En questionnant les relations mères-enfants malades diabétiques, l’article se propose de montrer la radicalité de la « valorisation » du statut de la mère face à la maladie chronique de son enfant, tout en se construisant à la marge de celui de la femme. En mettant en perspective la relation fusionnelle mère-enfant malade chronique, on est conduit à noter la prégnance d’une société sexuée qui « écrase » l’autonomie et l’émancipation de l’enfant et de la femme, mises en scène de façon visible et rhétorique à travers le discours de l’État et des hommes (Gadant, 1995).
Notre perspective est de privilégier l’analyse des dynamiques socio-sanitaires déployées par la mère dans la prise en charge de son enfant diabétique. « Dégager ce mouvement était nécessaire pour étudier la contribution de cette cause de l’enfant (et non pas la cause de l’enfant en général), à la reproduction des rapports sociaux de genre et des rapports de classe » (Garcia, 2011, p. 375).
Le débat social sur le fonctionnement familial est focalisé sur les multiples « déviances » des familles de conditions sociales et culturelles modestes, ne répondant pas aux attentes normatives et morales dominantes (« la bonne famille » patiente, stable, harmonieuse, éduquée, acculturée à la norme médicale, etc.). La « cellule de base », ce terme biologique, est souvent évoqué par les responsables politiques, pour indiquer ce que doit être cette « parenté positive » (Garcia, 2011), qu’il s’agit d’encadrer et de contrôler pour que l’ordre sociopolitique puisse se reproduire à l’identique…