CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1La rapide transformation de l’économie mondiale impose aux individus, aux entreprises et aux nations de s’adapter de façon parfois drastique, mais les institutions existantes soutiennent généralement ceux qui bénéficient des règles du jeu en vigueur. Elles sont des forces d’inertie. Les vieilles nations industrielles peinent à s’adapter à la concurrence des économies émergentes d’Asie que la mondialisation place au même niveau de jeu.

2Les États manufacturiers aux États-Unis, hier en tête du développement avec l’automobile, l’acier, l’aéronautique et l’électronique, dits en déclin, ont quelques leçons à tirer de leurs compétiteurs asiatiques, européens ou latino-américains, pour reconfigurer leur structure institutionnelle.

3L’État du Michigan, qui fut à la pointe de l’industrie automobile pendant près d’un siècle, a perdu en compétitivité en raison des rigidités institutionnelles où se logent des intérêts acquis. Les efforts de transition vers d’autres industries ont, dans le meilleur des cas, été mitigés. Que doit faire le Michigan pour renouer avec la vitalité économique ? Le succès de l’Irlande, du Chili, de Singapour et d’autres pays suggère certaines idées. La réussite économique repose désormais rarement sur une industrie intégrée verticalement, mais plutôt sur le développement de capacités horizontales dans des niches servant à plusieurs industries à différents endroits de la chaîne de production globale. Un bon exemple de cette agrégation horizontale est Singapour, plate-forme d’ingénierie de précision utilisable par de nombreuses industries.

4Pour créer ce type de transformation, les anciens outils fiscaux et de règlement du marché du travail ne sont plus les meilleures dispositions à prendre. Les ingrédients clés aujourd’hui sont les individus et les idées, et la coordination de ce capital humain pour créer de nouvelles ressources, particulièrement le savoir. Des parcs de recherche, des guichets uniques pour le développement économique, des liens avec les universités et le financement précoce de projets « entrepreneuriaux » peuvent, ensemble, faciliter l’émergence et l’utilisation d’individus et d’idées pour le développement. Pris séparément, ces éléments représentent des investissements immobiliers, une administration, une tour d’ivoire et du capital, mais combinés ils peuvent maximiser l’ampleur et la solidité de la contribution du capital humain à l’économie d’entreprise.

La recherche et l’innovation : agréger qualifications, savoirs et infrastructures

5L’agrégation de ressources, en particulier qualifications, savoirs et infrastructures, a toujours joué un rôle dans le dynamisme et la croissance économiques. La concentration de certaines industries a permis une baisse des coûts de transaction par rapport à d’autres régions, et nulle part ce phénomène ne fut plus vrai que dans le Midwest : acier à Pittsburgh, automobiles et pièces détachées dans le Michigan, équipement agricole dans l’Indiana, pneus et biens durables dans l’Ohio, etc. Exemple extrême, l’on dénombrait dans le Michigan il y a cent ans environ mille manufactures liées au secteur automobile, dont la multiplication facilita la disponibilité de matières premières dans certaines zones, celle d’une force de travail appropriée, l’échange d’idées, l’accès au marché et l’essor de structures logistiques. Les fournisseurs clés se rapprochèrent des principales usines, la formation spécialisée prit son essor, et les infrastructures furent créées pour accompagner l’efficacité industrielle, les entreprises fusionnant verticalement et horizontalement. Comme Michael Porter l’a souligné, la localisation géographique dans l’ancienne économie devint un important facteur du succès.

6Avec l’économie globale, la nature et l’importance des agrégations ou clusters a aussi changé. La diversité industrielle contribue à la croissance et à la vitalité économiques. Il s’agit donc de réconcilier le besoin de diversité industrielle et les bénéfices des clusters. Pour croître, l’économie de la connaissance, basée sur la transmission du savoir et sur l’innovation, requiert un grand nombre de secteurs et d’entreprises, et non plus seulement une seule et même industrie. Mais elle s’appuie aussi sur les regroupements de qualifications, de savoirs et d’infrastructures particuliers et complémentaires.

7L’atout-maître dans les industries de production, comme de service, dans la nouvelle économie, ce sont les qualifications. Des milliers d’emplois à bas salaire et peu qualifiés sont supprimés dans les anciennes industries du Midwest, tandis que les industries plus récentes, intensives en savoir, manquent de ressources humaines, créant une coexistence paradoxale de chômage élevé et de forte demande de travail. Idéalement, l’adaptation des économies passe par une polyvalence accrue des qualifications de la force de travail disponible, c’est-à-dire la création de qualifications avancées pouvant être appliquées à différentes industries intensives en savoir et en innovation.

8La reconversion de Singapour dans les années 1970, plongé dans une profonde crise après le départ des Britanniques, exclu de la fédération malaisienne et de l’accès à ses ressources, est exemplaire. La formation d’une réserve d’ingénieurs en partenariat entre le gouvernement et le secteur privé, d’abord tournés vers l’ingénierie optique, s’orienta vers l’ingénierie de précision en général, utile à une gamme plus vaste d’industries : lecteurs de disques durs, composants électriques, moulage de précision, etc., se développèrent rapidement à Singapour. [1]

9Les localités peuvent ainsi devenir des réservoirs de certains savoirs spécifiques. Ce fut le cas de Detroit il y a cent ans autour de l’industrie manufacturière. La production fordiste de technologies était largement basée sur la gestion innovante d’activités industrielles, et nulle part ailleurs dans le monde les firmes n’étaient organisées à cette époque comme celles du Michigan. De même, le Japon des décennies 1980 et 1990 devint le temple des nouvelles méthodes de gestion des opérations industrielles, notamment la production en temps réel ou « kanban », et d’autres innovations dans l’organisation industrielle. Singapour devint un expert mondial à la mise sur pied et la déconstruction de prototypes d’usines. En bref, des combinaisons clés de savoir peuvent inclure des systèmes d’organisation, des processus de connaissance et la connaissance de produits, l’expertise scientifique de base, etc. Ces réserves de savoir doivent être renouvelées en permanence car elle tendent à se diffuser comme best practices lorsque l’avantage compétitif pour les firmes locales issu des innovations est reconnu.

10Les premières industries s’établirent dans le haut-Midwest en raison de ses matières premières et de ses infrastructures. Elles utilisèrent notamment les Grands Lacs pour le transport des matières premières et des produits finis, entre elles et à destination des marchés extérieurs. Mais de même que les capacités humaines ont remplacé les ressources naturelles comme matière de base de l’industrie moderne, les besoins en infrastructure ont aussi évolué, des atouts naturels comme le système de navigation et de transport, à l’électronique et au transport aérien. Les nouveaux produits et les services requièrent des lignes de fibre optique, de la téléphonie et autre infrastructure digitale. Un port reste un atout, mais plus comme avant. Les économies enclavées de l’Utah, du Colorado et de l’Arizona explosent grâce à leur équipements en infrastructure digitale. Si elles ne seront jamais de grandes destinations de transport pour les produits physiques, les coûts réduits du transport aérien offre à tous un niveau critique minimum de transport, et ces économies se spécialisent dans le transport de produits digitaux.

11En somme, les agrégations sont importantes, mais le type d’agrégation nécessaire a changé : qualifications polyvalentes, savoir spécialisé et nouvelles infrastructures pour soutenir une gamme élargie d’entreprises industrielles et de services.

Guichet unique pour le développement économique

12Les régions et localités ont conscience qu’elles sont en concurrence pour le développement économique. Si la marée soulèvent toutes les barques, selon l’expression de John Kennedy, il y a aussi un jeu à somme nulle, les entreprises qui s’établissent à Singapour ne s’installant pas au Michigan. En plus des agrégations de facteurs, les entreprises sont attirées aussi par la facilité offerte à leur démarrage. Les coûts financiers et de temps sont un élément de leur décision.

13L’offre de guichet unique est très attractive pour les entreprises nouvelles. Leur efficacité peut toutefois être très variable. Singapour a créé la norme de huit jours pour le lancement d’une entreprise (www.sedb.gov). À l’autre extrémité se trouve le Midwest, où l’installation d’une start-up peut prendre entre six et dix-huit mois [2] ! Tous les États du Midwest ont leur guichet unique, mais il s’agit de sites Internet qui offrent à une start-up ou un entrepreneur une information de base sur les différentes zones au sein de l’État ou de la région, des liens aux différents bureaux administratifs en charge des start-ups et un accès à une myriade de formulaires d’autorisation.

14Un modèle plus efficace est celui du Massachusetts. Une visite du site est suivie d’un appel d’un agent de l’office du développement économique qui s’entretient du projet de start-up, abordant les questions de zone d’installation, de qualification des employés, de besoins de financement, de logistique, etc. L’agent se charge ensuite de faciliter le processus administratif, ce qui réduit notoirement les ressources en temps habituellement consacrées par les entreprises à leur installation. Cette interaction permet à l’agent d’identifier des bureaux ou un site de production, de faciliter l’accès au marché de l’emploi des travailleurs qualifiés, et d’assister l’entreprise dans la recherche de fournisseurs locaux de tous ordres. Au Massachusetts, la période d’attente est ainsi de 21 jours, délai le plus bref aujourd’hui aux États-Unis (Michigan Futures Research Seminar, 2006).

15Le guichet unique du Michigan est moins défini que celui de Singapour ou du Massachusetts parce qu’il n’existe pas un seul guichet unique. Le département du Travail et de la Croissance économique (DLEG) peut faciliter la formation pour les nouvelles entreprises et la rencontre d’employeurs avec des employés en prospection. Quant au Michigan Economic Development Corporation (MEDC), il peut aider les startups à trouver des investisseurs ou business angels, du capital d’incubation et du capital-risque. Il manque cependant une page web pour soumettre une demande par formulaire ou un bureau à contacter qui permettent d’exploiter immédiatement ces services. Le DLEG et le MEDC sont ainsi des protagonistes du monde des start-ups moins actifs au Michigan qu’ils ne pourraient l’être. En outre, leur rôle est souvent restreint à la promotion de sociétés établies, « favoris » du gouverneur ou d’autres élus de l’État. La même chose vaut pour l’aide aux start-ups dans les autres États du Midwest.

16Ces lacunes se reflètent dans les chiffres : en 2000, le Michigan comptait 23 760 start-ups et 577 faillites, une amélioration sur 2003, lorsque l’on dénombrait moins de start-ups (22 022) et plus de faillites (684), et un classement du Michigan au 48e rang sur 50 pour la création d’entreprises selon la Small Business Foundation of Michigan. Si beaucoup de facteurs expliquent ce mauvais classement, le manque d’une stratégie de développement des entreprises joue une part importante.

Les liens entre industrie et universités

17Les universités sont parmi les plus vieilles institutions dans notre société, témoignage du rôle de l’éducation et de la connaissance. Or l’environnement économique actuel exige plus des universités comme créatrices de nouveau savoir. Il ne s’agit pas d’être une tour d’ivoire ; les rigidités institutionnelles qui pèsent sur le développement valent aussi bien pour l’université que pour l’industrie. Les liens avec les acteurs économiques sont de plus en plus nécessaires. Ils peuvent reposer sur trois axes : liens entre les étudiants et les entreprises, entre les entreprises et l’université, entre les universités elles-mêmes.

18Les étudiants sont traditionnellement perçus comme des consommateurs. Le nouveau contexte universitaire en fait davantage des atouts pour la production de nouveaux savoirs et, par un effet de levier, des éléments d’intégration de ces nouveaux savoirs aux entreprises afin d’améliorer leur compétitivité. Ces nouveaux savoirs peuvent même être créés aux premiers cycles de l’université, dès lors qu’un rôle dans la recherche est dévolu aux étudiants (undergraduates). Lorsqu’ils participent à des travaux supervisés par des étudiants de cycle supérieur, post-maîtrise (graduates) ou tertiaire, qui sont leurs « tuteurs », ou par les enseignants dans leurs laboratoires et centres de recherche, ils sont exposés au processus qui mène à de nouvelles connaissances, une expérience utile lorsqu’ils entrent sur le marché du travail.

19De même que des activités et des relations formelles autour de la recherche, une relation de travail individuelle et formelle avec une entreprise, même pour ceux qui se destinent à l’université, serait bénéfique. Rien n’est mieux qu’une expérience de la vie réelle. Plus important encore, les étudiants peuvent servir de conduits de l’université à l’entreprise et vice-versa, dans un échange constant d’idées qui peuvent être précieuses en termes de compétitivité. D’une certaine façon, il s’agit là d’une extension de l’apprentissage, mais avec des différences importantes. L’apprentissage est avant tout un échange entre entreprises et individus, les seconds acquérant des qualifications spécifiques et les premières une force de travail bon marché. Le principe de relations de recherche crée de la valeur au-delà de la simple acquisition de qualifications.

20Les universités commercialisent déjà des connaissances et technologies créées en leur sein [3]. Elles mettent sur pied de nouvelles entreprises, déposent des brevets, créent de nouveaux procédés, etc., qui ont une valeur économique. Mais la commercialisation n’est pas chose facile, et même l’université la plus avancée ne peut égaler une entreprise pour conduire une étude de marché, comprendre les besoins des clients, établir le financement ou maîtriser la logistique liée au produit et au procédé. Les entreprises reconnaissent la valeur potentielle de liens étroits avec l’université, mais elles ont du mal à accéder aux ressources de l’université qui possède le savoir spécialisé dont elles ont besoin. L’université n’a jamais été facile d’accès de l’extérieur. Des portails ouvrant la voie à des liens nombreux avec le secteur privé peuvent-ils être inventés ?

21Le modèle traditionnel où un chercheur découvre un procédé déposé par son université, et où celle-ci retire l’essentiel des revenus d’un accord de licence avec une entreprise qui exploite l’invention sur un marché, est dépassé dans l’économie de l’innovation. Ici encore, à la pointe de ce qui se fait en matière d’intégration entre secteur privé et université, Singapour montre le chemin. Dans le Midwest, CyLab, laboratoire de sécurité informatique à l’université Carnegie-Mellon, a adopté des méthodes proches de celles de Singapour pour lier public, privé et université. Carnegie-Mellon a rassemblé tous les chercheurs du campus intéressés à la sécurité informatique en un seul centre sponsorisé par des entreprises. De leur niveau de soutien dépend leur degré d’accès aux travaux du centre. Le laboratoire produit de nouveaux procédés et services de sécurité exploitables sous des licences non-exclusives par les sponsors, qui assurent aux innovations un débouché. La proximité de cette relation permet aussi aux chercheurs de réaliser des innovations majeures à même d’ouvrir à l’industrie de nouvelles directions. Ce modèle se répand aujourd’hui dans tout le Midwest.

22À la fin du XXe siècle, l’université est devenue un centre commercial, une collection d’établissements parmi lesquels les étudiants font leur choix, la faculté des sciences formant des ingénieurs, l’école de commerce des gestionnaires, etc. Mais au sein des universités, les facultés ne sont pas liées entre elles de façon productive. L’interdisciplinarité a bien tenté de casser ces distinctions, mais elle a rarement réussi sauf à être tournée vers des problèmes spécifiques.

23Pour répondre aux défis de l’économie de la connaissance et de l’innovation, l’université devra vaincre ces résistances qui élèvent le coût de l’accès et de l’innovation, en brisant la compartimentation des facultés entre elles. Elles devra se restructurer de façon à faciliter une coopération interne et externe. Certains problèmes techniques peuvent appeler à une assistance mutuelle de l’ingénierie, de la chimie et de la gestion. La logistique peut appeler à une gestion de la chaîne d’approvisionnement et à la manipulation de matériels sophistiqués qui sont à la croisée de plusieurs universités et facultés.

24En résumé, l’université doit penser à faciliter l’accès à ses savoirs spécialisés de façon à jouer son rôle critique dans l’économie de l’innovation [4].

Le capital d’incubation

25Le dernier élément est le financement, sans lequel tous les autres changements ne seraient pas pleinement efficaces. Sans capital, aucune croissance n’est possible. Le problème n’est pas l’accès au capital, dont l’économie globale regorge. Le problème est que le capital d’incubation, qui intervient aux premiers stades du développement des nouvelles entreprises, pose un dilemme d’action collective pour une économie habituée aux firmes établies. Les détenteurs de capitaux sont généralement allergiques au risque. Créer des prototypes ou des preuves tangibles de concepts peut cependant apporter des éléments de réduction du risque associé à des produits ou des procédés.

26Le Midwest n’est pas riche en sociétés de capital-risque et les business angels exigent souvent une part élevée des revenus futurs en cas de succès, en récompense du risque pris. Les start-ups tentent donc de jouer en solo, ce qui affecte ou retarde leur succès. Or le capital d’incubation permet un accès plus rapide des nouveaux produits au marché, des profits accélérés et une croissance du personnel au rythme de celle de la société.

27Au Michigan, le 21st Century Jobs Fund a été créé en 2005 pour financer des start-ups dans des secteurs d’avenir comme les industries motrices avancées, l’énergie renouvelable, le secteur lié à la sécurité intérieure (homeland security) et les sciences de la vie. Ce capital d’incubation décennal est de deux milliards de dollars, un engagement égalé par aucun autre État, ni au niveau fédéral. Le fonds a cependant souffert de coupes budgétaires et de pré-affectations de ressources sans rapport avec sa mission (earmarks) par la législature. Ainsi, pour l’exercice 2007, 26 millions furent détournés du fonds pour financer le programme de repeuplement des forêts du Forest Finance Authority, 2 millions furent alloués à la Michigan Film Initiative et 15 autres millions au Michigan Promotion Program sur le tourisme. Si ces financements publics sont légitimes, détourner les ressources d’un fonds destiné au développement de l’industrie high-tech n’est pas justifié.

28L’Indiana et le Texas sont les deux États qui ont été capables d’établir des fonds d’incubation sans entrave de leur législature. En 2005, l’Indiana a créé le 21st Century Fund for Research and Technology, programme limité qui n’a financé que 38 projets pour un investissement total de 42 millions (www.21fund.org). Au Texas, le gouverneur Rick Perry a créé le Texas Emerging Technology Fund en 2005, programme de deux ans d’un abondement de 200 millions, dont une moitié est allouée aux autorités de développement économique régional et l’autre à des prêts aux entreprises.

29Singapour est parvenu à sortir du dilemme du capital d’incubation en dégageant un milliard de dollars par an sur cinq ans pour financer 1000 nouveaux projets de prototype ou de preuve de concept (proof-of-concept) chaque année. La réduction drastique de risque associée à cette mesure a attiré une quantité de sociétés de capital-risque pour financer des projets au deuxième et au troisième stades de leur développement. En 2001, 117 fonds géraient près de dix milliards de dollars U.S. d’investissements. La Chine a aussi bien avancé. Une étude récente dénombrait 177 firmes gérant 26 milliards de dollars. Au Japon, 232 firmes employant 1 531 « capital-risqueurs » ou venture capitalists (plus du double du pays suivant sur le classement) gèrent 21,5 milliards d’investissements [5].

30Pour renaître, le Michigan et le Midwest devront conjuguer capital humain, faciliter les start-ups et la relocalisation d’industries en expansion, intégrer le réseau des universités, en particulier leurs centres de recherche et leurs étudiants avec le secteur privé, et encourager le financement des étapes de réduction des risques des produits et services innovants pour attirer les capitaux-risques. Les configurations institutionnelles qui répondront à ce défi peuvent varier d’une situation à une autre, mais ce qui est exigé avant tout est un changement de culture et d’orientation. Peu de midwesterners ont vu les débuts des économies industrielles de la région, mais beaucoup continuent de bénéficier des acquis et des arrangements collectifs qui les ont accompagnées. Ce statu quo fait aujourd’hui entrave à un renouveau économique régional et à l’invention de nouveaux schémas de développement.

Notes

  • [*]
    Ross Emmett, Bryan Ritchie et John Fournier enseignent respectivement au Michigan Center for Innovation & Economic Prosperity, au James Madison College et à Michigan State University.
  • [1]
    Richard Doner, Bryan Ritchie et Dan Slater, “Systemic vulnerability and the origins of developmental states: Northeast and Southeast Asia in comparative perspective”, International Organization, printemps 2005, pp. 327-361.
  • [2]
    Building Michigan’s Future. Michigan Center for Innovation and Economic Prosperity, James Madison College, Michigan State University. www.jmc.msu.edu/mciep/research/2006/fullreport.pdf.
  • [3]
    Raymond Smilor, Niall O’Donnell, Gregory Stein et Robert Welborn, III, “The research university and the development of high-technology centers in the United States”, Economic Development Quarterly, août 2007, pp. 203-222.En ligne
  • [4]
    Carl J. Schramm, The Entrepreneurial Imperative, HarperCollins, 2006.
  • [5]
    J. Kimball Dietrich, Venture capital in APEC economies. US-Pacific Economic Cooperation Council, Report to APEC, mai 2003. www.marshallinside.usc.edu/dietrich/Venture%20Capital%20in%20APEC%20Economies-5-14-03.pdf.
Français

Résumé

Les économies du Midwest américain ont été à la pointe du monde « entrepreneurial », de la création de richesse et de la transformation économique au XXe siècle. Mais les institutions créées alors sont devenues un frein à la capacité d’adaptation de la région à la nouvelle économie mondiale. Restaurer cette capacité « entrepreneuriale » exige de privilégier quatre axes dont la combinaison maximisera l’ampleur et la solidité du capital humain dans le développement économique : recherche et développement, soutien public efficace aux start-ups, liens entreprises-universités, et financement privé de projets ou capital-risque.

English

Changing Horse. Recreating Entrepreneurial Economies in the Mid-Western United States

Changing Horse. Recreating Entrepreneurial Economies in the Mid-Western United States

Economies of the Midwest United States led the world in entrepreneurialism, wealth creation, and economic transformation in the 20th century. But the institutions created to maintain that wealth are now constraining the region’s capacity to make the changes necessary to adapt to the new global economy. To restore their entrepreneurial capacity, the economies of the Midwest need to create and integrate four institutional capacities : the agglomeration of research and skill sets that we often associate with university research parks, assistance to new business startups through “one-stop shops” for economic development, stronger private sector connections with the region’s research universities, and very early-stage venture funding.

Ross Emmett [*]
  • [*]
    Ross Emmett, Bryan Ritchie et John Fournier enseignent respectivement au Michigan Center for Innovation & Economic Prosperity, au James Madison College et à Michigan State University.
Bryan Ritchie [*]
  • [*]
    Ross Emmett, Bryan Ritchie et John Fournier enseignent respectivement au Michigan Center for Innovation & Economic Prosperity, au James Madison College et à Michigan State University.
John Fournier [*]
  • [*]
    Ross Emmett, Bryan Ritchie et John Fournier enseignent respectivement au Michigan Center for Innovation & Economic Prosperity, au James Madison College et à Michigan State University.
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 15/11/2012
https://doi.org/10.3917/polam.010.0105
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