Introduction : l’évolution des enjeux patrimoniaux au Maroc, l’exemple de Fès
1Fès est une capitale provinciale marocaine [1] dont la longue histoire rend la vieille ville remarquable. La médina, peu touchée par la modernisation urbanistique, est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) depuis 1981. Cet espace patrimonial est au cœur de la stratégie de développement touristique menée par les pouvoirs publics locaux et certains groupes élitaires. Depuis une dizaine d’années, Fès, comme de nombreuses villes marocaines et du Sud global en général, accueille de nouvelles initiatives touristiques qui s’inscrivent dans le sillage des activités génératrices de revenus ou du pro-poor tourism (Thomas et al., 2011). Celles-ci ont pour ambition explicite d’associer patrimonialisation et développement local, bien souvent dans la lignée des principes du développement durable (Dubois et Mahieu, 2002). Ce type d’activité est souvent présenté dans la littérature scientifique comme une alternative au tourisme de masse et comme une stratégie de réduction de la pauvreté incluant les populations les plus fragiles aux initiatives de développement (Ashley et al., 2001). Cependant, l’adoption de ces « bonnes pratiques » constitue moins une rupture qu’une niche dans l’industrie du tourisme de masse (Harrison, 2008). Qui plus est, tourisme et patrimoine représentent des ressources territoriales de premier plan dont les mises en valeur impliquent un processus transactionnel – économique, mais aussi culturel et social – émanant de stratégies d’acteurs particulières (François et al., 2006).
2Comprendre les discours et pratiques sur les différentes formes de tourisme alternatif implique d’analyser les jeux de pouvoir et d’acteurs (Thomas, 2007) et d’adopter une approche non seulement socio-économique, mais aussi politique du fait touristique (Chok et al., 2007). Les enjeux de la sauvegarde patrimoniale liée au développement économique par le tourisme impliquent ainsi deux principales échelles d’action : l’une, globale, renvoyant aux politiques en matière de patrimonialisation et de développement (Idrissi Janati, 2001 ; Prigent, 2013) ; l’autre, locale, tributaire des rapports entre acteurs et de l’articulation des prérogatives et compétences politiques, institutionnelles et urbanistiques de chacun dans le contexte politique marocain (Cattedra et al., 2009 ; Idrissi Janati et al., 2013 ; Lanchet, 2006).
3En prenant l’exemple du projet de tourisme chez l’habitant Ziyarates Fès (ZF), nous nous demanderons ainsi comment les innovations touristiques et patrimoniales s’articulent avec les dynamiques territoriales locales. Par « dynamiques territoriales », nous entendons la manière dont interagissent les différents composants du territoire, fruit tant des pratiques, valeurs, représentations et discours d’individus et de groupes, que de l’action d’autorités politiques et institutionnelles. La prise en compte du territoire comme échelle et angle d’analyse nous permettra de dépasser les approches dialogiques de la relation entre tourisme et patrimoine pour envisager une approche trilogique du rapport entre patrimoine, tourisme et territoire. Il s’agira ainsi de mieux comprendre comment certaines initiatives touristiques et patrimoniales révèlent l’existence de territoires et de territorialités multiples, où les rapports de pouvoir qui s’y font jour remettent en question les discours dominants présentant la patrimonialisation comme une « mise en commun » de ressources collectives. En prenant l’exemple de Fès, nous verrons comment chaque acteur ne donne pas au territoire de la vieille ville la même valeur.
4Cet article s’appuie sur un terrain de recherche de dix jours réalisé en 2013 par des étudiants en master 2 et des enseignants-chercheurs de l’Institut du développement économique et social de l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne (IEDES), ainsi qu’un enseignant-chercheur et une étudiante de l’université Mohamed V, à Rabat. La recherche s’est déroulée dans le cadre du cours « Analyse du développement local », qui comportait un stage collectif de terrain afin de préparer les étudiants à la réalisation de diagnostics territoriaux. Le travail empirique s’est traduit par la conduite d’entretiens semi-directifs avec des acteurs institutionnels, associatifs et de l’industrie touristique, ainsi qu’auprès de onze familles hôtes de ZF. Un important travail d’observation a par ailleurs été mené auprès des familles hôtes, impliquant parfois une approche participative. Enfin, la recherche a été nourrie de relevés de terrain dans le but de comprendre et de cartographier les dynamiques touristiques de la médina.
5Dans une première partie, l’article présentera une approche historique des enjeux touristiques et patrimoniaux à Fès, pour finalement montrer comment ZF s’y inscrit. Dans une seconde partie, nous verrons comment les inégalités sociales et les rapports de pouvoir conditionnent la mise en œuvre de ZF, traduisant plus largement le caractère non consensuel de l’appropriation des ressources touristiques et patrimoniales.
1. Le patrimoine urbain à Fès ou les enjeux politico-économiques de la « mise en tourisme »
1.1. Tourisme et mise en patrimoine : des inégalités spatiales au sein de la vieille ville
6Concurrente de Marrakech et de Meknès, Fès a été la capitale de plusieurs grands royaumes musulmans au Maroc. À ce titre, elle accueille plusieurs « hauts lieux patrimoniaux » (Debarbieux, 1995), en particulier la grande mosquée Al-Qaraouiyine. Certains éléments bâtis de la vieille ville sont encore présentés comme exemplaires de l’architecture musulmane moyenâgeuse (Gaillard, 1905 ; Raymond, 1995). Néanmoins, comme de nombreuses villes arabes (Chaline, 1989), la médina de Fès se dégrade durant le xxe siècle. À partir du protectorat français (1912-1956), les espaces les mieux valorisés se trouvent dans le quartier colonial « moderne ». Au contraire, la médina est principalement occupée par des familles rurales défavorisées, sans moyens pour entretenir le bâti (Ichter, 1981 ; Idrissi Janati, 2002).
7Dans ce contexte, une dynamique de patrimonialisation est impulsée à partir des années 1980, même si celle-ci résulte, de 1980 à 2000, d’initiatives assez ponctuelles de l’État et d’institutions internationales (Akdim et Laaouane, 2010 ; Idrissi Janati, 2001 ; Jelidi, 2007). Au cours des années 1990, des acteurs internationaux (comme la Banque mondiale, le Fond arabe pour le développement économique et social – PNUD – ou le Fond arabe pour le développement économique et social –Fades) et nationaux (comme l’Agence pour le développement et la réhabilitation de la médina de Fès – Ader-Fès) [2], des ministères et autorités préfectorales) ont recensé les dégradations, établi des plans de sauvegarde et lancé les premières réhabilitations. Ces opérations sectorielles concernaient essentiellement le bâti, comme la restauration des monuments ou l’octroi d’aides aux propriétaires de maisons ou d’ateliers d’artisanat (Akdim et Laaouane, 2010).
Figure 1 : Étaiements pérennes servant à soutenir le bâti menaçant ruine en médina
Figure 1 : Étaiements pérennes servant à soutenir le bâti menaçant ruine en médina
9À partir des années 2000, les politiques patrimoniales deviennent plus intégrées à Fès et la demande touristique au Maroc, plus culturelle. Les stratégies patrimoniales s’orientent vers plus de développement humain, en soutenant le tourisme et les activités artisanales (Berriane, 2002). Un premier Plan de développement régional du tourisme (PDRT) est mené depuis 2005 par l’administration déconcentrée, dont le Conseil régional du tourisme (CRT [3]) et l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH [4]), qui jouent un rôle primordial pour ZF. Ce plan programme la réhabilitation des monuments touristiques et l’attraction d’investissements, tout en favorisant la restauration de demeures traditionnelles dans l’optique de créer des maisons d’hôtes (Idrissi Janati, 2015b, 2017).
10À partir de 2000, le tourisme devient un outil privilégié pour la préservation du patrimoine culturel de la médina de Fès. L’intérêt des investisseurs pour la remise en état d’anciennes demeures démontre le potentiel économique de cet espace (Akdim et Laaouane, 2010). La réhabilitation de certains lieux publics et l’aménagement de percées rendent plus accessible la vieille ville, tandis que certaines activités artisanales polluantes sont déplacées à l’extérieur de ses murs (Idrissi Janati, 2000 ; Idrissi Janati, 2015a). Par ailleurs, six circuits thématiques permettent de guider les touristes dans la médina. Conçus pour diversifier les parcours et présenter la richesse du patrimoine de la ville, ils révèlent l’inégale mise en valeur des ressources territoriales, avec la concentration de monuments remarquables et de centralités artisanales et commerçantes (fig. 2).
11Les choix de mise en valeur touristique montrent que les territoires de la médina n’ont pas tous la même portée symbolique. La vieille ville de Fès est séparée en deux par l’oued Boukhrareb [5], sur lequel elle a été fondée à la fin du viiie siècle. À l’est, la rive andalouse, principal réceptacle de l’exode rural, fait l’objet de représentations négatives (Idrissi Janati, 2002). Elle présente un état de vétusté important et reste à l’écart des dynamiques touristiques, principalement déployées sur la rive Quaraouiyine, à l’ouest, qui a historiquement accueilli la plupart des hauts lieux du sacré, de la culture, du commerce et de l’artisanat.
Figure 2 : Les dynamiques territoriales du tourisme patrimonial dans la médina de Fès
Figure 2 : Les dynamiques territoriales du tourisme patrimonial dans la médina de Fès
13Le PDRT de 2005, qui considère le potentiel d’accueil touristique comme sous-exploité, préconise le développement d’un accueil à l’intérieur de la médina, dans des chambres d’hôtes ou chez l’habitant, afin de valoriser le patrimoine et d’offrir des revenus à des familles, souvent moins riches que les propriétaires des riads et d’hôtels, tout en freinant leur départ de la vieille ville. C’est justement le segment de marché de ZF, qui vise la sauvegarde du bâti dégradé, la création d’activités génératrices de revenus et la régularisation de l’économie touristique.
1.2. Le projet Ziyarates Fès : un exemple des nouvelles dynamiques « touristiques »
14ZF est le fruit d’une initiative individuelle lancée en 2008 par une architecte fassie dont la famille est engagée dans diverses initiatives patrimoniales locales. ZF s’apparente alors à un projet pilote de tourisme culturel, spirituel et solidaire « intégré », souhaitant bénéficier au développement socio-économique de la médina et à la sauvegarde de son patrimoine bâti [6]. L’association propose des chambres d’hôtes au sein de maisons considérées comme « traditionnelles ». Pour un prix relativement modeste, les touristes peuvent partager le quotidien d’une famille fassie grâce à une véritable « immersion ». Les initiateurs de ZF, tout comme le site Internet dédié, mettent en avant trois objectifs : la sauvegarde du patrimoine matériel – principalement bâti – et immatériel – la culture fassie –, la création de revenus pour certaines familles « cibles » – à faibles revenus et disposant d’un patrimoine bâti remarquable – et l’interculturalité par l’accueil de touristes étrangers. En 2013, l’association offrait vingt-cinq lieux d’hébergement, pour trente-quatre en 2017.
15ZF s’inscrit dans les objectifs de développement touristique du gouvernement marocain, qui souhaite se concentrer sur le tourisme culturel et durable (ministère du Tourisme et de l’Artisanat, 2011). L’initiative a été lancée lors du premier festival de Fès de la culture soufie (FFCS) en 2007, au palais El-Mokri, en plein cœur de la médina. ZF proposait aux participants, principalement des pèlerins (Berriane, 2013), des hébergements à prix modérés dans la médina. Le succès de cette initiative a incité les porteurs de ces événements culturels (une famille très active au sein du CRT) à étendre cette offre d’hébergement chez l’habitant aux touristes étrangers. Le terme même de « Ziyarates [7] » évoque bien ces fondements culturels et spirituels du logement chez l’habitant.
16ZF renvoie aussi à la croissance de l’économie sociale et solidaire au Maroc, dont les principes se diffusent par l’intermédiaire d’associations transnationales, d’institutions diverses ou d’organisations non gouvernementales (ONG). Au cours des années 2000, le Comité marocain du tourisme responsable est créé sous l’égide du ministère du Tourisme. Composé des principales fédérations des acteurs touristiques, il est à l’origine de la Charte marocaine du tourisme responsable et du Guide du voyageur responsable, tous deux inspirés des recommandations de l’Organisation mondiale du tourisme. Cette charte veut favoriser le développement socio-économique des territoires, assurer la répartition équitable des revenus et respecter les personnes, cultures et espaces. Ses préceptes correspondent ainsi plus largement à la définition couramment admise du tourisme solidaire (Collombon et al., 2004).
17ZF est aussi porté par certaines élites locales souhaitant tirer parti des spécificités culturelles fassies pour réorienter partiellement un tourisme de « passage » en un tourisme de « séjour ». Conséquence de l’évolution des modes de gouvernance des territoires marocains depuis les années 1980, ZF est porté par un ensemble d’acteurs locaux. Le CRT participe à la sélection des ménages bénéficiaires, à la mise en place d’outils de gestion et à la promotion de l’initiative. La wilaya (équivalent de la région en France) finance, avec l’appui sur le terrain de l’arrondissement urbain de Fès-Médina, la réhabilitation des maisons. L’INDH fournit un soutien financier et parfois technique, notamment pour formuler des objectifs de développement [8]. Les familles bénéficiaires sont théoriquement formées à l’accueil de touristes étrangers par l’Agence de développement social [9], qui fournit aussi un appui matériel pour équiper les maisons. L’Union des associations de quartiers de la Médina s’occupe de la gestion et de la réservation des chambres pour les touristes. De l’extérieur, ces différents acteurs semblent tous vouloir participer à la sauvegarde patrimoniale de la médina. En réalité, ZF illustre l’interpénétration de différents intérêts à la fois économiques, culturels et sociaux émanant d’un jeu d’acteurs complexe.
2. Le tourisme chez l’habitant : un patrimoine à partager dans un jeu d’acteurs complexe
2.1. Le discours sur le patrimoine et ses réalités sur le terrain
18La façon dont se pose la question du devenir de la médina de Fès – érigée comme figure patrimoniale pour le Maroc entier – est emblématique (Idrissi Janati, 2001). La signature par le Maroc en 1976 de la Convention sur la protection du patrimoine mondial culturel et naturel crée un ensemble d’obligations afin de conserver et transmettre aux générations futures tout objet dit « patrimonial ». L’inscription, en 1981, de la médina de Fès au Patrimoine mondial de l’humanité fait figure d’acte fondateur de la politique de l’Unesco dans le monde arabe.
19Par ailleurs, la politique patrimoniale mise en œuvre dans cette médina représente un exemple parfait des ambiguïtés de cette visée. Depuis le lancement de l’appel international pour la sauvegarde de la médina de Fès à la fin des années 1970, la situation n’a pas beaucoup progressé, notamment en raison du « manque d’une stratégie adaptée et réaliste capable de mobiliser les énergies locales » (Ameur et Cassetti, 1994, p. 1). La question de la sauvegarde a longtemps exclu la population et les acteurs économiques locaux.
20Avec l’accumulation des problèmes du bâti, de l’environnement urbain et de la vulnérabilité de la population, la réhabilitation et la sauvegarde de cette figure patrimoniale s’imposent non seulement comme un souhait, mais aussi comme un impératif unanimement exprimé localement. Cependant, les projets élaborés ont suscité des polémiques, notamment autour de l’opposition entre « authenticité » et « modernité », qui se traduit par deux approches divergentes : « conservation à l’identique » contre « innovation » (Idrissi Janati, 2015a).
21Pour les conservateurs, la ville ancienne de Fès est un objet patrimonial intangible à protéger sans condition. Cette logique a orienté, par exemple, l’équipe pluridisciplinaire qui a préparé le premier Schéma directeur d’aménagement urbain (SDAU) de Fès à la fin des années 1970. Composée d’experts marocains et de l’Unesco, elle avait préconisé un plan pour améliorer les conditions de vie des habitants de la médina tout en préservant l’héritage patrimonial. Pour elle, si des interventions de sauvegarde s’imposent, elles ne devaient pas introduire un fonctionnement incompatible avec la morphologie de la médina et son échelle. Cette représentation archéologique de l’héritage rappelle les discours anti-interventionnistes en Occident dans les années 1860 (Choay, 1996). Au début du xxe siècle, la sauvegarde des espaces anciens, mis en œuvre par exemple par Hubert Lyautey, premier résident général de France au Maroc, a participé à « figer » les cités existantes, nommées par la suite « médinas [10] ».
22Aujourd’hui, les tissus dits « historiques » sont considérés comme constitutifs de la mémoire et du patrimoine des identités locales, non seulement pour les villes impériales (Fès, Marrakech, Meknès, entre autres), mais aussi pour certaines villes moins anciennes comme Casablanca. Ces dernières cherchent aussi à légitimer leur dimension patrimoniale pour se préserver de ce qui est considéré comme un processus planétaire de banalisation des particularités culturelles (Cattedra, 2006).
23À l’opposé de cette vision, d’autres acteurs expriment une aspiration à la modernité. « Mission impossible : tout sauvegarder », écrit Dominique Achour dans un rapport d’expertise sur la médina de Fès (Achour, 1994, p. 5). Cette position « réformiste » affiche comme choix de sauvegarde l’introduction de la médina et de ses usagers dans la vie moderne. Elle n’y prohibe donc pas des interventions, contrairement aux recommandations du deuxième SDAU de Fès réalisé au début des années 1980 à partir d’une approche « néo-haussmannienne » de l’urbanisme.
24Si les conservateurs considèrent le tourisme international comme une composante économique qui pourrait altérer la relation entre patrimoine et modernité, car il tourne le dos à la continuité de l’identité culturelle et urbanistique de la médina, les innovateurs y voient une occasion de bénéficier des effets positifs de la mondialisation (développement économique, partenariats internationaux, etc.).
25ZF illustre bien l’ensemble de ces enjeux et amène à regarder de plus près la diversité des discours, représentations et registres d’actions que véhiculent le processus de patrimonialisation de la médina de Fès et le « système de valeurs » qui lui est attaché. C’est aussi la dimension de « filiation collective » (Di Méo, 2007) qu’il s’agit d’interroger dans la portée idéologique, politique et économique de ZF, qui porte tant sur des objets urbains que sur des réalités idéelles.
2.2. L’accueil touristique « chez-soi » : réappropriations individuelles d’un projet collectif
26Si ZF est présenté comme un projet de « tourisme solidaire », il n’échappe pas aux enjeux de la marchandisation des biens patrimoniaux. Celle-ci implique des stratégies économiques qui révèlent les ambiguïtés de la valorisation patrimoniale.
27La réglementation intérieure de ZF mise en place par le CRT donne une place centrale aux dimensions tant matérielles qu’immatérielles de la sauvegarde patrimoniale. La notion de patrimoine matériel y apparaît à côté de qualificatifs généraux, tels que « traditionnel » ou « typique marocain ». Cependant, pour que les maisons soient retenues, certains critères précis doivent être respectés : présence d’un patio et d’une « halqa traditionnelle » [11], ornementations de plâtre sculpté ou de belles portes en bois, « transformations modernes fortement déconseillées ». En pratique, la définition du patrimoine matériel reste large et le CRT dispose d’une marge de manœuvre pour la sélection des maisons : elles sont généralement en bon état et ne nécessitent pas de travaux majeurs [12]. Cette réalité traduit un écart entre les objectifs affichés de ZF et leurs mises en œuvre : aucune des familles sondées n’a réalisé de travaux de rénovation importants depuis l’accès au projet, sinon pour les sanitaires.
28L’adaptation des logements à l’accueil de touristes semble en fait prendre le pas sur les objectifs de sauvegarde ou de rénovation patrimoniales. Devenir une famille hôte au sein de ZF implique la mise en place de sanitaires « occidentaux » et de literie confortable. L’un des hôtes nous explique : « Dans nos propres chambres, nous dormons sur des lits marocains, des lits traditionnels, mais les touristes, eux, préfèrent des lits modernes [13]. » Ainsi, ZF ne choisit pas les maisons les plus vétustes ou les familles les plus précaires, mais celles en mesure de recevoir des touristes dès leur accession au projet. Le CRT se justifie en arguant le manque de moyens pour la restauration des logements [14]. Cependant, cette situation démontre aussi que l’approche entrepreneuriale prend le pas sur les objectifs sociaux.
29De même, la volonté de favoriser l’interculturalité et, comme le précise le projet, le dialogue entre Occident et Orient, se heurte aux objectifs économiques de ZF. Dans la réglementation interne, choisir une maison d’hôte conduit à s’immerger dans la vie fassie. Les valeurs prônées par l’association veulent favoriser le « partage » du quotidien des hôtes. La relation entre les familles hôtes et les « clients » (c’est ainsi que les prestataires appellent les touristes dans la plupart des cas) ne doit pas seulement être commerciale, mais aussi amicale et familiale, voire éducative (transmission et découverte culturelles).
Figure 3 et 4 : Intérieur de maisons d’hôtes du projet Ziyarates Fès
Figure 3 et 4 : Intérieur de maisons d’hôtes du projet Ziyarates Fès
31Pour répondre à ces objectifs, ZF propose différentes activités : apprendre à faire le pain et le porter au four du quartier, faire le marché ou encore « comprendre la ville dans son essence [15] ». De même, l’association préconise aux familles hôtes certaines pratiques. Par exemple, « la famille d’accueil doit être constamment en tenue traditionnelle ». Mais en réalité, aucune famille ne fait plus le pain [16] et, sauf exception, les membres s’habillent régulièrement à l’occidentale. Par ailleurs, les touristes ne sont pas accompagnés par les familles hôtes lorsqu’ils sortent de la maison (c’est interdit par le gouvernement, car cela s’apparente à une activité de guide informel). Sur les sept formations destinées aux propriétaires de maisons d’hôtes, une seule porte sur la thématique « Histoire et patrimoine de Fès, ville spirituelle [17] », les autres portent sur les outils de gestion, l’hygiène ou la communication. Dans la réglementation intérieure, c’est surtout le confort (sanitaires, repas, qualité du service) qui est mis en avant. Ceux qui suivent les formations apprennent à répondre aux attentes de leurs hôtes. Ces enseignements prescrivent une manière de se comporter, de s’adresser aux touristes ainsi que les sujets à aborder. L’une des personnes interrogées décrit cette période d’apprentissage comme « un temps de préparation psychologique » avant l’arrivée des touristes. Une autre raconte que, « dans la formation, on nous dit “le client est roi, c’est lui qui décide, il est maître de la relation” » et ajoute : « on nous dit de les laisser tranquilles » [18]. Ainsi la relation est-elle en partie conditionnée par la volonté du touriste. Cette dimension commerciale est renforcée par certains clients pour qui le logement chez l’habitant permet de voyager à moindre coût dans une belle demeure au cœur de la médina : pour certains touristes, « cela se réduit à un hôtel [19] ».
32Cependant, cette réalité n’empêche en rien l’interculturalité, souvent spontanée, en fonction des rencontres et des situations, bien souvent à la marge des attentes anticipées du touriste. Trois familles interrogées ont créé des liens d’amitié durables avec des touristes, qui reviennent parfois ou échangent par courriel avec eux. L’hospitalité et le degré de proximité des familles hôtes avec les visiteurs dépendent aussi de la connaissance d’une langue étrangère, du fait d’avoir déjà voyagé à l’étranger et de la durée du séjour des touristes. Si l’aspect « relation avec le touriste » et les cours de langue française dans le cadre de la formation s’adressent généralement aux hommes, les femmes sont conviées aux modules de gestion de la maison et du cours de cuisine. Cependant, selon nos observations, ce sont en réalité les femmes qui passent le plus de temps avec les touristes, les hommes ayant souvent un autre emploi en dehors de ZF.
33L’accueil chez l’habitant représente donc bien une interpénétration des dimensions marchandes et relationnelles (Giraud, 2007) de l’activité touristique. Si celle-ci génère des bénéfices, elle a aussi un coût à la fois symbolique et social, notamment par la perte d’intimité et d’espace personnel (Lynch et MacWhannell, 2000). Pour la plupart des familles de ZF, le salon et les espaces du rez-de-chaussée sont accessibles à tous, mais les chambres sont interdites aux touristes. Le touriste entre rarement sans invitation dans la cuisine. Dans une autre famille, par contre, aucun espace n’est interdit : « Je veux qu’ils se sentent à la maison. Parfois, les touristes sont dans la chambre de ma mère pour la regarder faire des cornes de gazelles. » Pour cette famille, les touristes « possèdent la maison », à tel point que « parfois, j’ai le sentiment que nous sommes les touristes et que la maison leur appartient » [20].
34La volonté de mise en valeur du patrimoine immatériel autant que les relations entre les familles et les visiteurs impliquent ainsi une véritable « performance » tant de la culture vernaculaire (Lazzarotti, 2011 ; Haldrup et Bœrenholdt, 2015) que de l’interculturalité. La folklorisation d’une culture présentée comme traditionnelle à des fins commerciales n’est pas un fait nouveau (MacCannell, 1973 ; Kurzac-Souali, 2007 ; Réau et Poupeau, 2007 ; Alsayyad, 2013). Cependant, ZF démontre que les nouvelles formes de tourisme « solidaire » peuvent être tout aussi normatives que d’autres pratiques touristiques (Chabloz, 2007). Plus que d’autres pratiques touristiques, le tourisme solidaire est porté par une marchandisation discrète, voire pudique, des biens patrimoniaux privés. Celle-ci a pour effet de renforcer la dissimulation des jeux de pouvoir qui se jouent entre les protagonistes du projet. L’attribut « solidaire » du tourisme chez l’habitant ne résiste ainsi pas aux jeux de pouvoir qui se font jour à l’intérieur même du projet.
2.3. Le patrimoine comme ressource : des inégalités d’accès
35L’activité touristique est mue par des relations d’acteurs inégales, déterminées par le capital économique, culturel, social et symbolique des individus et des groupes impliqués (Hitchcock et al., 2009 ; Herzfeld, 2015). Les groupes dominants ont le pouvoir d’imposer leurs systèmes de représentations en actes, déterminant les « valeurs patrimoniales » (Harisson, 2013). Ainsi, les stratégies des acteurs impliqués restent bien souvent invisibilisées (Abu-Khafajah et al., 2015).
36Comme nous l’avons vu, le principe de sélection des familles au sein de ZF ne favorise pas les ménages les plus précaires. La plupart des familles ont été choisies selon leur « réputation » et leur « fiabilité », notamment dans les conseils de quartier ; les ménages ciblés sont considérés comme étant « capables » de fournir une offre touristique sans compromettre le projet et sans disconvenir aux exigences de l’interculturalité. De même, la localisation des maisons, toutes situées sur la rive Quaraouiyine, démontre que ZF ne s’adresse pas aux habitants les plus défavorisés de la médina, contrairement à ses objectifs initiaux. Une personne sondée confiait d’elle-même qu’une « famille pauvre ne peut pas vivre dans une si grande maison [21] ». Toutefois, les enquêtes mettent en évidence une forte inégalité d’accès aux bénéfices issus du tourisme entre les familles impliquées dans ZF.
37ZF ne recouvre pas la même importance pour toutes les familles. Les participants appartenant à « l’élite culturelle locale » affichent un désintérêt matériel vis-à-vis de ZF. Par contre, ils adhèrent à sa dimension culturelle et, grâce au projet, saisissent l’occasion de réaffirmer leur position sociale. Ces familles ont en commun une même vision de l’héritage culturel et patrimonial fassi. Ce discours est partagé par un grand nombre d’acteurs associatifs et de groupes corporatistes, comme l’Association des maisons d’hôtes de la ville de Fès, l’Association des guides touristiques, l’Union des associations et amicales humanitaires des quartiers de la médina de Fès [22]. Ces acteurs considèrent être les garants de l’héritage culturel fassi, mis en danger, selon eux, par la paupérisation de la médina, les pratiques touristiques informelles et l’ignorance de nombreux habitants de la valeur culturelle et potentiellement économique de leur patrimoine (leur logement, principalement).
38Toutes les familles bénéficiaires ne partagent pas ces visions. Pour la moitié des familles interrogées, l’accueil de touristes constitue avant tout un complément économique. Ces habitants occupent en grande majorité des métiers dans le commerce ou l’administration, ou reçoivent de l’argent de proches vivants à l’étranger. Pour environ un tiers des familles, cependant, l’activité touristique constitue une part substantielle de leurs revenus. Certaines d’entre elles sont parfois temporairement précaires, pour différentes raisons (décès du chef de famille, perte d’un emploi, etc.). Plus fortement exposées à la fluctuation de l’activité touristique, elles expriment un besoin d’entrée d’argent supplémentaire et des déceptions proportionnelles aux bénéfices qu’elles espéraient tirer du projet. Finalement, l’hétérogénéité socio-économique des familles pose des problèmes de gestion. Les désaccords des différents acteurs révèlent notamment un manque de consensus dans « l’arène » du projet, « où des groupes stratégiques hétérogènes s’affrontent, mus par des intérêts (matériels ou symboliques) plus ou moins compatibles » (De Sardan, 1993, p. 3). Cette arène est justement représentative des disparités économiques et sociales à l’échelle de la société fassie.
39La gouvernance de ZF s’articule autour de deux principaux organes : le comité de pilotage et le comité technique, qui réunissent de nombreux acteurs différents, à la fois institutionnels (CRT, Agence développement social – ADS –, élus locaux, etc.) et associatifs (Union des associations et amicales humanitaires de Fès, regroupant une trentaine d’associations). Officiellement, les familles sont impliquées dans la gestion du projet et les prises de décision. Cependant, beaucoup déclarent ne pas avoir d’emprise sur la gestion de ZF et être cantonné à l’accueil des touristes.
40Cette multitude d’acteurs complique la transparence et la coordination. Par exemple, la convention stipule qu’un comité technique doit se tenir chaque mois, avec la participation des familles. En réalité, ce comité ne se réunit pas régulièrement et sa composition ne cesse d’évoluer. Plusieurs familles déclarent ignorer l’existence de nombreux éléments constitutifs du projet, comme la caisse de solidarité [23]. Pour les familles les plus dépendantes économiquement du projet, la promotion de ZF devrait être plus développée et les touristes répartis de manière plus égalitaire. Ces discours illustrent une différence de vision entre les familles principalement intéressées par les revenus du tourisme et celles qui voient dans ZF une occasion de sauvegarder la culture fassie.
41Cependant, une partie des familles s’émancipe de l’arène du projet en contournant les règles établies ou en y adhérant pour des raisons qui ne touchent ni au patrimoine ni au tourisme. Tout d’abord, ZF sert d’appui au déploiement d’initiatives individuelles : des familles reçoivent des touristes sans passer par le système de réservation du site Internet. Ces pratiques semblent tolérées, malgré le règlement intérieur, puisque l’Union des associations déclare ne pas centraliser l’ensemble des demandes d’hébergement [24]. Cependant, elle veille à ce que ces initiatives individuelles ne dépassent pas une certaine limite. Il est interdit par exemple de mettre en ligne des annonces personnalisées : celles-ci respectent une forme standardisée qui limite la distinction autrement que par les photographies des logements.
42Deux visions des instances régulatrices à l’intérieur de ZF semblent ici s’opposer. Pour les familles les plus précaires, les organes de décision devraient assurer une meilleure égalité entre les familles hôtes, tandis que les familles les plus aisées prônent une logique de réservation plus libérale. Ce sont finalement les familles les plus aisées qui accueillent le plus de touristes, notamment car elles disposent du capital économique, social et culturel pour répondre aux attentes des touristes et pour jouer le jeu de l’interculturalité. Pour les autorités qui gèrent ZF et pour les groupes élitaires, les familles aisées offrent aussi une meilleure publicité du projet et sont les plus aptes à favoriser la sauvegarde et la promotion de l’héritage culturel fassi. D’autant plus que certaines familles appartiennent aux mêmes réseaux sociaux que les initiateurs de ZF au sein du CRT et de l’ADS. Pour ces ménages, c’est le capital social qui a représenté une porte d’accès dans le projet. Pour d’autres familles ne bénéficiant pas du même capital, ZF est perçu comme un élément de rayonnement social dont elles pourraient bénéficier. Certaines ont avancé que l’extension ou la pérennisation de leurs places au sein de réseaux économiques et sociaux locaux avait largement motivé leur adhésion à cette initiative touristique. En ce sens, le caractère « solidaire » du projet touristique ne signifie en rien une atténuation des rapports de pouvoir et de domination inhérents à toute logique de patrimonialisation et de « touristisation » des espaces urbains.
Conclusion : un projet d’innovation touristique comme nouvelle arène socio-politique
43Dans cet article, nous avons exploré certains éléments du processus trilogique (l’économie touristique, le développement territorial et la mise en valeur patrimoniale) œuvrant à la transformation contemporaine de nombreux espaces urbains anciens. En prenant l’exemple d’une initiative de tourisme chez l’habitant dans la médina de Fès (Ziyarates Fès), au Maroc, nous avons démontré que les projets de « tourisme solidaire » à visées patrimoniales ne représentent pas des leviers neutres de développement social et économique. Au contraire, ils restent tributaires du contexte historique de l’urbanisation, des logiques institutionnelles locales, des dynamiques socio-spatiales ainsi que des rapports de pouvoir entre les acteurs du projet.
44Ainsi, au-delà de l’analyse socio-anthropologique portant sur la nature des rapports interculturels suscités par le tourisme solidaire, nous avons insisté tout au long de cet article sur la manière dont le « tourisme éthique » tend, d’une part, à accroître la dissimulation des rapports de pouvoir suscités par la marchandisation des espaces patrimoniaux et, d’autre part, à reconfigurer les rapports de force entre les acteurs concernés par la mise en œuvre d’un projet de tourisme solidaire. En considérant le projet touristique de Ziyarates Fès comme une arène socio-politique, nous avons montré que les jeux d’acteurs ne s’apparentent pas seulement à un élément de l’analyse : ils structurent la « traduction concrète » du processus de patrimonialisation dans les territoires de la médina ainsi que dans la mise en œuvre d’un projet de « tourisme solidaire ».
45Ziyarates Fès, justement porté par des élites fassies défendant la sauvegarde de leur culture locale – et notamment du patrimoine bâti de la médina –, démontre que le « tourisme solidaire » s’organise particulièrement autour de divergences et solidarités entre les élites locales, les professionnels du tourisme (ces deux groupes se confondant parfois), les institutions territoriales, l’État central (ces deux groupes se recoupant parfois) et les habitants de la médina participant au projet (ce groupe caractérisant bien souvent les acteurs des précédentes catégories). Un tel constat ne peut que souligner l’importance de croiser les échelles d’analyse – globales, nationales, locales et micro-locales – et d’élargir les approches thématiques. À ce titre, l’analyse trilogique proposée a permis de démontrer le caractère fondamentalement politique des initiatives touristiques locales, où se rejouent, de manière certes discrète mais toute aussi structurante, les rapports entre groupes socio-culturels et classes sociales qui dépassent de loin l’arène du projet touristique proprement dite.
Notes
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[1]
Selon le dernier recensement général de la population, la ville est peuplée de 1 150 131 habitants, lorsque la vieille ville en rassemble 70 592 (Haut-Commissariat au Plan, 2014).
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[2]
L’Ader-Fès, créée en 1989, est spécialisée dans les actions de sauvegarde. Aujourd’hui, sa mission est d’assurer l’assistance technique des projets de réhabilitation.
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[3]
Le CRT est une association financée par la municipalité de Fès et diverses subventions, et dont le conseil d’administration est principalement composé des représentants des principaux métiers du tourisme à Fès (propriétaires de Riad, guides, etc.).
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[4]
L’INDH vise à lutter contre la pauvreté et à promouvoir le développement des territoires ruraux et urbains marocains par l’appui financier et technique de différents projets de développement.
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[5]
Fâs el-Bali (Fès-le-vieux), fondée par Idriss 1er et dénommée ainsi après la construction de Fâs Jdid (Fès-le-neuf) par les Mérinides, a été divisée à l’origine entre la rive des Andalous et la rive des Kairouanais.
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[6]
http://www.ziyaratesfes.com (consulté en juillet 2018).
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[7]
Le mot ziyâra (pluriel : ziyârât) renvoie, en langue arabe, à la « visite », que ce soit à une personne ou à un lieu. Ce terme est notamment employé pour désigner une visite pieuse à un lieu saint, un tombeau ou un mausolée (Encyclopédie de l’islam, 1986).
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[8]
Le comité local de pilotage de l’INDH est dirigé par le président de l’arrondissement urbain (un élu), aidé sur le terrain par le pacha, les caïds et les moqaddems (agents de l’autorité locale).
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[9]
L’Agence de développement social, créée en 2001, soutient un certain nombre d’initiatives de développement économique et social au Maroc, particulièrement à l’échelle locale et auprès de populations « défavorisées ».
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[10]
Dérivé de l’arabe madîna – usuellement traduit par « ville » ou « cité » –, le vocable générique « médina » a émergé (en français) dans le contexte de la colonisation d’Afrique du Nord et de la construction des « nouvelles villes européennes ». Dès lors, ce mot ne désigne plus la structure urbaine dans son unité, mais seulement une partie de la ville souvent identifiée comme la « ville indigène » ou qualifiée de « partie musulmane ou arabe » (Hensens, 1982 ; Idrissi Janati, 2002).
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[11]
L’ouverture du patio sur le ciel.
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[12]
Entretien du 9 janvier 2013 avec le président du CRT.
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[13]
Entretiens en janvier 2013 avec des familles hôtes de ZF.
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[14]
Entretien du 9 janvier 2013 avec le président du CRT.
- [15]
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[16]
Entretien en janvier 2013 avec des familles hôtes de ZF.
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[18]
Entretien en janvier 2013 avec des familles hôtes de ZF.
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[19]
Entretien en janvier 2013 avec des familles hôtes de ZF.
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[20]
Entretien en janvier 2013 avec des familles hôtes de ZF.
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[21]
Entretien en janvier 2013 avec des familles hôtes de ZF.
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[22]
Entretiens réalisés avec les représentants de ces groupes en janvier 2013.
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[23]
Cette caisse permet en théorie de soutenir temporairement les familles ayant des besoins financiers urgents ou de leur assurer une rentrée d’argent lors d’une absence prolongée de réservations.
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[24]
Entretien du 12 janvier 2013 avec l’Union des associations et amicales humanitaires des quartiers de la médina de Fès.