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« Ecrire, ne pas écrire, telle est la question. — Pas du tout, rectifia Rose Prudence, la question c’est : qu’est-ce que les mots ont à voir avec la Révolution, et vice versa ? » Ainsi nous renseignent sur les enjeux d’une décennie Rose Prudence et Catherine Crachat, pseudonymes de deux militantes du Mouvement de libération des femmes et chroniqueuses du « Sexisme ordinaire » des Temps Modernes. Le Mouvement des femmes en France, qui trouve son impulsion en 1970, ne fut en effet pas seulement un mouvement politique et social, ce fut également un mouvement culturel d’ampleur et l’une des dernières, si ce n’est la dernière, avant-garde littéraire que la France a connue. Vue de l’étranger, l’activité des littératrices constitue même un des principes distinctifs de la lutte des femmes en France.
Les manifestantes qui déposent publiquement une gerbe de fleurs à la femme plus inconnue encore que le soldat inconnu sous l’arc de Triomphe, le 26 août 1970, sont déjà pour certaines — appelées à le devenir pour d’autres — des écrivaines. Dix ans plus tard, le MLF, depuis peu marque déposée à l’Institut national de la propriété industrielle, appartient à une éditrice, Antoinette Fouque, promotrice d’une écriture dite féminine. En l’espace d’une décennie, paraît un ensemble de textes qui s’inscrivent au sein de deux tendances majoritaires — mais antagonistes — du Mouvement, le féminisme d’une part, et la néo-féminité, ou éloge de la différence, d’autre part. En miroir, un double rhizome éditorial se développe, partageant maisons d’édition et revues en deux factions militantes et littéraires bien distinctes…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/06/2016
- https://doi.org/10.3917/ltm.689.0119
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