CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Deux points d’accord se sont dégagés de nos travaux :

  • L’intérêt de la notion de « systèmes » pour la Prospective, plus que la définition de scénarios géopolitiques plus hypothétiques les uns que les autres.
  • Mais il existe plusieurs « systèmes », qui coexistent voire s’interpénètrent (Anne Slaughter) [1] :
    • le système international (celui des relations entre États) ;
    • le système multinational (organismes multinationaux, ONU, organisations régionales pour l’économie et la sécurité (en Afrique, Asie, Amérique du Sud… etc.) ;
    • le système transnational (religions, cultures, migrations, systèmes techniques, économie, communications…) ;
    • à quoi il faut ajouter les systèmes supranationaux :
      • en particulier l’UE,
      • et, en plus hypocrite : la « Gouvernance mondiale », une nébuleuse incluant l’ONU mais aussi bien d’autres organismes : OMC, FMI, tribunaux internationaux, COP, etc.

2On rappellera ici les deux grandes tendances à l’œuvre depuis 1914 : la mondialisation, mais aussi la régionalisation, c’est-à-dire les regroupements régionaux (comme l’UE) : en fait, on n’a pas affaire à une opposition, mais à une forme de dialectique [2].

3Par rapport au livre d’Hervé Coutau-Bégarie 2030, la fin de la mondialisation ?, paru en 2008, juste au début de la plus grave crise de l’économie capitaliste depuis 1929, la situation est bouleversée, et il ne suffit pas de « prolonger les courbes » pour entrevoir l’avenir. Commençons par une constatation : la mondialisation libérale sous la bienveillante hégémonie américaine comme Francis Fukuyama l’avait annoncée en1990 (dans son article fameux « La fin de l’Histoire ? » !) a échoué. Pas seulement à cause de la crise de 2008, mais aussi à cause d’un rejet croissant de la mondialisation libérale : en 2016, le Brexit et l’élection de Donald Trump avaient aussi cette signification. (Notons néanmoins que le Brexit est ambigu : l’opposition à l’Union européenne est due aussi, chez beaucoup de Britanniques, au sentiment que l’Union devient de plus en plus protectionniste et de moins en moins capable de tirer parti de la mondialisation ; les motivations des partisans du Brexit sont en fait fort différentes, entre ceux qui trouvent l’Union trop envahissante, et ceux qui la trouvent trop frileuse face à la mondialisation). [3]

4D’autre part la Russie, la Chine et bien des pays « émergents » n’acceptent plus que le système international continue à être conduit par Washington, qui en outre, depuis la présidence Clinton, a multiplié les erreurs sur la scène mondiale, des Balkans au Moyen-Orient.

5Mais la mondialisation libérale est au cœur du capitalisme et du marché, encore davantage depuis la « révolution libérale », avec la dérégulation et la financiarisation de l’économie à l’œuvre depuis les années 1980. Marx l’avait fort bien compris : dans le Manifeste communiste de 1848, il soulignait que la « bourgeoisie » avait besoin de marchés en expansion continue :

  • « Elle avait, par son exploitation du marché mondial, donné un caractère cosmopolite à la production et à la consommation dans chaque pays… Cela contraint tous les pays, sous peine de disparaître, à adopter le mode de production bourgeois, cela les contraint à introduire chez eux ce que l’on, appelle la civilisation, c’est-à-dire à devenir bourgeois eux-mêmes. En un mot, la bourgeoisie crée un monde à sa propre image ».

6Avec un vocabulaire qui a vieilli, certes, l’analyse ne manque pas de pertinence. C’est dire si les problèmes actuels de la mondialisation touchent au cœur du modèle occidental. La mondialisation n’est pas un choix modulable ou révocable, c’est une logique. Les problèmes et phénomènes que nous avons évoqués tout au long de cette Journée sont donc colossaux, et fort difficiles à maîtriser, et la prospective est particulièrement risquée.

7Je ne me livrerai pas ici à une réflexion théorique, car ce n’est pas mon domaine. Je me contente de citer trois ouvrages qui permettent d’aborder cet aspect des choses :

  • du point de vue de la théorie du Droit international : Mireille Delmas-Marty, Les forces imaginantes du droit (IV) – Vers une communauté de valeurs ?, Seuil, février 2011 ;
  • du point de vue de la Science politique : Frédéric Ramel, L’attraction mondiale, Presses de Sciences Po, 2012, et Bertrand Badie, La diplomatie de connivence. Les dérives oligarchiques du système international, La Découverte, 2011.

8Je tenterai pour ma part un exercice de relations internationales et de stratégie. On trouvera dans ce domaine de très intéressantes réflexions dans le numéro de février 2017 de Foreign Affairs : Out of Order ? The future of the international System.

La poussée du mondialisme depuis la fin de la Guerre froide et la remise en cause de Westphalie : vers une « gouvernance mondiale » ?

9Où allait-on encore récemment ? Certains pensaient assister au dépérissement ou du moins à la relativisation des États comme acteurs du système [4]. Ils croyaient constater que la souveraineté des États rencontre des limites croissantes, et souvent s’en félicitaient, en particulier au nom du « droit d’ingérence » à des fins humanitaires [5]. D’autres pensaient que les États résistent et affirment la pérennité d’un système international d’abord interétatique. [6]

10Certes : on perçoit que l’évolution du système, la mondialisation, l’accroissement considérable du nombre de centres de décision importants, la multiplication des enjeux internationaux, la superposition et la multiplication de réseaux croisés de relations bi- et multilatérales mêlant étroitement considérations réalistes d’équilibre, structures diplomatiques et juridiques, et perceptions de valeurs, repose sur des paradigmes de plus en plus complexes, et que la stabilité du système ne peut pas être garantie à coup sûr [7]. Or la notion de « gouvernance mondiale » vise justement à reconstruire cette stabilité [8].

11Mais il y a au moins deux façons possibles de concevoir la gouvernance mondiale en cours de gestation. Une vision pragmatique ne la conçoit pas comme se substituant, mais comme complétant le système des États-nations par des organismes déjà existants (dont le Conseil de sécurité ou le FMI, dont la réforme devrait permettre de reconnaître les nouveaux pôles du système international et de canaliser leurs relations avec les anciens acteurs et de favoriser leur intégration dans un jeu coopératif mondial) ou nouveaux (G 8 ou G 20). Certains évoqueront dans ce cadre le « devoir d’ingérence », d’autres la notion d’« obligations souveraines », moins problématique que l’ingérence.

12Ou (comme pour Thierry de Montbrial) [9] une vision plus audacieuse s’impose : elle correspond à la montée de la société civile au niveau international et à l’unification progressive du monde, sans toutefois que celles-ci suffisent pour déboucher sur un véritable gouvernement mondial. La réalité qui selon lui se dessine n’est pas une mondialisation totale (même les entreprises multinationales restent en fait enracinées dans leur environnement, par exemple) mais une évolution des rapports interétatiques conduisant à une "imbrication fonctionnelle" croissante des États, formant de nouvelles unités politiques et des sous-ensembles régionaux à géométrie variable. La souveraineté nationale n’a pas disparu, cependant elle n’est plus absolue comme dans le système international classique, mais de plus en plus partagée.

13Ce mouvement passe par la définition et l’imposition internationales de normes, techniques ou juridiques. Par exemple, les critères définis lors de la COP21 vont sans doute être traduits en normes environnementales par l’administration de Bruxelles, être traduites en directives ou en règlements européens, et se retrouver ainsi transposés dans les législations nationales.

14Ce phénomène concerne au premier chef l’Union européenne, mais il est aussi de nature mondiale, via les différents organismes relevant de l’ONU, comme l’Organisation mondiale du Commerce, qui elle aussi tisse un réseau de règles et de normes qui se retrouvent, par un mécanisme différent de celui de l’Union européenne, mais au fond tout aussi efficace, dans les législations nationales. Mais on pourrait citer bien d’autres exemples, comme l’Organisation internationale du Travail ou l’Organisation mondiale de la Santé. Certes, les organismes de ce genre, à la différence de l’Union européenne, reposent sur le « consensus » (notion vague, qui ne correspond pas à une réelle unanimité : seulement il devient politiquement et aussi commercialement très difficile, pour un pays ou un groupe de pays qui ne sont pas d’accord, de s’opposer à la majorité). Certes, dans de nombreux cas, qu’il s’agisse de santé, d’alimentation, de travail etc. des règles universelles sont utiles, voire indispensables.

15Mais dans bien des cas elles traduisent en fait les souhaits de lobbies et groupes de pression divers, appuyés sur des ONG et une nuée d’experts de toute nature, relayés par les médias. Le mécanisme est le suivant : un sujet est monté en épingle par une ONG, s’appuyant sur des experts, et relayé dans le public par une campagne médiatique. On va trouver ensuite tous les organismes internationaux possibles, même s’ils se retrouvent loin de leur objet propre (on peut penser à l’UNESCO, qui se mêle beaucoup d’environnement). A partir de décisions prises par les organisations internationales (du traité international aux « déclarations » ou aux simples recommandations) une pression très forte s’exerce ensuite sur les gouvernements nationaux pour suivre la tendance, même si la population, d’ailleurs pas consultée, n’est pas d’accord.

16Cela concerne également les normes juridiques internationales. La Déclaration universelle des Droits de l’Homme votée par l’ONU en 1948 ainsi que toute une série de conventions elles aussi adoptées sous l’égide de l’ONU (sur le droit de la guerre, sur les réfugiés, sur la suppression de la peine de mort, etc.), la Convention européenne des Droits de l’Homme, la Charte européenne des Droits de l’Homme reprise dans le traité de Lisbonne, tout cela constitue un corpus cohérent de principes (non pas de traités précis et contraignants, ce ne sont que des déclarations de principe) construit depuis le XIXe siècle par des groupes de grands juristes internationaux et qui forme le substrat des jugements de la Cour européenne des Droits de l’Homme à Strasbourg et aussi de la Cour européenne de Justice à Luxembourg, qui a largement dépassé son rôle initial d’instance concernant les manquements aux règles communautaires ou les problèmes d’interprétation qu’elles peuvent poser. Les libertés, la laïcité, la non-discrimination, le statut des étrangers, des réfugiés, etc., tout cela peut être concerné, en appel de décisions prises par les juridictions ou les parlements nationaux. Et ces décisions peuvent être retoquées.

17A quoi il faut ajouter le développement de la théorie et de la pratique de la « compétence universelle », selon laquelle un juge poursuivra un délit n’importe où dans le monde et quelle que soit la nationalité du présumé coupable (cf. l’article de Jeangène-Vilmer, « La compétence universelle à l’épreuve des crises diplomatiques »). [10]

18En effet, sans que jamais les populations aient été consultées, il s’est mis en place un ensemble de normes de toute nature, portées par des organisations internationales et par des groupes divers (y compris les sommets de Davos, les rencontres internationales de toute nature, des « jeunes leaders » aux meetings charismatiques) qui constituent comme une sorte de Vulgate internationale intouchable, et diffusée ad nauseam par les médias. On a d’ailleurs largement dépassé le stade des traités internationaux, ou des conventions précises, négociés et conclus en grand nombre depuis le Congrès de Vienne et jusqu’aux années 1960-1970 : ils étaient établis entre États souverains, ils reposaient sur un accord véritable, et ils construisaient un Droit international positif bien calibré. On est entré maintenant dans l’ère des déclarations d’intention, des « coopérations » sans objets et obligations bien définis. Le système international actuel est non seulement complexe, il est devenu aussi flou (la « fluidité du Droit » est d’ailleurs revendiquée par toute une École de juristes). Tout l’art est de faire revenir et d’imposer ce consensus établi en marge des États, par le haut, en poussant ces derniers, par les procédés décrits plus hauts, à l’intégrer dans leur législation.

Une réaction ?

19Mais le mondialisme se heurte à la réalité d’un monde hétérogène, organisé autour d’un ensemble interétatique tenace, mais instable, et d’un ensemble non étatique polymorphe largement imprévisible. Les grands États, États-Unis en tête, sont désormais convaincus de la nécessité d’agir à la fois dans les deux systèmes, inter- et transnational…

20Il faut toujours être prudent dans ce genre de prévision, mais on peut vraiment se demander si 2016 n’apparaîtra pas, avec le recul, comme une césure, comme le révélateur d’un changement d’époque. On cite en général, comme des manifestations de cette rupture, le Brexit, la victoire de Donald Trump sur le thème America First, les succès de Vladimir Poutine, le durcissement de la Chine. On comprend pourquoi, mais cette énumération reste superficielle, elle décrit des symptômes mais ne permet pas une véritable analyse : elle est seulement l’expression d’une stupéfaction répandue devant des évènements que peu avaient vu venir, mais qui n’avaient rien d’impossible, voir même d’improbable, et qui dans certains cas (Brexit, Chine) couvaient depuis longtemps.

21Qu’est-ce qui donc a été vraiment nouveau en 2016 ? Certainement le fait que pour la première fois depuis la conférence de Paris de 1856 (après la guerre de Crimée) les Occidentaux se retrouvent marginalisés dans un dossier capital au Moyen- Orient (la Syrie). Certes, on impute généralement cette situation au président Obama, mais à mon avis le problème est plus profond : la fatigue stratégique induite par 15 ans d’expéditions ratées, et encore plus une vision totalement déformée et de la région, et de l’Islam, et du système international et des ressorts des groupes humains en guerre ou en crise, à la suite du bouleversement des schémas de pensée et des réflexes politiques des pays occidentaux depuis la fin des années 60. Le « soft power », dont nous constatons l’échec, et l’incapacité de penser stratégiquement sont d’abord l’expression d’une pensée molle.

22Ce qui est nouveau aussi, et étonnamment simultané d’une rive à l’autre de l’Atlantique, c’est, encore plus que la tarte à la crème de la révolte « populiste » contre les élites, une réalité tangible : le débat politique était structuré entre la Gauche et la Droite depuis le XIXe siècle, il l’est maintenant par l’acceptation ou le refus de la mondialisation, (ou la Troisième voie de Theresa May, cf. le Spectator du 25 février 2017) ce qui est tout à fait différent, et qui bouleverse le paysage politique et les règles du jeu. D’où un considérable désordre dans les processus électoraux, un peu partout, qui n’améliore pas le fonctionnement de la démocratie représentative.

23Depuis Wilson, les démocraties occidentales proposaient au monde un modèle cohérent : démocratie libérale, économie de marché, libre échange, et en fait mondialisation avec hégémon US. Le tout dans un ensemble philosophique et moral issu des Lumières. Or la démocratie libérale (qui a toujours été un équilibre délicat entre deux termes en fait antinomiques) est en crise. L’économie de marché, après la crise des années 30, s’était reconstituée par le keynésianisme et le contrôle de l’État. Mais la stagflation des années 70 avait conduit à passer au contraire à la dérégulation et au refus de la relance par la dépense publique. Seulement le nouveau modèle, après 30 ans de succès, a échoué en 2008, et depuis on tâtonne.

24Quant à la mondialisation, elle s’est écartée du modèle initial : il ne s’agit plus d’échanger des produits grâce à une spécialisation mettant en rapport les producteurs les plus aptes et donc les moins coûteux (vin au Midi, bière au Nord…), spécialisation selon les aptitudes qui devait d’ailleurs, d’après Ricardo, mettre un terme aux migrations dues à la misère (tout le monde avait en tête le drame irlandais). On tend maintenant vers des ateliers mondiaux, dont la rentabilité provient essentiellement de la baisse tendancielle des salaires, ce qui compromet certains secteurs des économies occidentales, sans empêcher les mouvements migratoires de masse.

25D’autre part cette mondialisation commerciale présente des limites internes : le commerce à l’intérieur des grandes zones économiques mondiales (Europe, Asie, Amérique…) augmente plus vite que le commerce entre les zones.

26La mondialisation atteint donc certaines limites, même sur le plan économique, sans parler bien sûr de l’attrait faiblissant du modèle occidental des Lumières et du retour de systèmes de pensée et de valeurs non-occidentaux. Cela ne veut évidemment pas dire que le modèle occidental ou la mondialisation disparaissent : les réseaux techniques et de communications ne peuvent plus être que mondiaux, les échanges commerciaux ne vont pas disparaître, le modèle occidental influence encore maintenant les autres beaucoup plus qu’il n’est influencé par eux. Mais des adaptations et transformations considérables sont de toute évidence nécessaires. Or la mondialisation est de toute façon un combat. Les Américains vont peut-être le comprendre plus vite que les Européens, qui ont pour le moment abandonné les concepts de stratégie et de rapports de force dans leur vision du monde ?

Quid en 2030 ?

27Il ne faut pas dire n’importe quoi : la mondialisation ne va pas s’arrêter net, mais elle va sans doute évoluer, et se complexifier. Mais en même temps on notera que ses partisans les plus réfléchis admettent qu’elle est maintenant en panne, et comprennent qu’elle ne repartira pas forcément d’elle-même.

28D’autre part on constate que la mondialisation produit des effets extrêmement importants sur les systèmes politiques et économiques, que l’on comprend mal et que l’on est incapable de prévoir. Beaucoup croient constater que nous changeons de paradigmes (par exemple l’injection massive de liquidités par les banques centrales depuis 2008 n’arrive pas à faire repartir l’inflation, contrairement à la théorie classique et aux expériences antérieures). Nous sommes entrés dans l’ère de l’« incertitude radicale ». [11]

29Tout le monde est donc en fait d’accord sur la pertinence du thème de notre Journée, quelles que soient les positions des uns et des autres. [12] Faisons le point système par système (dans le sens pluriel évoqué au début de cette conclusion).

Les systèmes transnationaux : ils ne vont pas disparaître

Les systèmes techniques

30On ne va pas revenir en arrière dans l’imbrication mondiale des systèmes industriels, liée à développement des sciences et des techniques ; en moyenne, le processus de production d’un objet implique aujourd’hui 14 pays différents ; même si les États-Unis découvrent qu’ils sont vulnérables aux composants chinois dont fourmillent leur électronique. [13]

31On retiendra deux tendances probables. D’abord la réduction des vulnérabilités stratégiques induites par les systèmes techniques et informatiques : aux États-Unis c’est clair (on n’oserait pas d’ailleurs les présenter comme de pauvres victimes dans ce domaine, ne serait-ce qu’en pensant aux écoutes de la NSA ou aux problèmes des centrifugeuses iraniennes ; l’Europe aura plus de mal à se protéger, à cause de ses règles très strictes concernant les appels d’offres…).

32Une grande inconnue est introduite par le développement des normes environnementales : pas uniquement celles qui peuvent découler des décisions des organismes nationaux ou internationaux à la suite des « recommandations » de la COP, mais aussi à la suite de l’évolution des techniques et des stratégies industrielles. On pense à la voiture électrique : les gouvernements français et britannique viennent de décider que les véhicules à essence ou diesel seraient bannis à partir de 2040, et certains constructeurs commencent à s’y préparer. Mais on estime que cela aurait pour conséquence une augmentation de 30% de la consommation d’électricité. Comme en même temps on voit poindre la sortie du nucléaire et la fin des centrales à énergie fossile, il est totalement impossible aujourd’hui de savoir comment cette équation complexe sera résolue…

Les systèmes commerciaux

33Il faut tout d’abord éviter les positions idéologiques dans un sens ou l’autre : le livre de Paul Bairoch, Mythes et paradoxes de l’histoire économique (La Découverte, 1994) montre bien que qu’il n’y a pas de critères définitifs et absolus en faveur du Libre Échange ou du protectionnisme, mais les pays ont pratiqué en général les deux alternativement, selon les périodes, et de façon plus ou moins intelligente, ce qui est plus important que les prises de position théoriques. D’autre part la mondialisation a entraîné la constitution de chaînes d’approvisionnement complexes : un avion Boeing est à 40% européen (par exemple s’il est équipé de moteurs Rolls-Royce), un Airbus à 40 % américain… Cela relativise les choses.

34En même temps on a constaté aux États-Unis de fortes réactions contre l’accord transpacifique, dont Trump a décidé dès son arrivée à la Maison blanche de se retirer (à cause des conséquences négatives bien réelles de l’ouverture précédente de l’économie américaine à l’étranger). Quant à l’autre grand traité de Libre-échange en cours de négociation, le traité transatlantique TAFTA entre les États-Unis et l’Union européenne, de larges secteurs des opinions publiques en Europe n’en veulent pas (car il comporte des clauses juridiques qui dépossèdent les États au profit des entreprises en cas de contentieux…). Et le Président Trump a pour le moment laissé tomber la négociation. Quant à l’OMC, elle est actuellement dans une phase de relative paralysie. On constate donc que tous les accords ou toutes les négociations économiques multilatérales sont en ce moment sont à l’arrêt.

35Inversement, on constate qu’au contraire les accords bilatéraux ont le vent en poupe, en particulier entre les États qui ont conservé une plus grande liberté de manœuvre. La Suisse a conclu des accords commerciaux avec l’Union européenne, les États-Unis, le Japon et la Chine, alors que l’UE n’y arrive pas (le récent accord avec le Japon, annoncé à son de trompe, n’est en fait guère plus qu’une déclaration d’intention).

36La globalisation commerciale patine… Elle n’a d’ailleurs pas été un mouvement continu : elle a connu des phases, des hauts et des bas depuis le XVIe siècle, puis de 1860 à 1914 (première mondialisation), de 1919 à 1990 (deuxième mondialisation), et enfin la troisième depuis les années 1970. [14] On peut penser que dans la perspective de 2030, ce modèle d’accords bilatéraux multiples est fort vraisemblable, plus que les « Doha Rounds » et les grandes machines imaginées par l’OMC… Ceci dit, si le but du Libre-échange total s’éloigne, ces accords bilatéraux ne seront pas forcément protectionnistes, et ils pourront même être plus libéraux d’inspiration que ceux que Bruxelles tente de négocier, la Suisse en administre la preuve et c’est d’ailleurs l’orientation annoncée par Londres pour l’après-Brexit.

37D’autre part il est probable que l’on va assister à une correction de la notion même de libre-échange ; le FMI a adressé récemment un avertissement implicite à l’OMC (qui par exemple ne fait pas grand-chose pour garantir la propriété intellectuelle) en déclarant qu’il fallait passer du Free Trade au Fair Trade – ce qui est exactement la thèse de l’Administration Trump (ce n’est d’ailleurs pas une thèse nouvelle : elle a été opposée dès le XIXe siècle aux tenants du libéralisme manchestérien)..

38Un grand problème : le « régionalisme » va-t-il profiter recul de la mondialisation ? Les libéraux eux-mêmes ont souvent admis la constitution de groupes économiques régionaux. C’est le cas en Europe dans les années 20, face à la concurrence américaine, c’est le cas aussi pour la première période de la construction européenne à partir de 1950, durant laquelle il était entendu que l’Europe des Six aurait sa personnalité économique, y compris avec un tarif extérieur commun non négligeable (la « préférence communautaire », à laquelle, il est vrai, les Français étaient plus attachés que leurs partenaires). Le passage à la conception d’un Free Trade à l’échelle mondiale, plus exigeant, à partir des années 70 et des différents cycles (ou Rounds) du GATT, représentait pour Bruxelles une évolution importante, mais qui n’était pas donnée d’avance.

39Cependant les comparaisons historiques permettent de replacer les périodes de mondialisation dans leur contexte. Par exemple si sur le plan économique les deux premières mondialisations se traduisent bien par une accélération du commerce international multilatéral partout dans le monde, mais clairement centré sur les puissances industrielles développées (Europe, Amérique du Nord, plus tard le Japon), la vague actuelle est particulière : le commerce à l’intérieur des grandes zones (pacifique, atlantique, européenne) augmente à un rythme plus rapide que le commerce mondial. On pourrait parler de « mondialisation polycentrique », correspondant à l’émergence de grands espaces économiques individualisés, soit très structurés, comme l’Union européenne, soit relativement informels mais pourtant performants, comme l’Asie. [15] Il est possible que le régionalisme très structuré (comme celui que pratique l’UE) s’adapte moins bien à la nouvelle situation que le régionalisme plus souple (comme celui de l’ASEAN), on y reviendra.

Les systèmes financiers : leur évolution est la plus difficile à prévoir

40Il est possible qu’un coup de frein soit porté à la liberté des mouvements de capitaux : celle-ci engendre une perte de contrôle pour les États et les économies nationales. La Chine rachète tout (y compris en Allemagne et aux États-Unis) et les fonds souverains du Golfe le reste. La Grande-Bretagne est le seul grand pays à ne manifester aucune inquiétude à ce sujet : la RFA, les États-Unis, sans parler de la France prennent ou vont prendre des mesures de défense. En outre on constate la multiplication des règles et la chasse aux paradis fiscaux : or c’était le lubrifiant indispensable du système de la mondialisation libérale post-dérégulation des années 1980. On en reviendrait aux années 60, au contrôle des mouvements de capitaux et des changes. Mais il y a des forces contraires : outre la Grande-Bretagne, le président Trump paraît vouloir remettre en cause les mesures prises pour le système bancaire américain à la suite de la crise de 2008. Et de toute façon la majorité des échanges financiers ne passent plus par le système bancaire classique, mais par tous les produits dérivés et directement entre les entreprises. L’ensemble est fort difficile à contrôler.

41Quant au rôle du dollar et du FMI, à mon avis il restera central encore en 2030, car l’euro échoue à devenir une monnaie de réserve et je ne pense pas que la monnaie chinoise y parvienne d’ici là. Mais une réforme du FMI est possible voire probable : l’austérité budgétaire prônée par cet organisme suscite de plus en plus d’opposition, même Mme Lagarde a dû le reconnaître à Davos en janvier 1970…Et les émergents voudront plus de place. Mais le résultat serait de ramener le FMI à une sorte de BRI, il ne serait plus l’instrument–clé de la mondialisation libérale.

Systèmes de communication et systèmes informatiques

42Ils représentent la pointe de la mondialisation, et en même temps en constituent un moyen essentiel. On voit mal une désintégration technique de ces systèmes, mais le problème, ce sont les contenus (culturels, religieux, politiques…) véhiculés : ils sont fort divers et ne vont pas l’être moins, puisque le modèle occidental est désormais moins dominant.

43Mais les États puissants et/ou décidés tirent leur épingle du jeu, et ont appris à utiliser ces moyens techniques modernes pour mieux assurer leur pouvoir. [16] La thèse de la libération grâce à Internet dans les États dictatoriaux ou totalitaires a été très à la mode, elle l’est moins. En effet l’informatisation est devenue un instrument clé du contrôle social.

44Mais il faut signaler un nouveau phénomène lié à l’informatique, qui, ajouté à la robotisation, va probablement transformer notre vie économique : l’« ubérisation », c’est-à-dire la mise en place de services nouveaux de toute nature à partir de plateformes numériques, immatériels, sans les investissements dans les structures classiques (de BlaBlaCar à AirB’andB). Il est trop tôt pour dire ce que sera l’influence de ces nouvelles méthodes sur la globalisation, mais, instinctivement, on penserait qu’elles devraient aller dans ce sens, étant donné qu’elles permettent une délocalisation absolue.

Organisations terroristes et mafieuses de toute nature, État Islamique

45Les organismes de ce genre sont les plus mondialisés, par nature, puisqu’ils nient les États et les organismes internationaux. Il est bien certain qu’ils n’auront pas disparu en 2030 ! Mais comme ils ont le plus profité de la mondialisation, ils pâtiront peut-être de son ralentissement (notre seule certitude étant qu’un monde à la Fukuyama est exclu…).

Les organisations multilatérales

46Leur rôle va à mon avis reculer : les G8 et G20, en lesquels on avait placé tant d’espoir, se sont révélés ces derniers temps peu opérants. [17] Sans douter parce que les intérêts et conceptions se leurs membres sont trop divergents. L’ONU va probablement reculer en tant que telle au profit de « groupes » (pour la Syrie, pour l’ex-Yougoslavie…) : en fait il s’agit de réunir les pays les plus puissants concernés par un problème pour lui trouver une solution, beaucoup plus sur le modèle du Concert européen de 1815 à 1914.

47L’OMC n’a plus réussi à conclure un « Round » depuis 1995, l’organisme est bloqué, tandis que se multiplient les accords bilatéraux « à l’ancienne » (ce qui est en outre la politique affichée désormais des États-Unis et de la Grande-Bretagne). [18]

48L’OTAN évolue lui aussi vers le bilatéral ou le bilatéral multiple : la mise en jeu de l’Article 5 exige l’unanimité au Conseil atlantique ; s’agissant de problèmes possibles avec la Russie, celle-ci trouverait sans doute suffisamment de pays membres prêts à bloquer un vote. C’est la thèse de l’ouvrage récent du général Sir Richard Shirreff, War With Russia, 2015. Dans son scénario (il fut le numéro deux de SACEUR) l’auteur imagine une agression russe par proxies en Lituanie, le Conseil de l’Alliance incapable de voter l’article 5, et les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France prenant les choses en mains en dehors de l’OTAN. L’attitude du président Trump à l’égard des alliés de l’OTAN et le Brexit pourraient d’ailleurs bien renforcer ces tendances.

49En revanche, pour les organisations régionales non intégrées (comme l’ASEAN en Asie, le Mercosur en Amérique latine, divers organismes en Afrique), on peut à mon avis se montrer assez optimiste…

Organisations supranationales : l’Union Européenne

50Comment définir en termes juridiques l’Union européenne ? Rappelons qu’en 1953 le ministre des Affaires étrangères d’alors, Georges Bidault, avait expliqué au Parlement qu’elle n’était « ni un État, ni une fédération, ni une confédération ». Rappelons également l’oxymore de Jacques Delors en 1992 : une « fédération d’États-Nations ». Le problème provient de ce qu’il s’agit d’un ensemble de type nouveau.

51Mais cette singularité reposait sur un pari, qui était en même temps une arrière-pensée : que l’on parviendrait un jour à faire le saut vers le fédéralisme. Car historiquement, les confédérations qui ne finissent pas à un moment donné en fédération éclatent. Mais on n’a jamais pu franchir le pas. En attendant ça fonctionnait grâce à une convergence d’intérêts suffisante entre les Six, moins d’ambitions millénaristes, et beaucoup d’interétatique (le COREPER, organe essentiel, et les piliers non-communautaires).

52En fait l’historien britannique Alan S. Milward, dans son livre de 1992, The European Rescue of the Nation-State, avait donné la meilleure explication : la construction européenne est restée prudente et limitée, ayant pour but non-avoué de permettre aux États-Nations européens de survivre après 1945.

53Mais l’Europe de Bruxelles a changé de nature avec l’Acte Unique de 1986, avec l’Euro, les élargissements, les Accords de Schengen et Dublin. Alors qu’elle subissait pourtant toute une série d’échecs et de problèmes : échec de la « politique européenne de voisinage » et de la stratégie de sécurité par inclusion progressive des voisins ; limites de l’efficacité de son Soft Power ; stagnation de la PSDC ; crises à répétition (Grèce, migrants, Brexit…).

54L’UE risque d’être malmenée dans les années qui viennent : à cause des conséquences du Brexit ; de l’échec économique relatif des problèmes de l’Euro (la zone Euro est sous-optimale) ; et de l’énorme énergie dépensée pour introduire des normes de toute nature qui cassent la compétitivité de l’Union. En outre Poutine fait progresser son influence dans certaines capitales de l’Union, et le Président Trump annonce sa volonté de revenir au bilatéral avec les pays de l’UE, en court-circuitant Bruxelles.

55Quelles sont les évolutions possibles ? Vers une simple zone de Libre-échange et une organisation régionale moins ambitieuse ? Ou vers une « Europe à plusieurs vitesses », comme le prévoit Mme Merkel ? Et aussi Jean-Claude Juncker, qui a évoqué le 1er mars cinq scénarios possibles, allant de plus d’intégration à une réduction forte de l’intégration, en se concentrant sur l’essentiel… Notons qu’en Allemagne même beaucoup d’experts admettent maintenant que la zone Euro, telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, ne présente pas pour elle que des avantages.

56Quant à la défense et à la sécurité, son traitement, s’il voit vraiment le jour, sera assuré dans un cadre intergouvernemental, d’après les Traités eux-mêmes. Et parce que le logiciel de ces Traités est génétiquement uniquement d’ordre juridique et ne comporte que le Soft Power. [19]

57Donc l’UE a de fortes probabilités de se transformer, soit vers une zone dure de plus en plus intégrée mais réduite (qui serait une quasi fédération autour de Berlin), soit vers un retour à un interétatisme de fait généralisé, à la Milward. Les conséquences géopolitiques seront à voir. Mais de toute façon le système européen supranational que nous connaissons serait profondément modifié, et on peut se demander si le projet initial des années 50 a encore une chance d’être réalisé.

Conclusions

58Tous ces enjeux font l’objet de combats cachés mais titanesques. Le Grand Débat tourne davantage autour de la mondialisation que du clivage Droite / Gauche (de ce point de vue les « Altermondialistes » sont en effet des mondialistes, comme le montre leur attitude face aux migrations. Sur ce point mondialistes, libéraux et altermondialistes sont fondamentalement d’accord).

59Je pense que l’on ne parlera pas en 2030 de « fin de la mondialisation », seulement elle sera très probablement réorientée et freinée, beaucoup plus diversifiée, avec des systèmes complexes. Et elle sera beaucoup moins « libérale », au sens de la période 1944-2008…

60On peut imaginer un ensemble complexe de systèmes beaucoup plus internationaux, ou multinationaux, et multipolaires, que supranationaux type UE ou « gouvernance mondiale » envahissante, tels qu’on les imaginait il y a peu.

61Avec des axes possibles pour l’évolution (et bien sûr les variantes intermédiaires) :

  • Soit finalement le maintien du système interétatique de Westphalie, avec la poursuite du développement d’institutions multinationales. Mais il ne serait pas unipolaire comme durant les années 1990 : il serait multipolaire, avec la probabilité d’une opposition structurante Chine-USA.
  • Soit une variante assez proche (ex. la Suisse, et le projet de Theresa May,) [20] : des États agiles ne cherchant pas à s’opposer à la mondialisation, mais à surfer en fonction de leurs intérêts, sans se laisser absorber dans des groupes intégrés, et en veillant à ce que leur population ne soit pas court-circuitée dans la répartition des bénéfices d’une politique économique mondialisée (modèle de Singapour…).
  • Ou encore le système mixte envisagé par Thierry de Montbrial, avec une évolution des rapports interétatiques conduisant à une “imbrication fonctionnelle” croissante des États, formant de nouvelles unités politiques et des sous-ensembles régionaux à géométrie variable, sans toutefois disparaître.
  • Ou alors on reviendrait à un système unipolaire comme dans les années 1990, mais la Chine remplaçant les États-Unis comme organisateur de l’ordre mondial ? On note le nouveau discours de Pékin, qui prend désormais la défense de l’ordre mondial et insinue qu’il pourrait le diriger mieux que ne le font les États-Unis. [21] Seulement le PCC relève la tête, et sur ce point la politique intérieure de restauration du Président Xi Jinping me paraît en contradiction avec sa politique extérieure d’ouverture. Ou plus exactement la reprise de contrôle par le PCC ne va pas faciliter l’inscription de la Chine dans l’espace mondialisé et pourrait susciter des réactions chez ses partenaires.
  • Cependant les prestations actuelles des élites dirigeantes américaines et britanniques permettent de comprendre pourquoi certains voient la Chine succéder aux États-Unis à la tête de l’ordre mondial ! Ceci dit, je déconseille d’enterrer trop vite les États-Unis, qui disposent toujours de ressources exceptionnelles là où ça compte (énergie, innovation…). [22]
  • Soit le monde verrait prospérer les grands espaces économiques du régionalisme, qui sont toujours aussi de grands espaces géopolitiques avec leurs composantes culturelles/religieuses. En d’autres termes, ce serait Friedrich List, plus Carl Schmitt, plus Huntington. [23]
  • Mais dans tous les cas la gouvernance mondialiste et l’UE supranationale comme systèmes (historiquement et philosophiquement d’ailleurs très proches) reculeraient ou ne seraient pas la voie unique du futur…

Notes

  • [1]
    Anne-Marie Slaughter, « America’s Edge. Power in the Networked Century », Foreign Affairs, 2009/1. Et surtout cf. son interview par Chrystia Freeland, International Herald Tribune, 18 mars 2011.
  • [2]
    Relations internationales, nos 123 et 124, automne 2005 et hiver 2005-2006, consacrés tous deux aux mondialisations.
  • [3]
    Cf. le Financial Times du 27 juillet 2017.
  • [4]
    Bertrand Badie, Un monde sans souveraineté, Fayard, 1999 ; Bertrand Badie, L’impuissance de la puissance. Essai sur les nouvelles relations internationales, Fayard, 2004.
  • [5]
    Mario Bettati, Droit d’ingérence, mutation de l’ordre international, Paris, Odile Jacob, 1996.
  • [6]
    Samy Cohen, La Résistance des États, Le Seuil, 2003.
  • [7]
    Bergedorf Round Tables, The Limits of Power : Europe and America in a New World Order, Körber-Stiftung, Hambourg, 2010.
  • [8]
    Thierry de Montbrial, L’action et le système du monde, Paris, PUF, 2002.
  • [9]
    Ibid.
  • [10]
    Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer, « La compétence universelle à l’épreuve des crises diplomatiques », Revue de science criminelle et de droit pénal comparé (RSC), 4/2016, p. 701-724.
  • [11]
    Wolfgang Münchau, “Welcome to the Age of Radical Uncertainty”, Financial Times, 19 juin 2017.
  • [12]
    Fred Hu, Michael Spence, “Why Globalization Stalled And How to Restart it”, Foreign Affairs, 1er août 2017.
  • [13]
    Peter W. Singer, August Cole, Ghost Fleet. A Novel of the Next World War, Houghton Mifflin Harcourt, 2016. Fred Kaplan, Dark Territory : The Secret History of the Cold War, Simon & Schuster, 2016.
  • [14]
    Du point de vue méthodologique : Harold James, The End of Globalization. Lessons from the Great Depression, Harvard University Press, 2001.
  • [15]
    Georges-Henri Soutou, L’Europe de 1815 à nos jours, PUF, 3e édition, 2015.
  • [16]
    Fred Kaplan, Dark territory, op. cit.
  • [17]
    Neue Zürcher Zeitung, n°s des 8 et 10 juillet 2017, fort critiques.
  • [18]
    Neue Zürcher Zeitung 19 avril 2017.
  • [19]
    Georges-Henri Soutou, « La France et la relance européenne de 1955-1957 : économie et stratégie », Revue Défense nationale, mars 2017.
  • [20]
    Cf. le Spectator du 25 février 2017.
  • [21]
    “Rearranging Global Trade”, New York Times, 16 mai 2017. “Die Gunst der Stunde”, Neue Zürcher Zeitung, 2 juin 2017. Gideon Rachman, Easternization : Asia’s Rise and America’s Decline from Obama to Trump and beyond, Other Press, 2017 (compte-rendu dans la New York Review of Books du 11 mai 2017).
  • [22]
    Joseph Nye, « Le siècle américain n’est pas fini », Le Monde, 25 juillet 2017.
  • [23]
    Carl Schmitt. Concepts et usages, sous la direction de Serge Sur, CNRS, Biblis, 2014, pp. 19-35. William Henderson, Friedrich List : Economist and Visionary, Frank Cass, Londres, 1983, p. 85. Samuel P. Huntington, The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order, Simon & Schuster, 1997.
Français

Plusieurs systèmes internationaux coexistent et s’interpénètrent. Deux tendances d’opposent : mondialisation et régionalisation. Mais dans tous les cas la gouvernance mondialiste et l’UE supranationale comme systèmes reculeraient ou ne seraient pas la voie unique du futur.

Mots-clés

  • mondialisation
  • régionalisme
English

Which international system(s) to 2030?

Several international systems coexist and interact. Two tendencies stand in opposition: globalization and regionalism. But in any case, world governance and a supranational European Union would retreat as systems or would not be the only available way towards the future.

Keywords

  • globalization
  • regionalism

Bibliographie

  • Badie (Bertrand), Un monde sans souveraineté, Fayard, 1999.
  • Badie (Bertrand), L’impuissance de la puissance. Essai sur les nouvelles relations internationales, Fayard, 2004.
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  • Fred Kaplan, Dark Territory : The Secret History of the Cold War, Simon & Schuster, 2016.
  • Henderson (William), Friedrich List : Economist and Visionary, Frank Cass, Londres, 1983.
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  • Soutou (Georges-Henri), L’Europe de 1815 à nos jours, PUF, 3e édition, 2015.
  • Sur (Serge) dir., Carl Schmitt. Concepts et usages, CNRS, Biblis, 2014.
Georges-Henri Soutou
Georges-Henri Soutou, de l’Institut, professeur émérite de l’Université Paris-Sorbonne, président de l’Institut de stratégie comparée.
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 18/04/2018
https://doi.org/10.3917/pstrat.008.0101
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