- Prologue
- Brève chronologie
- Lettre à une amie au sujet de ma rencontre avec Piri et de ce qui s’ensuit (1er septembre 2014)
- Autre lettre à une autre amie au sujet de Piri (12 octobre 2014)
- Notice présentant les protagonistes du dossier judiciaire
- Rapport, de prime abord inutile, présenté à l’avocate de Piri (commentaire de sa part : « qu’est-ce que vous voulez que je fasse de ça ? » De façon parfaitement inattendue, elle fera, lors de sa plaidoirie, un usage copieux, subtil et explicite, de ce qu’il contient)
- Sur son enfance et sa vie de femme
- Sur sa venue à Grenoble et son entrée dans la prostitution
- Sur les circonstances de son interpellation et sur les éléments du dossier tels que je les comprends
- Sur nos différences de vie et de sensibilité
- Sur la différence entre strizzi et mari : le « familisme amoral » selon Banfield
- Commentaire d’un rapport très médiocre produit par une travailleuse sociale sur la situation de Piri
- Lettre à une (autre) amie (4 mars 2015)
- Lettre à une journaliste « spécialisée » que j’essaie d’alerter à l’approche du procès (7 mai 2015)
- Autre lettre à la même journaliste (23 mai 2015)
- Lettre à une travailleuse sociale qui, rare occurrence, mérite ce nom (8 juillet 2015)
- Épilogue
- Mélancolies d’automne
- Légitimité du travail social
- Tsiganes et politiciens
- Isolement de la tsiganologie, insularité de la bonne conscience
- Eux et nous
Article
Tout ce qui est relaté ci-après est marqué au coin d’une double nécessité : les conséquences conjuguées, pour ainsi dire mécaniques, d’un oui et d’un non. Oui à la prise en charge et en compte inconditionnelle d’un être misérable, Piri, persécuté par la stupide iniquité de la police et de la justice. Non à une soi-disant république et à ses représentants, les politiciens et les fonctionnaires (associatifs contractuels compris), toujours prêts à couvrir leurs erreurs et abus de pouvoir du voile rapiécé de la Loi.
L’homme qui parle ici, et qui a pris fait et cause pour Piri, est selon toute vraisemblance sur l’ultime versant de son existence, dans le dernier tiers ; il a, par suite d’une vocation, maltraitée dans les faits, servi quarante ans dans la fonction publique. Accompagnant Piri, à sa demande instante, minute par minute, ce qu’il a vu du travail social ou de la bureaucratie judiciaire a confirmé tout le mal qu’il pensait déjà du service public à la française.
Décembre 2013. Une troublante invitation : Piri me fait partager son extrême dénuement une semaine durant, à Otomani (Roumanie).
Fin février 2014. Les pouvoirs publics démantèlent à Grenoble un supposé « réseau de proxénétisme rom ». Piri est jetée en prison.
Fin juin 2014. Piri est élargie par la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Grenoble. A ma demande, elle m’est confiée.
Début juillet 2015. Piri est jugée.
Allez, je me jette à l’eau. Je vis depuis deux mois et demi maritalement avec une prostituée roumaine de cinquante-trois ans, plutôt grosse, complètement illettrée, qui ne parle que quelques mots de notre langue et pour qui je suis capable, semble-t-il, de sacrifices sans limites…
Plan
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/06/2016
- https://doi.org/10.3917/ltm.689.0142
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