CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 La France est très souvent présentée, dans les médias, comme fortement singulière sur le plan de la conflictualité sociale : les grèves y seraient particulièrement fréquentes, plus que dans d’autres pays de l’Union européenne. Ainsi, par exemple, à l’occasion de l’exposition Entropa organisée pour le Conseil européen de Bruxelles en janvier 2009, l’artiste tchèque David C?erný avait-il représenté la France en barrant une représentation de l’Hexagone d’une immense banderole de grève. Cette vision alimente la thèse de l’exceptionnalité française : les relations sociales y seraient plus tendues que dans d’autres pays, davantage tournées vers le conflit que vers les pratiques de négociation, en raison notamment de l’héritage d’un syndicalisme à forte composante idéologique. Outre qu’elle ne se vérifie pas [1], cette représentation mérite d’être questionnée pour ce qu’elle dit de la visibilité de certaines mobilisations dans l’espace public et ce qu’elle engage comme définition des conflits du travail.

2 Réfléchir aux transformations de ces derniers implique, en effet, de distinguer plusieurs échelles d’observation : parle-t-on des diverses formes de conflictualité qui peuvent advenir dans une entreprise ou dans un établissement, de la pétition à l’arrêt de travail effectif ? De mobilisations sectorielles d’une profession donnée (comme les cheminots, les pilotes d’avion ou encore les sages-femmes, par exemple) ou d’un secteur d’activité (l’éducation, la grande distribution, etc.) ? Des mouvements interprofessionnels qui se développent en réaction à l’annonce par le Gouvernement d’une réforme (à l’instar de la mise en place d’un nouveau contrat du travail comme le contrat première embauche en 2006) ? Ces trois niveaux ne donnent pas à voir la même conflictualité, même s’ils sont parfois imbriqués. Une mobilisation interprofessionnelle qui se déroule sur plusieurs semaines, avec des appels à des journées d’action et des manifestations, comme celle de l’automne 2010 contre la réforme des retraites, se traduit en partie par une augmentation de la conflictualité dans les entreprises. À l’inverse, un conflit d’abord localisé dans un établissement peut parfois s’étendre à l’ensemble du secteur d’activité ou d’une catégorie de salariés. Il nous semble important, pour se déprendre de représentations faussées de la conflictualité dans le monde du travail en France, de distinguer ces différents niveaux afin de voir ce qu’il est possible de dire des lieux, des formes, mais aussi des acteurs de la conflictualité. En effet, certains types de conflits bénéficient plus que d’autres d’une forte visibilité médiatique. Ce sont, d’un côté, les grands mouvements interprofessionnels qui alimentent l’idée d’une récurrence de la contestation sociale et, de l’autre, les mobilisations très localisées contre les réductions d’effectifs ou les fermetures d’entreprises, en particulier dans l’industrie, qui entretiennent l’image d’une certaine radicalité sociale. Mais ces deux types de luttes sociales n’épuisent pas à eux seuls la réalité et la diversité des conflits dans le monde du travail. Nous nous proposons d’examiner chacune de ces catégories afin de cerner leurs caractéristiques, les évolutions récentes, ainsi que les modalités d’implication de différents acteurs dont les syndicats. Ce panorama nous permettra de réfléchir, en même temps, à l’état de la connaissance scientifique.

Les mouvements interprofessionnels ou la ressource du nombre pour le syndicalisme

3 Quatre grands mouvements interprofessionnels se sont déroulés en l’espace de vingt ans : en 1995, contre le plan Juppé de réforme de la Sécurité sociale et des régimes spéciaux de retraite ; en 2003, contre la réforme du système de retraite engagée par le gouvernement Raffarin ainsi que le transfert d’une partie du personnel de l’Éducation nationale vers les collectivités territoriales ; en 2006, contre l’instauration d’un contrat de travail spécifique pour les jeunes salariés, le contrat première embauche (CPE) ; et enfin, en 2010, contre une nouvelle réforme des retraites menée cette fois par le gouvernement Fillon. Ces mouvements se caractérisent par le fait d’impliquer au moins dans les manifestations, sinon dans les grèves, des salariés de plusieurs secteurs professionnels et d’être construits par les syndicats à l’échelle nationale. Ils donnent lieu de façon systématique à une bataille entre les services de police et les organisations syndicales sur le nombre de participants aux manifestations et sur les pourcentages de grévistes. Les responsables politiques contribuent largement à donner du crédit à la ressource du nombre [2], comme lorsque Alain Juppé, alors Premier ministre, avait déclaré qu’il faudrait deux millions de manifestants pour qu’il retire son plan (donnant lieu chez les salariés mobilisés à l’idée du « Juppéthon ») ou que le président Nicolas Sarkozy expliquait, en juillet 2008, et afin de vanter les mérites de la loi sur la continuité du service public dans les transports terrestres (dite du service minimum) adoptée dès les premières semaines de son quinquennat [3], que « désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit ».

4 Parce qu’elles sont directement en prise avec le politique, ces mobilisations interprofessionnelles constituent des sortes d’épreuves publiques pour le mouvement syndical, celle de faire la démonstration de sa capacité à mobiliser, malgré la faiblesse du nombre de syndiqués en France (entre 7 et 8 % de la population active). Elles s’inscrivent à ce titre dans le prolongement du mouvement ouvrier, ou plus exactement d’une mémoire souvent mythifiée de celui-ci quand il s’agit de se demander si la lutte en cours constitue ou non un « nouveau » Mai 68. Ces mouvements pourraient s’apparenter à ce que, dans d’autres pays, comme en Espagne par exemple, on appelle une « grève générale », à savoir la convocation par les syndicats d’une action programmée dans l’ensemble des secteurs d’activité pour protester contre une mesure gouvernementale ou une situation donnée [4]. Mais loin d’être d’un usage neutre et de renvoyer à une modalité d’action parmi d’autres qui serait intégrée dans le répertoire protestataire des organisations syndicales, le terme de grève générale constitue un marqueur et un enjeu de lutte entre les syndicats français. En effet, à l’occasion de chacun de ces mouvements interprofessionnels, la question du déclenchement effectif d’une grève reconductible dans différents secteurs d’activité, susceptible de bloquer l’activité économique du pays, est posée par certaines organisations (comme FO par exemple, ou Solidaires) comme une nécessité et leur sert à disqualifier la conduite du mouvement par d’autres organisations (notamment par la CGT) ou par une intersyndicale. Cet enjeu – déboucher sur une grève véritablement générale – peut d’autant plus être posé que ces mouvements se construisent progressivement, en lien avec le calendrier gouvernemental et parlementaire. En 2010, par exemple, ce ne sont pas moins de neuf journées d’action qui ont successivement été organisées par l’intersyndicale nationale entre le 27 mai et le 28 octobre 2010 avec, à chaque fois, entre un et trois millions de personnes dans la rue. Et à chacun de ces moments forts de la mobilisation s’est posée la question de l’entrée en grève reconductible – et non plus seulement pour une journée – de certaines corporations (les cheminots, les agents de la RATP, les postiers comme lors de l’automne 1995) ou de certains secteurs. De ce point de vue, alors que les mouvements interprofessionnels de 1995 et de 2003 ont été marqués par le rôle prééminent des agents du secteur public (à EDF-GDF, à la SNCF, à la Poste, dans l’Éducation nationale), les mouvements interprofessionnels de la seconde moitié des années 2000 ont attesté d’un relatif rééquilibrage, avec une implication plus forte des salariés du privé et un affaiblissement du secteur public. La grève reconductible des travailleurs des raffineries a ainsi constitué le moment clé du mouvement de l’automne 2010, faisant franchir un seuil – en raison des risques de pénurie d’essence – au rapport de force avec le Gouvernement. La réaction de ce dernier, qui a eu recours à la fois à des importations et à des ordres de réquisition des salariés des raffineries, a là encore nourri les débats internes au sein des organisations syndicales, montrant l’enjeu auquel elles sont confrontées de penser une grève véritablement stratégique par rapport au fonctionnement de l’appareil productif. Car l’une des évolutions qui marquent ces mouvements interprofessionnels depuis vingt ans est la prédominance du recours à la manifestation plutôt qu’à la grève [5]. Nombre de manifestants prennent donc des jours de RTT pour défiler dans la rue, réduisant au minimum les jours de grève effectifs et les pertes de salaire. Lors de l’automne 2010, les secteurs en grève ont été finalement assez réduits, les syndicats les plus combatifs dans les fonctions publiques et les entreprises publiques peinant à mettre en place des assemblées de grévistes. La transformation des collectifs de travail, via les processus d’externalisation des emplois ouvriers (à EDF par exemple), mais aussi les mutations de l’activité de travail en elle-même, éclairent en partie ces difficultés à créer les conditions de grèves majoritaires dans nombre de secteurs.

5 Alors même qu’ils confèrent une forte singularité à la situation française, avec le paradoxe d’un syndicalisme structurellement faible mais capable de susciter d’importantes mobilisations, les mouvements interprofessionnels sont relativement peu étudiés. Celui de l’automne 1995, dans la mesure où il a engagé une controverse publique par voie de pétitions sur sa définition [6], a suscité de nombreuses études [7, 8], mais cela n’a été que peu le cas en 2003, où seule la grève enseignante a fait l’objet d’investigations approfondies [9], en 2006,où c’est plutôt la dimension étudiante qui a focalisé l’attention [10] ou en 2010 [11, 12]. On ne dispose pas, ainsi, de travaux majeurs sur ce qui se joue en termes de socialisation à l’action collective pour des salariés non syndiqués durant ces séquences de mobilisation. Plusieurs caractéristiques ressortent pourtant de celles-ci. L’une d’entre elles concerne les limites qu’elles rencontrent et la façon dont le sentiment d’impuissance pèse ensuite sur la construction de mouvements sociaux, sectoriels ou interprofessionnels. À l’exception du mouvement contre le CPE, ces grands moments de luttes sociales se sont en effet soldés par des échecs, soit par l’application des mesures ou des réformes contestées. Ils n’ont pas permis aux syndicats de renouer de façon décisive avec une dynamique massive de syndicalisation, et ce malgré les efforts engagés en ce sens, notamment en 2010 en direction des salariés du privé par la CGT.

6 La seconde caractéristique tient au fait que ces mouvements constituent des marqueurs dans le champ syndical de l’état des relations entre ses composantes. Les moments d’unité syndicale – comme en 2006 contre le CPE ou en 2010 contre la réforme des retraites – sont rares dans la mesure où ils impliquent désormais un accord entre huit organisations (CFDT, CFTC, CGT, CGT-FO, CFE-CGC, FSU, Unsa, Solidaires) et sont dépendants à la fois du contexte politique et des enjeux abordés. Alors que la construction d’une démarche unitaire apparaît comme un levier important pour amplifier la participation des salariés à ces mouvements interprofessionnels, au-delà des rangs des militants et sympathisants syndicaux, celle-ci s’arrête le plus souvent à une alliance partielle entre trois ou quatre organisations (selon que FO s’associe ou non à la CGT, la FSU et Solidaires), donnant lieu à une partition du champ syndical entre un pôle combatif et un pôle plus modéré, partition qu’une partie des acteurs assume et qu’une autre récuse.

Les conflits localisés comme reflet d’une contestation multiforme

7 La deuxième catégorie de conflits du travail qui parvient à trouver un certain écho médiatique est celle des luttes localisées contre les fermetures d’entreprise ou les plans de licenciements massifs (les « plans de sauvegarde de l’emploi »). Mais la vision de ces luttes est très fortement tronquée, liée à l’intérêt que leur portent les médias et d’une certaine manière à la capacité des salariés en lutte à les intéresser, via l’interpellation des pouvoirs publics et des responsables politiques [13]. Les actions « radicales » qui sont relayées par la presse – tels la séquestration de cadres dirigeants, les saccages de bureaux ou de bâtiments officiels, les occupations des lieux de travail – servent autant, et de façon ambivalente, à « publiciser » le conflit qu’à exprimer une forme de désespérance sociale. Faute de réussir à focaliser l’intérêt des médias, nombre de conflits locaux échappent à une couverture médiatique ou sont réduits, au mieux, à quelques entrefilets dans la presse quotidienne et régionale.

8 Or la réalité de cette conflictualité locale est d’autant plus difficile à appréhender que les instruments de mesure dont on dispose sont limités. Le fait de se fonder uniquement sur le décompte des journées individuelles non travaillées (JINT) a suscité une importante discussion scientifique au début des années 2000 [14, 15], conduisant la Dares [1], c’est-à-dire le département recherche du ministère du Travail, à améliorer et à compléter ses indicateurs. Le recueil des JINT permet d’éclairer des tendances sur le long terme, à savoir la baisse tendancielle de cette forme de conflictualité qu’est la grève (les conflits avec arrêt de travail) et l’existence de « pics » relatifs, comme en 1995, 2003 et 2010. À titre d’exemple, si 2,2 % des entreprises de dix salariés ou plus déclarent avoir connu une grève en 2009, elles sont 3,3 % en 2010, mais plus que 1,8 % en 2011 [16]. Le poids relatif du mouvement interprofessionnel de l’automne 2010 contre la réforme des retraites se fait ici sentir, avec les limites signalées plus haut (avec la place croissante prise par une pratique manifestante dissociée de la grève). Mais, outre qu’il pose un problème de « remontée » des informations, le décompte des JINT laisse aussi dans l’ombre une part de la conflictualité, celle qui s’exprime en particulier sans arrêt de travail.

9 Pour affiner ces données, la Dares s’appuie désormais sur l’enquête REPONSE qui est réalisée tous les six ans depuis 1992 dans l’ensemble du secteur marchand non agricole et, depuis 2006, sur l’enquête Acemo [2]. L’ensemble de ces indicateurs apporte des compléments utiles au dénombrement des JINT. Les trois dernières vagues de l’enquête REPONSE ont donc permis de repérer une progression de la conflictualité entre 1996- 1998 et 2002-2004 (de 21 à 31 % des établissements de vingt salariés ou plus), puis une stabilisation en 2008- 2010 (29 %), mais en adoptant une définition large des conflits du travail, puisque sont pris en compte les débrayages, les grèves de moins de deux jours, ou de deux jours et plus, les grèves du zèle, les grèves perlées, les pétitions, les manifestations, ainsi que le refus des heures supplémentaires [17]. Il s’agit, au travers de ces différentes modalités, de rendre compte d’une diversité de pratiques qui n’inclut pas nécessairement l’arrêt de travail, et par là même de repérer des évolutions dans les pratiques contestataires. Les différentes vagues de REPONSE (y compris la dernière en 2008-2010) montrent également que l’industrie continue à être le secteur d’activité le plus conflictuel et que la probabilité que des conflits collectifs existent, avec des arrêts de travail (débrayages, grèves), est corrélée avec l’existence d’institutions représentatives du personnel (IRP), de délégués syndicaux et – ces dimensions étant liées – avec la taille des entreprises. De plus, la relation se vérifiant là encore lors de chaque édition de l’enquête, c’est dans les entreprises ou les établissements où l’activité de négociation est la plus intense que la conflictualité collective se manifeste aussi plus fréquemment. Ces différentes variables contribuent à éclairer les dynamiques de construction des conflits du travail, par la médiation syndicale, mais également l’ouverture d’un espace de discussion à l’occasion de négociations. Sur la période 2008-2010, parmi les établissements conflictuels, il apparaît que les motifs internes à l’entreprise ou au groupe ont largement primé, ce qui n’est guère étonnant dans un contexte de crise avec d’importantes restructurations industrielles.

10 La conflictualité du travail que les enquêtes statistiques de la Dares permettent de cerner recouvre en partie les luttes pour le maintien de l’emploi, tant celles-ci alternent justement des modalités d’action avec et sans arrêt de travail (avec des manifestations, des opérations « coup de poing », etc.), voire donnent lieu à des mobilisations une fois les machines arrêtées dans l’objectif d’obtenir des primes extralégales de licenciement. Le panorama qui ressort de ces différentes études va cependant au-delà de ces conflits, laissant apparaître une conflictualité plus « ordinaire » que l’on connaît, finalement, assez peu. Un certain nombre de travaux sociologiques ont rendu compte, ces dernières années, des conflits liés aux restructurations industrielles [18], qu’il s’agisse de questionner les usages des IRP et de l’expertise par les équipes syndicales et les salariés mobilisés [19] ou le travail de mobilisation effectué par les leaders syndicaux qui émergent lors de ces longues batailles [20]. Un ambitieux projet collectif porte actuellement sur la lutte des « Molex », avec l’idée de rendre compte des différents moments d’une lutte pour l’emploi et de l’ensemble de ses dimensions, révisant l’exercice de la monographie d’entreprise [21]. Mais peu de travaux se donnent véritablement les moyens de restituer des formes de conflictualité plus ténues, où la dimension individuelle de refus ou d’évitement de l’ordre usinier s’articule parfois à des formes plus collectives.

figure im1

11 Si l’amélioration des indicateurs sur la conflictualité du travail permet ainsi de réfléchir aux transformations des usages des différentes modalités d’action – le débrayage, soit l’arrêt de travail de quelques heures, devenant une pratique plus fréquente que la grève prolongée dans l’industrie, à l’exception des conflits « installés » et durables lorsque les emplois sont directement menacés –, elle fournit également des indications sur la diffusion d’un répertoire contestataire dans des secteurs traditionnellement moins organisés, moins structurés par des IRP et par la présence syndicale (comme le commerce par exemple, le transport routier ou la logistique) et par des catégories d’acteurs différentes. Les travaux sur les mobilisations sectorielles sont ici intéressants pour ce qu’ils disent des conditions d’appropriation de la grève, mais aussi d’autres modalités d’action, en particulier par des travailleurs précaires, comme les sans-papiers dans l’hôtellerie et la restauration [22], les caissières de supermarché [23] ou encore les aides à domicile [24]. Dans ces derniers cas, les syndicats sont souvent absents lorsque de premières formes d’action collective émergent, mais deviennent ensuite des points d’appui indispensables, ne serait-ce que pour protéger a minima, via la désignation d’un représentant de la section syndicale puis d’un délégué syndical, les salariés mobilisés. Ils contribuent également à produire des solidarités plus larges, en coordonnant par exemple une journée d’action dans un même secteur comme cela s’est produit en février 2008 dans la grande distribution. Ce déplacement de la conflictualité du travail vers des secteurs plus éclatés (avec l’importance des magasins franchisés par exemple), moins organisés sur le plan syndical, marqués par une très forte précarité, éclaire dès lors un double phénomène particulièrement prégnant aujourd’hui : le maintien de formes de combativité, malgré les transformations des formes d’emploi et du rapport salarial, mais aussi le défi d’adaptation auquel est confronté le syndicalisme.

Notes

  • [1]
    Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques.
  • [2]
    Activité et conditions d’emploi de la main-d’œuvre (Acemo) : cette enquête annuelle sur la négociation et la représentation des salariés est réalisée depuis 2006 et porte sur un échantillon d’environ 10 000 entreprises de plus de dix salariés du secteur marchand non agricole en France métropolitaine.
Français

Appréhendée du point de vue des conflits du travail, la France est le siège d’un curieux paradoxe. Tandis que les médias évoquent régulièrement une culture persistante de la grève, les données du ministère du Travail montrent que, tendanciellement, le nombre de journées individuelles non travaillées a diminué au cours de ces dernières décennies. Pour aller au-delà de ces diagnostics trop sommaires, il convient non seulement de distinguer les mouvements interprofessionnels des conflits localisés, mais également de prendre acte de l’émergence de nouvelles formes de conflictualité qui engagent les salariés statutaires, tout comme les précaires.

Bibliographie

  • En ligne [1] GROUX G., PERNOT J.-M., La Grève, Paris, Presses de Sciences Po, 2008.
  • [2] OFFERLÉ M., Sociologie des groupes d’intérêt, Paris, Montchrestien, 1998.
  • En ligne [3] BÉROUD S., GIRAUD B., « Restriction du droit de grève et stratégies syndicales dans les transports publics », Savoir/Agir, n° 12, juin 2010, p. 9-18.
  • En ligne [4] HAMMAN K., JONHSTON A., KELLY J., “Unions against Governments : Explaining General Strikes in Western Europe, 1980-2006”, Comparative Political Studies, vol. 46, n° 9, 2013, p. 1030-1057.
  • [5] PERNOT J.-M., Syndicats : lendemains de crise ? Paris, Gallimard, (2005) 2010.
  • [6] DUVAL J. et al., Le Décembre des intellectuels français, Paris, Liber-Raisons d’agir, 1998.
  • [7] TOURAINE A. et al., Le Grand Refus : réflexions sur la grève de décembre 1995, Paris, Fayard, 1996.
  • [8] LENEVEU C., VAKALOULIS M., Faire mouvement : novembre-décembre 1995, Paris, PUF, 1998.
  • [9] GEAY B., « Réapprendre l’égalité. Les luttes enseignantes du printemps 2003 » in J. Lojkine, P. Cours-Salies, M. Vakaloulis (dir.), Nouvelles Luttes de classes, Paris, PUF, 2006, p. 193-207.
  • [10] GEAY B. (dir.), La Protestation étudiante : le mouvement du printemps 2006, Paris, Raisons d’agir, 2009.
  • [11] AGUITON C., CASTEL R., DARDOT P. et al., Tous dans la rue : le mouvement social de l’automne 2010, Paris, Éditions du Seuil, 2011.
  • En ligne [12] BÉROUD S., YON K., « Face à la crise, la mobilisation sociale et ses limites. Une analyse des contradictions syndicales », Modern & Contemporary France, vol. 20, n° 2, 2012, p. 169-183.
  • En ligne [13] NEVEU É., « Médias et protestation collective » in O. Fillieule, E. Agrikoliansky, I. Sommier (dir.), Penser les mouvements sociaux, Paris, La Découverte, 2010, p. 245-264.
  • En ligne [14] CAMARD S., « Comment interpréter les statistiques de grève », Genèses, n° 47, 2002, p. 107-122.
  • [15] BÉROUD S., DENIS J.-M., DESAGE G., GIRAUD B., PÉLISSE J., La lutte continue ? Les conflits du travail dans la France contemporaine, Broissieux, Éditions du Croquant, 2008.
  • [16] DESAGE G., ROSANKIS G., « Négociation collective et grève en 2011 : négociations en légère hausse, conflits en forte baisse », Dares analyses, n° 59, septembre 2013.
  • [17] PIGNONI M. T., RAYNAUD E., « Les relations professionnelles au début des années 2010 : entre changements institutionnels et évolutions sectorielles », Dares analyses, avril 2013, n° 26.
  • [18] BORY A., POCHIC S., « Contester et résister aux restructurations. Comment s’opposer à la “fatalité du marché” », Travail & Emploi, n° 37, janvier-mars 2014, p. 5-20.
  • En ligne [19] DIDRY C., JOBERT A. (dir.), L’Entreprise en restructuration : dynamiques institutionnelles et mobilisations collectives, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
  • En ligne [20] BEAUJOLIN-BELLET R., GRIMA F., « Organiser la résistance contre une restructuration lourde », Politix, n° 95, 2011, p. 181-206.
  • [21] BORY A., OESER A., « La crise “vue d’en bas” : représentations et vécus des salariés licenciés après une délocalisation industrielle » in C. Spieser (dir), L’Emploi en temps de crise : trajectoires individuelles, négociations collectives et action publique, Rueil-Malmaison, Éditions Liaisons, 2013, p. 127-141.
  • En ligne [22] BARRON P., BORY A. et al., On bosse ici, on reste ici ! La grève des sans-papiers, une aventure inédite, Paris, La Découverte, 2011.
  • [23] BENQUET M., Les Damnées de la caisse : grève dans un hypermarché, Bellecombe-en-Bauges, Éditions du Croquant, 2011.
  • En ligne [24] AVRIL C., « Une mobilisation collective dans l’aide à domicile à la lumière des pratiques et des relations du travail », Politix, n° 86, 2009, p. 97-118.
Sophie Béroud
maître de conférences en science politique, université Lumière Lyon 2, Triangle-CNRS
Mis en ligne sur Cairn.info le 20/01/2015
https://doi.org/10.3917/idee.178.0007
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Réseau Canopé © Réseau Canopé. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...