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Cliniques et théories du transgénérationnel

1Les fondements de la réalité psychique du sujet trouvent leur origine avant même sa naissance, dans les désirs et les fantasmes portés par ceux qui précèdent sa venue au monde et qui participent de sa construction mais aussi de ses failles. Les processus qui opèrent ainsi, de génération en génération, peuvent tout d’abord être distingués selon qu’ils appartiennent aux processus dits intergénérationnels ou transgénérationnels (Granjon, 1989). Les premiers désignent la transmission dite, parlée, élaborée entre générations ; les seconds concernent les problématiques psychiques insuffisamment élaborées, non symbolisées, qui se transmettent de manière « brute » d’une génération à une autre. Le transgénérationnel met ainsi en évidence une rupture fondamentale du processus de symbolisation, dont l’origine se situe en deça de la symbolisation primaire, dans un « déjà-là » qui enveloppe et structure le sujet à son origine. La capacité qu’aura le clinicien à repérer ces processus sera essentielle pour accompagner le patient à s’approprier cette part de lui-même. Il convient alors d’être sensible au non-dit, au non-inscrit du transgénérationnel.

2Ces processus prennent parfois des formes mortifères, comme l’ont notamment montré Nicolas Abraham et Maria Torock (1978). Suite à un deuil inavouable, consécutif de la perte d’un objet jouant le rôle d’idéal du moi, le sujet met en œuvre une incorporation de cet objet conduisant à la création d’une « crypte », d’un « caveau secret ». A l’origine de cette incorporation se trouve habituellement un secret honteux en lien avec l’objet. Le sujet garde alors ce secret et la honte qui lui est liée, donnant lieu à une identification occulte et imaginaire. La formation de cette crypte a par la suite des conséquences sur les générations ultérieures et conduit parfois à la naissance d’un « fantôme », fruit de la transmission d’une « crypte » : « un dire enterré d’un parent devient chez l’enfant un mort sans sépulture » (Abraham et Torok, 1978, p. 297). Le fantôme est plus précisément « le travail dans l’inconscient du secret inavouable d’un autre (inceste, crime, bâtardise, etc.) » (ibid., p. 391) : « […] ce ne sont pas les trépassés qui viennent nous hanter, mais les lacunes laissées en nous par les secrets des autres […]. Le fantôme des croyances populaires ne fait donc qu’objectiver une métaphore qui travaille dans l’inconscient : l’enterrement dans l’objet d’un fait inavouable. » (ibid., p. 429).

3Les processus transgénérationnels peuvent alors prendre des formes variées, donnant naissance à une multitude de symptômes : comportements étranges et inhabituels, troubles psychosomatiques, hallucinations, coïncidences étonnantes, etc. Le sujet confronté à ces logiques tente de développer sa capacité à « lier » psychiquement les traces héritées des générations passées de l’« objet transgénérationnel » (Eiguer et André-Fustier, 2013 ; Eiguer, 2011) dont il se retrouve à son insu le destinataire. Il devra composer avec ces « fantômes » qui l’entourent (Fraiberg, 1991), ces « visiteurs qui surgissent du passé oublié des parents » et qui « ne sont pas invités au baptême » (p. 57). Il aura à tenir compte de ceux qu’Alain de Mijolla (1981) décrit comme des « visiteurs du moi » conduisant à des identifications refoulées qui ressurgissent sous forme de comportements et de symptômes étrangers au sujet.

4Les recherches sur les logiques groupales et intersubjectives ont permis d’affiner l’intelligibilité de ces processus transgénérationnels et de mieux saisir leur importance dans la construction du psychisme. René Kaës (2009) a ainsi insisté sur la manière dont les fondements de la réalité psychique impliquent des « alliances inconscientes » qui nécessitent, comme tout lien, la mise en œuvre du refoulement, du déni et du rejet, donnant naissance à des « pactes dénégatifs » dont les figures pathogènes sont liées aux processus transgénérationnels (Kaës, 1989). Jean Guyotat a pour sa part exploré dans le détail cette thématique avec le concept de « filiation narcissique » (2005) pour penser la transmission des traumatismes, de manière à ce que « des choses qui ont eu lieu dans les générations antérieures, notamment la génération précédente, traversent le psychisme du sujet sans être, en quelque sorte, assimilées » (p. 21).

5Il arrive également que les traumatismes du passé, et leur difficile transmission, soient liés à des événements historiques qui transcendent la dynamique familiale. Yolanda Gampel (2004) décrit ainsi des « identifications radioactives » au sein des familles de survivants de la Shoa. Il s’agit d’« identifications muettes » dont il conviendra d’aider le sujet à se « désidentifier » et à élaborer les « résidus ». Tout comme la radioactivité, ces éléments transgénérationnels sont invisibles ; ils pénètrent l’appareil psychique et ont des conséquences sur les générations ultérieures, en particulier sur le plan somatique. Ces problématiques traumatiques se doublent parfois d’une perspective ethnopsychiatrique, dont, par exemple, le génocide cambodgien donne une tragique illustration (Giraud, 2010). Il se produit alors, chez les générations ultérieures, des « désordres idiosyncrasiques » provenant de la difficulté à élaborer le traumatisme catalysé par l’acculturation du sujet. Des parallèles avec la génétique et les neurosciences représentent également un point de vue original afin de mieux saisir les processus transgénérationnels. Les progrès récents dans le domaine de l’épigenèse – les mécanismes de modifications génétiques de l’ensemble d’une cellule ou d’un individu par des variations biochimiques de la chromatine et de l’ADN – ont mis en évidence l’influence des différentes générations sur ces formes d’expressions sur le plan génétique (Lambert, 2014). Il apparaît ainsi que des parties de l’épigénome influencées par les aspects traumatiques puissent être transmises de génération en génération.

6A partir de ces différents « vertex », brièvement évoqués, concernant la manière de concevoir les processus transgénérationnels, nous souhaiterions nous attarder sur leur influence et leur expression en clinique de l’enfant. Léon Kreisler et Bertrand Cramer (2004) ont souligné de ce point de vue les « interactions fantasmatiques » dans lesquelles le bébé se trouve pris d’emblée. Ces interactions s’organisent dans une rencontre qui croise fantasmes parentaux et dimension traumatique avec les modèles de représentation de l’enfant. Celui-ci doit alors composer avec le « mandat transgénérationnel » (Lebovici, 1998) qui lui incombe, et qui peut se trouver lié à un « télescopage des générations » (Faimberg, 1993), à savoir une « capture identificatoire » de l’enfant à partir de la vie psychique de ses parents. Il risque alors de se produire une « identification narcissique », résultat d’une intériorisation aliénante des figures parentales qui entrave l’autonomisation psychique de l’enfant, celui-ci étant trop occupé à penser l’histoire traumatique des parents. Albert Ciccone (1999) propose pour sa part d’aborder ces processus du point de vue des « fantasmes de transmission » à partir du concept d’identification projective. Il en résulte que l’enfant peut être « capté » par l’objet, ce qui donne lieu, selon Ciccone (ibid.), à une situation « d’empiétément imagoïque » dans laquelle l’enfant est identifié à une figure ancestrale. La souffrance transgénérationnelle traverse alors les générations et produit un défaut de symbolisation, conséquence de ce qui n’a pu être pensé et métabolisé psychiquement (Houzel, 2006 ; Veuillet-Combier, 2011).

7Nous souhaitons à présent proposer le récit d’une rencontre, dans le cadre d’un Centre Médico-Psychologique, illustrant « l’éclosion » et l’évolution de troubles du registre du transgénérationnel. Celle-ci nous est apparue particulièrement éclairante du point de vue de ces processus dans leur lien avec les pathologies du deuil. Nous verrons ainsi de quelle manière une mère prisonnière d’un deuil pathologique livre en héritage à son fils la mission de traiter le secret familial porteur de honte. Le récit et l’analyse du cas porteront en particulier l’attention sur l’évolution du suivi, les processus de symbolisation en jeu, et, plus globalement, la prise en charge psychothérapique des éléments transgénérationnels.

Madame D. et Nicolas [4] : le secret et le deuil en héritage

8Madame D. contacte le Centre Médico-Psychologique – par l’intermédiaire de sa sœur, qui sera l’instigatrice du premier appel – afin de demander un rendez-vous pour Nicolas, âgé de neuf ans, qui ferait un « blocage » en classe de CM1. Lorsque je reçois Madame D. et Nicolas pour un premier entretien (Thomas Rabeyron), celle-ci m’explique que son fils ne travaille plus à l’école depuis environ trois mois. Il semble « absent » et refuse de faire ses devoirs. Un suivi orthophonique n’a rien donné, les séances étant devenues progressivement entièrement « vides ». Nicolas est par ailleurs sur le point de redoubler son CM1.

9Quant à Madame D., il lui arrive, depuis quelque temps maintenant, de perdre connaissance plusieurs fois par semaine lorsqu’elle est trop « stressée ». C’est Nicolas qui se charge alors d’appeler les voisins à l’aide. Madame D. décrit aussi de fortes douleurs lombaires provenant d’une hernie discale. Le père de Nicolas, peu présent du fait d’un métier manuel très prenant, est quant à lui décrit par sa femme comme étant « mou » et peu investi dans l’éducation de son fils et de ses deux sœurs, âgées respectivement de 13 et 16 ans. Madame D. explique également durant ce premier entretien, en souriant, qu’elle est « très fusionnelle » avec son fils : « Avec Nicolas, on est pareils, on prend tout à cœur ! ». Elle regrette néanmoins que Nicolas « ne lui dise rien » − il parle effectivement très peu – et qu’il ait tendance à ne pas tenir en place. Tandis que Madame D. explique tout cela, Nicolas reste sagement assis à côté d’elle. Il me regarde, derrière ses lunettes, d’un air étrangement vide et absent. Il esquisse cependant parfois, en écho avec sa mère, quelques sourires discrets.

10Madame D. avoue également d’emblée « penser beaucoup au passé », et plus particulièrement à sa mère, décédée d’une cirrhose une quinzaine d’années auparavant. Ses malaises à répétition ont d’ailleurs commencé peu après la mort de cette dernière. Elle souligne qu’il lui est difficile de parler de ce passé dont elle a très peur. Elle redoute plus précisément le moment où elle aura l’âge de sa mère lorsque celle-ci est décédée, ce qui ne saurait tarder. Les anniversaires lui sont très pénibles pour cette même raison, au point qu’elle ne fut pas en mesure de marcher le jour de ses quarante ans. Elle décrit en outre une relation très conflictuelle avec sa propre mère, qui se serait peu occupée d’elle, lui laissant « tout gérer à la maison ». Elle éprouve beaucoup de colère à son égard, ce qui ne l’empêche pas d’avoir très peur de lui ressembler.

11Lorsque Nicolas est vu seul au cours de ce premier entretien, il reconnaît rencontrer quelques difficultés à l’école et plus précisément en français. Il évoque brièvement des activités de son âge, comme le fait de jouer aux jeux vidéo. Lorsqu’il lui est proposé de dessiner sa famille, il refuse. Il accepte, en revanche, de dessiner sa maison, qui semble vide et banale à l’image de son comportement et de son discours lors des premiers entretiens. Nicolas propose ensuite le jeu suivant : à partir de quelques animaux, il produit une petite histoire dans laquelle il imagine « des animaux de cirque qui attaquent les spectateurs ». Un monsieur souhaite alors s’occuper d’eux et les adopter – en particulier les plus dangereux, comme l’éléphant – avant de les faire travailler à nouveau. Mais un nouvel incident se produit rapidement et les animaux recommencent à s’en prendre violemment aux spectateurs.

12Lors du deuxième entretien, Madame D. explique avoir remarqué, à la suite de notre première rencontre, qu’elle et son fils « bougeaient beaucoup ». Elle a ressenti plus précisément une terrible colère à l’égard de sa mère, l’empêchant même de dormir (lorsqu’elle ne trouve pas le sommeil, elle se lève et fait le ménage de façon compulsive jusqu’au petit matin). Néanmoins, ses malaises ne se sont pas reproduits et son mal de dos est demeuré supportable au cours des derniers jours. Madame D. évoque alors, de nouveau, la relation passée avec sa mère. Elle explique qu’elle fut « jetée dehors » à 16 ans car « elle ne voulait pas être avec le bon garçon ». Elle fut également battue par son père et, ajoute-t-elle, sa mère buvait beaucoup. Son frère était le « chouchou » (elle a également trois sœurs) et elle n’était selon elle qu’une « Cendrillon », sa mère demeurant insensible à ses marques d’affection.

13Madame D. en revient à la situation de son fils et insiste sur l’idée que Nicolas « garde tout » et qu’il se livre peu. Elle craint qu’il ne la rejette et qu’il « s’énerve » à son égard autant qu’elle a pu l’être avec sa propre mère. Lorsque lui viennent des pensées de ce type à la maison, elle sent que « ça chauffe » et elle doit réprimer une grande colère qui pourrait la conduire à « cogner » sur les objets qui l’entourent. Elle « s’énerve » aussi parfois contre Nicolas qui « bouge tout le temps » et qui « fait son bébé ». Il ne range pas ses affaires et elle doit « tout faire pour lui ». Elle exprime également une très grande peur de la mort et craint que ses enfants ne soient pas en mesure de lui dire certaines choses avant qu’elle ne décède…

14Lorsque sa mère parle, Nicolas est aussi attentif que silencieux. Nous échangeons quelques mots, avec son accord, concernant son refus de dessiner sa famille et le dessin de la maison réalisé la fois précédente. Dans les échanges qui suivent, il précise à sa mère : « Je ne vais pas non plus dessiner ta mère et le cercueil ! ». Quand il est vu seul, Nicolas est toujours aussi peu prolixe. Il répond quasiment systématiquement : « Je ne sais pas » aux éventuelles questions qui lui sont posées et je lui propose alors différentes médiations. Pour autant, il paraît absent, ce qui engendre chez moi un sentiment d’étrangeté. Nicolas parvient néanmoins à expliquer qu’il « embête » sa maman parce qu’elle l’énerve et qu’il aimerait qu’elle « arrête de gueuler ». Qui plus est, ses sœurs pensent qu’il est le chouchou, ce qui lui déplaît fortement.

15Lors de l’entretien suivant, Madame D. rapporte qu’une image inquiétante s’impose à elle depuis quelques jours : sa mère, dans un cercueil, les yeux fermés. Quant à Nicolas, il dort mal et demande, pour se rassurer, à rejoindre la chambre de l’une de ses sœurs. Il a manifesté à nouveau explicitement son désintérêt pour les activités scolaires et souhaiterait rester à la maison pour aider sa mère dans les tâches ménagères. Cette dernière se couche vers 21 heures et se lève systématiquement vers 2 heures du matin pour mettre de l’ordre dans la maison. Les problématiques de la mère et de son fils semblant profondément liées et Nicolas étant en grande difficulté pour s’exprimer en l’absence de sa mère, je choisis de poursuivre les entretiens en associant un premier temps en présence de Madame D. et un deuxième temps lors duquel je vois Nicolas seul. [5]

16Lors des entretiens, Madame D. en vient habituellement à parler spontanément de son histoire qui semble intéresser vivement Nicolas. Elle décrit plus précisément un événement qui l’a marquée. Alors que sa mère était sur le point de mourir, en Espagne, elle décida de partir en voiture pour la rejoindre. Lors de ce long trajet, elle aura deux accidents, ce qu’elle interprète, de manière superstitieuse, comme le signe que sa mère ne souhaitait pas sa présence. Elle arrivera finalement peu de temps après le décès de sa mère. Quelques jours plus tard, après s’être rendue au cimetière, elle ne pourra plus bouger sa jambe, persuadée qu’il s’agissait là d’un acte de rétorsion initié par sa mère par-delà la mort. A la suite de ce récit maternel, Nicolas installe une scène de jeu avec des personnages qui partent en voyage et qui tombent en panne d’essence. Ils se réapprovisionnent puis s’arrêtent sagement au feu rouge, pour repartir au feu vert, avant d’arriver à destination.

17Lors des entretiens suivants, il apparaît que l’ambiance à la maison est délétaire, d’après ce que rapporte Madame D.. Elle est critiquée par ses filles qui la trouvent tendue et Nicolas devient insupportable. Il chercherait à la provoquer et il lui aurait même montré ses fesses… Il lui arrive aussi de jeter des objets et de se comporter comme un petit enfant. Il a également exprimé la crainte que sa mère décède, peur probablement catalysée par les évanouissements récurrents de Madame D. Celle-ci note aussi que Nicolas ne semble pas en mesure de trouver le sommeil tant qu’elle n’est pas elle-même endormie. Enfin, elle a choisi d’apporter un dessin qui l’a choquée et qu’elle me montre avec l’accord de Nicolas [6] :

tableau im1

18Nicolas ne souhaite pas commenter ce dessin, tandis que Madame D. associe spontanément les traits rouges sur le ventre (en noir foncé sur l’image reproduite) au fait que sa mère est décédée d’une cirrhose conduisant au gonflement de son ventre (elle est morte étouffée, après une longue agonie). Madame D. évoque alors un événement qui s’est produit l’été dernier chez son père. Celui-ci avait « changé les tapisseries » de la maison dans laquelle il habitait avec sa défunte épouse. Nicolas fut retrouvé dans le garage, après s’être rasé la tête, alors qu’il essayait de mettre le feu à la maison avec des allumettes, en brûlant un drap trouvé sur un congélateur. Madame D. interprèta cet acte comme le signe que sa propre mère, par-delà la mort et par l’intermédiaire de Nicolas, manifestait ainsi son désir que Madame D. ne soit pas dans la maison familiale. Cette dernière explique d’ailleurs qu’elle sentait qu’il lui fallait « s’évader » et que sa propre mère, bien que décédée, « ne voulait pas qu’elle soit là ». De peur que les choses ne s’aggravent, elle décida d’ailleurs, avec sa belle-mère [7], de « cacher les couteaux », au cas où Nicolas pourrait être tenté de s’en prendre à sa mère… La jambe gauche de Madame D. sera paralysée durant trois mois suite à cet épisode et sa hernie discale s’est déclarée après cet événement.

19Lors de l’entretien suivant, Madame D. explique qu’elle a « pété un câble ». Elle ne parvient plus à se contrôler et s’est mise à « cogner partout ». Elle a alors décidé de partir en voiture et a « vu » sa mère sur la route. Elle l’a appelée au secours et celle-ci lui a répondu : « Débrouille-toi » ! Ce récit m’inquiète et s’ajoute à un discours de Madame D. émaillé de plaintes qui engendre chez moi un sentiment d’impuissance. Elle doute de pouvoir sortir de l’ornière dans laquelle elle se trouve et je lui propose de prendre contact avec le Centre Médico-Psychologique pour adultes. Mais cette proposition, réitérée à plusieurs reprises durant le suivi, restera lettre morte. Paradoxalement, plus Madame D. semble aller mal et mieux Nicolas se porte, ce qui ne l’empêche pas d’être toujours en difficulté sur le plan scolaire et d’être en passe de devoir redoubler son CM1. Nous réalisons à présent, lors des entretiens, des squiggles qui donnent lieu à des formes étranges et inquiétantes. Ses descriptions restent habituellement très opératoires, à l’image du fait qu’il parle toujours aussi peu. Je le sens en outre souvent « collé » à ma façon de dessiner.

20Durant l’été, Madame D. se rend à nouveau chez son père mais choisit, cette fois-ci, de ne pas aller au cimetière. Ce séjour se déroule dans des conditions « normales » en comparaison du séjour précédent lors duquel Nicolas avait tenté de mettre le feu à la maison. Madame D. en profite pour « mettre des choses au clair » avec son père. Celui-ci lui confirme la préférence affective qu’avait son épouse à l’égard de son frère et de ses sœurs, ce qu’il avait jusqu’alors toujours dénié. Pris par l’émotion de ce moment de confidence, la prenant dans ses bras, il avoue également à Madame D. qu’elle était une enfant qui n’était « pas dans le programme ». Madame D. sortira apaisée de ces échanges, ce qui sera perceptible durant les entretiens suivants jusqu’à ce que sa belle-mère prenne contact avec une personne sensée « nettoyer la maison ». Celle-ci aurait expliqué, après avoir vu la photo de Madame D., que « sa mère était toujours présente avec elle » [8], ce qui nécessitait donc un « nettoyage » de la maison à l’aide de différents procédés ésoteriques. Nicolas réalisa un « vampire » en pâte à modeler durant la séance au cours de laquelle Madame D. décrivit ces différents éléments.

21Quelques semaines après la rentrée, Nicolas commence à investir davantage les activités scolaires. Il a même été un peu désobéissant en classe, ce qui contraste avec sa présence fantomatique de l’année passée. Je le sens globalement plus présent dans les entretiens. Madame D., quant à elle, dort mieux et se dit moins fatiguée. Son mal de dos a fortement diminué et elle ne fait plus de malaises. Néanmoins, elle ne croit toujours pas à l’aspect bénéfique d’un espace pour elle en CMP adulte. Elle en viendrait par ailleurs à espérer être atteinte de la maladie d’Alzheimer afin d’être rattrapée par l’oubli… Cela ne l’empêche pas d’évoquer de nouveaux projets, notamment la construction d’une maison sur un terrain dont elle vient de faire l’acquisition avec son mari [9]. Lors des entretiens ultérieurs, cette amélioration se précise. Nicolas entre à nouveau dans les apprentissages, parle davantage et ses jeux sont plus élaborés. Lors de ceux-ci, des voitures de police contrôlent le déplacement de véhicules en fonction de feux de circulation. Avec de la pâte à modeler, Nicolas propose également que nous fassions des « cadres » et des « dés ». Il m’explique aussi avoir peur de la « dame blanche » et raconte un cauchemar récent : dans ce cauchemar, Nicolas conduit une voiture avec un copain et doit s’arrêter pour faire une piqûre dans le sol. Il demande alors à son ami de faire semblant de dormir car la dame blanche, qui est très âgée, est sur le point d’arriver. Celle-ci décide alors de les mettre sous terre et il doit éviter des clous qui lui tombent dessus…

22Lors des entretiens suivants, qui se dérouleront sur plusieurs mois à une fréquence moins élevée du fait des progrès de Nicolas [10], Madame D. explique qu’il est « redevenu normal », qu’il travaille à nouveau et que ses résultats scolaires sont même excellents. Deux « rechutes » se produiront néanmoins. La première eut lieu à Noël après que la fille de Madame D. lui ait dit qu’elle était « comme sa mère » car elle ne lui avait pas offert ce qu’elle souhaitait… Madame D. éprouva alors une très vive colère et se sentit observée durant quelques jours, en ayant l’impression qu’une personne se tenait près d’elle. Elle crut ainsi déceler une ombre à la périphérie de son regard. Quant à Nicolas, il ne voulut plus travailler durant quelques jours. La deuxième rechute se déroula après qu’il se soit réveillé la nuit en entendant des chiens qui « hurlaient la mort ». Il se serait alors rendu dans la chambre de ses parents et aurait vu, du côté du lit occupé par sa mère, une « dame blanche ». L’évolution du suivi se poursuivra néanmoins avec une amélioration globale de Nicolas, tant sur le plan scolaire que dans ses capacités d’élaboration durant les séances, même si celles-ci pouvaient varier selon les aléas de la vie psychique de sa mère, comme ce fut le cas lors des deux épisodes précédents.

23En toute fin de suivi, lorsque il est décidé de mettre un terme à celui-ci du fait des progrès de Nicolas, Madame D. m’apprend sa découverte d’un secret qui semblait planer sur l’ensemble des entretiens depuis leur commencement. C’est entre deux portes que celui-ci est confié, lors de notre dernière rencontre, tandis que je vais chercher Madame D. en salle d’attente et que Nicolas est dans mon bureau. Elle m’explique commencer à « pouvoir pardonner » car elle a enfin compris pourquoi elle avait été rejetée par sa mère, battue par son père et que cela n’avait pas été de sa faute. Son père lui aura en effet avoué qu’elle était née « avant le terme suite à un choc » : sa mère aurait subi une tentative de viol qui aurait déclenché son accouchement prématuré. Madame D. serait ainsi, conclut-elle de ses propres mots, un « enfant sale ».

Fragments du deuil pathologique, identification et filiation narcissique

24Nous allons à présent reprendre l’évolution du suivi, de façon à mettre en exergue les processus transgénérationnels ainsi que leur symbolisation progressive dans le cadre psychothérapique. On remarquera tout d’abord que cet enfant est amené en consultation par sa mère, non sans ambivalence, la demande initiale ayant été médiatisée par sa sœur. La demande manifeste porte ainsi sur les troubles des apprentissages et une certaine agitation depuis trois mois : Nicolas s’est arrêté d’apprendre et de penser, comme en témoigne une première tentative du côté de l’orthophonie qui s’est soldée par un échec. Il apparaît néanmoins assez vite que les troubles des apprentissages représentent l’arbre qui cache la forêt.

25La problématique de deuil du côté de Madame D. est, en effet, présente d’emblée. Et Nicolas paraît, dans un effet de contagion, envahi par l’angoisse maternelle de sorte que son espace psychique est tout entier occupé par l’objet parental. De ce point de vue, toute activité cognitive est peut-être pour lui source d’angoisse car elle suppose un mouvement de différenciation. Ne plus travailler permet en outre à cet enfant d’attirer l’attention maternelle tandis que les pertes de connaissance régulières catalysent les angoisses de Nicolas. Face à la menace d’effondrement maternel, cet enfant est probablement pris par le désir de prendre « soin » de sa mère et on comprend mieux alors sa difficulté à exprimer l’agressivité qui l’anime à l’égard de cette dernière.

26Ces symptômes apparaissent, par ailleurs, d’emblée dans leur valence dyadique. Ils prennent des proportions inquiétantes – en particulier l’été précédent la consultation marqué par la tentative d’incendie – et traduisent sans doute les inquiétudes grandissantes de Madame D. à mesure qu’approche l’âge auquel sa propre mère est décédée. A cela s’ajoute le fait que Nicolas arrive lui-même à un âge auquel la séparation devient nécessaire. Les défenses mises en place, en particulier sur le plan régressif, deviennent probablement insuffisantes, notamment en regard des processus œdipiens. Nicolas se présente ainsi à la fois étrange et absent, pratiquement mutique, s’en tenant le plus souvent à un « je ne sais pas » qui laisse peu de place à l’échange secondarisé. Cette absence se transforme en refus de dessiner sa famille, soulignant l’arrêt des processus de symbolisation et, peut-être, l’angoisse suscitée ne serait-ce qu’à l’idée de représenter sa famille. Ce refus souligne également l’absence de mots qui enveloppe le secret et le rend si puissant : il enferme celui-ci dans l’absence de représentation et les passages à l’acte, comme le note Claude Nachin (2006) : « Le descendant d’un parent porteur d’un clivage du moi va être habituellement piégé dans les avatars de la crypte parentale. Ce qui est indicible pour le parent va constituer un innommable pour l’enfant, qui est conduit à tenter de comprendre et de “traiter” les troubles de son parent » (p. 6).

27Nicolas apparaît ainsi en difficulté pour « traiter » sa mère et une certaine agressivité l’agite dont on retrouve les traces dans son premier jeu, celui-ci impliquant des animaux qui refusent d’apprendre et qui finissent par attaquer les spectateurs. Nous pourrions entendre cette première production comme un refus d’entrer dans une démarche thérapeutique initiée par sa mère. Peut-être serais-je aussi, en tant que psychologue, ce monsieur qui veut s’occuper de cet éléphant et le « faire travailler » ? Nicolas exprime-t-il ainsi l’idée que tout projet thérapeutique sera voué à l’échec, d’autant qu’il semble peu disposé à se séparer de sa mère au-delà de la colère qui l’anime ? Ma présence, et notre rencontre, pourraient en effet signifier un tiers dont il ferait bien l’économie, d’autant que son père apparaît absent du point de vue de ce rôle séparateur. Cette forme de refus à l’égard du clinicien serait par ailleurs en écho de l’agressivité adressée à sa mère, déjà évoquée, que l’on trouve énoncée explicitement dès les premiers entretiens. On sera également attentif au fait que Nicolas ne choisit pas n’importe quel animal pour ce premier jeu : un éléphant, certes dangereux, mais possédant aussi et surtout une mémoire exceptionnelle, qui n’oublie rien, qui « garde tout », pour reprendre l’expression de Madame D. pour décrire son fils. Le choix de l’éléphant ouvre ainsi vers une double lecture des symptômes de Nicolas, symbolisant un mélange indifférencié d’agressivité et de transgénérationnel (il se « souvient » pour sa mère, il garde la « trace » de ce qui l’occupe).

28Après le premier entretien, à la suite de l’expression initiale de colère de la part de Nicolas, Madame D., se sentant elle-même très en colère, remarque qu’elle et son fils ont été « particulièrement agités ». Leur réaction mutuelle met en exergue la problématique indifférenciée qui les occupe, tels des vases communicants. Les entretiens sont d’ailleurs une alternance de vide (dans le discours de Nicolas) et de plein (dans le discours maternel) ; de synchronisation et de désynchronisation des symptômes de l’un et de l’autre. Cette indifférenciation traverse l’ensemble des rencontres (« on est pareils »), et la prise en charge participe, de ce point de vue, du travail de différenciation de la dyade mère-enfant, en alternant temps à deux et individuels afin d’instaurer un espace de jeu.

29Cette logique dyadique est associée à des processus d’identification protéiformes. Ne s’agit-il pas tout d’abord d’une « identification narcissique » (Faimberg, 1993) entre mère et fils témoignant de leur profonde indistinction ? Nicolas réagit de manière identique sur le plan non verbal, parle peu hors de la présence de celle-ci, fait le ménage pour elle, ne s’endort que lorsqu’elle est endormie. Il s’inscrit au service de la continuité narcissique maternelle, dans un mouvement de réplique qui s’organise à travers les générations sans prise en compte de l’altérité. Face au secret inavouable attaché à la perte traumatique d’objet qui endeuille sa mère, Nicolas serait pris par un mouvement d’identification au lien perdu qui s’organise comme solution pour annuler l’expérience innommable : il est l’héritier d’un « dire enterré ». Cette indifférenciation entre mère et fils est en écho avec la non-séparation entre Madame D. et sa propre mère, mais aussi, de manière plus globale, entre Madame D. et ses proches. Que représente donc Nicolas pour elle ? Est-il le retour fantomatique et dangereux de la grand-mère « incorporée » ? Serait-il ce frère, ce « chouchou », que Madame D. n’a pas été, Nicolas ayant alors à subir des mouvements d’attaques envieuses de la part de cette dernière ? Ou, finalement, n’est-il pas Madame D. elle-même, aux prises avec un deuil et un secret qu’elle ne peut élaborer, raison essentielle de l’identification narcissique ? Nicolas paraît, de ce point de vue, engagé dans une « identification endocryptique » (Abraham et Torok, 1978) dans laquelle il se trouve identifié à un objet incorporé (Freud, 1914) dont il ne peut faire le deuil, celui-ci appartenant aux générations passées.

30Il semble ainsi exister une indifférenciation complexe, sur trois générations, qui interroge l’organisation familiale ainsi que ses éventuelles logiques incestueuses. Le mariage entre la mère du mari de Madame D. et son propre père, peu de temps après le décès de sa mère, est, de ce point de vue, un élément significatif, qui catalyse peut-être la culpabilité à l’égard de la défunte et entrave d’autant le travail de deuil. Ce « mélange » générationnel et dyadique serait à associer à sa représentation sous forme du « vampire » réalisé par Nicolas durant les entretiens. Pérel Wilgowicz (2001) a d’ailleurs proposé des réflexions éclairantes à ce sujet : « Cette survie d’un revenant à l’intérieur d’un humain, visant à éviter le travail du deuil, la perte réelle et sa cicatrisation, conserve, en quelque sorte, au mort une vie, au vivant une mort. Nous pourrions appeler identification vampirique ce mécanisme inhérent à ce phénomène de possession, qui inclut une dimension magique » (p. 127)

31Le vampire apparaît ainsi en tant que figure qui condense les générations et les rapports étranges entre la vie et la mort, comme si Nicolas nous disait aussi « ma mère, ce vampire », qui « vampirise » sa vie psychique au point qu’il semble souvent absent à lui-même. Les processus d’« identification vampirique » se traduisent également par les logiques de vases communicants déjà évoquées : Madame D. paraît se porter d’autant plus mal que Nicolas fait des progrès. À mesure qu’il s’autorise à se différencier, il se défait probablement du deuil pathologique et libère sa capacité à exprimer son agressivité en même temps que des potentialités symboligènes.

32La vie psychique de Madame D. continue cependant de « déborder » sur celle de son fils. Ses propres mécanismes de défense, notamment sur le plan psychosomatique, semblent insuffisants pour juguler les angoisses et la colère qui la submergent. Ainsi, les pertes de connaissance dont elle est l’objet de manière quotidienne au début du suivi conduisent son fils à la « réanimer » avec l’aide des voisins. Ne faut-il pas entendre là comme une mise en scène hystérique dans laquelle Madame D. « devient » la morte incorporée durant quelques instants ? Nous pourrions de la même manière concevoir la paralysie des membres inférieurs comme un phénomène de conversion : Madame D. se retrouve la jambe paralysée à la sortie du cimetière et reste ainsi, en quelque sorte, aggripée au pied de la tombe, par une figure maternelle qui ne la « lâche pas ». Elle ne peut se détacher de l’attachement qui la noue à cette figure du passé et le processus de deuil est alors gelé, « paralysé ». Ces processus s’associent à des logiques opératoires, qui se traduisent par des douleurs lombaires représentant peut-être le poids du secret et du deuil qui devient trop lourd à mesure que les dates anniversaires se succèdent. Ne retrouve-t-on pas également dans un besoin compulsif de « faire le ménage » et de « mettre de l’ordre » l’effort de Madame D. pour laver la honte d’un secret attaché à la représentation de « l’enfant sale » ? Le défaut de mentalisation pourrait d’ailleurs s’associer à une fuite dans l’oubli que Madame D. évoque finalement, tant les processus en jeu la font souffrir.

Rituel et représentation du deuil

33Comment Nicolas se débrouille-t-il avec tout cela ? Il essaye manifestement, à sa manière, de pallier aux déficits d’élaboration de sa mère. Les symptômes de l’enfant viennent ainsi dire quelque chose de la « vérité » maternelle, comme l’a souligné Jacques Lacan (1986) : « Le symptôme (…) se définit dans ce contexte comme représentant de la vérité. (…) L’articulation se réduit de beaucoup quand le symptôme qui vient à dominer ressortit à la subjectivité de la mère. Ici, c’est directement comme corrélatif d’un fantasme que l’enfant est intéressé. La distance entre l’identification à l’idéal du moi et la part prise du désir de la mère, si elle n’a pas de médiation (celle qu’assure normalement la fonction du père), laisse l’enfant ouvert à toutes les prises fantasmatiques. Il devient “l’objet” de la mère, et n’a plus fonction que de révéler la vérité de cet objet » (p. 14).

34Ainsi, l’été précédent la demande de consultation, Nicolas se rase la tête et tente de mettre le feu à la maison de la grand-mère maternelle. Ce passage à l’acte est peut-être à entendre comme un moyen de faire disparaître la défunte et ses traces. De ce point de vue, il pourrait s’agir d’une forme de « rituel » apparenté à la crémation pour tenter d’effacer le passé traumatique. On remarquera, à ce propos, que le fait de se raser les cheveux est associé au deuil dans de nombreuses cultures. Par exemple, dans le livre de Job : « Un grand vent est venu de l’autre côté du désert, et a frappé contre les quatre coins de la maison ; elle s’est écroulée sur les jeunes gens, et ils sont morts. Et je me suis échappé moi seul, pour t’en apporter la nouvelle. Alors Job se leva, déchira son manteau, et se rasa la tête » (Job, 1 : 20). En Inde, les cheveux des jeunes garçons sont rasés et offerts aux divinités afin de permettre que leur vie commence ; l’aîné est également rasé avant d’allumer le bûcher funéraire. Nénmoins, cette tentative de rituel semble insuffisante et Nicolas pourrait bien devenir la défunte aux yeux de sa mère qui décide, accompagnée de sa belle-mère, de mettre les couteaux en sécurité. Nicolas essaye-t-il en retour d’exorciser par son comportement cette hantise dont il est l’héritier ?

35Nicolas s’est donc « arrêté de penser » mais il est néanmoins vivement intéressé par ce qui se dit durant les entretiens. Une part de lui-même saisit probablement qu’il est lié à cette histoire dont il est l’un des acteurs malgré lui. Nicolas finit néanmmoins par énoncer explicitement, après quelques entretiens, son refus d’effectuer le travail de deuil qui incombe à sa mère, par cette phrase étonnante témoignant de sa compréhension de la situation : « Je ne vais pas non plus dessiner ta mère et le cercueil ! ». Les solutions somatiques de Madame D. ne suffisent en effet guère à endiguer le deuil pathologique et Nicolas s’« y colle » depuis maintenant un certain temps.

36Quelques séances plus tard, Madame D. se trouve hantée par l’image de sa mère « dans un cercueil, les yeux fermés », en écho des paroles de son fils. Celui-ci finit par dessiner cette représentation de la défunte en y ajoutant une touche personnelle : un « Je t’aime » qui n’est jamais venu du vivant de la mère de Madame D. On notera également que la défunte est représentée dans le dessin de Nicolas les yeux fermés – tout comme dans les visions de Madame D. –, un sourire aux lèvres, apaisée peut-être… ce qui tranche avec l’agonie réelle de la défunte. Le dessin du cercueil peut être également une illustration de l’identification de Nicolas au désir de sa mère, ce que l’on retrouve dans le jeu des voitures dans lequel il permet à une voiture et à ses occupants d’arriver à bon port après un plein d’essence. Ce jeu intervient en effet après que Madame D. ait expliqué ne pas avoir pu rejoindre à temps sa mère mourante, du fait de deux accidents. Nicolas permet-il ainsi, dans son jeu, une rencontre qui n’a pu avoir lieu dans la réalité et qui aurait pu donner l’occasion à sa mère d’entendre une parole réconfortante (« Je t’aime ») énoncée dans le dessin du cercueil ?

37Emerge ainsi, progressivement, une première inscription du deuil, qui passe successivement de la parole de la mère à la parole de l’enfant, de la représentation mentale de la mère au dessin de l’enfant. Le travail de symbolisation opère en effet de manière dyadique, en miroir ; l’enfant relance et pallie au processus de deuil en souffrance chez la mère. Le secret, intransformable car non inscrit, paraît à la recherche d’une première forme d’inscription. Faire son deuil nécessite en effet un oubli suffisant permettant à l’objet d’être représenté et intériorisé, avant de s’en séparer. Nicolas donne donc progressivement « forme » au secret là où les processus de mentalisation achoppent chez sa mère. Les entretiens participent alors du processus de symbolisation sous forme d’allers-retours entre les mots de la mère, les mots de l’enfant et ceux du thérapeute, qui viennent dire de manière implicite le secret qui traverse l’ensemble des entretiens. Ainsi, de la même manière qu’il existe un « travail du rêve » (Freud, 1900) ou un « travail de l’hallucination psychotique » (Gimenez, 2000), on peut observer un « travail du fantôme » (Chouvier, 2008) dont nous allons poursuivre l’analyse.

Fantômes, apparitions et symbolisation

38Le processus de deuil semble ensuite « s’extérioriser » : la grand-mère maternelle « traverse » la feuille de dessin pour prendre la forme d’une vision nocturne qui effraie Madame D. et qui lui dit : « Débrouille-toi ! ». Cette apparition devant une voiture vient aussi, potentiellement, dire quelque chose de l’agressivité de Madame D. à l’égard de sa propre mère. L’apparition nocturne devant un véhicule est d’ailleurs un classique des films d’épouvante. On pense également à la « dame blanche » fréquemment rapportée sur le bord des routes et qui apparaîtra dans la suite des entretiens.

39Un deuxième voyage, programmé chez le grand-père – le premier avait donné lieu à la tentative d’incendie de Nicolas –, permettrait alors à Madame D. de commencer à s’approprier le secret qui entoure sa naissance. La reconnaissance, par son père, d’une attitude particulière de sa défunte épouse à l’égard de sa fille paraît salvatrice. Celle-ci apprend ainsi qu’elle était non désirée, qu’elle n’était « pas dans le programme ». Une première transmission du rejet mystérieux dont elle était objet devient intelligible. Les progrès sont alors suffisants du côté de Madame D. pour que Nicolas s’autorise à rêver, ce qui tranche avec la pensée opératoire et les capacités associatives limitées de cet enfant jusqu’alors. L’apparition vue par sa mère ferait ainsi retour dans les cauchemars de l’enfant sous forme de la « dame blanche » qui vient l’enterrer, métaphore possible de la problématique transgénérationnelle qui l’occupe : est-il la grand-mère enterrée – à l’aide de clous, comme dans son cauchemar – dans le regard de la mère ? La dame blanche revient quelque temps plus tard, au cours de la nuit, de manière hallucinatoire, cette fois-ci aux côtés de sa mère, métaphore possible de l’appropriation de la problématique maternelle de deuil.

40On remarquera que les liens entre transgénérationnel, occulte et apparition apparaissent de manière très proche dans le Tour d’écrou d’Henri James. Dans ce récit, un jeune garçon aperçoit un fantôme dans la chambre où il dort avec sa mère, l’ensemble de ce texte littéraire visant à sublimer cette vision d’effroi tout en illustrant le retour d’un fantôme familial sous forme d’apparition (Chouvier, 2004, 2007). La figure de la dame blanche apparaît plus précisément, de même que le vampire que nous avions déjà évoqué, comme un être entre la vie et la mort, comme le souligne Pérel Wilgowicz (2001) : « Vampyr et ses frères de sang, Dracula, Dames Blanches, Dibbouq, Golem, seraient-ils les représentants de créatures issues d’une forme étrange de création/non-création, suspendues entre une non-naissance et une non-mort ? » (p. 124)

41Il devient alors possible de tenter de retracer, après-coup, selon les indices dont nous disposons, le processus de deuil chez Madame D. : 1) deuil pathologique et processus d’incorporation de la défunte ; 2) phénomènes de conversions ; 3) processus hallucinatoires sous forme d’apparitions ; 4) sentiment de présence et vision d’ombres à la périphérie du regard. Chacun de ces éléments illustrerait une étape du deuil et de son élaboration progressive qui permet que soit « désincorporée » la défunte. On remarquera d’ailleurs que le processus inverse est fréquent dans les œuvres de fiction. Par exemple, The Ring 2, réalisé par Hidéo Nakata en 2005, dépeint l’histoire d’une mère et de son fils aux prises avec le fantôme d’une fillette. L’enfant « hanté » passe progressivement des sentiments de présence aux apparitions pour finir par des phénomènes de possession. Ces processus de « possession » sont fréquemment invoqués en clinique du transgénérationnel, comme le montrent, par exemple, plusieurs vignettes cliniques présentées par Marie-Hélène Seguin (2007). Ils témoignent alors du fait que l’enfant a « accepté inconsciemment de prendre le mauvais […] qui appartient à la famille […]. On assiste à une transmission du mauvais d‘un sujet à l’autre, d’une génération à l’autre » (p. 156). Ces logiques sont aussi souvent à l’œuvre dans la clinique associée au « paranormal » (Guyotat, 2006 ; Rabeyron, Chouvier et Le Maléfan, 2010).

42Ces processus engendrent fréquemment des hallucinations qui seront interprêtées comme étant des apparitions (Catala, 2004 ; Le Maléfan, 2009), s’agissant habituellement du retour hallucinatoire de l’ombre de l’objet tombée sur le moi. L’apparition, et la croyance qui lui est alors généralement associée, seront, dans certains cas, le moyen d’éviter le processus de deuil. Si l’autre est encore en vie, mais « ailleurs », entre deux mondes, la souffrance issue de la perte du proche pourrait être atténuée. Il se produit en conséquence des processus situés entre croyance et illusion (Laufer, 2007). Celle-ci considère plus précisémnt les apparitions associées au deuil comme une première forme de figuration de l’angoisse : « Face à la terreur du désêtre, le retour des fantômes deviendrait alors paradoxalement une épreuve nécessaire pour, par la traversée de l’angoisse, donner une forme à la perte. Le fantôme serait la condition de possibilité de tracer une figure afin de border un trou qui puisse donner une forme à l’angoisse de séparation » (p. 70).

43Ces expériences peuvent ainsi être considérées comme des phénomènes hallucinatoires correspondant à un mode particulier de traitement du deuil, ce qu’Anne Juranville (2001, 2005) a étudié dans le cas des possessions démoniaques. Ces apparitions sont souvent associées à un sentiment d’inquiétante étrangeté, conséquence d’une réalité interne perçue au niveau externe, renvoyant au flou des limites fréquemment convoqué par les dynamiques transgénérationnelles. L’apparition se caractérise également par son caractère récurrent, sachant, comme le remarque Bernard Penot (1992), que ce « caractère de répétition de la revenance […] nous place au-delà du principe de plaisir » (p. 124). L’apparition correspond ainsi à un deuil inachevé donnant lieu à ce que Jean Allouch (1997) a appelé la « vivance », ce retour inlassable et sous différentes formes des disparus.

Construction, symbolisation et dévoilement

44Reprenons le fil de l’évolution de la situation clinique. Après le voyage chez son père, Madame D. semble aller mieux. Elle parle de l’avenir et du projet de construire une maison. Nicolas entre pour sa part à nouveau dans les apprentissages et propose des jeux avec des policiers, ce qui interroge la question des limites, des règles et de la séparation. Les processus œdipiens mis à mal du fait des mouvements régressifs prévalents et de leur étouffement par le deuil pathologique parviendraient-ils à se structurer ? Cette problématique œdipienne serait aussi repérable par ces « fesses » montrées à sa mère, qui viendraient dire quelque chose de l’excitation qui anime Nicolas. Le feu et l’incendie sont aussi, souvent, symbole de la pulsionnalité œdipienne qui agite l’enfant et les mouvements de régression seraient, de ce point de vue, à entendre comme une défense pour lutter contre le débordement de l’excitation œdipienne tout en se maintenant dans le giron de la relation dyadique. Celle-ci fut d’ailleurs très présente dans la dynamique transférentielle, Nicolas partageant avec moi ses états d’étrangeté, ne parlant que très peu et « collant » à mes propres productions. Le choix d’utiliser le Squiggle-Game fut d’ailleurs guidé par la nécessité de rejoindre cet état d’indifférenciation dans lequel il se situait, le jeu étant aussi le moyen d’intégrer en douceur un tiers masculin entre lui et sa mère.

45Le suivi psychothérapique se termine, quelque temps plus tard, par le dévoilement du secret, tel un « coup de théâtre » livré entre deux portes à la fin de la dernière consultation. Dès lors, l’ensemble du processus du deuil pathologique devient davantage intelligible. Madame D. aurait représenté, dès sa naissance, et malgré elle, la preuve vivante de la tentative de viol dont sa mère avait été l’objet, devenant un « enfant maudit », qui sera battu et méprisé. Elle se serait donc trouvée d’emblée l’objet d’un secret et d’une honte dont elle a aussi été la porteuse. Le deuil aura ravivé la confictualité psychique et le pacte dénégatif (Kaës, 1989) qui a participé de la construction psychique de Madame D. : un mélange de désespoir de ne pas être aimée par sa mère, mais aussi de haine face à ce secret transgénérationnel qu’elle ne pouvait se représenter, cette double valence étant soulignée par Claude Nachin (2006).

46Il devient dès lors possible de dégager une synthèse du processus de symbolisation des éléments transgénérationnels et la manière dont celui-ci opère. Le clinicien ressent, tout d’abord, dans ce qu’il observe au cours des entretiens et dans la dynamique transférentielle, les « traces » du secret. Comme le remarque Yolanda Gampel (2004), « confronté à un secret de famille très criant, il sent la projection sur lui d’une sensation de danger qui le pousse à une certaine action pour résoudre l’énigme » (p. 4). Le clinicien accompagne alors le « travail du secret » qui conduit à son dévoilement, le « déjà-là » du secret devenant intelligible. Il se produit ainsi, progressivement, une inscription signifiante dans le registre conscient et réflexif de sorte que ce qui s’exprimait par le langage de corps, du symptôme, de l’angoisse, trouve un autre « frayage », un autre cheminement psychique. Le secret tend ainsi à s’exprimer de manière compulsive car il est une tentative d’intégration et de symbolisation par une « appropriation subjective » (Roussillon, 2007) dont le but « en le reproduisant est de mieux comprendre ce qui arrive, éventuellement, pour lui donner une dimension plus digne » (Eiguer, 2011, p. 16). Patrick de Neuter (2014) a également proposé plusieurs vignettes cliniques qui mettent en exergue les vertues symboligènes, parfois soudaines, de l’évocation d’un secret, tandis que Jean Guyotat (2005) évoque le « lien entre le généalogique et le pouvoir thérapeutique » (p. 16).

47Se pose alors la question de déterminer le dispositif clinique le plus approprié pour accueillir le transgénérationnel. Dans le cas présent, nous avons accompagné cette situation par le biais de ce dispositif « mixte », alternant temps avec l’enfant en présence ou non de sa mère. Progressivement, l’enfant était davantage vu seul, ses capacités d’élaboration se faisant grandissantes. Le dispositif est ainsi, en lui-même, une métaphore et une représentation du processus de différenciation nécessaire à la représentation des processus transgénérationnels. Ceux-ci ne sont d’ailleurs jamais directement accessibles et l’on sera conduit, peut-être encore davantage que pour d’autres troubles, à produire avant tout des « constructions » (Freud, 1937), des mises en sens, qui rendent intelligible, par l’historicisation et la narrativité, une représentation des logiques transgénérationnelles restées en souffrance. Le suivi consiste alors à accompagner chez l’enfant le « travail du fantôme » de façon à lier les « fragments de symboles brisés » (Nachin, 2006) qui se trouvent éclatés dans autant d’« enclaves psychiques » (Guyotat, 2005). Celles-ci seront également transférées et travaillées dans la dynamique transférentielle à travers l’inquiétante étrangeté, effet transférentiel de la crypte. L’énigme qui en découle, et la construction produite pour en rendre compte, s’achèvent parfois par le dévoilement du secret qui vient alors confirmer les hypothèses cliniques ; mais il peut aussi arriver que celui-ci ne soit jamais découvert. Pour autant, il semble que ce soit davantage le processus de mise en sens que la connaissance explicite du secret qui produise des effets thérapeutiques. Il y aurait, en outre, un risque à se centrer sur une causalité simpliste et linéaire, à rechercher uniquement « le secret », ce qui, de manière générale, ne correspond guère aux logiques du travail clinique, comme le souligne notamment Didier Houzel (2006).

48Nous concluerons cette analyse par quelques questionnements portant sur les processus psychothérapiques qui mettent en perspective le travail effectué avec cette mère et son fils. Tout d’abord, que se passe-t-il quand, dans le même type de configuration clinique, une prise en charge ne peut émerger ou que l’écoute du clinicien n’est pas sensible au transgénérationnel ? Par exemple, si l’attention porte uniquement sur la dimension cognitive des symptômes, que deviennent les processus sous-jacents : auront-ils tendance, sur le mode de la compulsion de répétition, à éclore quoi qu’il arrive, le clinicien n’effectuant qu’un travail d’accompagnement quelle que soit son approche ? Ou bien le secret tendra-t-il à « dégénérer » et à produire des effets toujours plus pathogènes le temps passant ? Dans le cas présent, Nicolas s’est remis à travailler, à penser, à symboliser. Quant à Madame D.,elle paraît soulagée que des mots aient été mis sur le secret enfin dévoilé, tandis que ses symptômes somatiques ont disparu. Ces différents éléments laissent à penser qu’une élaboration suffisante des processus transgénérationnels s’est s’exprimée dans le cadre psychothérapique. On s’interrogera néanmoins sur les « traces » laissées en Nicolas par ce traitement du deuil à deux, par ce clivage du moi qui l’a habité durant si longtemps, qui ouvre une autre perspective, celle des conséquences après-coup, en particulier à l’adolescence et à l’âge adulte, des processus transgénérationnels.

49(Article reçu à la Rédaction le 24.06.2015)

Notes

  • [1]
    Maître de conférences en psychologie clinique et psychopathologie, Laboratoire de Psychologie des Pays de la Loire (LPPL), Université de Nantes.
  • [2]
    Maître de conférences en psychologie clinique et psychopathologie, Laboratoire de Psychologie des Pays de la Loire (LPPL), Université d’Angers.
  • [3]
    Professeur émérite de psychologie clinique et psychopathologie, Centre de Recherches en Psychopathologie et Psychologie Clinique (CRPPC), Université Lumière Lyon 2.
  • [4]
    L’ensemble des élément de cas ont été anonymisés et modifiés lorsque nécessaire afin de ne pas permettre d’identifier les patients.
  • [5]
    Il est toujours délicat de savoir s’il est préférable, au contraire, de bien séparer l’enfant de son ou ses parents dans le cadre des entretiens, notamment d’un point de vue symbolique, en ne voyant que l’enfant seul. Mais une telle démarche n’est souvent pertinente que si l’enfant présente une capacité suffisante à élaborer indépendamment de ses parents, ce qui semblait ne pas être le cas de Nicolas. Cela interroge de manière plus générale la place qu’il convient d’accorder aux parents dans le cadre du suivi psychotérapique de l’enfant, comme le soulignent notamment Dora Knauer et Nathalie Nanzer (2005).
  • [6]
    A la suite du « Je t’aime » était indiqué le prénom de la mère de Nicolas qui a été supprimé pour des raisons d’anonymat.
  • [7]
    Qui n’est autre que la mère du mari de Madame D., épousée par le père de Madame D. un an après le décès de sa première épouse (la mère de Madame D.)
  • [8]
    Il n’est pas rare de voir ainsi des magnétiseurs, désensorcelleurs, exorcistes, etc. (Camus, 2002 ; Favret-Saada, 1977) présenter de façon métaphorique, et souvent abrupte, la problématique psychique qui occupe un patient, avec des destins variables concernant ce qui fait office de rencontre radicale avec la réalité psychique, interprétée de manière « extériorisée ».
  • [9]
    Que je rencontrerai à ma demande, dès le début du suivi, et qui ne semblait pas très impliqué dans l’éducation de son fils. Il fera, selon son épouse, des « efforts » durant quelques semaines, pour l’aider dans les difficultés rencontrées par elle avec Nicolas, avant que la situation ne retourne à son état antérieur.
  • [10]
    Parallèlement au travail effectué en individuel, il avait semblé pertinent d’orienter Nicolas vers un dispositif de groupe à médiation lui permettant, notamment, de s’autonomiser, tout en continuant de bénéficier d’une prise en charge régulière.
Français

Les processus transgénérationnels et leur expression chez l’enfant confrontent le clinicien à des processus et des vécus qui méritent une attention particulière. Dans cette perspective, nous proposons tout d’abord une brève revue de la littérature portant sur les travaux déjà existants sur cette thématique. Un cas clinique ayant trait à la transmission d’un deuil pathologique entre une mère et son fils est ensuite exposé, de la demande de consultation en Centre Médico-Psychologique pour des troubles des apprentissages, jusqu’à la résolution des symptômes et la fin du suivi. A travers une analyse détaillée de cette situation, nous proposons de reprendre le fil du travail clinique de manière à éclairer les conséquences pathogènes du deuil pathologique en insistant sur le « travail du fantôme ». Les processus de symbolisation sont en particulier étudiés du point de vue du dévoilement progressif du secret et de ses multiples formes d’expression dans le cadre psychothérapique.

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Thomas Rabeyron [1]
Laboratoire de Psychologie des Pays de la Loire (LPPL)
Université de Nantes
Chemin de la Censive du Tertre
44000 Nantes
France
  • [1]
    Maître de conférences en psychologie clinique et psychopathologie, Laboratoire de Psychologie des Pays de la Loire (LPPL), Université de Nantes.
Claudine Veuillet-Combier [2]
  • [2]
    Maître de conférences en psychologie clinique et psychopathologie, Laboratoire de Psychologie des Pays de la Loire (LPPL), Université d’Angers.
Bernard Chouvier [3]
  • [3]
    Professeur émérite de psychologie clinique et psychopathologie, Centre de Recherches en Psychopathologie et Psychologie Clinique (CRPPC), Université Lumière Lyon 2.
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
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Mis en ligne sur Cairn.info le 26/02/2016
https://doi.org/10.3917/psys.161.0013
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