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Les individus comme les groupes humains s’interrogent constamment sur leur identité. Ils usent de ce mot comme d’un mot de passe, comme du seul schibboleth capable de leur livrer accès à eux-mêmes, à leur ipséité, à leur essence chaque fois singulière. Toutefois, ce mot d’identité, si faussement hospitalier, sans doute devrait-on, lorsque nous le rattachons à nos « papiers » ou l’inscrivons ailleurs, toujours le flanquer de guillemets, tant il est vrai que rien n’identifie en propre l’identité, que rien n’est aussi peu identique à soi, rien n’est aussi peu fixé une fois pour toutes que ce que l’on entend (ou ce que l’on voudrait entendre) par là, à supposer évidemment, pour reprendre les termes si justes, si pondérés de Jacques Derrida, que l’identité ait ceci de particulier qu’elle « n’est jamais donnée, reçue ou atteinte », car « seul s’endure le processus interminable, indéfiniment phantasmatique, de l’identification ».
Or, le fait est que l’interrogation au sujet de l’identité, mieux le trouble dans lequel sa phantasmatique nous plonge inévitablement au point d’éveiller, comme par souci de conjuration, l’interrogation identitaire et la projection d’identité, ce trouble-là, donc, n’aurait aucun impact s’il ne prenait appui sur la donnée première, sur la réception préalable d’un certain « sentiment », le sentiment dit d’appartenance.
Que faut-il entendre par là ? De quoi s’agit-il exactement ? De quoi ce sentiment est-il composé ? Qu’est-ce qui, à l’origine, est supposé lui donner naissance …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 27/12/2013
- https://doi.org/10.3917/ltm.661.0146
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