CAIRN.INFO : Matières à réflexion

En 2020, alors que les États-Unis subissaient de plein fouet les effets de la pandémie de COVID-19, ils demeuraient un des rares pays développés où le congé maladie rémunéré n’était pas inscrit dans la loi, mais laissé au bon vouloir de l’employeur. Ce volet manquant du public/private welfare state états-unien se situe à la croisée de plusieurs domaines de la politique sociale : droits des salariés, politique de santé, politique familiale. C’est également un enjeu majeur de santé publique, dramatiquement mis en lumière par la crise sanitaire et les mesures d’urgence prises par le Congrès avec le Families First Coronavirus Response Act de mars 2020, première loi fédérale en la matière, mais non pérennisée par l’administration Trump en décembre de la même année.
Le fédéralisme états-unien offre cependant un cadre institutionnel favorable à l’expérimentation, grâce auquel des avancées ont été enregistrées depuis une quinzaine d’années précédant la crise. Quels éléments ont été propices à ces développements ? Les États peuvent-ils, dans ce champ des politiques publiques, s’inspirer les uns des autres dans un processus d’apprentissage (policy learning) ? Les États peuvent-ils être des laboratoires des politiques progressistes malgré le « déficit démocratique » créé par des gouvernements d’État souvent plus partisans que la moyenne de leur population ensemble ?
On analysera tout d’abord les stratégies qui ont conduit à l’adoption de lois concernant le congé maladie rémunéré dans certains États fédérés et municipalités…

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Les États-Unis sont un des rares pays développés à ne pas garantir de congé de maladie rémunéré à tous les salariés. Cette lacune de la protection sociale états-unienne affecte particulièrement les catégories sociales à bas revenus et accroît les inégalités de classe, de race et de genre. Depuis le milieu des années 2000, des campagnes sont menées dans les États et les municipalités pour obtenir des paid sick days. Cet article se propose d’analyser les stratégies adoptées par les réformateurs ainsi que les obstacles politiques et institutionnels auxquels ils se trouvent confrontés afin de parvenir à leurs objectifs dans un climat d’extrême polarisation. Dans ces conditions, si la pandémie de Covid-19 s’avère être un vecteur du changement, les gouvernements subnationaux peuvent-ils être les « laboratoires de la politique sociale » ?

Éveline Thévenard
Agrégée d’anglais, maîtresse de conférences honoraire en civilisation des États-Unis à Lettres Sorbonne Université. Ses recherches portent sur la protection sociale aux États-Unis, la politique de santé et la réforme de l’assurance maladie, la politique familiale, ainsi que la dynamique des relations intergouvernementales
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Mis en ligne sur Cairn.info le 18/05/2022
https://doi.org/10.3917/polam.038.0065
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