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Signé par les représentants du Premier consul et du pape, le 15 juillet 1801, le Concordat ne fut pourtant converti en loi et promulgué en France que neuf mois plus tard. Bonaparte n’était pas coutumier de ces délais. Les incidents qui émaillèrent la cérémonie religieuse célébrée à Notre-Dame le 25 avril 1802 suffiraient à justifier l’inhabituelle prudence du chef de l’État. Les dignitaires du nouveau régime furent loin de se prêter tous avec dignité à ce qu’ils considéraient comme une « capucinade ». Pour une grande partie de l’armée et une partie non négligeable de « l’establishment » révolutionnaire, la défense de l’œuvre religieuse de la Révolution avait pris le caractère d’un point d’honneur. Ayant répudié la plupart des principes et des idéaux de 1789 au profit de la seule défense des intérêts nés de la Révolution et de ses conquêtes territoriales, il leur était d’autant plus difficile de se résigner à cette réconciliation avec Rome. La lutte contre la « superstition » n’avait-elle pas été l’une des passions les plus puissantes qui animaient la génération de 1789, avant d’avoir été l’occasion de la radicalisation de la Révolution et des violences en chaîne où elle s’était enfoncée à compter de 1792 ? Bonaparte était d’autant plus enclin à la prudence que, d’emblée, il avait pu mesurer la force des réserves suscitées par son projet. C’est la raison pour laquelle il décida d’attendre pour promulguer cette loi qui, si elle recueillait un large assentiment dans l’opinion publique, pouvait réveiller la fronde – endémique – de tous ceux qui s’accommodaient mal du pouvoir toujours croissant du nouveau César ou n’arrivaient pas à faire leur deuil de la Révolution…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 13/03/2021
- https://doi.org/10.3917/cano.059.0075
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