CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Le 23 mai 2018, le député François Ruffin, entre autres initiateurs du mouvement Nuit Debout, prend la parole au cours des discussions autour d’un projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire. Plaidant pour la nécessité d’un protectionnisme pour l’agriculture française et celle des pays du Sud, il avance :

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En 1994 sont signés les accords de l’Uruguay Round, qui font entrer l’agriculture dans un grand marché dérégulé et mondialisé… Dès 1999, alors que le Cameroun comptait d’importants élevages de poulets, 90 % de la production disparaît… La messe est dite : le poulet camerounais est mort. Mais un homme, Bernard Njonga, qui est ingénieur agronome, décide de tenter de ressusciter la filière du poulet. Dans un premier temps, il mène une enquête dans laquelle il montre le désespoir des paysans, les poulets congelés venant de chez nous mais aussi du Brésil. Les analyses faites par l’Institut Pasteur révèlent les bactéries que contiennent ces poulets. Dans un deuxième temps, il organise la mobilisation : José Bové est invité à Yaoundé mais l’accès à la ville lui est interdit, il est cantonné à l’aéroport où des milliers de personnes viennent le soutenir. L’événement ainsi créé dans le pays contribue à instaurer un rapport de forces. Dans un troisième temps, Bernard Njonga entreprend une négociation : il rend visite à Pascal Lamy à Genève, au siège de l’OMC… Il obtient en 2006 l’interdiction d’importation de poulets. Dans les années qui suivent, la filière du poulet camerounais renaît. C’est une leçon pour le Cameroun, pour les pays du Sud mais aussi pour nous [2].

3 Ce témoignage du député français décrit un tournant décisif de la carrière militante de Bernard Njonga. Il montre comment une action initiée dans un pays du Sud s’articule avec des enjeux du monde globalisé, mais aussi comment la régulation du système international a un impact immédiat à l’échelle des pays. Cette articulation du local avec le global est au cœur des mouvements sociaux contemporains où la figure du militant expert dans le bon usage du calcul rationnel[3] serait en recul au profit du militant soucieux d’être le principal auteur de sa vie et acteur de son monde (Pleyers & Capitaine, 2016). Les faits décrits par François Ruffin font ressortir les dimensions technique, sociale, économique et politique du combat mené par Bernard Njonga. Né le 18 octobre 1955 dans la localité de Bangoua, à l’Ouest-Cameroun, ce dernier démissionne de la fonction publique en 1986 pour s’engager au sein du monde paysan. Cette bifurcation biographique aux conséquences irréversibles le conduit à créer le Service d’appui aux initiatives locales de développement (SAILD) en 1987, le journal La voix du paysan en 1988 et, un peu plus tard, d’autres édifices civils ou politiques en vue de se réajuster progressivement aux défis posés par son environnement. S’il est appuyé par certaines organisations civiles occidentales, Bernard Njonga se confronte aussi à un contexte national où les revendications démocratiques du début des années 1990 coexistent avec les réflexes autoritaires (Eboussi Boulaga, 1997 ; Manga & Mbassi, 2017).

4 Cette contribution prolonge mes précédents travaux sur le sujet-entrepreneur, qui désigne cet acteur potentiellement historique émergent à la périphérie de l’ordre dominant, habité par une vision de fondation d’une société autre. Son expérience biographique s’articule autour d’un modèle d’engagement dit entrepreneurial, révélant une forte prégnance des logiques du sujet qu’il s’efforce de promouvoir à travers la création d’une entreprise, ONG ou autre société privée d’une part, et via la construction d’un récit critique vis-à-vis de l’élite au pouvoir d’autre part (Amougou, 2017, 2019). Il s’agit ici d’éprouver davantage la dimension « militant » au cœur de l’engagement de ce médiateur, pris dans l’étau des dynamiques du « dedans » et du « dehors ». Pendant 34 années, il mène un combat à la fois interne contre les politiques publiques de développement, et externe contre les effets néfastes du libéralisme économique. Probablement épuisé par ces différentes batailles et silencieusement rongé par la maladie, il décède le 21 février 2021 à Amiens.

5 Il convient ainsi d’interroger la « réussite » de Bernard Njonga en resituant les étapes de son parcours dans la situation de contrainte ambiante, où « l’incertitude diffusée par le régime est déterminante dans les pratiques mobilisatrices » (Pommerolle & Vairel, 2009 : 4). En plus du fait que très peu d’organisations de la société civile créées par des locaux ont eu autant de visibilité et d’impact que celles de cette figure médiatrice, la pertinence opérationnelle de son action militante interpelle également dans un régime « postautoritaire » où le coût exorbitant des mobilisations conforte la thèse de la démobilisation collective et du militantisme extraverti au Cameroun (Pommerolle, 2008). Si son action révèle quelques ambivalences liées à ses interactions avec l’environnement, l’article questionne comment le parcours militant de Bernard Njonga informe le passage actuel des mouvements sociaux à des mouvements éthico-démocratiques (Touraine, 2015) dans un contexte où des transformations politiques globalisées alimentent l’histoire contemporaine du Cameroun.

6 À partir des récits de vie (Bertaux, 2006) et des entretiens compréhensifs (Kaufmann, 2011) répétés avec Bernard Njonga entre octobre 2011 et janvier 2019, mais aussi des rencontres avec ses collaborateurs et des observations de terrain, cette contribution explore comment les différentes séquences de l’engagement aux côtés des organisations paysannes et citoyennes se confrontent en permanence à un État décrit comme « stationnaire » (Eboko & Awondo, 2018) ; tout en subissant les effets du paradigme néolibéral de l’ouverture des marchés, qui accentuent l’extraversion des économies africaines.

Une trajectoire forgée par un contexte autoritaire et des expériences plurielles de socialisation

Une enfance marquée par un environnement national violent

7 Bernard Njonga voit le jour en 1955, dans une ambiance de turbulences politiques dues aux revendications du mouvement nationaliste camerounais face à la colonisation française. Fils d’un pasteur protestant évangélique et d’une mère ménagère, il grandit essentiellement en campagne. Il est le sixième enfant sur sept. La famille vit des travaux champêtres, même si « l’amour de l’école et du prochain » constituent les points focaux de l’éducation parentale. Son enfance est marquée par la guerre de décolonisation qui embrase toute la région de l’Ouest. Autant l’armée officielle accule les nationalistes, autant ces derniers créent une instabilité sociale généralisée. Bernard raconte certains effets de cet environnement violent :

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La situation était à ce point incertaine que la nuit les femmes et leurs enfants se cachaient en brousse, laissant leur maison vide […]. Les nationalistes qui se battaient pour l’indépendance totale du Cameroun faisaient tout pour convaincre la population de la justesse de leur cause et bénéficier d’une complicité plus large au sein de celle-ci […]. Je ne saurais dire avec exactitude quelle était la position de mon papa concernant cette guerre d’indépendance et les nationalistes. Une chose est sûre, il n’en parlait ni à nous ni dans ses prêches à l’église. (Njonga, 2016 : 18‑22)

9 Le silence du père de Bernard Njonga rend compte d’une pratique sociale assez prégnante. Il est le fait d’une terreur imposée par l’ordre dominant, soucieux d’effacer toute trace de revendication nationaliste. Dans cette autobiographie, Bernard indique qu’à l’opposé de son père, il aurait probablement épousé la cause du mouvement nationaliste (idem : 22). S’il n’existe pas un lien immédiat entre son engagement dans la société civile et le combat politique des nationalistes, l’orientation de son action auprès des paysans révèle des affinités avec ce premier mouvement social à avoir donné une identité politique au Cameroun (Joseph, 1986). La guerre de décolonisation qui sévit au Cameroun est notamment la forme la plus immédiatement visible du conflit de sens né de la « situation coloniale » (Balandier, 1951). L’enjeu est celui du contrôle de l’historicité par une série d’acteurs s’opposant sur les orientations culturelles de la société. L’élimination physique des leaders nationalistes et la défaite politique n’ont pas empêché la poursuite symbolique de ce conflit historique réalimenté par la mémoire sociale (Mbembe, 1986). Le récit de vie de Bernard réactualise cette quête permanente de construction des liens de socialités nouvelles à partir des éléments puisés au sein de l’environnement. Surtout, il recoupe d’autres expériences d’individus qui, appartenant à une génération quasi similaire, vont rentrer en opposition symbolique avec les structures de pouvoir dominant. Ces engagements pluriels, qui vont de la critique des intellectuels dans le public à la mise sur pied des édifices entrepreneuriaux (média, galerie d’art, école de formation, syndicat, association civile ou de développement), s’inscrivent dans une histoire sociale commune qui informe le mouvement social en sourdine, opposé à l’actuel ordre politique dominant (Amougou, 2017). Cette contribution poursuit cette intuition en explorant comment la trajectoire militante de Bernard Njonga informe le passage des mouvements sociaux à des mouvements éthico-démocratiques.

Des dispositions à l’engagement militant

10 Des circonstances propres à la jeunesse de Bernard Njonga vont le préparer à devenir le militant de la cause paysanne. Il présente son enfance comme une période de grande richesse « sans argent », où les surplus des produits champêtres et de l’élevage ont permis à ses parents d’assurer sa scolarité :

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J’ai beaucoup apprécié l’éducation de mes parents, puisque c’est ce qui déteint sur moi aujourd’hui. C’est-à-dire, l’amour du prochain, l’honnêteté, mon père était intransigeant là-dessus. On a aussi grandi comme ça. Et puis mon père aussi, il m’a beaucoup aidé dans la prise d’initiatives. Dans son modèle d’éducation, il ne m’enfermait pas. Ça m’a forgé. (Entretien, Yaoundé, octobre 2011)

12 Le futur médiateur apprend par la suite à connaître la diversité socioculturelle du Cameroun en parcourant d’autres grandes villes et localités durant ses années de collèges. Après deux échecs consécutifs au baccalauréat, la résolution de se consacrer entièrement à ses études lui permet de passer son examen en 1979 avec une bonne mention. Il est reçu à l’Institut national des sciences agronomiques (INSA) et fait normalement ses trois premières années de tronc commun.

13 La transition de Bernard Njonga vers l’âge adulte s’opère durant la décennie 1980. Celle‐ci est aussi marquée par l’ambiance autoritaire, même si l’arrivée de Paul Biya au pouvoir après la démission d’Ahmadou Ahidjo en 1982 laisse l’impression d’une relative détente. Le système demeure autoritaire et monopartisan avec le remplacement de l’ancien parti unique par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) en 1985. En effet, les militants et sympathisants du parti nationaliste déchu opèrent dans la clandestinité ou sont contraints de rester en exil. Après avoir été bloquée en France du fait de son engagement au sein de l’Union des populations du Cameroun, Henriette Ekwe parvient à rentrer au Cameroun en 1983. Chargée d’animer le journal clandestin Kamerun nouveau et de réactiver des contacts avec les anciens du parti dans le Sud du pays, elle est arrêtée et incarcérée jusqu’en 1990 (entretien avec Henriette Ekwe, Douala, novembre 2011). Cette date, qui correspond à l’avènement du pluralisme politique, voit également le retour d’anciens exilés et opposants célèbres au régime en place, à l’instar de l’universitaire Abel Eyinga et de l’écrivain Mongo Beti.

14 La génération de Bernard Njonga émerge dans ce contexte en inaugurant un modèle-type d’engagement qui consiste à traduire son désaccord ou opposition à l’ordre dominant en s’investissant dans un domaine particulier. Plutôt que de s’opposer de manière frontale au système, ces sujets-entrepreneurs vont démissionner de l’administration ou s’éloigner de l’idéologie du pouvoir en place pour fonder une entreprise qui peut être un journal indépendant (Haman Mana, Séverin Tchounkeu), un institut supérieur (Bob Ngamoe), une galerie d’art (Malet Mal Jam), ou encore alimentent le discours critique au sein de public (Alain Fogue, Claude Abé, Jean Bosco Talla). Le tissu économique défavorable au paysan-producteur local serait au cœur de l’engagement de Bernard. Suivant les propos recueillis auprès de son épouse :

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Il voyait les gens pauvres, et il voulait faire quelque chose pour les sortir de cette pauvreté. Peut‐être que pour moi c’est très simple, mais c’est comme ça que je vois. Il a vécu dans un pays où il y avait beaucoup de pauvres, et ces pauvres étaient en milieu rural. Quand il a fait une analyse il s’est dit qu’il fallait, pour les aider à sortir de cette pauvreté, mener des actions. (Entretien, Yaoundé, août 2021)

16 Dans les années 1980, l’analyse comparative de l’application de la politique des prix au producteur révèle un décalage constant entre le discours et la pratique, tandis que « les prélèvements de 1’État s’étaient accrus pour atteindre 50 % pour le café Robusta et le cacao et 35 % pour le café Arabica » (Courade, 1984). Dans le même sillage, la gestion étatique du surplus de production dégagé par le secteur agricole et rural laisse percevoir un lien intrinsèque entre l’emprise de l’État et la désagrégation des paysanneries, matérialisé par « le développement des formes spécifiques de domination et d’inégalité » (Éla, 1990 : 19). Durant son expérience d’étudiant, l’opportunité de travailler parallèlement avec l’Association pour la promotion des initiatives communautaires africaines (APICA) animée par de jeunes ingénieurs belges renforce son rattachement avec le monde paysan. Il est bouleversé par le contraste existant entre le modèle scolaire véhiculant l’idée d’une recherche agronomique produisant des réponses qui s’imposent aux paysans, et l’approche des Belges qui se donne plutôt pour objectif de comprendre et de valoriser les pratiques agricoles paysannes. À sa sortie de l’école, il est affecté à l’Institut de recherche agronomique pour le développement (IRAD). En 1986, une ONG italienne le coopte dans un projet de définition d’une politique de développement répondant aux aspirations paysannes. Son travail est de parcourir les dix régions du Cameroun en vue d’échanger avec les paysans à ce propos. Cette expérience marquante va renforcer son « idylle » avec le monde paysan. De retour à l’IRAD, Bernard Njonga prend davantage conscience du déphasage existant entre le fonctionnement de l’Administration et celui d’une association :

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Le fonctionnement d’une administration avait ceci de révoltant que ceux qu’on a comme responsables hiérarchiques ne sont pas forcément des exemples, des modèles… Puisque les valeurs qu’ils connaissent ne sont que destructrices : corruption, favoritisme, etc. […]. Tu vois, tu vis un ensemble de frustrations. J’ai un peu senti ça à l’IRAD et, rapidement, j’ai compris que ce n’était pas mon milieu, que l’Administration, la Fonction publique généralement, ce n’est pas mon milieu. (Entretien, Yaoundé, octobre 2011)

18 Conforté par des liens tissés avec le monde paysan, Bernard Njonga démissionne de la Fonction publique et fonde le Service d’appui aux initiatives locales de développement (SAILD) avec l’aide de partenaires suisses et italiens. En 1987, les seules ONG existant sont de droit étranger, ce qui explique que le Suisse Fernand Vincent alors à la tête de l’IRED (Innovation recherche environnement et développement) se soit proposé comme parrain du SAILD. Au lendemain de la première rencontre nationale qui va regrouper près de quatre cents paysans à Yaoundé, il fonde le journal La voix du paysan dont le premier tirage est effectué en 1988.

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À la création du SAILD, on devait juste favoriser l’émergence des actions paysannes dans le village. C’était ça l’objectif du SAILD. On a commencé par coacher certains leaders paysans, les ouvrir aux autres ici au Cameroun, au Burkina-Faso et au Sénégal. L’objectif était de les stimuler à promouvoir des initiatives dans leurs villages. En cinq ans, on avait 70 associations paysannes au Cameroun […]. À un moment donné, ils n’avaient plus besoin de moi, ils se prenaient en charge eux-mêmes. J’ai formé les plus grands leaders camerounais : Anicet Akoa qui est maire de Ngoulemakong, André-Marie Afouba, Elisabeth Atangana qui est le leader le plus en vue dans le milieu paysan, elle est présidente de la plateforme de l’action paysanne. (Entretien, janvier 2013)

20 Malgré l’ambiance autoritaire et des effets induits de la crise économique de la décennie 1990, l’action de ce médiateur-entrepreneur fait écho aux mouvements de revendication pluralistes, qui libèrent également de nouvelles énergies dans l’entreprise militante : Séverin Tchounkeu met fin à son parcours de doctorant en France pour créer le journal La Nouvelle Expression, en vue de « participer au combat pour la démocratie » ; actuel directeur de publication du quotidien Le Jour, Haman Mana démissionne du média gouvernemental Cameroon tribune en 1994, jugé « encastrant » ; de retour au Cameroun en 1995 après avoir été journaliste à Africa n° 1 à Paris, Malet Mal Jam boude la Fonction publique qu’il considère comme vectrice de « l’inertie » ambiante, et s’engage dans la promotion des arts plastiques au Cameroun (Amougou, 2017). Ces bifurcations biographiques inaugurent des formes nouvelles d’engagement inscrites au cœur des transformations politiques que connaît le Cameroun, tout en rentrant en résonance avec les enjeux globaux.

L’engagement pour la cause paysanne. Entre interférences politiques et enjeux globaux

Du SAILD à l’ACDIC… Un parcours de la reconnaissance forgé par l’épreuve

21 L’initiative de Bernard Njonga trouve un engouement immédiat auprès des paysans. Cette percée dans la société civile semble également favorisée par la diffusion des niches d’inventivité sociale en même temps que des pratiques indociles ne cessent de relativiser l’emprise des autorités établies sur les individus (Mbembe, 1988). Le monde paysan semble également prédisposé au changement dans la mesure où il demeure « non capturé » (Hyden, 1985) par l’emprise totale des pouvoirs.

22 Les mouvements de revendication démocratiques de la décennie 1990 ne parviennent pas à faire tomber le « bloc hégémonique » (Bayart, 1989) structuré autour du président Paul Biya. Cependant, certaines dispositions juridiques liberticides [4] sont remplacées par une nouvelle législation pluraliste. Pour la première fois depuis la fin de l’ère coloniale, on ré-assiste à un foisonnement d’associations, d’organes de presses privés et de nouvelles formations politiques au Cameroun. Mais l’euphorie semble de courte durée. Car après sa victoire « arrachée » aux élections présidentielles de 1992, le groupe politique dominant va progressivement consolider la gouvernance autoritaire qui inclut la cooptation des leaders en vue de l’opposition (Melher, 1997). Sur le plan économique, la dévaluation du francs CFA en 1994 vient renforcer la promiscuité des segments de la société déjà affaiblis par l’avènement de la crise économique et les PAS (Aert et al., 2000) ; tandis que le secteur informel des travailleurs actifs progresse de 50 % en 1987 pour atteindre le pic de 96,1 % en 2001 (Organisation Internationale du Travail, 2017 : 12).

23 Du fait de la crise économique et politique, le groupe dominant voit également sa position hégémonique attaquée par une pluralité d’initiatives endogènes. Bernard Njonga, dont l’horizon d’action est de construire une force sociale en fédérant les différentes organisations paysannes autour des intérêts communs, semble s’épanouir dans sa nouvelle vocation. Son élection à la présidence de l’ONG belge SOS Faim durant la décennie 1990 est un indicateur marquant de son accès à la reconnaissance internationale. Mais en même temps, de nombreux obstacles guettent le SAILD.

24 En 1995, alors que cette ONG devient importante en Afrique centrale avec 120 employés permanents, et que La voix du paysan cumule un tirage de 35 000 exemplaires par mois et en trois langues (français, anglais et arabe), l’équipe du Tchad va se séparer du Cameroun en réquisitionnant le patrimoine. Cette traversée du désert se poursuit en 1996 avec l’annulation par la présidence de la République du projet de montage d’une foire agricole de portée sous-régionale, après que le SAILD ait engagé 30 millions de FCFA et mobilisé l’ensemble des partenaires. Ce n’est pas tout. En 1996, Bernard Njonga lance un projet d’accompagnement des paysans (notamment des femmes) dans l’élevage des poulets. Après des débuts prometteurs, les ventes de poulets commencent à stagner et le projet finit par déboucher sur un échec en 1999. Les paysans ne parvenant plus à écouler leurs produits sur le marché, Bernard et son équipe investiguent sur les causes de cet échec « inattendu ». Ils découvrent qu’il est le fait de l’importation massive des poulets congelés au Cameroun. En effet, ce programme de soutien de 60 avicultrices réparties dans les régions de l’Ouest, du Centre et de l’Est est sapé par l’inondation des poulets congelés importés à bas prix par les hommes d’affaires nationaux au détriment de la production locale. Bernard alerte les autorités, écrit au président de la République, mais ne reçoit aucune réponse. Il décide de dénoncer ce fléau qui « plombe la production nationale » à travers La voix du paysan. Il est aidé par d’autres journaux privés. Mais la norme reste inchangée. Après deux années de dénonciation infructueuse, Bernard se trouve atteint par un sentiment d’impuissance et d’angoisse : « Une importation massive puisqu’on était passé de 60 tonnes en 1994 à 22 150 tonnes en 2003. Une catastrophe pour l’économie nationale puisqu’en plus des 10,5 milliards de pertes en devise, on comptait 110 000 emplois ruraux étouffés. Une catastrophe pour les producteurs locaux dont 92 % avaient abandonné l’aviculture. Une niche à corruption et détournements divers puisque sur 100 tonnes autorisées à l’importation, ce sont 300 voire 400 tonnes qui étaient effectivement importées » (Njonga, 2016 : 96).

25 L’équipe de Bernard Njonga n’abdique pas pour autant. Des résultats de l’analyse confiée au Centre Pasteur de Yaoundé montrent que 83,5 % des découpes sont « impropres à la consommation humaine ». Seulement, le SAILD créé pour coacher les producteurs paysans en les ouvrant à l’entrepreneuriat à travers la production agricole et l’accompagnement technique et économique, n’est pas outillé pour la défense des consommateurs et le plaidoyer. Pour mener ce nouveau combat, Bernard Njonga cède la direction du SAILD à un collègue pour fonder en 2003 l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (ACDIC). Aidé par des partenaires internationaux, il mène une recherche sur la provenance de ces poulets congelés, qui le conduit un peu partout, en Belgique, au Brésil et en France. Bravant des menaces et intimidations, l’équipe de Bernard, accompagnée par les associations paysannes, va mener un combat contre le système de connivence huilé depuis le sommet des départements ministériels jusqu’aux douaniers en passant par les commerçants et importateurs locaux. Plusieurs campagnes sont menées aux niveaux national, régional et international. Soutenus par l’altermondialiste José Bové et des leaders paysans africains venus à Yaoundé, cette bataille se solde par la publication d’un arrêté ministériel en 2006 interdisant l’importation massive des découpes de poulets congelés au Cameroun. À ce jour encore, l’impact de cette mobilisation est visible dans les places de marchés du Cameroun où l’on observe les poulets des éleveurs locaux en lieu et place des découpes congelées des poulets importés. S’il est difficile de pouvoir évaluer ce changement en chiffres, la mobilisation des aviculteurs camerounais durant le deuil de Bernard Njonga est un indicateur important de ce saut qualitatif :

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Pour mesurer l’impact de l’ACDIC sur l’importation des découpes de poulets congelés, allez voir le PAVIC, l’Interprofession avicole du Cameroun. Je crois que ça doit être la filière qui marche le mieux, qui bénéficie le plus aux membres de la filière. Le cacao par exemple ne bénéficie pas prioritairement aux cacaoculteurs. Je le sais parce que j’ai pu le mesurer aux obsèques de mon mari, parce qu’ils ont été omniprésents. Et ils me l’ont dit : « Sans Bernard nous ne serions pas là ». Et tous en sont conscients. Tel est mon ressenti par rapport à leur attitude. (Entretien avec Madame Njonga, août 2021)

27 Pour autant, l’issue favorable du combat contre l’importation des poulets congelés ne modifie pas l’orientation globale des politiques de développement. Au contraire, l’écart entre les entrepreneurs ou producteurs locaux et les pouvoirs ne cesse de se remodeler depuis l’avènement des politiques dites de l’émergence en 2010 (Amougou, 2021).

De l’ACDIC au CRAC… Entre essoufflement et besoin de se renouveler

28 Jusqu’au milieu de la décennie 2000, Bernard Njonga présente la figure d’un militant développementaliste arborant la triple casquette de médiateur, d’entrepreneur et de politique. Avec son équipe, il veille à l’application de l’arrêté :

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Chaque année, nous avons une ligne de contrôle d’application de cette décision. Nous contrôlons. Et nous avons réussi à faire que même le gouvernement, le ministère de l’Élevage, ministère du Commerce soient impliqués. (Entretien, Yaoundé, janvier 2013)

30 Si le paysan demeure au centre de ses préoccupations, des « travers » survenus dans les rapports avec certaines organisations paysannes amènent le SAILD à travailler directement avec certains paysans. Au sein de l’ACDIC également, Bernard Njonga ressent la nécessité de réajuster son action en fonction des nouveaux défis imposés par l’environnement national mais aussi des transformations du monde contemporain. Alors qu’il demeure un acteur actif au sein des réseaux altermondialistes, les actions de plaidoyer menées par l’ACDIC peinent à avoir un impact positif auprès des autorités camerounaises. En 2010, lors du comice agro-pastoral tenu dans la ville d’Ebolowa, Bernard propose un projet d’amélioration de la production du pain, en plaidant pour une introduction du maïs local dans la farine :

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J’ai expliqué au ministre qu’en le faisant, le pain consommé ici est trois fois meilleur que celui qu’on leur propose à l’heure actuelle. Surtout, que le fait d’incorporer ces farines pour le pain pouvait créer 18 000 emplois chaque année. Et par rapport à l’exploitation, on tournait autour de 60 milliards. (Entretien, Yaoundé, janvier 2013)

32 Ce projet est finalement rejeté par les autorisés politiques, mais recevra, suivant son témoignage, un écho favorable au Bénin. Lors des élections présidentielles de 2011, il élabore un pacte pour la souveraineté alimentaire, qu’il propose à la souscription des différents partis politiques en compétition. Le parti au pouvoir récuse. En 2012, l’ACDIC compte près de 11 000 membres. Ce qui amène Bernard Njonga à dénoncer les dérapages des politiques agricoles et à organiser des manifestations permanentes sur une pluralité de thématiques débordant l’unique cadre de la paysannerie pour épouser des problèmes citoyens. En réalité, ces multiples initiatives dénotent une difficulté centrale : promouvoir sa vision du développement auprès d’un gouvernement qui, manifestement, reste inféodé aux sirènes néolibérales. D’une certaine manière, ces échecs apparents traduisent également un processus d’ajustement progressif aux transformations plus globales des mouvements purement sociaux à l’instar des grandes mobilisations pour des causes socio-économiques, en lieu et place des mouvements éthiques.

33 En 2014, Bernard Njonga cède la présidence de l’ACDIC pour créer une formation politique. Ce parti, qu’il baptise le CRAC (Croire au Cameroun), constitue un nouvel outil :

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Il devait faire un pas en avant, ça lui semblait difficile de continuer le combat avec des armes de l’ACDIC. Je crois qu’à chaque fois, il a évolué parce qu’il cherchait des outils pour atteindre les résultats qu’il voulait. (Entretien avec madame Njonga, op. cit.)

35 Son programme politique s’articule autour de la souveraineté alimentaire. Durant un entretien effectué en décembre 2014, il affirme l’avoir créé pour pallier la difficulté de faire prévaloir sa vision de développement auprès des élites politiques en place. Cette décision s’inscrirait dans la continuité des batailles menées au sein du SAILD et de l’ACDIC. En cela, le CRAC n’est pas la preuve première de la dimension politique de l’engagement de Bernard Njonga, mais l’aboutissement d’un engagement politique inauguré au milieu des années 1980. Comme dans ses précédentes batailles, il semble convaincu de la justesse de son engagement :

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Si on me donne ce Cameroun, en 5 ans le pays décolle avec 40 mesures, parce qu’il y a une vision, il y a un esprit qu’il faut mettre derrière ça ». (Entretien, Yaoundé, janvier 2019)

37 Face à mon étonnement sur le décalage existant entre ses ambitions « démesurées » et le peu de ressources matérielles et humaines à sa disposition, il n’hésite guère à présenter le document de base de sa propagande politique comme « le résultat de 35 ans d’expérience de terrain » au cours desquels il aurait observé la coopération et la politique internationales et la vie politique locale.

38 Ingénieur, leader du monde paysan, médiateur, entrepreneur et homme politique, Bernard Njonga semble combiner ces différentes caractéristiques dans sa carrière militante. Cette dernière apparaît ainsi comme un processus d’interaction complexe et séquencée dans des contextes qui traduisent des « dimensions plurielles, mais complémentaires, du processus de l’engagement » (Agrikolianski, 2017 : 186). Les positions et responsabilités occupées dans l’exercice de son engagement révèlent une suite de changements objectifs d’étapes liées aux réajustements subjectifs que la lecture de l’environnement lui impose. Cependant, la cohérence que son récit narratif donne à son engagement apporte peu de précisions sur les « contributeurs par conscience [5] » qui lui ont permis de réussir là où très peu d’organisations civiles créées par les locaux ont eu autant d’impact et de visibilité. Il en est également de son modèle de management qui lui aura permis d’avoir toujours une emprise sur le SAILD et l’ACDIC après avoir cédé la gestion à d’autres membres. Par ailleurs il est difficile de mesurer la portée des « deals » effectués avec des agents ou cadres de l’État pour avoir des informations cruciales dans son action de dénonciation, ou encore pour détourner l’attention des pouvoirs publics pendant les préparations et organisations des mobilisations. Sans que cela soit nécessairement assimilé à une pratique douteuse, il lui est souvent arrivé de recourir à la corruption pour obtenir des informations importantes — voire confidentielles — auprès des agents publics.

39 En fondant le SAILD en 1987, notre entrepreneur-médiateur mettait sa compétence d’ingénieur et d’homme de terrain au service du leadership paysan. Et de même que ce dernier lui aura permis de produire du politique sans être un acteur purement politique, de la même manière il s’implémente dans la politique à partir des capitaux tirés du leadership paysan et de l’activité militante. Comme leader des organisations paysannes et militant-activiste jumelant mobilisations et plaidoyers, Bernard Njonga poursuit son coaching auprès des paysans tout en faisant des propositions aux politiques. Avec son entrée en politique, il pense pouvoir s’adresser directement aux populations qu’il identifie désormais comme des détenteurs réels du pouvoir, afin de mettre directement son programme en application. Ce qu’il semble peu cerner — et tant mieux peut-être pour lui — c’est qu’il rentrerait, à 60 ans, dans une énième phase de socialisation — politique. Or manifestement, sa démarche semble inadaptée dans un environnement où le monopole du jeu politique par le régime autoritaire a pour principaux effets induits la faiblesse des mouvements sociaux protestataires et la désaffection politique (Pommerolle, 2008). Ayant fait de l’agriculture le cheval de bataille de son programme politique, son action se résume à la promotion des « 40 mesures pour développer le Cameroun à partir de l’agriculture » et des propositions faites pour l’intégration des programmes agricoles dans les cursus scolaires depuis la maternelle. Or de manière peu consciente, il s’embarque dans une nouvelle expérience d’apprentissage dont l’issue est incertaine. En pensant convertir son expérience et son capital accumulés dans la société civile à l’échelle d’un champ politique essentiellement verrouillé par le parti au pouvoir, il manquera de clairvoyance sur les ressorts de la stabilité hégémonique du régime. En rentrant en politique avec les habits d’agent de développement du monde paysan, il apporte une dimension nouvelle à la vie politique locale, en même temps que sa démarche présente quelques failles sur la réalité politique camerounaise. Sentant encore le besoin d’une plus grande implantation dans les localités retirées, il évitera de se lancer aux élections présidentielles d’octobre 2018, tout en optant pour un vote blanc. Atteint par la maladie, il sera absent aux échéances électorales (législatives, municipales et régionales) suivantes. Qu’à cela ne tienne, cet entrepreneur-militant et pionnier laisse une mémoire significative, résumée par son épouse :

40

Je crois qu’il a intéressé plusieurs personnes dans la chose agricole. Il y a des gens qui disent que s’ils se sont mis à faire des activités agricoles et ainsi de suite, c’est grâce à son discours. Je pense qu’il a aussi beaucoup aidé à la structuration du mouvement paysan. Il y a très peu d’organisations paysannes qui existent aujourd’hui qui n’ont pas bénéficié à un moment ou à un autre de son accompagnement, que ce soit de manière directe par sa personne, ou par l’une des structures qu’il a créées. En termes de plaidoyer et de lobbying, il a apporté quelque chose dans l’environnement camerounais et africain. Je pense qu’il n’y a pas beaucoup de campagnes de plaidoyers qui ont marqué des esprits comme celles qu’il a menées. Je pense que sur le plan politique, peut-être que ça ne se perçoit pas encore aujourd’hui, il a fait des choses un peu autrement. Avec le CRAC, un discours plus ancré sur des convictions que sur autre chose. Et puis le fait qu’il ait beaucoup marqué la société civile. (Entretien avec Madame Njonga, Yaoundé, août 2021)

41 En dehors du CRAC qui semble peu adapté dans l’environnement politique fermé et violent du Cameroun, ces propos rencontrent d’autres avis d’acteurs ou observateurs de la société camerounaise, à l’instar du journaliste et éditeur Haman Mana. Mais si le SAILD présente un meilleur gage de pérennité pour avoir vu défiler plusieurs secrétaires généraux depuis sa création et du fait de son détachement des organisations paysannes, l’ACDIC demeure assez fébrile face à un environnement peu sensible aux plaidoyers. Quoi qu’il en soit, le fait que la famille et les proches de Bernard Njonga envisagent de financer des travaux d’étudiants qui s’intéresseraient à son œuvre, ou encore parrainer des promotions d’étudiants et organiser des concours de photographies en son nom, semble indiquer que son histoire est encore à écrire.

Pour conclure… un engagement lié à la subjectivité du médiateur et résonant avec les enjeux globaux des mouvements sociaux

42 S’il est influencé par les facteurs inhérents au contexte, l’engagement de Bernard Njonga reste étroitement lié à sa vision du monde. Son expérience biographique montre que la société ne produit pas des individus comme la terre fait pousser des champignons. La diversification des dispositions sociales acquises est aussi arbitrée et hiérarchisée au niveau de la réflexivité individuelle qui permet au sujet de trier ce qui convient à son projet de vie. Ce travail réflexif permanent semble commandé par la subjectivité de l’individu soucieux de peser de manière positive aux processus de production de la société. C’est ainsi que, durant toute sa vie, ce médiateur-entrepreneur s’est rarement contenté des positions acquises, quand bien même celles-ci semblent l’avoir propulsé comme modèle de réussite au sein de l’environnement. Tandis que la conscience d’évoluer dans un environnement précaire l’a amené à être en permanente projection.

43 Se projeter en permanence et prendre des risques semblent constituer le secret de sa « réussite ». L’expérience biographique de Bernard Njonga montre que dans un environnement marqué par la précarité politique et socio-économique, le management de soi prédispose aux ruptures biographiques qui forgent l’individu éprouvé tout en lui offrant la possibilité de devenir auteur de sa vie et acteur de son monde. C’est durant des moments d’incertitude qu’il aura tour à tour : démissionné de la fonction publique pour s’engager dès 1987 auprès des organisations paysannes ; fondé l’ACDIC en 2003 pour mener un combat contre l’importation disproportionnée des poulets congelés au Cameroun ; ou encore fondé un parti politique en 2014 dans l’espoir de porter sa vision de développement au sein des instances décisionnelles de pouvoir.

44 Bien qu’empruntant des voies non purement politiques au départ, l’engagement de Bernard Njonga poursuit une finalité éminemment politique tout en résonnant avec des enjeux globaux portés par des mouvements altermondialistes. Cette finalité politique liée au désir du Sujet invite à davantage explorer comment l’engagement militant contribue au processus de formation de l’État (Siméant-Germanos, 2013). Plutôt que d’être réductible aux seules urgences de rentabilité économique, le parcours biographique de Bernard Njonga informe la transition en cours des mouvements sociaux à l’âge global en montrant l’émergence de l’individu comme sujet politique (Pleyers & Capitaine, op. cit.). Et comme la plupart des mouvements sociaux contemporains, les succès ponctuels des mobilisations de notre médiateur sont suivis par des échecs politiques qui traduisent leur difficile transformation en une action historique. Néanmoins, son expérience permet de poser un regard neuf sur le sens des luttes politiques à l’ère de la globalisation, où l’on assiste au recul des « mouvements proprement sociaux de la société industrielle » au profit des « mouvements éthico-démocratiques » (Touraine, 2015 : 18).

Notes

Français

L’engagement entrepreneurial de Bernard Njonga résonne avec les enjeux du monde globalisé. Si son expérience biographique s’opère dans une ambiance autoritaire et extravertie, notre médiateur capitalise une riche carrière militante qui lui a permis d’être auteur de sa vie et acteur de son monde. Face aux interférences politiques et aux effets néfastes du libéralisme économique triomphant, le parcours de vie de ce médiateur-entrepreneur, forgé par l’épreuve, s’efforce de préserver une cohérence identitaire. En cela, son engagement auprès du monde paysan camerounais est lié à sa subjectivité tout en résonnant avec les enjeux globaux des mouvements sociaux.

  • carrière militante
  • engagement entrepreneurial
  • récit biographique
  • monde paysan
  • médiateur-entrepreneur
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Gérard Amougou
CERDAP (université de Yaoundé II) – OMER (ULiège) – SMAG (UCL)
Mis en ligne sur Cairn.info le 14/03/2022
https://doi.org/10.4000/jda.11069
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