaluation comparative de leurs compétences physiques, soit par crainte de cette évaluation, soit par indifférence à son égard. Tous témoignent d’un faible goût pour l’effort physique, pour l’usage de la violence physique et/ou une distance hédoniste au perfectionnement physique. Arnaud [12], par exemple, n’aime pas les sports engageant une confrontation physique (« Le rugby j’ai pas trop accroché. [...]. [Le judo] c’est un peu violent. J’aime pas trop la violence »). Cette distance critique à l’usage de la violence physique distingue fortement ces enquêtés du modèle de masculinité hégémonique repéré par Robert Connell [13]. De plus, Arnaud, comme ses camarades, n’aime pas non plus le sérieux de l’apprentissage sportif et l’intensité de l’effort physique. Dans sa pratique de la natation, c’est avant tout la dimension ludique et conviviale qu’il apprécie. En EPS, il déteste en particulier le cross organisé à son école, exercice qui exige une dépense énergétique importante, et qui fait l’objet d’une évaluation comparative dans laquelle il se sent peu performant. De façon plus générale, l’ensemble de son répertoire d’activités est marqué par une distance à la compétition sportive. Comme les autres garçons « non-sportifs », il suit peu ou pas l’actualité sportive à la télévision, et son comportement ne porte pas la trace d’identification à des champions sportifs (par l’affichage de posters dans sa chambre par exemple). Comme eux également, il investit l’essentiel de son temps libre dans des activités artistiques et manuelles qui n’exigent pas un usage énergétique du corps.

? Investissements culturels et groupes de pairs

6 Pendant l’année de CM2, ces garçons sont en effet tous engagés dans une activité artistique encadrée, qu’il s’agisse de musique (Mathurin, Raphaël), de théâtre (Arnaud), de cirque (Tom) ou d’arts plastiques (Mathurin, Samuel, Tom). Comme dans le cas des danseurs précédemment étudiés [14], la densité et la diversité de leurs expériences en la matière tranche avec leur faible engagement sportif. Tous pratiquent ces activités depuis plusieurs années et affirment un goût prononcé à leur égard, n’hésitant pas à montrer avec fierté leurs productions artistiques (peinture, poterie, etc.) aux enquêteurs. À la défense d’un honneur dans la lutte physique, ces garçons préfèrent ainsi la valorisation expressive de soi. Cette implication dans les activités artistiques est d’autant plus frappante que ces activités occupent une place nettement moins importante que le sport dans les loisirs enfantins, en particulier chez les garçons [15].

7 La distance de ces garçons à la compétition sportive se traduit aussi dans leur réseau de relations amicales, confirmant l’importance des groupes de pairs dans la construction du genre [16]. Leur réseau de relations est souvent mixte, et si leurs fréquentations informelles (dans la cour de récréation, sur leur temps libre) restent à dominante masculine, ils entretiennent tous une certaine distance à l’égard des groupes de garçons engagés dans les activités physiques les plus typiquement masculines, qui font primer dépense d’énergie et occupation extensive de l’espace. En récréation comme en dehors de l’école, ils fréquentent peu, voire pas, ces garçons-là. Chez ces enquêtés, cette distance aux garçons les plus investis dans les jeux sportifs « masculins » reste souvent ambivalente, alternant entre évitement et participation a minima, comme si la mise en retrait totale était difficile. Ces garçons participent ainsi parfois à ces activités physiques « masculines », en y occupant une place marginale, comme le montre bien le récit d’Arnaud :

8

– « Arnaud : Avec mes meilleurs amis, on joue à des jeux d’action, des jeux imaginaires la plupart du temps. [...]
– Enquêtrice : Ça t’arrive de jouer au foot ?
– Quand je m’ennuie oui j’y vais.
– Tu y vas quand tu t’ennuies ?
– Non ça dépend des fois. J’y vais quand ils me proposent aussi. Quand ils me proposent d’y aller je viens.
– Et donc quand vous jouez au foot, la plupart du temps c’est des garçons ou il y a aussi des filles ?
– On joue... Après les filles elles viennent : “Mais on peut s’incruster” (ton qui mime une voix de fille, de manière méprisante). C’est énervant à force.
– C’est énervant pourquoi ?
– Parce qu’elles font n’importe quoi. »

9 Ce récit montre la force de l’intériorisation des divisions sexuées par Arnaud, et comment sa délégitimation des filles dans la pratique du football lui permet, malgré sa position dominée dans le groupe de garçons, d’affirmer son appartenance à ce groupe. Ainsi, même chez des garçons qui affirment nettement leur désamour pour le football, le retrait n’est pas absolu. Samuel [17], qui n’hésite pas à dire qu’il « déteste » le foot et exprime volontiers des jugements critiques sur les garçons qui y jouent, n’est pas totalement insensible aux verdicts exprimés par eux. S’il ne participe quasiment jamais à ce jeu, c’est aussi par crainte de ces verdicts, et il sollicite parfois son frère aîné pour tenter de combler son manque de savoir-faire footballistique (« simplement pour pas passer pour un nul »). L’expérience de Samuel, comme celle d’Arnaud, témoigne bien de ce point de vue de la force des injonctions sociales relatives à la construction du masculin et du rôle des compétences sportives dans ce processus.

? La distance à la compétition sportive et ses déclinaisons sociales

10 Ces garçons ont en commun un certain type d’investissements dans les activités de loisir et les relations de sociabilité. Toutefois, l’analyse permet de mettre en lumière des variations entre des formes socialement situées de distance au sport. Leur inappétence sportive n’est, en effet, pas homogène.

? Une distance à la compétition sportive perçue comme « déviante »

11 Du fait de la fréquence de la pratique sportive chez les garçons de cette classe d’âge, les parents des enquêtés évoquent souvent spontanément l’absence d’inscription de leur fils dans ce type d’activité, cette absence étant perçue par eux comme une singularité. Leurs propos ne sont toutefois pas identiques, car ils dépendent de manières de concevoir le sport et de rapports aux normes de genre qui sont socialement situées.

12 Certains parents regrettent ouvertement l’absence d’engagement sportif de leur fils, qu’ils perçoivent comme une déviance du point de vue des assignations de genre. Ils expriment un sentiment d’évidence quant à la relation entre masculinité et participation à ce type d’activités. Le père de Mathurin [18], par exemple, vit l’abandon précoce du football de son fils comme un échec par rapport à ce qu’il considère comme une « tradition familiale » puisque tous les garçons de la famille l’ont pratiqué (lui-même ainsi que ses deux fils aînés). Les regrets paternels sont associés à une définition traditionnelle et virile de cette pratique sportive. Si, dans son récit, le peu d’engagement sportif des filles est normalisé, le faible goût sportif de Mathurin déroge aux attentes relatives aux garçons : « Ah oui, mes garçons étaient très sportifs, ils ont toujours pratiqué, du plus jeune âge à assez tardivement. Margot... Non. Pratiquement pas. Pauline un petit peu plus quand même. En plus, elle avait des capacités, mais ça la branchait quand même pas trop. »[19] Dans la famille de Raphaël [20], le sport joue également son rôle traditionnel de « fief de la virilité ». Alors que la mère n’a jamais fait de sport en club, le père est très sportif (il a fait du rugby, de l’athlétisme, du judo et du tennis), le frère cadet de Raphaël fait du tennis, et les hommes de la branche maternelle (le grand-père et les oncles) sont nombreux à avoir pratiqué le football. L’absence d’engagement sportif de Raphaël contredit ainsi les attentes de sa mère, qui aimerait « vraiment » qu’il fasse un sport collectif comme « du foot ou du rugby ».

13 Dans certains cas, les parents regrettent non seulement que leur fils s’engage peu dans une pratique perçue comme masculine et masculinisante, mais aussi qu’il s’investisse – à l’inverse – dans des activités définies comme féminines. La mère de Raphaël, par exemple, envisagerait difficilement que son fils fasse de la danse, et au moment de l’enquête, elle s’inquiète du fait qu’il passe beaucoup de temps en compagnie des filles : « Raphaël, des fois je (lui) dis : “Joue un petit peu avec des garçons”. »

14 L’expression de ces regrets n’est pas sans effets sur la manière dont les garçons vivent eux-mêmes leur atypie. Mathurin, par exemple, est tout à fait conscient de déroger à une « tradition familiale » et s’efforce de justifier son absence d’entrain sportif par différents moyens. Il explique l’abandon du football par son jeune âge (« j’étais trop petit »), celui du judo par son manque de temps (« ça me prenait tout le mercredi »), et celui de la natation par le fait qu’il avait suffisamment appris à nager. Par ailleurs, son récit est émaillé de souhaits (il évoque tour à tour son désir de faire de la boxe, du handball et du rugby) qui semblent relativement irréalistes au regard de son engagement sportif réel. Or, plutôt que de ne voir dans ces contradictions qu’une propriété d’un discours enfantin, on peut faire l’hypothèse qu’elles traduisent les tensions vécues par Mathurin entre ses dispositions et les modèles de comportements masculins qui dominent dans son entourage familial.

15 Ces attentes parentales de conformité sexuée (qui, de manière générale, sont plus élevées à l’égard des garçons qu’à l’égard des filles [21]) s’inscrivent elles-mêmes dans des styles de vie structurés par une division traditionnelle des sexes. Cette dernière concerne, comme nous l’avons vu, les pratiques sportives parentales. Au-delà, c’est tout un ensemble d’activités (tâches domestiques, aide aux devoirs, loisirs avec les enfants) qui sont, dans ces familles, marquées par une division sexuée. Si cette forme de partage sexué du travail éducatif et domestique caractérise également de nombreuses familles où les garçons témoignent de goûts sportifs plus classiques, elle distingue néanmoins les parents qui regrettent l’absence d’investissement sportif de leur fils, de ceux qui soutiennent plutôt une position égalitariste.

? Une distance « cultivée » à la compétition

16 D’autres parents ne font pas état des mêmes regrets à l’égard des activités sportives de leur fils et ne vivent pas leur absence d’engagement compétitif comme problématique. Le rapport de ces parents aux activités de loisir de leur enfant est marqué par le primat qu’ils accordent aux pratiques artistiques et culturelles. Alors que les parents précédents n’encourageaient pas toujours les pratiques artistiques de leur fils, ceux-là accordent au contraire une place centrale à ces activités. Les garçons de ces familles, Samuel et Tom, connaissent de multiples incitations à s’investir dans ce type d’activités et ils en ont, de fait, pratiqué ou été initiés à un grand nombre. Ce primat donné aux activités artistiques et culturelles s’accompagne, chez ces parents, de la valorisation de qualités opposées à l’esprit de compétition. Les parents de Samuel valorisent la « créativité » de leur fils, tandis que la mère de Tom souligne la « sensibilité » du sien. Ils font preuve, plus généralement, d’une grande distance à l’égard de la compétition sportive et du dépassement physique. Les parents de Samuel affirment leur « incompréhension » par rapport à des pratiques comme la course à pied (« Le concept même du jogging nous dépasse complètement ! »). Si le père de Samuel est inscrit dans un club d’escrime, il ne pratique pas ce sport en compétition : « L’escrime, je crois que j’ai jamais perçu ça comme un sport. Une activité mais pas un sport. » La mère de Tom [22] se montre elle aussi réticente à l’égard de la compétition sportive. Si elle accorde plus d’importance aux activités physiques que les parents de Samuel, elle les envisage avant tout sous l’angle de leurs bénéfices psychologiques supposés, c’est-à-dire comme des moyens d’« oxygénation », d’« équilibre », de « développement psychomoteur » pour son fils. Elle apprécie ainsi que Tom ait abandonné la gymnastique pour le cirque, car elle n’appréciait guère qu’il entre dans une logique compétitive. Elle insiste, a contrario, sur la valeur d’une pratique fondée sur l’« écoute » et le « respect des autres ».

17 Cette distance à la compétition sportive s’ancre dans des styles de vie plus fréquents dans les catégories des classes moyennes ou supérieures dont les ressources sont largement culturelles. C’est directement visible dans le cas de la mère de Tom, intermittente du spectacle, qui vit son engagement professionnel comme un enrichissement personnel à faible rentabilité économique. Dans la famille de Samuel, au-delà de leurs positions professionnelles qui les rattachent davantage aux catégories dominantes des classes supérieures, les pratiques éducatives des parents doivent aussi être mises en relation avec leurs origines sociales : le père a des parents enseignants et la mère présente ses parents comme « de grands intellectuels »[23]. Les réactions de ces parents au désengagement compétitif de leur fils sont également révélatrices d’une moindre attention à la conformité sexuée des activités, tendance que l’on sait là aussi plus présente dans ces parties de l’espace social [24]. Chez eux, la désignation sexuée des activités pratiquées ne représente pas un frein à l’engagement et la conformité sexuée des groupes de pairs n’intervient jamais dans leurs propos comme faisant question. La mère de Tom a ainsi acheté une cuisinière et des poupées à son fils quand il était petit (« On n’était pas sur des points de repère garçons-fille comme ça »). Elle oblige en outre son fils à inviter au moins une fille lors de ses fêtes d’anniversaire.

18 Du fait de ces univers familiaux, Samuel et Tom ne vivent pas, ou moins, leur absence d’engagement compétitif comme problématique. Dans le cas de Samuel en particulier, cette distance est même, en partie, vécue positivement, car il peut y opposer d’importantes ressources culturelles et scolaires. Son rejet, même ambivalent, de certaines pratiques sportives masculines comme le football peut s’arrimer à une certaine assurance par rapport à ceux qui s’y adonnent. Ses critiques à l’égard des garçons les plus sportifs prennent ainsi la forme d’une mise en question de leur intelligence (« Gaëtan [le « deuxième joueur de foot de l’école »], parfois je me demande ce qu’il a dans le ciboulot »), notamment à travers des remarques sur leur faible niveau scolaire. Une forme de violence symbolique remplace ici l’usage de la violence physique. Sa distance à l’égard des garçons sportifs ne traduit cependant pas une indifférenciation sexuée de ses dispositions. Ce ne sont pas les comportements masculins en général qu’il tient à distance, comme le montre son goût dans la cour de récréation pour des jeux d’imagination qui, s’ils n’exigent pas un usage dépensier du corps, renvoient à un univers enfantin nettement masculin, fait de héros virils et de combats guerriers. C’est donc une certaine forme de masculinité, basée sur l’usage de la force physique qu’il tient à distance. Comme le suggèrent certains travaux critiques à l’égard du concept de masculinité hégémonique, cette dernière peut prendre de multiples visages en fonction des caractéristiques sociales des acteurs [25].

19 Si cette première partie a permis de décrire l’inappétence de ces garçons pour la compétition sportive et de tracer une piste explicative pour les cas des familles qui témoignent d’une distance « cultivée » à ce type d’engagement, elle ne permet pas de comprendre cette absence de goût dans le cas des familles où celle-ci est vécue comme problématique. Afin de comprendre pourquoi des injonctions ou des modèles parentaux n’ont pas été « efficaces » dans la production d’un goût pour une pratique typiquement masculine, il s’agit, à présent, d’examiner les modalités de transmission d’un héritage sportif familial.

? Les aléas de la transmission d’un héritage sportif

20 En matière de pratiques de loisir des enfants et des adolescents, les enquêtes statistiques sur les loisirs enfantins soulignent toutes le rôle de l’héritage familial, notamment dans le domaine sportif. Pour les garçons, c’est l’héritage sportif paternel qui constitue la variable la plus puissante. Le sport se singularise parmi les pratiques de loisirs comme l’un des rares domaines dans lequel les pères prennent l’ascendant sur les mères, surtout en ce qui concerne l’initiation des garçons [26].

? L’ambivalence de l’héritage sportif paternel

21 Dans le cas de nos enquêtés, les pères ont tous eu, par le passé, une activité sportive encadrée et compétitive. Ils se différencient nettement des mères qui n’ont jamais eu ce type d’activité (Tom, Raphaël, Arnaud) ou seulement durant l’enfance et en manifestant une absence de goût pour la compétition (Mathurin, Samuel). Cette différenciation sexuée ne singularise pas les familles des enquêtés qui n’ont pas constitué de goût pour la compétition des autres familles enquêtées. En revanche, un seul de ces pères, celui de Raphaël, se distingue par l’intensité et la durabilité de son engagement sportif et compétitif et matérialise ainsi aux yeux de son fils son intérêt pour ce type d’activité. A contrario, les autres ne s’investissent plus que sous une forme non-compétitive (l’escrime pour le père de Samuel) ou informelle. Si les pères de Mathurin et d’Arnaud ont pratiqué un sport compétitif typiquement masculin (le football), ils ont cessé au moment de l’enquête toute activité sportive formelle. Si Mathurin est le seul garçon de sa famille à ne pas faire de football, ce n’est pas sans lien avec le fait qu’il est le premier qui grandit après l’arrêt de la pratique de son père. Alors que pour ses aînés la socialisation sportive a largement fonctionné par imprégnation et imitation, en accompagnant leur père, l’enfance de Mathurin correspond à une phase de retrait paternel du sport, qui n’a pas été compensée par un volontarisme éducatif en la matière.

22 Les parents d’Arnaud l’incitent davantage à avoir une activité sportive, mais leurs appels ont une faible efficacité, notamment parce que les pratiques parentales, en particulier paternelles, les contredisent. Les activités sportives encadrées et compétitives ne trouvent plus leur place dans le style de vie familial. Le père d’Arnaud ne pratique pas d’activités physiques régulières et préfère les activités de « détente » pratiquées de manière informelle et en famille. Sa mère est elle uniquement engagée dans des activités d’entretien. Arnaud n’est donc pas régulièrement confronté à une implication de nature compétitive. De plus, même le passé sportif et compétitif de son père révèle des dispositions compétitives relativement fragiles. Son enfance a été marquée par une distance à la compétition sportive proche de celle d’Arnaud, et s’il a pris goût à l’effort sportif durant sa jeunesse (suite à son service militaire), il a désormais abandonné toute activité de ce type, comme si ses dispositions sportives, forgées tardivement, étaient fragiles. De ce fait, la compétition sportive est relativement absente de la « version » masculine du monde social [27] à laquelle Arnaud est confronté. Les jeux d’identification et de transmission entre le père et le fils existent bien, mais ils ont d’autres supports. Arnaud partage avec son père un goût pour les activités manuelles (le bricolage, le modélisme) et certains goûts culturels (des goûts télévisés, notamment). La distance à la compétition d’Arnaud s’explique donc aussi par la présence d’un héritage paternel concurrent, comme l’illustre son souhait de faire du saxophone selon une logique d’imitation (« Mon père il en a un et il m’en a déjà joué et c’est bien »).

23 L’héritage sportif familial, et en particulier l’héritage paternel, explique en partie la faible appétence des garçons enquêtés pour l’investissement compétitif. Les pratiques paternelles et les rapports à ces pratiques montrent régulièrement la faiblesse ou l’ambivalence de leurs dispositions à l’égard de la compétition sportive. Dans ce contexte, les pères peuvent transmettre, parfois à leur corps défendant, un héritage pour le moins ambivalent.

? Brouillage dans la transmission sexuée et économie des relations familiales

24 De nombreux travaux soulignent, en matière de pratiques culturelles, les risques d’une lecture mécanique de la transmission parentale. Ils rappellent que les termes de « transmission », d’« héritage » et de « capital » sont des métaphores et que, contrairement à ce qui se passe pour le patrimoine économique, l’héritage culturel suppose l’existence de pratiques partagées entre parents et enfants et un « travail » d’appropriation de l’héritier [28]. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire d’associer à une étude de la « nature » de l’héritage, la prise en compte des conditions de sa transmission et de la manière dont celles-ci peuvent « brouiller » cette transmission [29].

25 Tous ces garçons grandissent dans des fratries masculines. Ils sont fils unique (Tom, Arnaud, Mathurin [30]) ou membre d’une fratrie unisexuée (Samuel, Raphaël). Or, il semble que l’absence de filles dans les familles étudiées vienne « brouiller » la transmission entre ces garçons et leur père. On retrouve ici un phénomène proche de celui observé chez des femmes engagées dans des activités masculines, décrites comme des « garçons manqués » du fait de leur appartenance à des fratries féminines et de l’investissement de leur père à leur égard [31]. Ce parallèle doit cependant être nuancé dans la mesure où on ne se situe pas ici à un même degré de socialisation sexuée inversée. Les garçons concernés ne sont d’ailleurs jamais catégorisés comme des « filles manquées ». Plusieurs éléments viennent toutefois accréditer l’hypothèse d’un phénomène approchant, c’est-à-dire du rôle tenu par l’économie des relations familiales.

26 Dans les familles composées d’une fratrie masculine, les loisirs et goûts différencient les frères, aussi bien au niveau des pratiques que des catégorisations parentales. Raphaël, par exemple, dont l’absence d’engagement compétitif est surprenant au regard de l’intensité et de l’ancienneté des pratiques de son père en la matière, se différencie nettement de son cadet (Baptiste, 7 ans). Celui-ci pratique deux sports compétitifs en club (le tennis et le football), il apprécie « beaucoup » cette dimension de la pratique et il partage avec son père le goût pour le spectacle sportif (contrairement à son frère, il a des posters de sportifs dans sa chambre). Baptiste a, par ailleurs, un réseau de pairs plus masculin. Raphaël est pour sa part plus investi que son frère dans des pratiques culturelles (il apprécie la lecture, il apprend la guitare) : « Le plus grand, dit leur mère, aurait un peu de sensibilité sur l’art [...] il apprécierait plus un tableau. » Or, ces pratiques culturelles sont davantage du registre maternel au sein de cette famille. Raphaël partage ainsi avec sa mère son goût de la lecture et certains de ses goûts musicaux. Dans ces familles, il semble que les fils s’approprient chacun de manière privilégiée les dispositions de l’un de leurs parents. Raphaël, comme Samuel, semble être amené à être « le » fils de sa mère, c’est-à-dire à être le porteur privilégié d’une partie de l’héritage maternel.

27 Cette relation s’observe également, sous une forme différente, dans des familles à enfant unique (Tom, Arnaud). Dans ces cas, il apparaît que l’absence de goût pour la compétition sportive a été favorisée par une position qui tend à faire de ces garçons les uniques « réceptacles » de l’investissement éducatif maternel. Fils unique d’un couple appartenant par ascension aux classes moyennes, l’inappétence compétitive d’Arnaud peut ainsi se comprendre par l’absence de pratiques sportives paternelles, mais aussi par le fait qu’il se trouve au centre d’une forte attention éducative maternelle que vient renforcer son statut de fils unique. Son engagement privilégié dans des activités artistiques et culturelles (en particulier le théâtre et la lecture) fait, en effet, écho au goût de sa mère pour ce type de pratiques, et trouve un support dans des échanges et des incitations portés principalement par elle. Ces incitations participent d’une « bonne volonté culturelle » [32] et éducative, dont attestent de nombreuses autres pratiques maternelles. La mère d’Arnaud contrôle ses activités jugées contraires à la réussite scolaire (usages de la télévision, d’Internet, des jeux vidéo, limitation forte des sorties avec les pairs), et elle l’encourage à l’inverse à s’investir dans des pratiques jugées scolairement et culturellement rentables (visite de musées et de monuments, écoute de musique classique). C’est ainsi par exemple qu’elle voit d’un bon œil son activité théâtrale, dont elle pense qu’elle l’aide à « s’affirmer » devant son enseignant. C’est donc à la lumière de l’horizon d’attentes, socialement situées, de sa mère que les préférences et inappétences d’Arnaud apparaissent.

28 Ainsi, l’analyse de la genèse des dispositions sportives des enquêtés gagne à articuler l’attention aux héritages sportifs avec celle apportée aux conditions de leur transmission. Non seulement, il importe d’être attentif à la fois à la « nature » de ces héritages sportifs, mais il est aussi nécessaire d’étudier la manière avec laquelle ces « héritages » s’actualisent dans des relations familiales.

? Conclusion

29 Le rapport atypique des garçons enquêtés aux pratiques sportives enfantines constitue un point d’entrée heuristique lorsque l’on s’interroge sur les mécanismes de socialisation familiale et la contribution de celle-ci à la formation de dispositions corporelles. Il existe, chez certains sociologues, la tentation de faire des écarts aux tendances statistiques le signe d’une « crise de la transmission »[33], souvent associée à l’évocation d’une montée de l’« individualisme » [34]. Il nous semble, a contrario, que la genèse de l’inappétence des garçons enquêtés pour la compétition sportive gagne à être regardée du point de vue de la socialisation familiale, pour peu que l’on adopte une conception complexifiée de ces mécanismes [35].

30 L’étude a ainsi pu montrer l’existence de formes socialement situées de distance à la compétition sportive et de distinguer, en particulier, une forme « cultivée » de distance, repérable dans des familles dont les ressources sont principalement culturelles. Par conséquent, si les enquêtés restent bien, malgré eux, soumis aux appréciations dépréciatives de leurs pairs (et parfois de leurs parents), ils ne disposent pas des mêmes ressources pour y faire face. Pour les garçons des familles à fort capital culturel, le coût de la distance aux normes de genre paraît ainsi moins élevé que pour les autres enquêtés. L’analyse révèle donc également les coûts relatifs à la domination masculine [36], que ces enquêtés refusent majoritairement (mais pas totalement) d’acquitter.

31 La formation de ces rapports au sport se comprend aussi à la lumière des héritages sportifs parentaux et de leurs modes de transmission. Non seulement ces héritages peuvent être ambivalents, mais leurs effets socialisateurs dépendent de leur activation au sein des relations familiales. Ainsi, l’analyse précise des modes de socialisation familiale met en évidence combien la transmission d’un héritage sportif paternel peut être « brouillée » du fait de la dynamique des relations familiales. Parallèlement, cette analyse à l’échelle de la configuration familiale permet alors de comprendre l’existence de rapports différenciés au sport chez les garçons d’une même fratrie.

Notes

  • [1]
    Jim Mc KAY, Suzanne LABERGE, « Sport et masculinités », CLIO. Histoire, femmes et sociétés, n° 23, pp. 239-267, 2006 ; Mickael MESSNER, Power at play. Sports and the problem of masculinity, Boston, Beacon Press, 1992.
  • [2]
    Norbert ELIAS, Eric DUNNING, La violence maîtrisée, Paris, Fayard, 1986.
  • [3]
    Robert W. CONNEL, Gender and power. Society, the person, and sexual politics, Stanford, Calif., États-Unis, Stanford University Press, 1987.
  • [4]
    COLLECTIF, Les adolescents et le sport, Paris, INSEP, 2005 ; Sylvie OCTOBRE, Olivier DONNAT, Les loisirs culturels des 6-14 ans, Paris, La Documentation française, 2004.
  • [5]
    Mickael MESSNER, « Gender ideologies, youth sports, and the production of soft essentialism », Sociology of Sport Journal, n° 28 (2), pp. 151-170, 2011.
  • [6]
    Par exemple, selon l’enquête réalisée par l’INSEP en 2001, à l’âge de douze-treize ans, 21 % des garçons ne font pas de sport en club et 10 % n’en ont jamais fait de leur vie (COLLECTIF, Les adolescents et le sport, op. cit.).
  • [7]
    Martine COURT, Corps de filles, corps de garçons. Une construction sociale, Paris, La Dispute, 2010.
  • [8]
    Christine MENNESSON, « Socialisation familiale et investissement des filles et des garçons dans les pratiques culturelles et sportives associatives », Réseaux, n° 168 (1), pp. 87-110, 2011 ; Christine GUIONNET, Erik NEVEU, Féminins-masculins : sociologie du genre, Paris, Armand Colin, 2009.
  • [9]
    Projet ANR « Prescription des normes, socialisation corporelle des enfants et construction du genre », édition 2009, dirigé par Gérard NEYRAND et Christine MENNESSON.
  • [10]
    Les entretiens ont été réalisés par Martine Court, Clémence Coconnier Delphine Joannin, Christine Mennesson, Émilie Salaméro et Emmanuelle Zolesio.
  • [11]
    Lara MULLER, « La pratique sportive des jeunes dépend avant tout de leur milieu socioculturel », Stat-Info, n° 03-07, 2003 ; Brice LEFÈVRE, Patrick THIERRY, « Les premiers résultats de l’enquête 2010 sur les pratiques physiques et sportives en France », Stat-Info, n° 10-01, 2010.
  • [12]
    Arnaud est le fils unique d’un artisan électricien (baccalauréat professionnel) et d’une secrétaire administrative (baccalauréat technique).
  • [13]
    Op. cit.
  • [14]
    Christine MENNESSON, « Modes de socialisation et processus d’identification sexuée des jeunes investis dans des pratiques physiques et sportives de l’autre sexe », in Henri ECKERT, Sylvia FAURE (dir.), Jeunes et Genre, Paris, La Dispute, pp. 63-76, 2007.
  • [15]
    Entre 6 et 14 ans, les garçons sont deux fois moins nombreux que les filles à pratiquer des activités artistiques amateurs : Sylvie OCTOBRE et al., L’enfance des loisirs, op. cit.
  • [16]
    Eleonor MACCOBY, « Le sexe, catégorie sociale », Actes de la recherche en Sciences Sociales, n° 83, pp. 16-26,1990.
  • [17]
    Le père de Samuel est cadre supérieur dans le privé, sa mère pédiatre à l’hôpital.
  • [18]
    Mathurin a 10 ans lors du premier entretien, en classe de CM2, il est fils du second mariage d’un infirmier libéral et d’une infirmière hospitalière (Bac + 3).
  • [19]
    Margot et Pauline sont les demi-sœurs de Mathurin.
  • [20]
    Le père de Raphaël est technicien dans une collectivité territoriale, sa mère est assistante maternelle.
  • [21]
    Christine MENNESSON, « Socialisation familiale et investissement des filles et des garçons dans les pratiques culturelles et sportives associatives », art. cit.
  • [22]
    La mère de Tom est intermittente du spectacle dans le cirque. Elle élève son fils seule.
  • [23]
    Son père est commerçant mais ses études et sa vocation intellectuelle, comme celle de sa femme, ont été brisées par une immigration forcée au cours de la Seconde Guerre mondiale.
  • [24]
    Christine MENNESSON, op. cit.
  • [25]
    Holly THORPE, « Bourdieu, Gender Reflexivity and Physical Culture. A Case of Masculinities in the Snowboarding Field, Journal of sport and Social Issues, vol. 34, n° 2, pp. 176-214, 2010.
  • [26]
    Christine MENNESSON, Ibid. ; Sylvie OCTOBRE, Olivier DONNAT, op. cit.
  • [27]
    Bernard LAHIRE, « Héritages sexués : incorporation des habitudes et des croyances », in Thierry BLOSS (dir.), La dialectique des rapports hommes/femmes, PUF, Paris, 2001.
  • [28]
    François de SINGLY, « Le travail de l’héritage », Revue européenne des sciences sociales, vol. 34, n° 103, pp. 61-80, 1996 ; Bernard LAHIRE, art. cit., p. 15.
  • [29]
    Gaële HENRI-PANABIÈRE, « Élèves en difficultés de parents fortement diplômés : une mise à l’épreuve empirique de la notion de transmission culturelle », Sociologie, n° 4, pp. 457-477, 2010.
  • [30]
    Mathurin est le benjamin d’une fratrie recomposée dont les frères et sœurs ne vivent plus au domicile parental, il est donc socialisé comme un enfant unique.
  • [31]
    Anne-Marie DAUNE-RICHARD, Catherine MARRY, « Autres histoires de transfuges ? Le cas des jeunes filles inscrites dans des formations “masculines” de BTS et de DUT industriels », Formation Emploi, n° 29, pp. 35-50, 1990 ; Christine MENNESSON, Être une femme dans le monde des hommes : socialisation sportive et construction du genre, Paris, L’Harmattan, 2005.
  • [32]
    Pierre BOURDIEU, La distinction, op. cit.
  • [33]
    Pascal DURET, « Autour des interprétations de la pratique sportive des jeunes », Agora débats/jeunesses, n° 33, p. 65, 2003.
  • [34]
    Pour une critique du « mythe de la montée l’individualisme », voir Bernard LAHIRE, Dans les plis singuliers du social, Paris, La Découverte, 2013.
  • [35]
    Sylvie OCTOBRE, Christine DÉTREZ, Pierre MERCKLÉ, « La diversification des formes de la transmission culturelle : quelques éléments de réflexion à partir d’une enquête longitudinale sur les pratiques culturelles des adolescents », Recherches familiales, n° 8, pp. 71-80, 2011.
  • [36]
    Delphine DULONG, Christine GUIONNET, Erik NEVEU, Boys Don’t Cry. Les coûts de la domination masculine, Rennes, PUR, 2012.
Français

Dans cet article, les auteurs analysent la construction du rapport au sport au sein de la famille et son rôle dans la construction du genre durant l’enfance. Plus précisément, ils étudient le cas, minoritaire, de garçons qui restent à distance de la compétition sportive. L’analyse permet de dégager les conditions familiales de cette distance, alors que le goût pour la compétition constitue un attribut central de la « masculinité hégémonique ». La démonstration se construit en trois temps : cette absence d’engagement sportif est solidaire d’investissements artistiques et de sociabilités mixtes, même si ces garçons restent soumis à des injonctions ambivalentes à cet égard ; ce rapport au sport s’inscrit dans des styles de vie situés en des lieux différents de l’espace social ; la genèse de cette distance au sport prend sens au regard de l’économie des relations au sein des familles.

Mis en ligne sur Cairn.info le 19/05/2014
https://doi.org/10.3917/rf.011.0085
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Union nationale des associations familiales © Union nationale des associations familiales. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...