Au plus fort du mouvement qui nous pousse en avant, « mélange inexplicable entre la puissance et la fragilité » [22], le monde moderne nous expose à un ensemble de mutations acérées. Les contraintes sociales, économiques, les métissages culturels, les progrès des sciences de la vie, la pluralité des modes de vie de ces trente dernières années, ont généré de nouvelles formes d’organisation de la cellule familiale, de la parentalité (qui se construit dans la rencontre intersubjective entre le parent en devenir et l’enfant), de la filiation et de la transmission. Les changements des relations entre hommes et femmes modifient les conceptions de l’amour qui viennent faire rupture avec les rôles traditionnels de la famille conjugale. Déconstruite, recomposée, monoparentale, homoparentale, cette évolution des formes familiales est soumise à des bouleversements de liens de parenté qui ne sont pas sans dangers pour les plus vulnérables au sein de la famille. Sur fond de dérégulation du jeu social des rôles familiaux, la souffrance liée à la séparation des couples et la vulnérabilité des enfants est considérée comme justifiant la parenthèse procédurale « médiation » - en tant qu’espace tiers et de parole -, qui vise à prévenir les risques de rupture parentale.
Les études de Singly [24-27] et de Théry [28- 30] montrent que les mutations familiales se sont traduites en Europe dès la fin des années 1960 par des phénomènes qui, aujourd’hui, signent la caducité du modèle de la famille traditionnelle…