CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1De 1950 jusqu’au début des années 1980, plus de 300 000 couples se sont mariés chaque année en France métropolitaine. Un pic a été atteint en 1972 avec 416 521 mariages puis c’est un long déclin qui s’opère pour tomber à 250 000 dans la décennie 2010. Auparavant, vers 1950, près de 90 % d’entre eux passaient à la mairie puis à l’église. L’écart s’est alors creusé au cours des années 1980 pour tomber à un sur deux puis un sur trois dans les années 2000. Ce constat démographique souligne un profond changement dans les modèles matrimoniaux et entraîne une crise du mariage catholique [2]. Celle-ci s’inscrit dans le vaste processus de rupture des pratiques religieuses qui s’est déployé en France et dans la catholicité européenne depuis la décennie 1960 [3]. Plus discret que l’assistance à la messe, un faible indice du nombre de mariages catholiques renvoie à une double rupture, institutionnelle et sacramentelle. La sociologie catholique à finalité pastorale en avait perçu les premiers signes lors d’enquêtes urbaines à la fin des années 1950, considérant que « le sacrement de mariage est le plus atteint par la civilisation urbaine[4] ». À Marseille, une enquête menée par l’abbé Fernand Charpin et le jeune historien Jean Chélini dévoile en 1954 que les mariages catholiques ne représenteraient plus que les deux tiers de l’ensemble (64 % [5]). Ils ne seraient déjà plus que 45 % à Paris. Pour beaucoup de couples, l’attrait extérieur de la cérémonie et la pompe du décor ne constitueraient plus que l’unique préoccupation et par conséquent le sens du sacrement se serait estompé [6].

2Le déclin du rituel du mariage religieux, ici catholique, retient alors l’attention des démographes et des sociologues, dans une moindre mesure des ethnologues et des historiens, un peu comme une pratique ancestrale s’effaçant sous les yeux des contemporains [7]. Attentifs au travail d’enquête, héritée du modèle leplaysien, les responsables ecclésiaux prennent conscience de la nécessité de mettre en œuvre une pastorale spécifique, à l’heure où le concile a réaffirmé la dignité du mariage et sa sacramentalité [8]. Il paraît donc nécessaire, en ces années 1960, de mettre en œuvre une préparation pour les fiancés qui vont s’engager à vie dans ce sacrement et de créer une expertise catholique sur les questions de fécondité et de sexualité [9]. La recherche pastorale mobilise des théologiens mais également quelques évêques soucieux de répondre aux évolutions du moment. Parmi eux, se distingue Mgr Le Bourgeois, évêque d’Autun depuis 1966, que ses récentes prises de position en faveur d’une pastorale pour les « divorcés-remariés » ont fait connaître dans les médias grand public [10]. C’est avec son soutien et sa protection qu’une expérience pastorale sera menée dans son diocèse, envisageant un accueil des fiancés sans le sacrement du mariage, que certains dénommeront très vite « le mariage à l’essai ». Pour restituer ce « moment » d’innovation pastorale qui a suscité débats et controverses dans la France catholique des années 1970, nous avons eu recours aux archives ecclésiastiques, particulièrement celles laissées par Mgr Le Bourgeois, et à des témoignages oraux de prêtres du diocèse d’Autun [11].

« La Sibérie du diocèse »

3Correspondant au département de la Saône-et-Loire, le diocèse d’Autun est un vieux diocèse de la province ecclésiastique de Lyon, premier suffragant de la primatie des Gaules. Son évêché est situé dans le Morvan mais depuis 1853, il compte deux autres cathédrales dans les villes de Chalon et de Mâcon, le long de la Saône. Avec une géographie fort disparate, partagée entre les terres du Charolais et du Brionnais, les vignobles de Bourgogne et la plaine de la Bresse, il est marqué par l’agriculture et l’industrie sans qu’il présente une prépondérance rurale ou urbaine. Sur la carte du chanoine Boulard en 1947, la pratique religieuse de ce diocèse est largement composée de paroisses « indifférentes aux traditions chrétiennes » avec néanmoins des terres de chrétienté au sud-ouest, en Charolais et Brionnais, et des « pays de mission » au sud dans le Mâconnais [12]. En effet, les vignobles au nord de Mâcon sont des terres largement « déchristianisées » depuis le milieu du xixe siècle, en particulier celles du canton de Lugny. Vers 1880, ce sont plus de la moitié des femmes et 95 % des hommes qui s’abstiennent de la pratique pascale et dominicale [13]. Une enquête menée vers 1935 par le nouveau curé de Lugny estime que la pratique y est devenue marginale, moins de 5 % pour un dimanche ordinaire, avec une proportion de 40 % de non-baptisés pour la seule paroisse de Bissy-la-Mâconnaise [14]. Mgr Lebrun se désole de cette situation où pourtant abondent des églises romanes, témoignant d’une ferveur passée. Ce pays est qualifié de « Sibérie du diocèse » par les uns qu’ils jugent comme déchristianisé et anticlérical, d’autres le dénomment « l’Ouganda du diocèse », le considérant comme une terre de mission encore vierge [15]. D’ailleurs, peu de prêtres étaient volontaires pour s’y rendre. La plupart étaient âgés ou en mauvaise santé, peu en enclin au dynamisme missionnaire. Une nomination à Lugny était même perçue comme une mise à l’écart, voire une sanction [16].

4En 1935, est nommé à Lugny l’abbé Joseph Robert, âgé de 37 ans. Issu d’une famille très pieuse (son frère entre à l’abbaye de Solesmes), il est admis au Séminaire français de Rome en 1920, côtoyant des personnalités ecclésiastiques en devenir comme le futur évêque d’Autun, Mgr Lebrun, qu’il retrouvera par la suite. Ordonné prêtre en 1927 et revenu dans son diocèse d’origine, curé en 1929 d’une petite paroisse charolaise, Briant, en raison d’une santé déficiente, il arrive six ans plus tard en terre de mission mâconnaise. Ne souhaitant plus vivre seul son ministère, il ambitionne de fonder une communauté de prêtres, vouée à ce secteur. La formule semble inédite dans les campagnes françaises comme en droit canon [17]. Ancien évêque auxiliaire de Lyon et rompu aux initiatives du catholicisme social, averti des initiatives de l’abbé Remillieux en banlieue lyonnaise [18], Mgr Chassagnon, alors sur le siège d’Autun, l’encourage dans cette voie en lui envoyant un prêtre adjoint pour ses débuts, trois autres suivront jusqu’en 1939. Cette communauté de prêtres élabore rapidement un livret de catéchisme pour enfants, à la fois novateur et illustré, qui servira de modèle en France et en Afrique jusque dans les années 1960 [19]. Avec son versant féminin d’« assistantes communautaires », ni religieuses, ni laïques consacrées, cette communauté sacerdotale se distingue par ses nouvelles méthodes pastorales pour évangéliser cette « Sibérie du diocèse », offrant à la population locale un service social rural (1940), une école (1943), un foyer communautaire (1946), un centre de pèlerinages (1950 [20]). Forte d’un tel dispositif, la communauté sacerdotale de Lugny exerce un réel rayonnement missionnaire en Mâconnais, sur une quinzaine de paroisses, et bien au-delà, soutenue par le nouvel évêque d’Autun, Mgr Lebrun, condisciple de l’abbé Robert au Séminaire français de Rome [21]. Une nouvelle génération de prêtres, fraîchement ordonnés après guerre, arrive à Lugny, remplaçant peu à peu les anciens, cumulant le plus souvent avec une fonction enseignante à l’école privée. Les abbés Robert Pléty et Georges Dufour deviennent respectivement responsables de ce secteur en 1969 puis en 1981 [22]. D’autres, plus jeunes tels que les pères Carimantran et Fromageot, ordonnés dans les années 1960, rejoignent la communauté de prêtres, toujours active, à l’heure où est nommé un nouvel évêque sur le siège d’Autun.

5Supérieur de la congrégation des eudistes, Armand Le Bourgeois a beaucoup voyagé, surtout en Amérique latine, et participé aux travaux conciliaires au titre de la commission des religieux. Le concile le marque profondément [23]. Désigné à la tête de ce « vaste et beau diocèse » selon l’expression de son prédécesseur, Mgr Lebrun, à la dominante rurale et industrielle, il multiplie les déplacements depuis le siège historique d’Autun. Très vite, il commande une solide enquête pastorale afin de prendre connaissance de son nouveau diocèse. Les résultats en sont diffusés dès 1967 auprès du clergé et publiés l’année suivante [24]. Il gagne rapidement la confiance de son presbyterium, fort de 500 prêtres, et s’appuie sur le nouveau « conseil presbytéral » qui l’aide dans la mise en œuvre de ses orientations pastorales novatrices et avant-gardistes, ce qui lui vaut parfois d’être considéré comme un évêque « rouge » [25]. La pastorale sacramentelle devient rapidement pour lui une priorité [26]. En effet, l’accès aux sacrements doit être revisité à la lumière du concile et de la rupture massive de la pratique religieuse qui s’opère depuis 1965. Ainsi, une meilleure compréhension des sacrements doit être proposée aux fidèles, conformément aux dispositions prises à l’assemblée épiscopale de Lourdes en 1971 [27]. Ceux-ci doivent davantage signifier une expression de la foi chrétienne qu’une allégorie de rites sociaux et culturels. L’accès aux sacrements doit être considéré comme un acte de foi et une démarche d’accueil ecclésial. C’est pourquoi, accueillir les demandes de baptêmes, de mariages et de funérailles nécessite de redonner du sens religieux à ces grands rites de la vie et sans exclure les personnes en marge de l’Église. Une initiative particulière va donc voir le jour à Lugny pour accueillir les demandes en mariage des couples éloignés de la foi.

« L’expérience de Lugny »

6À la fin de l’été 1974, une campagne médiatique braque les projecteurs sur le diocèse d’Autun. Un article du quotidien local, Le Courrier, le journal de Saône-et-Loire, titre « À la recherche d’une nouvelle pastorale. L’Église (dans le diocèse d’Autun) donne sa « bénédiction » aux couples mariés non religieusement » [28]. Dès le lendemain, la presse nationale relaie l’information à une plus grande échelle [29]. Paris-Match signale que « les prêtres d’une paroisse près de Mâcon ont été autorisés par Mgr Le Bourgeois, évêque d’Autun, à faire l’expérience du mariage religieux par étapes : ils pourront marier sans donner le sacrement indissoluble. La régularisation ultérieure sera facultative ». Le Figaro écrit : « Dans le diocèse d’Autun, expérience sur le mariage religieux : bénédiction sans sacrement », soulignant l’assistance que l’Église souhaite apporter aux couples mariés civilement. Quant à La Croix, elle précise : « une expérience pastorale à Autun. Des couples mariés civilement accueillis par l’Église », insistant sur la situation réelle des personnes, leur perception de la foi et les moyens mis en œuvre pour leur permettre de progresser. L’Aurore considère ainsi que « la situation des jeunes qui ne désirent pas se marier religieusement est enfin reconnue grâce à cette expérience ». La presse, plutôt favorable, emploie les termes de « bénédiction » et d’« expérience », désireuse de souligner l’audace de cette initiative, allant même jusqu’à évoquer le « mariage à l’essai » pour France-Dimanche. Mais les premières réactions négatives ne tardent pas dans L’Homme Nouveau avec le journaliste Georges Daix, proche des Silencieux de l’Église, ou le dominicain Maurice Lelong, ancien chroniqueur radiophonique, démis de ses fonctions par son ordre en raison de ses critiques acerbes contre les nouvelles tendances pastorales [30].

7Cette expérience avait été lancée en 1971, lors d’une visite pastorale de Mgr Le Bourgeois en Mâconnais [31]. Ayant été bouleversé, quelque temps auparavant par un incident vécu en Bresse louhannaise [32], l’évêque se montre soucieux de mettre en œuvre des solutions d’accueil envers les personnes éloignées de l’Église. Il demande donc aux prêtres du secteur de Lugny qui s’interrogent sur la pertinence de leur pastorale sacramentelle de chercher les possibilités d’évolution sur cette terre toujours marquée par l’incroyance [33], malgré la présence depuis 1935 de la communauté sacerdotale fondée par l’abbé Robert [34]. Il donne son accord pour mener des recherches prioritaires en direction des fiancés et s’engage à venir rencontrer les gens du pays. La réflexion prend environ deux ans avec le concours d’une commission ad hoc de quelques spécialistes, réunie autour de l’évêque [35]. Parmi eux, se distingue le théologien André Barral-Barron, prêtre du diocèse de Grenoble, exerçant au Centre théologique de Meylan, un nouvel espace de dialogue sur les questions bibliques, morales et interreligieuses, particulièrement en vue durant ces années 1970, bénéficiant du soutien de Mgr Matagrin [36]. Versé dans la théologie morale, il fournit son expertise sur la pastorale familiale et notamment sur le mariage qui feront l’objet de livres visant à en rénover la pastorale [37]. Dès 1973, il questionne la manière de situer dans la sacramentalité de l’Église « les célébrations « ecclésiales » du mariage non sacramentelles [38] ». Il préconise même le principe de reconnaître une dimension « ecclésiale » à ces célébrations [39]. À ses côtés, travaillent de proches collaborateurs de l’évêque : le vicaire général Bernard Lambey, docteur en droit canonique [40], le vicaire épiscopal Lucien Ray, secrétaire général de l’évêché, délégué diocésain pour la pastorale familiale [41], tous deux ayant pris connaissance des travaux de Philippe Ariès sur l’histoire de la famille et du mariage [42], l’official du diocèse Jean Morin, canoniste et liturgiste, et par la suite le vicaire épiscopal du Mâconnais Daniel Charpiot [43].

8En pratique, les prêtres du secteur de Lugny et La Roche-Vineuse reçoivent les fiancés (au minimum quatre fois, plusieurs mois avant la célébration), réfléchissent avec eux, accordent un temps de décision puis mettent au point une cérémonie adaptée, souvent courte. Une plaquette a été établie en février 1973 [44]. Remise aux fiancés, elle présente les trois formules du mariage. Qualifiée de mariage selon les hommes, la première étape met en valeur l’importance du contrat civil. La deuxième étape est un mariage avec accueil. C’est ainsi reconnaître le couple avec ses croyances personnelles et celles de son entourage. Une célébration élaborée en commun a lieu chez les fiancés, à l’église ou sur le lieu de la fête. Elle prévoit à titre indicatif un geste d’accueil ou de rencontre avec une possibilité de témoignages ou d’échanges, la lecture d’un texte profane ou biblique, une déclaration d’intention, l’échange des alliances, une prière fondée sur le projet du couple. Cette étape reconnaît la volonté d’avancer vers la foi en vue de se marier sacramentellement. Il est explicitement rappelé que « cet accueil n’est pas encore le mariage sacrement [45] ». Des registres spéciaux, élaborés par le diocèse, sont établis prenant acte des déclarations d’intention du couple [46]. Il n’y a donc aucun échange des consentements, c’est-à-dire aucun signe constituant en théologie catholique l’acte sacramentel. Cette forme d’accueil ne permet pas non plus de recevoir les personnes divorcées [47]. Plus tard, le couple pourra demander, s’il le désire, le sacrement de mariage. La troisième étape présente le mariage sacrement comme le signe d’un approfondissement de la foi des futurs époux et d’un engagement commun à en vivre. La formule intermédiaire du mariage avec accueil est donc destinée à tous ces couples du nord Mâconnais pour lesquels la foi ne va pas de soi mais désireux de faire reconnaître leur union par la société civile et par l’institution ecclésiale. Durant l’année 1973, ce sont 18 couples qui sont ainsi accueillis sur le secteur tandis que 38 sacrements sont célébrés. L’année suivante, la proportion bascule : ils sont 28 à être accueillis contre 24 mariages célébrés [48]. Ce relatif succès suscite néanmoins des interrogations dans le diocèse et au-delà. En effet, malgré les précautions prises, s’instaure un risque de confusion entre ce nouveau type de célébration et le sacrement. Un mariage non sacramentel deviendrait ainsi possible dans l’Église catholique.

9Menée discrètement, l’expérience prend une autre envergure lorsque la presse régionale et nationale s’en empare, suscitant de nombreuses réactions et un abondant courrier à l’évêché d’Autun. Mgr Le Bourgeois doit alors s’expliquer en publiant un document à la presse puis en remettant un dossier aux évêques lors de leur assemblée à Lourdes (9-16 novembre 1974 [49] ». Une brochure, longuement préparée, est alors éditée à partir d’un dossier spécial publié en décembre 1974 dans la revue diocésaine Église d’Autun pour une mise au point et une présentation de l’expérience menée par l’équipe des prêtres du secteur de Lugny [50]. Celle-ci comprend une revue de presse des réactions suscitées par ce qui est devenu « l’affaire de Lugny », quatre précisions importantes de l’évêque sur la nature de cette expérience, une explication précise des propositions faites sur le secteur avec le « mariage avec accueil », une note historique sur la célébration du mariage entre chrétiens et enfin des réponses aux questions formulées dans la correspondance adressée à l’évêque. Sont ici abordées des questions de fond, notamment la validité du mariage civil, l’option d’un mariage autre que sacramentel, la situation du péché hors du mariage et que faire en cas d’échec.

10Cette brochure d’une trentaine de pages a un retentissement majeur dans l’Église de France. En effet, à partir de la question pastorale du mariage, elle pose la problématique des rapports entre foi et sacrements dans le cadre du catholicisme français car, ailleurs en Europe, les pratiques semblent différentes. Ainsi, en Belgique, les évêques invitent à refuser le mariage à ceux qui n’ont pas la foi. Plus au sud, en Espagne et en Italie, la question n’est pas envisagée car le mariage catholique fait office de mariage civil. Dans les pays où règne la pluriconfessionnalité comme en Allemagne ou en Suisse, les mariages mixtes ont conduit vers d’autres initiatives. Une telle diversité souligne désormais l’inadaptation du Code de droit canonique de 1917 qui ne reconnaît pas la validité du mariage civil et qui stipule au canon 1012 § 2 qu’« entre baptisés le contrat matrimonial ne peut exister validement, sans être en même temps sacrement [51] ». Cette thèse de l’inséparabilité [52] se heurte au problème de la foi des époux dans le sacrement du mariage qui commence à être posé dans l’après concile, notamment par l’épiscopat français avec le cardinal Renard au synode des évêques de 1967 puis avec le document sur La pastorale des fiancés en 1969 qui exige désormais une « déclaration d’intention » de chacun d’eux [53]. C’est surtout en 1974, avec la médiatisation de « l’affaire de Lugny », que sont posées les questions du mariage des baptisés non-croyants, de la validité des célébrations non sacramentelles et de l’unité entre contrat et sacrement. Un colloque organisé par la faculté de droit canonique de l’Institut catholique de Paris marque une étape et la publication des actes constituera une référence. Partant du constat que de nombreux mariages catholiques unissent désormais des baptisés non-croyants et que des expériences pastorales comme celle de Lugny s’ajoutent à la pratique clandestine des « cérémonies non sacramentelles », le document Foi et sacrement de mariage prend position pour le principe de séparabilité [54]. Lugny devient en quelque sorte un laboratoire d’expérimentation, bien au-delà de l’échelle diocésaine.

11Le groupe de travail constitué par l’évêque assure le suivi de l’expérience [55]. Il se réunit environ deux fois par an, transmettant les informations et les résultats au conseil presbytéral. Fin 1975, il se rend sur place à Lugny avec l’évêque pour une première évaluation. Après deux ans et demi d’expérience (avril 1973-décembre 1975), l’équipe a reçu 233 couples dont 2 ont choisi le mariage civil, 119 le mariage sacramentel, 112 le mariage non sacramentel [56]. La plupart ont des liens familiaux sur place. Ceux qui choisissent l’accueil sont majoritairement ouvriers, employés ou cultivateurs, ceux qui choisissent les sacrements sont cadres, artisans ou exerçant des professions libérales. Pour les prêtres, la plus grande difficulté est de discerner ce qu’ils disent dans leur langage et de se faire comprendre d’eux [57]. Certaines des « déclarations d’intention » qui ont été conservées pour l’année 1973, témoignent d’un conformisme qui appelle à recourir au sacrement de mariage : « on a été baptisés, on a fait notre première communion (Michel et Colette) » ; « il est un fait que dès notre naissance, nous avons été destinés à une religion par l’intermédiaire de nos parents… (Bruno et Béatrice [58]) ». Avec celles qui concernent une célébration d’accueil, la grande majorité de ces déclarations d’intention souligne la bonne volonté des fiancés, soucieux de s’engager dans un « vivre ensemble » ouvert sur leur environnement familial et amical, désireux de fonder une famille. Mais elles prennent également la mesure du réel éloignement de ces couples envers les fondements de la foi chrétienne, si ce n’est une vague référence à une croyance ou une transcendance.

12Un premier bilan en 1976 de l’expérience de Lugny évoque l’enthousiasme des débuts, avec autant d’accueils (39) que de sacrements (37) pour cette année-là mais également l’ambiguïté que cette expérience peut générer dans l’entourage des fiancés [59]. Certains couples ont cependant entamé une réflexion sur la foi et l’Église, d’autres ont fait le choix de l’accueil de leur enfant à la place du baptême [60]. Conscients de la liberté d’action qui leur est offerte, les prêtres de Lugny rendent hommage au courage et à la lucidité de leur évêque [61]. Un deuxième bilan intervient en 1979, plus mitigé, voire perplexe [62]. En effet, l’expérience se trouve plus isolée. On s’interroge sur une possible déviance. L’équipe de Lugny prend conscience que l’accueil invite à penser le catéchuménat, plus exigeant [63]. En 1979, le nombre d’accueils a baissé (29) au profit des sacrements (38). L’année suivante, dans un dossier consacré au mariage, l’hebdomadaire La Vie revient sur ces sept années d’accueil à Lugny avec un bilan en demi-teinte puisqu’on espérait initialement que l’accueil mène au sacrement. Mais le constat est celui d’une rupture entre les « jeunes couples et la communauté chrétienne classique des pratiquants du dimanche. Le contact entre eux n’existe pratiquement pas… L’expérience de Lugny est en quelque sorte victime de son honnêteté [64] ». Dans sa réponse, l’équipe des prêtres de Lugny dit ne pas se retrouver dans les propos tenus et rectifie en précisant qu’elle a seulement souhaité construire un « espace d’accueil » existant nulle part ailleurs dans l’Église [65].

13Deux ans plus tard, Mgr Le Bourgeois fait dresser un bilan général depuis les débuts afin de procéder à une relecture de l’expérience, à la lumière de la nouvelle exhortation apostolique Familiaris Consortio (1981) qui réaffirme la doctrine classique sur le mariage. En dix ans, le mariage avec accueil a représenté près de la moitié (44 %) des célébrations à l’église sur le secteur de Lugny, contrairement aux présentations au moment de la naissance proposées à la place du baptême-sacrement (à peine 10 %), ce qui conduit à émettre un avis largement positif sur cette formule mais des limites apparaissent auprès « des communautés locales qui ne sont pas « porteuses » de ces démarches » et peu de réponses sont apportées aux vraies questions des couples [66]. Par conséquent, l’expérience de Lugny n’est pas l’acte isolé d’une équipe de prêtres en Mâconnais. Elle constitue un véritable laboratoire expérimental, suivi de près par les autorités diocésaines et encadré par des experts théologiens et canonistes.

Le rayonnement et la fin de l’expérience

14Dès la mise en œuvre de cette nouvelle pastorale du mariage à Lugny, celle-ci a vocation à être proposée plus largement, à l’échelle du diocèse d’Autun. En 1974, le père Lucien Ray cherche à constituer, dans la plus grande discrétion, une équipe de prêtres diocésains pour échanger sur les expériences de célébrations non sacramentelles menées ici ou là [67]. À Montchanin, dans le bassin industriel du Creusot, des prêtres sont attentifs à l’expérience qui est menée à Lugny. Le vicaire Paul Deroche y a d’ailleurs effectué son stage de jeune prêtre. Il n’hésite pas à prendre la plume pour faire part à son évêque des situations qu’il rencontre et des solutions pastorales qu’il apporte [68]. Quelques mois plus tard, c’est le curé de Montchanin lui-même, l’abbé Gérard Godot, qui adresse à Mgr Le Bourgeois un document d’une quinzaine de pages concernant certaines cérémonies de mariage où visiblement la foi des fiancés est absente [69]. Ces échanges témoignent de la proximité pastorale avec laquelle l’évêque souhaite avancer sur un tel dossier expérimental.

15Mgr Le Bourgeois conduit en quelques années la rédaction dun solide document de travail Pour une pratique sacramentelle renouvelée qui est alors soumis à l’étude du conseil presbytéral en 1977, avec une formule d’accueil semblable pour les baptêmes [70]. Le secteur de Mâcon, appartenant à cette zone de faible pratique religieuse, et celui de Montchanin, marqué par une forte présence ouvrière, sont cependant les seuls à s’engager en 1978 dans cette voie nouvelle. Un examen détaillé des réactions au document de 1977 est alors effectué et discuté lors d’un conseil presbytéral [71]. Il fait ressortir une majorité favorable dans les secteurs du Mâconnais et du Creusot mais également des attitudes plus réservées. Des prêtres de Mâcon s’irritent du côté intellectuel de cette pastorale : « certains fiancés ne comprennent pas qu’ils sont devant un choix ; ils ne voient dans nos papiers que des notions incompréhensibles pour eux », renvoyant ainsi au débat qui se tient dans le même temps sur la « religion populaire [72] ». Dans le secteur de Verdun-sur-le-Doubs, on estime que « le climat n’y est pas pour innover en matière de pastorale sacramentelle » ; dans celui de Semur-en-Brionnais, « il faudrait des références au Christ et à l’Évangile et pas seulement des considérations psychosociologiques [73] ». Quelques prêtres soulignent leur refus, soit par fidélité à Rome, soit par anti-intellectualisme [74]. Au final, le document est adopté par le conseil presbytéral avec 35 votes « oui », 13 « non » et 3 « nul » ; la consultation diocésaine qui s’ensuit, dévoile une semblable majorité à 68 % [75]. Dès lors, un rituel liturgique est mis à la disposition des prêtres du diocèse qui seront amenés à célébrer le mariage avec accueil. Il structure la célébration en sept temps : entrée, temps des explications, temps de la Parole, prière pour les époux, prière universelle, geste d’amitié, vœux et signatures [76]. Il propose des modèles de prières pour les époux et de « déclarations d’intention », accompagnés des actes à rédiger en fin de célébration.

16À l’échelle régionale, l’expérience de Lugny a été relatée dès 1973 dans les milieux de la pastorale familiale. Les délégués diocésains de la région Centre-Est qui se rencontrent plusieurs fois par an, notamment au centre spirituel du Châtelard, près de Lyon, ont pris connaissance de ces nouvelles « célébrations de mariage non sacramentelles » expérimentées sur le diocèse d’Autun et en suivent l’évolution [77]. Parmi eux, le théologien André Barral-Baron anime des discussions sur la question du maintien du canon 1012 dans le nouveau projet de code de droit canonique et invite à une réflexion plus large sur le sacrement de mariage [78]. C’est aussi par l’intermédiaire de cette équipe régionale que des évêques du Centre-Est ont plaidé en 1975 pour une modification de ce canon, invitant à inaugurer une troisième voie entre la célébration du sacrement et son refus.

17Du côté de l’épiscopat, à la suite de la campagne médiatique de l’automne 1974, un groupe de travail a été constitué pour examiner la situation de ces couples baptisés, éloignés de l’Église et refusant de se lier définitivement à elle. Mgr Le Bourgeois a demandé qu’une note pastorale soit dictée sur cette question [79]. La manière dont est vécu le sacrement du mariage interroge. Ainsi, il est demandé au Service national de la pastorale familiale de procéder à une enquête. Avec 249 réponses, celle-ci est envisagée uniquement à partir de couples militants de mouvements chrétiens (équipes Notre-Dame, centres de préparation au mariage, etc.), dominés par les classes moyennes et les professions libérales, avec plus de trois enfants par foyer, installés dans la France urbaine des grandes villes comme Paris, Lyon, Lille et la France de l’Ouest [80]. Le décalage est ici flagrant avec les situations que rencontrent les prêtres de diocèses périphériques ou ruraux.

18C’est pourquoi, outre quelques timides initiatives pastorales à Nantes, Rennes ou Meaux [81], l’expérience de Lugny suscite un réel intérêt dans le catholicisme français et à l’étranger. Le groupe de travail qui l’accompagne depuis les débuts, n’hésite pas à évoquer les contacts établis avec des équipes sacerdotales d’autres diocèses mais également en Belgique et au Québec [82]. Un jeune théologien canadien est d’ailleurs venu sur place étudier « l’affaire ». Il en a précisé les enjeux théologiques dans la revue Église et Théologie de l’université Saint-Paul à Ottawa [83]. En 1975, le nouvel archevêque de Barcelone, Mgr Narcisio Jubany Arnau, canoniste de tendance plutôt progressiste, a écrit à Mgr Le Bourgeois pour s’informer de la situation [84]. L’écho est aussi parvenu jusqu’à Rome à l’occasion de rencontres de canonistes en février 1977 [85]. Lugny devient alors un cas d’école et de controverses théologiques. Si les canonistes s’en emparent, les liturgistes en débattent et surtout les théologiens moralistes [86]. À Rome, lors du synode de 1980 sur la famille, Mgr Duchêne, évêque de Saint-Claude, parlant au nom de l’épiscopat français, témoigne du malaise que les prêtres ressentent lors de mariages où la foi des couples est absente [87]. La demande d’établir une commission spécifique sur cette question est restée lettre morte. L’exhortation apostolique Familiaris Consortio qui est publiée l’année suivante, est venue réaffirmer la doctrine traditionnelle, écarter toute innovation pastorale intermédiaire et clore le « débat » [88]. Sur la proposition d’André Barral-Baron, il est alors décidé de procéder à un « réajustement théologique » du vocabulaire employé (sacramentel, non sacramentel [89]). L’expérience de Lugny n’a plus l’élan qu’elle avait suscité dix ans auparavant. Mgr Le Bourgeois a mesuré les limites qui l’opposaient à Rome sur cette question de la pastorale du mariage. Il estime dans le livre d’entretiens qu’il publie en 1986 « qu’une telle expérience doit être menée avec prudence et discernement »… et de conclure « Je m’arrête. Ce n’est pas le lieu de détailler ces problèmes ardus… mais il était bon de les poser [90] ! » Il accueille la même année à Paray-le-Monial le pape Jean-Paul II lors de sa visite en France. Atteint par la limite d’âge, il démissionne l’année suivante. Son successeur Mgr Séguy, d’une tout autre facture, cesse l’expérience de Lugny et met un terme à la communauté sacerdotale initiée par l’abbé Robert, un demi-siècle auparavant [91].

19Par conséquent, dans le catholicisme français des années 1970, beaucoup s’interrogent sur la chute de la pratique religieuse, sur les causes de cette rupture sacramentelle et les conséquences théologiques et pastorales qu’elle engendre. En effet, de plus en plus de prêtres sont conduits à célébrer des sacrements auxquels la majorité des fidèles ne croient plus. Seul le rite demeure. Émerge alors une nouvelle problématique sur les rapports entre foi et sacrements qui désormais ne coïncident plus. Ont-ils d’ailleurs toujours coïncidé ? Jean Delumeau avait déjà magistralement posé cette question en 1975 dans sa leçon inaugurale au Collège de France [92]. Les sacrements deviennent alors objets de recherche et d’innovation pastorale. Les postes avancés de la théologie post-conciliaire se consacrent à la pastorale sacramentelle. Dans les pays de catholicité anglo-saxonne, germanophone ou francophone d’outre-Atlantique, il est alors question d’études pastorales [93], voire de « sciences pastorales [94] », dans un cadre universitaire et pluridisciplinaire. En France, la réflexion pastorale porte davantage sur le modèle de l’« expérience », à l’image des prêtres-ouvriers, voire du diaconat permanent, élaborée au cas par cas, fruit d’initiatives souvent isolées, menées par des prêtres remplis d’élan missionnaire mais placées rapidement sous contrôle de structures épiscopales, parfois reprises en main ou sanctionnées par Rome. Le cas du sacrement de mariage renvoie donc à une réflexion plus large sur la place de catholicisme dans la société française, à son « exculturation » comme à sa « patrimonialisation [95] ». La « désacramentalisation » et les mutations profondes dont le mariage est l’objet [96], provoquent aujourd’hui le ressentiment de la partie conservatrice des catholiques français sans toutefois réussir à inverser le cours d’un processus structurel de longue haleine qui s’apparenterait à la fin du « cycle tridentin [97] ». Preuve que ce qui se jouait à Lugny dès 1971 était le signe d’un changement profond qui traversait l’Église de France et plus largement la catholicité occidentale.

Notes

  • [1]
    Nous remercions Mgr Benoît Rivière, évêque d’Autun, de nous avoir autorisé à consulter les archives de son prédécesseur, Mgr Le Bourgeois, le père Jérôme Mellangé, chancelier du diocèse, d’avoir mis à notre disposition ces archives historiques, les pères Georges Auduc, Yves Bachelet, Pierre Fromageot et André Guimet de nous avoir livré leurs témoignages sur ce qui a constitué « l’expérience de Lugny ».
  • [2]
    Michel-Louis Lévy, « Les mariages catholiques en France », Population et sociétés, décembre 1983, n° 175, p. 1-3 ; Alfred Dittgen, « Les mariages religieux en France. Comparaison avec les mariages civils », La Nuptialité. Évolution récente en France et dans les pays développés, Paris, INED-PUF, 1991, p. 137-157 ; Alfred Dittgen, « Évolution des rites religieux dans l’Europe contemporaine. Statistiques et contextes », Annales de démographie historique, 2003, n° 2, p. 111-129.
  • [3]
    Alain Chenu, « Les enquêteurs du dimanche. Revisiter les statistiques françaises de pratique du catholicisme (1930-1980) », Histoire et mesure, 2011, 2, p. 177-221 ; Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d’être chrétien. Anatomie d’un effondrement, Paris, Seuil, 2018.
  • [4]
    Jean Chélini, La Ville et l’Église, Premier bilan des enquêtes de sociologie religieuse urbaine, Paris, Cerf, 1958, p. 231.
  • [5]
    Fernand Charpin, Le Mariage religieux à Marseille. Étude de sociologie religieuse, Marseille, s. e., 1964, p. 3-4.
  • [6]
    Jean Chélini, La Ville et l’Église, op. cit., p. 243.
  • [7]
    Martine Segalen, Amours et mariages de l’ancienne France, Paris, Berger-Levrault, 1981 ; Michel Bozon, « Sociologie du rituel du mariage », Population, 1992, n° 2, p. 409-433.
  • [8]
    Gaudium et Spes, § 47 et s. L’encyclique Casti Connubii a rappelé en 1930 la doctrine catholique sur le mariage : Guillaume Cuchet, « Quelques éléments concernant l’encyclique Casti Connubii (1930) sur le mariage chrétien », Jacques Prévotat (dir.), Pie XI et la France, Rome, EFR, 2010, p. 347-367.
  • [9]
    Martine Sevegrand, Les Enfants du Bon Dieu. Les catholiques français et la procréation au xxe siècle, Paris, Albin Michel, 1995, p. 188 et s. ; Bruno Dumons, « L’invention de la « préparation au mariage » dans l’Église catholique en France (1930-1960) », Annales de démographie historique, 2017, n° 2, p. 173-192.
  • [10]
    Bruno Dumons, « Faire face au divorce. Mgr Le Bourgeois et la recherche d’une pastorale dans l’Église de France (1960-1980) », 20 & 21. Revue d’histoire, n° 148, oct.-déc. 2020, p. 115-127.
  • [11]
    Un utile dictionnaire biographique du clergé a été élaboré et publié par le père Jean-François Arnoux : Visages du diocèse d’Autun (1962-2012). 50 ans d’histoire, Louhans, ABC, 2012.
  • [12]
    Pierre Lévêque, « La pratique religieuse dans le diocèse d’Autun de 1840 à 1960 », Travaux de l’Institut de recherche du Val de Saône-Mâconnais, 2004, n° 6, p. 53-64 ; Pierre Lévêque, « Diocèse d’Autun 1841-1963 », Bernard Delpal (dir.), Matériaux pour l’histoire religieuse du peuple français (xixe-xxe siècles), tome IV, Lyon, LARHRA, 2011, p. 28-35.
  • [13]
    Ibid., p. 31 ; Pierre Lévêque, « La « déchristianisation » en Mâconnais à l’époque contemporaine : quelques problèmes », Mémoires de la Société pour l’histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons comtois et romands, 1980, n° 37, p. 293-313.
  • [14]
    Frédéric Lafarge, Mgr Joseph Robert (1898-1987). Une communauté missionnaire en Mâconnais : Lugny, Lugny, Les Foyers Communautaires, 2019, p. 34.
  • [15]
    Ibid., p. 32, note 30.
  • [16]
    Ibid., p. 33-34 ; témoignage du père Pierre Fromageot (1er mars 2019).
  • [17]
    Fils de la Charité, l’abbé Georges Michonneau, curé du Sacré-Cœur du Petit-Colombes (1939-1947), développera lui aussi le principe d’une équipe sacerdotale de prêtres avec quelques confrères de sa congrégation pour dynamiser la paroisse populaire comme communauté missionnaire : Georges Michonneau, Paroisse, communauté missionnaire, Paris, Cerf, 1946.
  • [18]
    Natalie Malabre, « Une paroisse missionnaire dans la périphérie de la grande ville (Lyon, 1919-1939) », Jacques-Olivier Boudon et Françoise Thelamon (dir.), Les Chrétiens dans la ville, Rouen, PU de Rouen et du Havre, 2006, p. 247-264.
  • [19]
    Mon premier catéchisme par les prêtres communautaires de Lugny-les-Mâcon, Autun, Notre-Dame des Anges, 1939, publié sous le patronage de Mgr Chassagnon ; Frédéric Lafarge, Mgr Joseph Robert (1898-1987), op. cit., p. 55 et s.
  • [20]
    Ibid., p. 59 et s. ; David Duc, Déchristianisation et mission en Mâconnais : la communauté sacerdotale de Lugny-les-Mâcon et son évolution de 1935 à 1965, maîtrise d’histoire, Université Lyon-II, 1998 ; Mémoire de l’école privée de Lugny « La Source » : 1943-2013, 70 ans d’aventure humaine, Lugny, 2013.
  • [21]
    Prêtres de la communauté de Lugny-les-Mâcon, Communauté et pastorale diocésaine, Ligugé, Aubin, 1958.
  • [22]
    L’abbé Joseph Robert cesse de coordonner l’ensemble des activités en 1955 mais il apparaît encore comme curé de Lugny dans l’annuaire diocésain de 1971. Il ne l’est plus en 1974 au profit de Robert Pléty, désormais responsable de l’équipe pastorale composée de Georges Dufour, Germain Signerat, Gabriel Duru et Pierre Fromageot, à laquelle s’ajoute Jean-François Delangle, chargé de la zone de La Roche-Vineuse et de ses environs qui a fusionné avec Lugny en 1972. La responsabilité de l’équipe reviendra ensuite à Georges Dufour : Annuaire du diocèse d’Autun, Chalon et Mâcon, 1971, p. 83 ; Annuaire du diocèse d’Autun, Chalon et Mâcon, 1975, p. 79 ; Annuaire du diocèse d’Autun, Chalon et Mâcon, 1980, p. 81. Sur les rapports entre les deux équipes successives de prêtres : Papiers Georges Dufour, (aimablement communiqués par le père Pierre Fromageot), Une expérience (1973-1976), manuscrit pour la revue Vivante Église (octobre 1978) dirigée par Jean Gelamur du groupe Bayard entre 1974 et 1980, p. 1-2.
  • [23]
    Mgr Armand Le Bourgeois, Ce que j’ai reçu de Vatican II, Paris, Desclée de Brouwer, 2002.
  • [24]
    Fort bien documentée, l’enquête fait état d’un clergé suffisant mais inadapté aux évolutions du monde moderne. Il est proposé aux prêtres de davantage collaborer au sein d’équipes sacerdotales, de vie commune ou de secteur : Archives du Diocèse d’Autun (ADA), Archives de Mgr Le Bourgeois, Structures pastorales, Diocèse d’Autun, Conseil presbytéral, 1968, p. 87 et s.
  • [25]
    Thierry Keck, « Le Bourgeois, Armand », Dominique-Marie Dauzet et Frédéric Le Moigne (dir.), Dictionnaire des évêques de France au xxe siècle, Paris, Cerf, 2010, p. 394-395.
  • [26]
    Mgr Armand Le Bourgeois, Propos spirituels. Les sacrements dans la vie, Paris, Desclée de Brouwer, 1992.
  • [27]
    Robert Coffy et Roger Varro, Église, signe de salut au milieu des hommes. Église-sacrement, rapports présentés à l’Assemblée plénière de l’épiscopat français. Lourdes 1971, Paris, Centurion, 1972.
  • [28]
    Le Courrier, le journal de Saône-et-Loire, 13 septembre 1974.
  • [29]
    Paris-Match, 14 septembre 1974 ; Le Figaro, 14 au 15 septembre 1974 ; La Croix, 14 septembre 1974 ; L’Aurore, 15 septembre 1974.
  • [30]
    Maurice Lelong, Lexicon de l’Église nouvelle, Paris, Éditions Robert Morel, 1971. Il y définit le CNPL (Centre national de pastorale liturgique) comme le « Centre national de pasteurisation liturgique ».
  • [31]
    Papiers Georges Dufour, Secteur pastoral de Lugny-La Roche-Vineuse. La pastorale sacramentelle de 1971 à 1981, compte rendu de la réunion à Chalon, 12 novembre 1982, p. 1. Sur « l’affaire de Lugny » : Denis Baudot, L’Inséparabilité entre le contrat et le sacrement de mariage : la discussion après le Concile Vatican II, Roma, Editrice Pontificia Università Gregoriana, 1987, p. 88-102.
  • [32]
    Participant à une rencontre de prêtres dans la paroisse de Charette, Mgr Le Bourgeois avait assisté à la détresse d’un élu qui se voyait refuser l’enterrement à l’église de sa jeune épouse, auparavant divorcée, pratiquante et engagée au service de la paroisse, avec laquelle il s’était marié civilement. Il invitait alors le curé du lieu, le père René Morin, à aller au cimetière pour accueillir et bénir le corps de défunte. Il prenait en mars 1971 une ordonnance autorisant dans son diocèse la sépulture religieuse des personnes divorcées remariées, qui ont manifesté leur attachement à l’Église. Elle fut le fruit d’une réflexion élaborée au sein du clergé diocésain, validée par le conseil presbytéral (25 au 26 janvier 1971), Église d’Autun, de Chalon et Mâcon, 12 mars 1971 ; La Documentation Catholique, 18 avril 1971, n° 1584, p. 391-392.
  • [33]
    Papiers Georges Dufour, Une expérience (1973-1976), op. cit., p. 3 ; ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Le mariage, les divorcés-remariés, les conseils presbytéraux » : Bernard Lambey, L’histoire (brève) de la pratique pastorale du secteur de Lugny, note chronologique dactylographiée, 1979. Dans la lignée du rapport rendu par Mgr Coffy à Lourdes en 1971, le pradosien Joseph Guetton, en charge du secteur de La Roche-Vineuse, produit l’année suivante un document dans lequel il est recommandé de mettre en place « dans l’Église en Mâconnais cet « espace d’accueil » indispensable » pour les personnes qui font une démarche envers l’Église. Alors que le mariage civil est considéré canoniquement comme illégitime, une pastorale des fiancés est suggérée pour la zone de Lugny afin que des fiancés puissent « célébrer une certaine dimension religieuse de leur amour » : Papiers Georges Dufour, Orientations 72 Mâconnais rural, Pour un nouveau souffle apostolique, p. 1 et 6.
  • [34]
    L’abbé Joseph Robert accueille sur sa paroisse son neveu et filleul Louis qui vient tout juste d’être ordonné en 1951 à Chambéry. À l’occasion de ce stage pastoral, ce dernier célèbre sa première messe à Cruzille où il ne se trouve que quatre personnes ce dimanche : Frédéric Lafarge, Mgr Joseph Robert (1898-1987)…, op. cit., p. 112. L’abbé fondateur demeurera ensuite à Lugny jusqu’en 1986, ne s’occupant plus que des pèlerinages, tout en se désolant des évolutions post-conciliaires et des initiatives pastorales de ses successeurs.
  • [35]
    Papiers Georges Dufour, note dactylographiée du vicaire général Georges Auduc, 11 mai 1989. Des responsables de services nationaux comme le Centre national de pastorale liturgique ou la Pastorale familiale sont également intervenus.
  • [36]
    « André Barral-Baron », Relais 38, mars 2012. Nous remercions Madame Frédérique Corporon, archiviste du diocèse de Grenoble, de nous avoir transmis cette nécrologie ; Gabriel Matagrin, Le Chêne et la Futaie. Une Église avec les hommes de ce temps, Paris, Bayard, 2000, p. 262.
  • [37]
    André Barral-Baron, Les Enjeux du mariage, Paris, Cerf, 1977 ; André Barral-Baron, Choisir le mariage, Paris, Desclée de Brouwer, 1989.
  • [38]
    ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Le mariage, les divorcés-remariés, les conseils presbytéraux » : André Barral-Baron, Rencontre de pastorale familiale, document typographié, abbaye de Venières, 15 juin 1973, p. 2.
  • [39]
    Ibid., p. 4-5.
  • [40]
    Dans une note sur l’histoire du mariage chrétien à travers les siècles, Bernard Lambey rappelle que les normes actuelles du mariage catholique datent du concile de Trente, en particulier de 1564 et invite en conclusion à ne pas confondre sacrement du mariage et cérémonie religieuse : ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Le mariage, les divorcés-remariés, les conseils presbytéraux » : Bernard Lambey, Quelques notes d’histoire sur la célébration du mariage entre chrétiens, note manuscrite, 1973, p. 5-6.
  • [41]
    Église d’Autun, 9 janvier 1987, p. 16.
  • [42]
    ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Le mariage, les divorcés-remariés, les conseils presbytéraux » : pastorale familiale, « points de repère » par le père Lucien Ray, juin 1973, p. 2.
  • [43]
    Papiers Georges Dufour, Secteur pastoral de Lugny et La Roche-Vineuse, La pastorale sacramentelle de 1971 à 1981, op. cit., p. 1 : quatre laïcs feraient partie de ce groupe de travail.
  • [44]
    Papiers Georges Dufour, À ceux qui envisagent le mariage, plaquette rédigée par les prêtres du Secteur Lugny et La Roche-Vineuse, 1973.
  • [45]
    Ibid., p. 4-5.
  • [46]
    ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Le mariage, les divorcés-remariés, les conseils presbytéraux » : imprimés pour le « mariage accueilli par l’Église ».
  • [47]
    Il sera rappelé en 1977 dans le document Pour une pratique sacramentelle renouvelée (p. 38) que « le mariage-accueil ne concerne pas les personnes divorcées qui souhaiteraient se marier une nouvelle fois ».
  • [48]
    Papiers Georges Dufour, Secteur pastoral de Lugny et La Roche-Vineuse, La pastorale sacramentelle de 1971 à 1981, op. cit., p. 5.
  • [49]
    ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Correspondance 1974-1976 », lettre de Mgr Le Bourgeois à tous les évêques de France, 29 octobre 1974. Cette lettre a été longuement préparée et travaillée au vu des brouillons qu’elle a nécessités.
  • [50]
    Le vicaire général Georges Auduc explicite ainsi le sens de cette brochure : « Ces prêtres, considérant que le mariage, comme tout sacrement, exige la foi, demandent aux fiancés qui se présentent à eux de clarifier leur situation : beaucoup de ces jeunes gens, en effet, se disent peu ou pas croyants… Les prêtres de Lugny ont décidé… d’accueillir les fiancés…, de réfléchir avec eux…, de les éclairer au sujet du sacrement, s’ils ne désirent pas ce sacrement, de prier avec eux le jour de leur mariage civil, de les accompagner… dans leur cheminement ultérieur de couple », « Mariage, une expérience, une réflexion dans le diocèse d’Autun, Église d’Autun », 6 décembre 1974, Église d’Autun, 1975, n° 6.
  • [51]
    Ce canon sera abrogé dans le nouveau code de droit canonique de 1983.
  • [52]
    Denis Baudot, L’Inséparabilité entre le contrat et le sacrement de mariage… op. cit., notamment sur la diversité des situations dans la catholicité occidentale : p. 63 et s.
  • [53]
    Ibid., p. 57 et s. ; Pastorale des fiancés : directoire et commentaire, Paris, CTIC, 1970.
  • [54]
    Foi et sacrement de mariage. Recherches et perplexités, Lyon, Chalet, 1970, notamment p. 31 sur les pratiques de clandestinité et p. 167-172 sur la demande de mariages religieux en France avec le sociologue marseillais, l’abbé Fernand Charpin.
  • [55]
    Papiers Georges Dufour, Secteur pastoral de Lugny et La Roche-Vineuse. La pastorale sacramentelle de 1971 à 1981, op. cit., p. 2-3.
  • [56]
    Papiers Georges Dufour, compte rendu de la réunion de Lugny du 12 décembre 1975 avec l’évêque, le groupe de travail et le jeune pradosien Marcel Cortey, alors en stage à Louvain pour un départ fidei donum en Amérique latine, p. 2.
  • [57]
    Ibid., p. 2.
  • [58]
    Papiers Georges Dufour, dossier « déclarations d’intention pour l’année 1973 » dont les patronymes ne sont pas mentionnés.
  • [59]
    Papiers Georges Dufour, Secteur pastoral de Lugny et La Roche-Vineuse. La pastorale sacramentelle de 1971 à 1981, op. cit., p. 5 ; ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Pastorale du mariage et des divorcés-remariés », compte rendu de la réunion de Lugny du 20 décembre 1976 avec l’évêque, le groupe de travail et quatre laïcs du secteur : « sacrement = vrai mariage, accueil = faux mariage », p. 1.
  • [60]
    Papiers Georges Dufour, Une expérience (1973-1976), op. cit., p. 10.
  • [61]
    Ibid., p. 12.
  • [62]
    « Après six années d’expérience, un seul couple serait passé de l’accueil au sacrement… En un mot – si on employait un langage d’efficacité humaine – on pourrait dire que l’opération n’a rien rapporté directement à l’Église (souligné dans le texte), puisqu’aucun couple n’est devenu chrétien, c’est-à-dire n’est entré, n’a été intégré véritablement dans l’Église institutionnelle. Tout au plus sont-ils sur le seuil ou ont-ils un regard bienveillant sur une « porte ouverte » de la maison » : ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Pastorale du mariage et des divorcés-remariés », document du secteur pastoral Lugny et La Roche, octobre 1979, p. 2.
  • [63]
    La pratique du catéchuménat (christianæ adultorum) est rétablie en 1972 dans le rituel de l’initiation chrétienne des adultes.
  • [64]
    « Mariage : des conventions à la conversion », La Vie, avril 1980, n° 1801, p. 68.
  • [65]
    Papiers Georges Dufour, « Des conventions à la conversion : qui se convertit ? », La Vie, mai 1980, n° 1807.
  • [66]
    Papiers Georges Dufour, Secteur pastoral de Lugny et La Roche-Vineuse. La pastorale sacramentelle de 1971 à 1981, op. cit., p. 6.
  • [67]
    ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Pastorale du mariage et des divorcés-remariés », lettre du père Lucien Ray à des prêtres du diocèse d’Autun, 4 avril 1974.
  • [68]
    Ainsi, a-t-il procédé à une célébration non sacramentelle d’accueil d’un couple, un autre jour que le mariage civil, avec dialogue et bénédictions des alliances. Mgr Le Bourgeois l’encourage sur cette voie mais lui fait part de ses réserves quant à la confusion avec un sacrement dans des formules qui pourraient s’apparenter à un échange des consentements : ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Correspondance 1974-1976 », lettre de Mgr Le Bourgeois à l’abbé Paul Deroche, 25 septembre 1975.
  • [69]
    ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Correspondance 1974-1976 », lettre de Mgr Le Bourgeois à l’abbé Gérard Godot, 17 mars 1976.
  • [70]
    ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Le mariage, les divorcés-remariés, les conseils presbytéraux », conseil presbytéral, 7 juin 1977, Pour une pratique sacramentelle renouvelée.
  • [71]
    ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Le mariage, les divorcés-remariés, les conseils presbytéraux », conseil presbytéral, 20 au 21 avril 1978.
  • [72]
    Ibid., p. 41 ; Bernard Plongeron (dir.), La Religion populaire dans l’Occident chrétien. Approches historiques, Paris, Beauchesne, 1976 ; Gustave Thils, « La « religion populaire » : approches, définition », Revue théologique de Louvain, 1977, 8-2, p. 198-210.
  • [73]
    Ibid., p. 43.
  • [74]
    Ibid., p. 53 : « Je revendique le droit de me conformer à la doctrine commune des évêques et de Rome. Faute de quoi je choisirai un autre diocèse » (un prêtre à Digoin) ; « ce sont des jeux de l’esprit, voire des jeux de mots, des subtilités d’intellectuels qui échappent à la plupart des chrétiens de bonne volonté » (un autre prêtre du secteur de Digoin).
  • [75]
    Ibid., p. 60-61.
  • [76]
    ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Le mariage, les divorcés-remariés, les conseils presbytéraux », Éléments de rituel pour une célébration du « mariage-accueil » non sacramentel, diocèse d’Autun, 1980, p. 4.
  • [77]
    ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Pastorale familiale » 1973-1980, compte rendu de la rencontre régionale, 12 décembre 1974, p. 3.
  • [78]
    ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Pastorale familiale » 1973-1980, compte rendu de la rencontre régionale, 22 avril 1974.
  • [79]
    Église d’Autun, 20 juin 1975, p. 437-438.
  • [80]
    ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Le mariage, les divorcés-remariés, les conseils presbytéraux » : Enquête SNPF, Comment des foyers chrétiens vivent leur mariage-sacrement, 1976-1977.
  • [81]
    Papiers Georges Dufour, coupure de presse sur des orientations définies dans le diocèse de Rennes, février 1976 ; Denis Baudot, L’inséparabilité entre le contrat et le sacrement de mariage… op. cit., p. 102-106.
  • [82]
    ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Pastorale du mariage et des divorcés-remariés », compte rendu de la réunion de Lugny du 21 décembre 1977 avec l’évêque, le groupe de travail, l’équipe sacerdotale et deux laïcs du secteur.
  • [83]
    James A. Schmeiser, « Marriage. New Developments in the Diocese of Autun, France », Église et Théologie, 1979, 10, p. 369-385.
  • [84]
    Papiers Georges Dufour, compte rendu de la réunion de Lugny du 12 décembre 1975, p. 1.
  • [85]
    Le canoniste Julio Manzanares, de l’Université de Salamanque, fait état de l’expérience de Lugny dans sa communication en faveur de la thèse de la séparabilité : Relation entre mariage des baptisés et sacrement : tout mariage entre deux baptisés est-il nécessairement sacrement ? Le document a été envoyé à Mgr Le Bourgeois et traduit par la suite : ADA, Archives de Mgr Le Bourgeois, carton « Pastorale du mariage et des divorcés-remariés », document dactylographié et traduit ; Denis Baudot, L’Inséparabilité entre le contrat et le sacrement de mariage… op. cit., p. 226-231.
  • [86]
    Ibid., p. 18 et s. : voir ici la bibliographie donnée en début de volume avec notamment La Maison Dieu, 1976, n° 127, « Questions autour du mariage » ; Roger Béraudy, Michel Leprêtre, Paul Lionnet, Célébrer le mariage, Paris, Desclée, 1981 ; Gérard Mathon, « Mariage-cérémonie ou mariage-sacrement ? À propos du mariage des mal-croyants. Mariage par étapes ou étapes dans la préparation au mariage », Questions Liturgiques, 1981, n° 1, p. 21-42.
  • [87]
    Ibid., p. 302 et 312.
  • [88]
    Ibid., p. 313 et s.
  • [89]
    Papiers Georges Dufour, Secteur pastoral de Lugny et La Roche-Vineuse. La pastorale sacramentelle de 1971 à 1981, op. cit., p. 4.
  • [90]
    Mgr Armand Le Bourgeois, Un évêque français. Entretiens avec Jean-Philippe Chartier en collaboration avec Monique Hébrard, Paris, Desclée de Brouwer, 1986, p. 195.
  • [91]
    Frédéric Lafarge, Mgr Joseph Robert (1898-1987)…, op. cit., p. 154.
  • [92]
    Jean Delumeau, « Déchristianisation ou nouveau modèle de christianisme ? », Archives de sciences sociales des religions, 1975, n° 40, p. 3-20.
  • [93]
    Marcel Viau et Raymond Brodeur (dir.), Les Études pastorales : une discipline scientifique ? Québec, Université Laval, 1987.
  • [94]
    Agnès Desmazieres, « Le ministre du culte au risque des sciences humaines et sociales : Éléments pour une histoire transnationale des “sciences pastorales” », Chrétiens et sociétés, 2017, n° 24, p. 133-145.
  • [95]
    Danièle Hervieu-Léger, Catholicisme, la fin d’un monde, Paris, Bayard, 2003 ; Denis Pelletier, Les Catholiques en France de 1789 à nos jours, Paris, Albin Michel, 2019.
  • [96]
    Céline Béraud et Philippe Portier, Métamorphoses catholiques. Acteurs, enjeux et mobilisations depuis le mariage pour tous, Paris, Éditions de la MSH, 2015 ; Yann Raison du Cleuziou, Une contre-révolution catholique. Aux origines de La Manif pour tous, Paris, Seuil, 2019.
  • [97]
    L’historien moderniste François Lebrun en faisait déjà l’hypothèse dans l’introduction de l’Histoire des catholiques en France qu’il avait dirigée en 1980 et au sein de laquelle Claude Langlois considérait déjà le cœur du xixe siècle comme « l’été de la Saint-Martin du catholicisme tridentin ». L’hypothèse est reprise dans son livre Croyances et cultures dans la France d’Ancien Régime, Paris, Seuil, 2001, p. 8. Parmi quelques observateurs avisés de cette « fin de cycle » : Jean Debruynne, On nous a changé la religion, Paris, Centurion, 1994 ; Jean-Pierre Le Goff, La France d’hier. Récit d’un monde adolescent des années 1950 à mai 68, Paris, Stock, 2018. Sur la reprise de cette hypothèse : Bruno Dumons, « Le temps du catholicisme tridentin s’achèverait-il ? Réflexions sur la « fin d’un monde » », Revue historique, n° 697, 2021, p. 205-220.
Français

Plus discrète que l’assistance à la messe, la chute du nombre de mariages catholiques en France à partir de la décennie 1970 renvoie à une double rupture, institutionnelle et sacramentelle. Les responsables ecclésiaux du moment prennent conscience de la nécessité de mettre en œuvre une pastorale spécifique. Celle-ci mobilise des théologiens mais également quelques évêques soucieux de répondre à ces évolutions qui impactent le catholicisme et sa présence au monde contemporain.
Parmi eux, se distingue Mgr Le Bourgeois, évêque d’Autun depuis 1966, que ses prises de position en faveur d’une pastorale pour les « divorcés-remariés » ont fait connaître au grand public. Dès 1971, il encourage une expérience pastorale qui sera menée dans son diocèse, au cœur d’un Mâconnais déchristianisé, sur le secteur de Lugny, envisageant un accueil de fiancés à l’église sans que soit donné le sacrement. Certains iront jusqu’à user de l’expression de « mariage à l’essai ».

English

More discreet than attendance at Mass, the fall in the number of catholic marriages in France from the 1970s onwards points to a double rupture, institutional and sacramental. The ecclesiastical leaders of the time became aware of the need to implement a specific pastoral care. This mobilised theologians, but also some bishops who were concerned to respond to these changes which had an impact on catholicism and its presence in the contemporary world.
Among them is Mgr Le Bourgeois, bishop of Autun since 1966, whom the general public became aware of through his statements in favour of a pastoral care for the « divorced and remarried ». As early as 1971, he encouraged a pastoral experiment which was to be carried out in his diocese, in the heart of a dechristianised Mâconnais, in the Lugny sector, envisaging a reception of engaged couples in church without the sacrament being given. Some will go so far as to use the expression « trial marriage ».

Bruno Dumons
CNRS LARHRA – UMR 5190
Il est directeur de recherches au CNRS (LARHRA – UMR 5190), spécialiste d’histoire religieuse et politique de la France et l’Europe contemporaine. Il a notamment dirigé Le Catholicisme en chantiers. France (XIXe-XXe siècles) aux Presses Universitaires de Rennes (2013), avec Christian Sorrel, et Catholicisme et identité. Regards croisés sur le catholicisme français contemporain (1980-2017) chez Karthala (2017), avec Frédéric Gugelot. Il a aussi publié sur la question du mariage : « L’invention de la « préparation au mariage » dans l’Église catholique en France (1930-1960) » aux Annales de Démographie Historique (2017, n° 2).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 10/06/2021
https://doi.org/10.3917/hes.212.0128
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