CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Le genre de conte qui importe dans le champ thérapeutique est essentiellement le conte merveilleux, car il est le seul type mobilisant les différents niveaux de symbolisation. Les contes animaliers et les contes facétieux possèdent bien une part imaginaire développée, mais ils ne présentent pas la structuration cyclique si caractéristique du conte merveilleux. En effet, l’histoire contée, dans ce cas, se donne comme une boucle narrative contenant le parcours initiatique d’une héroïne ou d’un héros traversant une série d’épreuves traumatiques dont elle/il ne triomphe qu’avec l’aide de personnages ou d’animaux secourables. L’intérêt de ces épisodes successifs consiste dans la valeur maturative des expériences rencontrées. La fin du récit est forcément heureuse puisqu’elle rétablit l’harmonie qui avait été perdue au début du fait d’un événement de nature catastrophique comme un deuil familial, une guerre ou une famine.
La question se pose de savoir pourquoi ces histoires merveilleuses ont un statut si singulier parmi les autres formes de récit. Notons d’abord, comme l’a montré René Kaës (2012), que le conte merveilleux est structuré à la manière du rêve. La logique qu’il déploie est étrangère à toute narration linéaire conçue de façon réaliste. Chaque séquence, chaque figure, chaque situation évoquée présente une dimension symbolique particulière qui peut être perçue et comprise de façon différente par chacun, en fonction de son histoire personnelle.
Une autre singularité de ce type de conte est qu’il relève de la tradition orale…

Français

Le conte permet d’actualiser, de métaphoriser et de dépasser une altération traumatogène des vécus familiaux. Sa structure cyclique, sa narrativité spécifique liée à une mobilisation manifeste de l’imaginaire lui confèrent une capacité élaborative suffisante pour engager le sujet dans une mise à l’épreuve identitaire corrélée à un étayage intersubjectif en mesure de lui offrir une ouverture symbolique adéquate. L’analyse du conte russe L’oiseau de feu met en évidence les différentes manières dont dispose le conte pour symboliser les transformations nécessaires à la progression maturative individuelle, au-delà des conflits familiaux rencontrés. L’auteur présente les trois temps du dispositif du groupe-conte au cours desquels se manifestent, à mesure que se développe une processualisation psychique groupale, la mise en jeu des niveaux inter et transgénérationnels ainsi que la résolution des conflits familiaux.

Mots-clés

  • Conte merveilleux
  • construction identitaire
  • transe narrative
  • groupe-conte
  • conflits familiaux
Bernard Chouvier
Psychologue clinicien, psychanalyste, professeur émérite de psychopathologie et psychologie clinique, université Lumière Lyon 2.
bernard.chouvier@univ-lyon2.fr
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Mis en ligne sur Cairn.info le 26/04/2022
https://doi.org/10.3917/dia.235.0021
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