Le rapport du Comité national d’éthique est-il la transposition dans l’époque moderne de la question récurrente de l’euthanasie comme le sujet que Jean Cocteau a donné au cinéma fut la transposition immortalisée de la légende de Tristan et Yseut ?
À tout le moins, le Comité donne à son rapport un ton particulier qui souligne, face à l’intensité des sentiments en jeu, que « de toute manière (la mort) reste une des limites et un des mystères essentiels de toute existence humaine ». Le mystère de la mort d’un côté, le mystère de l’amour, que la mort n’atteint pas, de l’autre, l’étude du Comité serait-elle digne de la critique élogieuse du film de Jean Delannoy ?.
Ce regard croisé entre une légende romanesque portée à l’écran grâce à un poète de génie et la « réflexion nécessaire » d’une instance d’éthique face au problème de son siècle n’est pourtant pas que jeu de l’esprit. Comme « l’Éternel retour » exaltait l’ascension vers le renoncement par la passion des deux amants, le rapport, qui nous est livré, marque, en effet, les étapes d’une ascension vers le renoncement par la solidarité.
L’ascension ! Quel beau mot ! Quel juste mot ? Il s’agit de désigner la vie finissante, la mort, cet instant qui nous met hors du monde, nous ensevelit dans les ténèbres, dans les entrailles de la terre et nous voilà happés, appelés (?), vers les hauteurs. Sans parler d’ascension miraculeuse, il y a là un mystère de l’entendement.
Au moment où le corps s’affaiblit et s’affaisse à jamais jusqu’à son dernier soupir, nous serions appelés à nous élever…