Le rapport Martre fut l’élément catalyseur du développement de l’intelligence économique en France. Il la définissait comme « l’ensemble des actions coordonnées de recherche, traitement et distribution, en vue de son exploitation de l’information utile aux acteurs économiques. » Précisant que « ces diverses actions sont menées légalement avec toutes les garanties de protection nécessaires à la préservation du patrimoine de l’entreprise, dans les meilleures conditions de qualité, de délais et de coût. » Douze ans après, l’intelligence économique est communément (et plus simplement) définie comme la maîtrise de l’information stratégique utile aux acteurs économiques.
Si elles insistent sur le côté opératoire, les définitions de l’intelligence économique les plus répandues s’attardent peu sur la notion d’intelligence. Certes, des mots-clés sont donnés de ci, de là qui s’y réfèrent indirectement – coordination, maîtrise, savoir, connaissances… – mais la question reste peu développée. Et il en est de même dans la plupart des ouvrages qui abordent l’intelligence économique sous l’angle du management ou des outils, sans véritablement s’interroger sur leur soubassement : que veut dire être intelligent ?
L’intelligence, explique Edgar Morin, est l’aptitude à penser, traiter et résoudre des problèmes dans des situations de complexité. Dans ces situations de jeux, nous sommes en face d’une multiplicité d’informations, d’un enchevêtrement de rétroactions, de variations, d’incertitudes et d’aléas…