CAIRN.INFO : Matières à réflexion

En France, les personnes réfugiées ont un taux d’emploi inférieur aux personnes natives, et les emplois qu’elles occupent correspondent rarement à leur ni veau de qualification. C’est pour remédier à cette situation de déclassement que le projet each One est né en 2015 porté par deux étudiants de l’ESCP. Face aux flux de réfugiés en Europe et au contexte d’urgence, ils ont souhaité agir pour « redonner vie aux projets professionnels des réfugiés ». L’organisation s’est progressivement développée et constitue désormais un acteur original de l’intégration professionnelle. Depuis sa création, each One a formé et accompagné vers l’emploi plus de 2 000 personnes réfugiées. Le programme principal de formation permet à près des trois quarts des réfugiés soit de reprendre des études, soit de trouver un emploi temporaire, voire durable. Les autres peuvent continuer à être accompagnés par l’organisation. Comment l’organisation fonctionne-t-elle et de quelle manière parvient-elle à ces résultats ? Quels sont les défis qui l’attendent dans la poursuite de sa mission ?
Nous présenterons d’abord le fonctionnement de l’organisation, puis nous détaillerons les principes qui fondent sa singularité.
L’organisation est constituée de deux entités : each One, une entreprise à impact placée sous le statut d’association d’intérêt général, et Wero, une entreprise à mission. Depuis le 1er janvier 2021, un nouveau each One rassemble les deux équipes et les moyens correspondants. Each One a conçu et anime le programme Tremplin qui consiste à coordonner et à superviser la formation de personnes réfugiées dans le cadre de programmes qui sont hébergés au sein des Grandes écoles partenaires…

Français

Un électricien chauffeur de taxi, une pharmacienne qui garde des enfants, un jeune qui rêve de journalisme et à qui l’on propose d’être manœuvre… Dans le pays d’accueil, les personnes réfugiées sont bien souvent amenées à en rabattre en matière d’emploi. Comment éviter cette nouvelle épreuve, ce gâchis de compétences tant pour les personnes concernées que pour la société d’accueil ? La conviction que ce gâchis n’est pas inéluctable anime la jeune organisation each One. Elle s’est développée pour former et accompagner, d’une part, les personnes réfugiées vers un emploi à la hauteur de leurs attentes et, d’autre part, les entreprises qui les recrutent. Comment s’y prend-elle ? Quels sont les défis qui restent à relever ?

English

Become employable or realize a plan? New organizations for integrating refugees

An electrician who drives a taxi, a pharmacist who babysits, a young person who dreams of journalism but is offered work as a laborer… Refugees are very often led to reduce their expectations about employment. How to avoid this predicament and waste of talent for both the concerned and the host society? The conviction that this situation can be avoided motivates the young organization each One, which seeks to provide training to refugees on par with their expectations, help them look for a job, and then follow up on them and the firms that recruit them. How to do this? What are the challenges?

Sylvie Chevrier
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Sylvie CHEVRIER a rejoint l’Université de Marne-la-Vallée après des études doctorales au Canada et quelques années d’expérience dans le conseil aux entreprises. Professeure des universités en sciences de gestion, elle a été directrice adjointe de l’Institut de recherche en gestion de 2013 à 2019 et vice-présidente de la commission de la recherche de l’Université entre 2016 et 2019. Elle est aujourd’hui coresponsable de formations de master en gestion des ressources humaines et de licence en management international à l’Université Gustave Eiffel. Elle est y également vice-présidente international adjointe.
Sylvie Chevrier a conduit pendant plus de vingt ans des recherches sur la dimension culturelle du management, du fonctionnement et de la transformation des organisations et s’est intéressée, en particulier, à la gestion des équipes internationales. Elle a publié des ouvrages de référence sur cette thématique : Cross-cultural management revisited, avec Ph. D’iribarne, A. Henry, J-P. Segal et G. Tréguer-Felten, (Oxford University Press, 2020) ; Le management interculturel (coll. « Que sais-je ? », PUF, 2019) ; Gérer des équipes internationales. Tirer parti de la rencontre des cultures dans les organisations (PUL, 2012) ; Le management des équipes interculturelles (PUF, 2000). Elle a notamment contribué aux ouvrages : Cultures et mondialisation (Seuil, 1998), Gérer en contexte interculturel (PUL, 2008) et Cross Cultural Management in practice : Culture and Negotiated Meanings (Edward Elgar Publishing, 2011). Ses travaux l’ont conduite sur des terrains de recherche en Europe (France, Belgique, Espagne, Suède, Suisse), Amérique (Canada), Afrique (Madagascar, Tchad, Sénégal) et Asie (Vietnam).
Elle poursuit depuis 2017 des recherches sur l’insertion professionnelle des migrants en collaboration avec un réseau de chercheurs internationaux.
Théo Scubla
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Théo SCUBLA est entrepreneur dans l’âme. Il co-fonde sa première entreprise à impact, each One, en 2015, alors qu’il a tout juste 20 ans. C’est après deux années de classes préparatoires à Louis Le Grand et une petite semaine à ESCP Europe que sa rencontre avec Omran et Rateb, deux réfugiés syriens, provoque chez lui un déclic : l’intégration des personnes réfugiées représente une opportunité de création de valeur considérable, pour tous.
Souhaitant se donner les moyens de relever méthodiquement chaque nouveau défi, Théo Scubla choisit rapidement de créer plusieurs entreprises sociales distinctes : aux côtés d’each One, il co-fonde WERO, une solution de recrutement s’adressant principalement aux grandes entreprises, et UpGreat, une solution de formation spécialisée sur les savoir être.
Les trois solutions permettent alors de redonner vie aux projets professionnels des personnes réfugiées et nouveaux arrivants en levant les barrières qui se dressent tout au long de leur parcours d’intégration et d’accompagner les entreprises dans le recrutement de talents aux vécus exceptionnels.
En cinq ans, il a réussi à mobiliser de prestigieux partenaires du secteur public et de nombreuses grandes entreprises et a fait de each One une référence dans l’intégration et la formation des personnes réfugiées. Si plus de 2 000 personnes ont déjà été accompagnées, son ambition est bien plus grande.
Dès 2021, il décide de rassembler toutes les énergies, moyens, équipes et expertises au sein d’un nouveau each One pour démultiplier l’impact de cette entreprise et déployer ses solutions à plus grande échelle. Son objectif est de permettre partout en Europe à des centaines de milliers de nouveaux arrivants d’exprimer leur potentiel et de renforcer dans le même élan les sociétés et entreprises européennes.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 30/04/2021
https://doi.org/10.3917/rindu1.212.0079
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