1Chacun sait combien l’Egypte occupa l’esprit de Napoléon, longtemps après que la conquête de Bonaparte eût été perdue : mais que sait-on des relations entre la France et le royaume du Maroc ? Sinon rien, du moins peu de choses. Thierry Lentz ouvre les archives, et restitue ce chapitre oublié de l’histoire diplomatique de l’Empire qui, sans avoir eu le pouvoir de changer le cours de l’histoire, eut néanmoins son importance au moment de l’affaire d’Espagne. C’est encore hors des frontières, du côté du Danemark et du Portugal, que Peter Hicks nous entraîne. En confrontant les politiques britannique et française à l’égard de ces deux pays au lendemain de Tilsit, il nous rappelle combien tout, dans l’histoire napoléonienne, fut suspendu au contrôle des mers, tant il est vrai qu’il n’existe de puissance que maritime. C’est, enfin, encore au-delà des frontières que nous suivons, grâce à Thomas Munch-Petersen, le comte d’Antraigues, à l’époque où, au temps de l’Empire triomphant, le fameux agent royaliste avait trouvé refuge en Angleterre. Une partie importante de ce deuxième numéro de Napoléonica.LaRevue est consacrée à l’histoire des élites : histoire sociale avec l’étude de Jean-Philippe Rey sur les notables du Rhône ; histoire politique, avec celle de Rafe Blaufarb sur les projets de création d’une noblesse impériale conservés aux Archives nationales ; histoire des idées enfin, avec les analyses d’Emmanuel de Waresquiel sur le rôle symbolique joué dans la politique française depuis 1789 par le personnage de « l’aristocrate ». Un numéro riche, que referme l’étude de Jacques Hantraye sur l’occupation prussienne de 1870-1871 dans le département de Seine-et-Oise, et plus précisément sur le récit qui en fut fait rétrospectivement, à travers correspondances, rapports et ouvrages dont le corpus, à la fois quantitativement important et peu étudié, permet de mieux comprendre comment une culture de guerre se développa en France dans le demi-siècle qui précéda 1914.