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La situation actuelle, avec ses violences si difficiles à qualifier, qui mêlent politique et religion de façon déconcertante, m’a conduit à travailler sur les rapports entre religion et politique, et les formes d’idéalisations contradictoires engagées dans les différents monothéismes.
À l’époque moderne, religion et politique se trouvent dans un rapport de séparation, de distinction. Mais c’est sans doute pour avoir considéré ce rapport de séparation comme une exclusion que nous sommes aujourd’hui pris au dépourvu face à l’invocation de motifs religieux dans la vie commune, sous une forme parfois pacifique, mais qui peut revêtir celle de l’extrême violence, du crime avéré. Il y a plus : même lorsqu’on souligne que les rapports entre religion et politique sont de distinction et non d’exclusion, on omet en général de souligner que cette distinction n’a pas la même structure suivant les différentes religions impliquées dans les États-nations que nous formons. C’est ainsi qu’on peut caractériser l’époque moderne en termes politiques : celle de la formation des États-nations. Ce sera le cadre temporel dans lequel je me situerai ici.
Dans leur histoire, leur formation, les États-nations se sont constitués comme des États sécularisés. Ils ont intégré à leur structure juridique, à leur loi, à leur activité législative le fait qu’une interdiction juridique est foncièrement différente et irréductible à un interdit de type religieux. On peut ainsi définir le processus de sécularisation de la loi dans les États modernes : pas d’interdit du point de vue de l’État, mais seulement des interdictions – des interdictions légales…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/10/2019
- https://doi.org/10.3917/lgh.061.0069
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