L’implication des forces armées dans la politique nationale à travers diverses modalités et à différents niveaux de gouvernement est un phénomène récurrent tout au long de la trajectoire des États nationaux contemporains, depuis 1945. Même si elle est plus accentuée pour les jeunes nations qui se sont émancipées dans le grand mouvement de décolonisation commencé après la guerre (surtout en Afrique) et dans divers pays d’Amérique latine, la militarisation ou contrôle effectif via tutelle militaire de gouvernements et de la vie politique en général est une tendance qui s’est amplifiée et affecte actuellement un grand nombre de pays (jeunes et vieux, de dimensions variées et qui sont de moyennes ou de grandes puissances) dans le monde entier.
Dans la vaste et diverse expérience de ce groupe de pays dans la période durant laquelle le protagonisme politique des militaires a été – ou est encore – explicite, les modalités de celui-ci, sa participation, son ingérence, son contrôle et son intervention représentent divers degrés d’une typologie qui ne contemple pas tout l’ensemble vaste et varié des cas, mais dépeint un tableau général des plus connus.
On peut commencer par ceux à forte influence militaire dans la définition de stratégies de développement et, surtout, d’insertion internationale, par la domination directe de secteurs de l’appareil d’État (traditionnellement occupés par des civils) et, également, dans la fonction d’une espèce de garde prétorienne dédiée à la protection du président et de son noyau politique, ce qui dresse en lignes générales le tableau que l’on peut observer dans les pays avec un gouvernement formellement démocratique, mais qui sont en fait des semi-démocraties ou des semi-dictatures (cas de la Russie, de la Turquie et du Brésil)…