Résumé
Comment la «world music», qui au départ n’intéresse que les universitaires, est-elle devenue un marché d’envergure mondiale? L’article s’intéresse tout d’abord à l’histoire de cette «world music» en tant que discours, raconté selon les tropes de «l’enthousiasme» et de «l’inquiétude». Il l’envisage ensuite comme une zone d’interactions et de contacts, tout autant que comme des pratiques esthétiques et commerciales. Ces dernières sont présentées à travers l’étude d’une berceuse traditionnelle d’abord enregistrée dans les Îles Salomon par des ethnomusicologues, puis reprise par un grand groupe de pop music européen sur un CD vendu à des millions d’exemplaires, et enfin jouée par un important musicien de jazz européen. L’article pose en fait la question suivante : la «world music» est-elle source d’humiliation artistique pour les traditions indigènes ou représente-t-elle l’oportunité d’une nouvelle hybridité ou d’une nouvelle résistance musicale ?
Mots-clés
- world music
- mondialisation
- musiques primitives
- exotisme musical
- mimésis schizophonique
Abstract
How has «world music» moved from remote academic interest to global commercial marketplace? The article first concerns this history of «world music» as a discourse, narrated equally by tropes of «celebration» and «anxiety.» It then considers «world music» as a zone of interactions and contacts, as well as aesthetic and business practices. These are represented in a case study of a traditional lullaby first recorded in Solomon Islands by an ethnomusicologist, then sampled on a multi-million selling CD by a major European pop group, and then re-appropriated by a prominent European jazz musician. Finally, the article questions whether «world music» creates more artistic humiliation for indigenous traditions than true possibilities for new musical resistance or hybridity.
Keywords
- world music
- globalization
- musical primitivism
- musical exoticism
- schizophonic mimesis