La crise sanitaire que nous traversons n’aura pas eu que des inconvénients ! Comme toute crise, elle enseigne sur l’existence, nonobstant bien sûr le fait que certains en souffrent. La peur, par exemple, qui a été l’affect le plus répandu pendant cette pandémie, nous apprend quelque chose du monde, de nous-mêmes et de l’autre.
Cette émotion aura été un levier puissant pour nous faire accepter, de gré ou de force, les diverses formes de prévention – des gestes barrière à la vaccination – mises en place durant cette période. De gré, pour ceux qui sont particulièrement sensibles à la peur de la mort, mais aussi de force parce que brandir une menace et créer un climat anxiogène constituent un recours banal des autorités pour soumettre une population.
Certes, cette stratégie trouve sa limite dans l’indocilité de l’homme moderne, plus attaché à sa liberté qu’à autrui. Non sans quelque ambivalence. Car sommes-nous assez forts pour supporter la liberté ? Être auteur de son destin, responsable de ses choix provoque un sentiment d’isolement qui engendre à son tour insécurité et angoisse. « Qui suis-je, où vais-je, dans quel état j’erre ? » L’on connaît la ritournelle. La question du sens de l’existence n’a jamais été autant d’actualité depuis Camus !
D’aucuns eussent sans doute préféré qu’une autorité leur imposât une conduite – vaccin obligatoire, comme pour les soignants –, ce qui leur eût au moins laissé le loisir de la contester – comme ils ont pu le faire pour le passe sanitaire – plutôt que leur en laisser le choix… et la responsabilité de conséquences pour le moment impossibles à mesurer…