CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Tout ce qui est relaté ci-après est marqué au coin d’une double nécessité : les conséquences conjuguées, pour ainsi dire mécaniques, d’un oui et d’un non. Oui à la prise en charge et en compte inconditionnelle d’un être misérable, Piri, persécuté par la stupide iniquité de la police et de la justice. Non à une soi-disant république et à ses représentants, les politiciens et les fonctionnaires (associatifs contractuels compris), toujours prêts à couvrir leurs erreurs et abus de pouvoir du voile rapiécé de la Loi.
L’homme qui parle ici, et qui a pris fait et cause pour Piri, est selon toute vraisemblance sur l’ultime versant de son existence, dans le dernier tiers ; il a, par suite d’une vocation, maltraitée dans les faits, servi quarante ans dans la fonction publique. Accompagnant Piri, à sa demande instante, minute par minute, ce qu’il a vu du travail social ou de la bureaucratie judiciaire a confirmé tout le mal qu’il pensait déjà du service public à la française.
Décembre 2013. Une troublante invitation : Piri me fait partager son extrême dénuement une semaine durant, à Otomani (Roumanie).
Fin février 2014. Les pouvoirs publics démantèlent à Grenoble un supposé « réseau de proxénétisme rom ». Piri est jetée en prison.
Fin juin 2014. Piri est élargie par la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Grenoble. A ma demande, elle m’est confiée.
Début juillet 2015. Piri est jugée.
Allez, je me jette à l’eau. Je vis depuis deux mois et demi maritalement avec une prostituée roumaine de cinquante-trois ans, plutôt grosse, complètement illettrée, qui ne parle que quelques mots de notre langue et pour qui je suis capable, semble-t-il, de sacrifices sans limites…

  1. Prologue
  2. Brève chronologie
  3. Lettre à une amie au sujet de ma rencontre avec Piri et de ce qui s’ensuit (1er septembre 2014)
  4. Autre lettre à une autre amie au sujet de Piri (12 octobre 2014)
  5. Notice présentant les protagonistes du dossier judiciaire
  6. Rapport, de prime abord inutile, présenté à l’avocate de Piri (commentaire de sa part : « qu’est-ce que vous voulez que je fasse de ça ? » De façon parfaitement inattendue, elle fera, lors de sa plaidoirie, un usage copieux, subtil et explicite, de ce qu’il contient)
    1. Sur son enfance et sa vie de femme
    2. Sur sa venue à Grenoble et son entrée dans la prostitution
    3. Sur les circonstances de son interpellation et sur les éléments du dossier tels que je les comprends
    4. Sur nos différences de vie et de sensibilité
    5. Sur la différence entre strizzi et mari : le « familisme amoral » selon Banfield
  7. Commentaire d’un rapport très médiocre produit par une travailleuse sociale sur la situation de Piri
  8. Lettre à une (autre) amie (4 mars 2015)
  9. Lettre à une journaliste « spécialisée » que j’essaie d’alerter à l’approche du procès (7 mai 2015)
  10. Autre lettre à la même journaliste (23 mai 2015)
  11. Lettre à une travailleuse sociale qui, rare occurrence, mérite ce nom (8 juillet 2015)
  12. Épilogue
    1. Courriel adressé à un chercheur (sociologue) présent à l’audience, mais n’ayant pu assister au prononcé du jugement (7 juillet 2015)
    2. Commentaire
  13. Mélancolies d’automne
  14. Légitimité du travail social
  15. Tsiganes et politiciens
  16. Isolement de la tsiganologie, insularité de la bonne conscience
  17. Eux et nous
Bernard Fandre
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Mis en ligne sur Cairn.info le 21/06/2016
https://doi.org/10.3917/ltm.689.0142
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