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Comment devenir femme au moment de l’adolescence dans une société occidentale où les valeurs traditionnelles s’entrechoquent avec celles de la terre d’accueil ? À quelle figure féminine s’identifier ? À quels signes du féminin s’accrocher ? Nous évoquerons le parcours de deux adolescentes radicalisées, Imen et Hayat.
Imen est enfouie dans un long drapé, ne laissant entrevoir qu’un triangle blanc, contrastant avec le sombre et la profondeur de ses yeux interrogateurs et séducteurs ; eux-mêmes rappelant le noir de son vêtement. « Je me sens mieux comme ça… Si je mets autre chose, je me sens nue », confiera Imen, à l’évocation de son habillement, au cours de nos premiers entretiens. Dans cette nudité convoquée sonne le bruit sourd d’une disparition, d’un vide à combler. Comment apparaître au monde, à ces autres qui me regardent ?
Séduite par un groupe virtuel de « sœurs », Imen s’identifie sur les plans vestimentaire et idéologique – jilbab et niqab – à une nouvelle famille. Un parallèle est à établir autour de la création d’une nouvelle filiation entre adolescentes, face à l’annulation de la place des parents, dans un désir de renaître loin d’eux, en posant son être comme unique parent, symbolisé par le changement de nom. Pierre Benghozi évoque « l’autorité idéologique affiliative du groupe communautaire [qui] se substitue à l’autorité parentale filiative ». Les traces de la filiation s’estompent à travers l’effacement du nom de famille au profit de celui de oum (mère de), auquel est accolé le prénom du futur enfant…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/10/2019
- https://doi.org/10.3917/lgh.061.0147
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