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Dans notre clinique, des adolescents nous font part de leur éventuelle attirance pour la radicalisation, ou plutôt de l’éventuelle ultime solution que la radicalisation pourrait représenter dans leur parcours chaotique de détresse, voire fait d’impasses. Est-ce que, chaque fois qu’un adolescent nous évoque ce « projet », qu’il nous dit : « Pourquoi pas Daech ? », nous devons nous précipiter pour le signaler ? En effet, la loi actuelle suffit. Il faudrait plutôt accorder une confiance plus large aux soignants. Lorsqu’un mineur, ou un jeune majeur, représente un danger pour lui-même ou pour autrui, nous le signalons.
La façon dont nous pourrions considérer que les soignants sont des sujets éthiques et responsables n’est pas étrangère à la façon dont nous considérons les sujets eux-mêmes, en l’occurrence les plus fragiles ou les plus vulnérables, c’est-à-dire les patients.
Une question simple, voire simpliste se pose : comment fait-on pour soigner hors du champ du secret ? La confiance est la condition même de la parole. Et cette question est constamment remise à l’ordre du jour. L’Ordre des médecins est depuis longtemps intraitable sur cette question du secret.
Souvenons-nous des premières années sida, où la pression était incessante. Les médecins devaient être déliés de leur secret médical dès qu’ils avaient à soigner un patient séropositif et informer tous leurs partenaires. Comment soigne-t-on dans ces conditions ? Des associations se sont mobilisées pour expliquer que, si nous agissions ainsi, nous allions à l’encontre de la santé et de l’utilité publiques…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/10/2019
- https://doi.org/10.3917/lgh.061.0373
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