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Imposé sous l’angle de l’urgence et du drame collectif, le phénomène dit « de radicalisation » a été surdéterminé par la multiplication des discours médiatiques et publics, qui a instauré un type de vocabulaire dommageable pour la clinique tout autant que pour la recherche. En effet, les termes de « djihadisme », « radicalisation-déradicalisation », « embrigadement-désembrigadement », etc., se sont généralisés comme concepts avant même d’avoir été scientifiquement construits. L’exemple le plus récent est celui des « revenants ». Mais de quels revenants parlons-nous ? Y aurait-il des morts mal morts, des morts vivants qui reviendraient sous la forme de fantômes dans ce nouveau malaise dans la civilisation ? Dans ce cas, qui sont-ils ces morts vivants qui font retour ? Pourquoi reviennent-ils errer, hanter les vivants du territoire de France qu’ils avaient préalablement quitté ? Les mots ont un sens et ne sont pas sans effets.
C’est pourquoi il s’agit de se défaire de ce qui happe via les discours ambiants, qui façonnent nos représentations collectives tout en orientant nos affects. Déconstruire ce qui n’est que prêt-à-penser, empêchant la pensée et la rencontre aussi. Pour y parvenir, nous appliquons quotidiennement un travail sur notre contre-transfert dans ses dimensions émotionnelles mais aussi culturelles, en référence à Georges Devereux. Il est important de ne pas oublier de s’interroger sur « qui suis-je ? » ; « quel rapport ai-je à l’islam ? » ; « suis-je Charlie quand l’autre ne l’est pas …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/10/2019
- https://doi.org/10.3917/lgh.061.0189
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