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Au chapitre III de la première partie du Deuxième Sexe, après avoir examiné et discuté les approches naturalistes et psychanalytiques affirmant qu'« être une femme » constitue une forme de « destin », Simone de Beauvoir se propose d'évaluer, selon la même optique, les thèses du matérialisme historique. Elle en critique le caractère abstrait, et juge cette perspective trop centrée sur les structures économiques, les rapports de production y apparaissant comme clef d'explication de l'ensemble des structures sociales, y compris de la forme bourgeoise du patriarcat.
Pour autant, Beauvoir se propose-t-elle de développer une approche complètement hétérogène au matérialisme historique ? On pourrait le croire au premier abord. Cependant, notre hypothèse de lecture consiste à soutenir que la perspective existentialiste originale élaborée dans Le Deuxième Sexe ne se présente pas comme une récusation pure et simple du matérialisme historique. Contrairement à ce que donnent à penser certains commentateurs, l'ouvrage de Simone de Beauvoir n'apparaît pas comme un dépassement unilatéral des limites propres au matérialisme historique. La critique de la famille bourgeoise résultant de l'appropriation privative au sein des rapports de production capitalistes, telle que l'expose Engels dans L'Origine de la famille, de la propriété et de l'État (1884), ne se trouve pas balayée par Beauvoir mais reprise dans une perspective qui se propose de l'intégrer à une approche existentialiste. L'intérêt et l'originalité de notre approche, dans ce cadre, consiste à proposer une lecture d…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 09/01/2020
- https://doi.org/10.3917/philo.144.0078
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