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L’exercice du suffrage est au cœur de la vie politique contemporaine, au point que l’organisation régulière d’élections libres et concurrentielles se confond presque avec la démocratie. On a encore pu le vérifier récemment dans les pays de l’ancien bloc soviétique où, après la chute des régimes communistes, l’organisation d’élections a été considérée par les nations occidentales comme le signe que ces pays avaient rejoint le camp de la démocratie. Je ne veux pas mettre en doute le fait que des consultations électorales régulières sont un critère décisif de l’appartenance à l’univers démocratique – à la double condition que la liberté du vote soit respectée et que les électeurs aient la faculté de faire un choix réel : sans élections, sans liberté du vote, sans pluralisme et sans convocation régulière du corps électoral, il n’y a pas, en effet, de vraie démocratie, seulement un simulacre de démocratie.
Toutefois, le caractère d’évidence qu’a pris l’élection nuit plus à l’intelligence du phénomène qu’il ne l’éclaire. Il a notamment imposé peu ou prou l’idée selon laquelle l’existence d’élections va de soi dans une démocratie, autrement dit dans tout régime dont la légitimité repose sur la volonté populaire. L’illusion est fréquente, et la logique en est simple : s’il n’y a pas de démocratie sans élections, alors les peuples qui ont posé les bases de la démocratie moderne ont dû élaborer dans ses grandes lignes une doctrine moderne du suffrage, et ils ont dû mettre en place un système électoral pourvu des propriétés qui caractérisent le vote dans les démocraties modernes…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/01/2011
- https://doi.org/10.3917/deba.116.0017
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